Re: Luchino Visconti (1906-1976)
Publié : 5 oct. 10, 10:31
Le Notti Bianche (Nuits Blanches - 1957)
Étrange sensation pour le premier film de Visconti que je découvre. Convaincu évidement par la plastique extraordinaire du film, le décor est splendide, certains effet bluffants (dont le brouillard dont les bonus Carlotta nous détaillent la genèse), quant à la mise en scène et la photographie, elles tutoient la perfection.
Grand film romantique, il y a quelques réserves à emmètre sur la narration du film, certaines scènes sont un peu trop étirées à mon goût (le bal) et certains éléments m'ont parus superflu, comme la conclusion de l'intrigue de la prostitué, intrigue elle même un peu à côté, comme si Visconti avait voulu casser le rythme de son film un peu maladroitement (c'est en tout cas ce que j'ai ressenti) alors que l'autre tentative du genre (les scènes à la pension) est plus savoureuse. Enfin, j'aurai préféré une fin légèrement différente, plus distante du personnage de Jean Marais (pour ne pas spoiler plus avant, je suis assez d'accord sur ce point avec ce que déclare Piero Tosi dans son interview).
Pourtant, ces défauts si ils sont perceptibles, sont emportés par l'histoire, magnifique, par les images et par la performance du trio d'acteur principal.
Commençons par Jean Marais, acteur dont je ne suis pas un grand fan, et qui s'avère absolument parfait pour le rôle. Il est le rêve, rigide distant, inaccessible, il permet de légitimer entièrement l'attitude de Natalia. Maria Schell, quant à elle en rajoute beaucoup. C'est perturbant au début, mais c'est finalement bon pour le film, c'est ce que voulait le rôle, et cela permet une identification plus grande avec les réactions de Mario.
Et puis il y a Marcello Mastroianni, l'immense, l'unique. Il trône très haut au panthéon de mes acteurs, et c'est surtout l'acteur que je "comprends" le mieux, l'interprète parfait pour le spectateur que je suis, émotionnellement, il parle mon langage. J'ai grâce à lui compris des films qui m'auraient largement échappé sinon, comme 8 1/2 (je suis d'ailleurs toujours incapable de mettre le moindre mot sur le film, sinon que j'ai compris ce que Mastroianni me disait) et j'ai grâce à lui vécu un moment bouleversant devant Le Notti Bianche. Le rôle de Mario est très beau, très réel, très terre-à-terre devant Natalia, plus rêveuse, on entre immédiatement en empathie avec lui, partageant ses joies et ses doutes, avec, au ventre, la douloureuse boule d'un épilogue inévitable. Même son final m'a convaincu, j'étais avec lui, c'était déjà gagné.
Film imparfait, mais bouleversant, voilà un choc émotionnel très fort. Peut-être un film du mois.
Étrange sensation pour le premier film de Visconti que je découvre. Convaincu évidement par la plastique extraordinaire du film, le décor est splendide, certains effet bluffants (dont le brouillard dont les bonus Carlotta nous détaillent la genèse), quant à la mise en scène et la photographie, elles tutoient la perfection.
Grand film romantique, il y a quelques réserves à emmètre sur la narration du film, certaines scènes sont un peu trop étirées à mon goût (le bal) et certains éléments m'ont parus superflu, comme la conclusion de l'intrigue de la prostitué, intrigue elle même un peu à côté, comme si Visconti avait voulu casser le rythme de son film un peu maladroitement (c'est en tout cas ce que j'ai ressenti) alors que l'autre tentative du genre (les scènes à la pension) est plus savoureuse. Enfin, j'aurai préféré une fin légèrement différente, plus distante du personnage de Jean Marais (pour ne pas spoiler plus avant, je suis assez d'accord sur ce point avec ce que déclare Piero Tosi dans son interview).
Pourtant, ces défauts si ils sont perceptibles, sont emportés par l'histoire, magnifique, par les images et par la performance du trio d'acteur principal.
Commençons par Jean Marais, acteur dont je ne suis pas un grand fan, et qui s'avère absolument parfait pour le rôle. Il est le rêve, rigide distant, inaccessible, il permet de légitimer entièrement l'attitude de Natalia. Maria Schell, quant à elle en rajoute beaucoup. C'est perturbant au début, mais c'est finalement bon pour le film, c'est ce que voulait le rôle, et cela permet une identification plus grande avec les réactions de Mario.
Et puis il y a Marcello Mastroianni, l'immense, l'unique. Il trône très haut au panthéon de mes acteurs, et c'est surtout l'acteur que je "comprends" le mieux, l'interprète parfait pour le spectateur que je suis, émotionnellement, il parle mon langage. J'ai grâce à lui compris des films qui m'auraient largement échappé sinon, comme 8 1/2 (je suis d'ailleurs toujours incapable de mettre le moindre mot sur le film, sinon que j'ai compris ce que Mastroianni me disait) et j'ai grâce à lui vécu un moment bouleversant devant Le Notti Bianche. Le rôle de Mario est très beau, très réel, très terre-à-terre devant Natalia, plus rêveuse, on entre immédiatement en empathie avec lui, partageant ses joies et ses doutes, avec, au ventre, la douloureuse boule d'un épilogue inévitable. Même son final m'a convaincu, j'étais avec lui, c'était déjà gagné.
Film imparfait, mais bouleversant, voilà un choc émotionnel très fort. Peut-être un film du mois.