
Le cinéma russe
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Re: Le cinéma russe

"Mad Max II c'est presque du Bela Tarr à l'aune des blockbusters actuels" Atclosetherange
- Profondo Rosso
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Re: Le cinéma russe
Oui le bluray Artus Films est de toute beauté

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Re: Le cinéma russe
Ca a l’air franchement superbe mais un hymne au patriotisme russe, par les temps qui courent, est ce vraiment une bonne idée ?
- Profondo Rosso
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Re: Le cinéma russe
Honnêtement on est plus emporté par la fantaisie de l'ensemble le côté patriotique est accessoire, c'est un conte avec une figure mythologique russe quoi. Par contre une adaptation est en tournage en ce moment en Russie sur le personnage ça devrait être une autre limonade niveau patriotismeThe Eye Of Doom a écrit : ↑1 juin 22, 19:45 Ca a l’air franchement superbe mais un hymne au patriotisme russe, par les temps qui courent, est ce vraiment une bonne idée ?

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Re: Le cinéma russe
Bon. Pour une fois je me démarquerai nettement de Profondo Rosso.
Fortement tenté suite aux chroniques ci dessus et aux photos, on s’est regardé ca hier soir en famille.
Qu’est ce que c’est mal foutu….
Je parle pas de la direction artistique ou de la photo du film: c’est exactement ce que montre les images ci dessus : souvent superbe, entre Walt Disney (scene reprise de Blanche neige, stop motion à la Harryhausen, trucages à la Bava).
Mais le film ne decolle jamais.
L’histoire s’etale tout de meme sur plus de quinze ans, dont 10 ou le heros est au cachot. Mais crenom pourquoi l’affreux méchant mets t’il quinze a se décider a attaquer Kiev ( oui, la sainte russie eternelle c’est Kiev)
C’est tres decousu: on comprend pas trop les enchaînements.
Les personnages sont inexistants. Les dialogues assez nuls (je parle pas des tirades sur la mere patrie en danger, juste des dialogues en general) Les acteurs n’ont rien a jouer. Ca tombe bien ils sont tres mauvais. Curieusement seules les actrices semblent y croire.
Ca commencait pourtant pas trop mal avec la retraite du geant qui confie son epee à des pelerins. Son epee, tiens parlons en. Au debut on voit un géant gigantesque se transformer en montagne en mourant. Vous voyez un peu la taille qu’il est sensé avoir. Il confie donc son epee qu’on imagine faire facilement 20 ou 30 metre au minimum à des pèlerins. Le plan suivant cette epee gigantesque fait 1 metre cinquante et dans la suite un petit metre.
On passe ensuite par les scènes bucoliques d’un village de braves paysans russes. Une belle fille chante son desespoir de voir son beau et jeune fiancé devenu paralysé, sous le regard tendre de son père. Enfin, pas tout a fait car on comprend ensuite que c’est pas vraiment son pere mais en fait le jeune et beau fiancé : gasp ! Il y a l’air d’avoir 45 ballets au bas mot avec sa barbe de patriarche. (Vérifications faites =41).
Le village est attaqué par une meute de Huns qui tuent le monde sauf la demoiselle. On se dit ca y est c’est parti !
Mais pas vraiment. Ca s’enlise entre dépliant touristique pour la grande russie, ses plaines, ses forêts, ses fleuves, … une intrigue de palais sans intérêt et donc un ou deux exploits du heros. A aucun moment on est pris par un personnage, un sentiment, bref on s’emm…
Pourtant,, juré, on y a aller plein de bonne volonté. Le film semble (mal) ecrit pour des enfants de 5 ans.
Il y a visiblement des moyens quasi infinis mais qui ne provoquent rien. Un exemple: au coeur du siege de Kiev (apres 15 ans les barbares se sont enfin décidés), il y a un large mouvement panoramique où l’on voit de la tour toute la region avec les champs enemis. C’est impressionnant quand on pense le pognon de dingue qu’a du couté ce plan.
100 000 figurants tout de meme mais a la fin, on a pas d’impression de puissance.
J’ai de suite pensé à la scène du Cid de Mann où l’on voit l’armée arabe avancer sur la ville: séquence impressionnante exposant les uns apres les autres les différentes composantes de l’armée, musiciens compris. Une force incroyable s’en dégage. Mais me direz vous, ici c’est des barbares donc normal que ca soit un peu le boxon… Viens alors la seconde comparaison qui tue : Les Nibelungen !
Attila et ses barbares ont, sous la caméra de Lang, un toute autre degaine. Du coup, je vais le faire le découvrir a mon fils…
Voila, voila. On a bien rigolé deux, trois fois mais on nous y reprendra pas.
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Re: Le cinéma russe
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Re: Le cinéma russe
Justin nous propose la chronique de Sampo, le jour où la terre gela de Aleksandr Ptushko, film que l'on peut trouver en Bluray chez Artus.
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Re: Le cinéma russe
Je me demande bien pourquoi j’ai regardé cette semaine Le tour du Monde de Sadko.
Copie de merde sur le dvd. Dommage car on imagine que le matériel d’origine doit ressembler aux photos vu ici des films restaurés de Ptouchko.
C’est un peu moins chiant que Le geant de la Steppe. Mais c’est bien tout.
C’est joué avec les pieds (il y avait pas d’acteurs et d’actrices correctes en URSS?).
Il faut bien sur passer sur le prêchi-prêcha patriotique, mais c’est quand même bien moins pire que Le geant.
On alternent entre des scènes qui ont pas mal de gueule (les vues du cieux nuageux, l’oiseau phenix, Sadko surfant dans la tempête,…) et d’autres franchement embarrassants (la visite au roi des mers).
A part à des enfants de 5 ans, je vois pas à qui peut s’adresser ce film aujourd’hui.
C’est dommage que ces films soient si peu entraînants car techniquement et plastiquement c’est souvent bluffant. Ca manque cruellement du souffle et de la magie d’un Jason et les argonautes, alors que esthétiquement ca n’a souvent rien à lui envier!
Copie de merde sur le dvd. Dommage car on imagine que le matériel d’origine doit ressembler aux photos vu ici des films restaurés de Ptouchko.
C’est un peu moins chiant que Le geant de la Steppe. Mais c’est bien tout.
C’est joué avec les pieds (il y avait pas d’acteurs et d’actrices correctes en URSS?).
Il faut bien sur passer sur le prêchi-prêcha patriotique, mais c’est quand même bien moins pire que Le geant.
On alternent entre des scènes qui ont pas mal de gueule (les vues du cieux nuageux, l’oiseau phenix, Sadko surfant dans la tempête,…) et d’autres franchement embarrassants (la visite au roi des mers).
A part à des enfants de 5 ans, je vois pas à qui peut s’adresser ce film aujourd’hui.
C’est dommage que ces films soient si peu entraînants car techniquement et plastiquement c’est souvent bluffant. Ca manque cruellement du souffle et de la magie d’un Jason et les argonautes, alors que esthétiquement ca n’a souvent rien à lui envier!
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Re: Le cinéma russe
Vij ou le Diable de Konstantine Ierchov et Gueorgui Kropatchiov (1967)

Trois jeunes séminaristes quittent leur monastère pour partir en vacances. La nuit, ils se font héberger par une fermière qui se révèle être une sorcière. Khoma l’empoigne et la laisse pour morte, après qu’elle se soit transformée en jolie jeune fille. Sous la pression de la famille, le recteur oblige Khoma à passer trois nuits auprès de la défunte afin de prier pour son âme. Il va vivre trois nuits d’épouvante jusqu’à l’apparition de VIJ, le démon et maître des Gnomes…
Vij ou le Diable est un film qui fut pendant longtemps un des rares exemples de cinéma d'épouvante soviétique. Il s'agit de l'adaptation de la nouvelle Vij de Nicolas Gogol, publiée pour la première fois en 1835. L'auteur y figeait là sur papier un conte folklorique russe de tradition orale, à travers des choix et une tonalité qui contribueraient à perpétuer le récit. Il y eut précédemment deux adaptations muettes, l'une tournée par Vassili Gontcharov en 1909 et l'autre par Ladislas Starewitch en 1916. Néanmoins, la version restée la plus fameuse (bien qu'il s'agisse d'une adaptation s'éloignant beaucoup du matériau originel) est Le Masque du Démon de Mario Bava (1960). Peut-être que le retentissement du film de Bava, ainsi que l'essor de tout un cinéma gothique notamment la Hammer durant les années 60 incita le cinéma soviétique à apporter sa pierre à l'édifice, et se réapproprier ce patrimoine culturel. Ivan Pyriev, directeur du studio Mosfilm va donc lancer l'idée d'une nouvelle adaptation. Les contraintes de temps lui font engager deux novices à la réalisation, Konstantine Ierchov et Gueorgui Kropatchiov qui sont à l'époque étudiant au Cours supérieurs de formation des scénaristes et réalisateurs de Moscou. Néanmoins la contribution majeure qui fera passer le projet à la postérité est celle d'Alexandre Ptouchko. En effet, les premiers rushes de Konstantine Ierchov et Gueorgui Kropatchiov sont jugés trop réalistes, de nombreuses scènes ayant été tournées dans de véritables églises orthodoxes en Ukraine soviétique. Ptouchko est donc chargé de réécrire en partie le scénario et de retourner de nombreuses séquences au sein desquelles son imaginaire et sa science des effets visuels vont créer une vraie différence.
Le point faible du film est la faiblesse de son implication émotionnelle. Si les raccourcis narratifs fonctionnent parfaitement dans la logique de récit merveilleux dans les propres films de Ptouchko, développer une histoire d'épouvante demande un ancrage un peu plus marqué dans le contexte et la caractérisation des personnages pour lesquels on doit avoir peur. Ainsi, si l'on s'amuse de la vision fortement anticléricale des séminaristes (courant les filles, portés sur la vodka, dissipés), les circonstances amenant le malheureux Khoma (Leonid Kouravliov) à croiser la route de la sorcière sous ses traits vieillis, puis la veiller en tant que cadavre de jeune fille, sont un peu expédiée. Même l'imagerie merveilleuse supposée conduire à ce moment est un peu bâclée par rapport à ce dont Alexandre Ptouchko nous avait habitué. Heureusement, lorsqu'arrivent les grands morceaux de bravoure des épiques trois scènes de veille nocturne de la sorcière, l'attente est comblée.
Alors que le gothique anglo-saxon et italien déploie leur frayeur dans un certain art de la lenteur pour faire monter la tension, par le hiératisme menaçant de son bestiaire horrifique, Vij ou le Diable choisit de son côté l'option de l'excès et de la folie totale - - anticipant la frénésie horrifique de certaines productions hongkongaises comme L'Exorciste Chinois (1980), ou Histoire de fantômes chinois (1987) et ses suites. A partir du moment où Khomat est enfermé dans l'église pour sa première nuit de garde, les éléments se déchaînent. Nuées de chats noirs en fuite, cercueil qui voltige, une sorcière (Natalia Varley) hystérique qui admoneste Khomat les yeux écarquillés et dans une gestuelle grandiloquente, c'est un instantané de chaos. Le parti-pris horrifique renouvèle grandement l'esthétique de Ptouchko plus habitué à nous émerveiller qu'à nous effrayer, avec une direction artistique époustouflante. Le décor de l'église semble se réduire et s'agrandir au gré de l'état mental de Khomat, une caméra d'une mobilité sidérante accompagne les mouvements aériens agressifs de la sorcière et le mélange des techniques impressionne comme ce travelling circulaire autour de Khomat tandis qu'une rétroprojection cauchemardesque transforme l'arrière-plan.
La photo de Fiodor Provorov et Viktor Pichtchialnikov contribue à la frénésie ambiante par ses teintes agressives de vert, de jaune et de bleu, les variations de cette gamme chromatique allant crescendo au fil des trois nuits. Après avoir vaillamment résisté au cours des deux premières nuits avec tout son arsenal d'exorcisme et sa rage de survivre, Khomat vacille avant l'ultime confrontation et tente de s'enfuir en vain. L'émotion s'installe avant le plat de résistance où Ptouchko déploie toute sa maestria. Inserts lourds de symboliques religieuses, cadrages biscornus et festival de créatures démoniaques en tout genre exploite absolument tous le savoir-faire et les techniques du réalisateur. Les marionnettes, les maquillages inquiétants et autres costumes grotesques forment un défilé de l'horreur absolument jouissif. On regrette d'ailleurs que Vrij, le monstre gnome et roi des démons donnant son titre au film, fasse une apparition si brève malgré son costume très réussi. Le film sera un immense succès en Union Soviétique où il totalisera 32 millions d'entrées, et sa réussite si marquante qu'il faudra attente 2014 pour qu'une autre production locale s'attaque de nouveau à la nouvelle de Gogol. 4,5/6

Trois jeunes séminaristes quittent leur monastère pour partir en vacances. La nuit, ils se font héberger par une fermière qui se révèle être une sorcière. Khoma l’empoigne et la laisse pour morte, après qu’elle se soit transformée en jolie jeune fille. Sous la pression de la famille, le recteur oblige Khoma à passer trois nuits auprès de la défunte afin de prier pour son âme. Il va vivre trois nuits d’épouvante jusqu’à l’apparition de VIJ, le démon et maître des Gnomes…
Vij ou le Diable est un film qui fut pendant longtemps un des rares exemples de cinéma d'épouvante soviétique. Il s'agit de l'adaptation de la nouvelle Vij de Nicolas Gogol, publiée pour la première fois en 1835. L'auteur y figeait là sur papier un conte folklorique russe de tradition orale, à travers des choix et une tonalité qui contribueraient à perpétuer le récit. Il y eut précédemment deux adaptations muettes, l'une tournée par Vassili Gontcharov en 1909 et l'autre par Ladislas Starewitch en 1916. Néanmoins, la version restée la plus fameuse (bien qu'il s'agisse d'une adaptation s'éloignant beaucoup du matériau originel) est Le Masque du Démon de Mario Bava (1960). Peut-être que le retentissement du film de Bava, ainsi que l'essor de tout un cinéma gothique notamment la Hammer durant les années 60 incita le cinéma soviétique à apporter sa pierre à l'édifice, et se réapproprier ce patrimoine culturel. Ivan Pyriev, directeur du studio Mosfilm va donc lancer l'idée d'une nouvelle adaptation. Les contraintes de temps lui font engager deux novices à la réalisation, Konstantine Ierchov et Gueorgui Kropatchiov qui sont à l'époque étudiant au Cours supérieurs de formation des scénaristes et réalisateurs de Moscou. Néanmoins la contribution majeure qui fera passer le projet à la postérité est celle d'Alexandre Ptouchko. En effet, les premiers rushes de Konstantine Ierchov et Gueorgui Kropatchiov sont jugés trop réalistes, de nombreuses scènes ayant été tournées dans de véritables églises orthodoxes en Ukraine soviétique. Ptouchko est donc chargé de réécrire en partie le scénario et de retourner de nombreuses séquences au sein desquelles son imaginaire et sa science des effets visuels vont créer une vraie différence.
Le point faible du film est la faiblesse de son implication émotionnelle. Si les raccourcis narratifs fonctionnent parfaitement dans la logique de récit merveilleux dans les propres films de Ptouchko, développer une histoire d'épouvante demande un ancrage un peu plus marqué dans le contexte et la caractérisation des personnages pour lesquels on doit avoir peur. Ainsi, si l'on s'amuse de la vision fortement anticléricale des séminaristes (courant les filles, portés sur la vodka, dissipés), les circonstances amenant le malheureux Khoma (Leonid Kouravliov) à croiser la route de la sorcière sous ses traits vieillis, puis la veiller en tant que cadavre de jeune fille, sont un peu expédiée. Même l'imagerie merveilleuse supposée conduire à ce moment est un peu bâclée par rapport à ce dont Alexandre Ptouchko nous avait habitué. Heureusement, lorsqu'arrivent les grands morceaux de bravoure des épiques trois scènes de veille nocturne de la sorcière, l'attente est comblée.
Alors que le gothique anglo-saxon et italien déploie leur frayeur dans un certain art de la lenteur pour faire monter la tension, par le hiératisme menaçant de son bestiaire horrifique, Vij ou le Diable choisit de son côté l'option de l'excès et de la folie totale - - anticipant la frénésie horrifique de certaines productions hongkongaises comme L'Exorciste Chinois (1980), ou Histoire de fantômes chinois (1987) et ses suites. A partir du moment où Khomat est enfermé dans l'église pour sa première nuit de garde, les éléments se déchaînent. Nuées de chats noirs en fuite, cercueil qui voltige, une sorcière (Natalia Varley) hystérique qui admoneste Khomat les yeux écarquillés et dans une gestuelle grandiloquente, c'est un instantané de chaos. Le parti-pris horrifique renouvèle grandement l'esthétique de Ptouchko plus habitué à nous émerveiller qu'à nous effrayer, avec une direction artistique époustouflante. Le décor de l'église semble se réduire et s'agrandir au gré de l'état mental de Khomat, une caméra d'une mobilité sidérante accompagne les mouvements aériens agressifs de la sorcière et le mélange des techniques impressionne comme ce travelling circulaire autour de Khomat tandis qu'une rétroprojection cauchemardesque transforme l'arrière-plan.
La photo de Fiodor Provorov et Viktor Pichtchialnikov contribue à la frénésie ambiante par ses teintes agressives de vert, de jaune et de bleu, les variations de cette gamme chromatique allant crescendo au fil des trois nuits. Après avoir vaillamment résisté au cours des deux premières nuits avec tout son arsenal d'exorcisme et sa rage de survivre, Khomat vacille avant l'ultime confrontation et tente de s'enfuir en vain. L'émotion s'installe avant le plat de résistance où Ptouchko déploie toute sa maestria. Inserts lourds de symboliques religieuses, cadrages biscornus et festival de créatures démoniaques en tout genre exploite absolument tous le savoir-faire et les techniques du réalisateur. Les marionnettes, les maquillages inquiétants et autres costumes grotesques forment un défilé de l'horreur absolument jouissif. On regrette d'ailleurs que Vrij, le monstre gnome et roi des démons donnant son titre au film, fasse une apparition si brève malgré son costume très réussi. Le film sera un immense succès en Union Soviétique où il totalisera 32 millions d'entrées, et sa réussite si marquante qu'il faudra attente 2014 pour qu'une autre production locale s'attaque de nouveau à la nouvelle de Gogol. 4,5/6