Footsteps in the dark (
Des pas dans la nuit) - Réalisé par Lloyd Bacon / 1941 :
La Warner offre un rôle différent à Errol Flynn. Il ne sera pas ici un valeureux cow-boy, un officier de l'armée, un capitaine de navire, bref, un aventurier dans l'âme (ce qu'il incarne
à la perfection)... Il sera un homme d'affaire ayant une double vie. D'un côté, business-man respecté, membre d'un club de riches, marié à la plus aimante des femmes. De l'autre, un romancier spécialisé en polars à succès, détective privé à ses heures. Pour ne pas troubler sa femme qu'il aime éperdument et faire fuir sa belle mère envahissante, Flynn doit constamment déployer des trésors d'inventivité pour ne rien révéler. Dans la haute société, on ne badine pas avec les bas fonds et l'on n'écrit pas des inepties policières...
Lloyd Bacon, en bon stakhanoviste de la Warner, réalise solidement le tout, avec montage typique de la firme (encore une fois) et intrigue à tiroirs dont il faudra bien s'extirper dans les dernières minutes afin de désigner le meurtrier.
Footsteps in the dark prétend sans doute également concurrencer la série
The thin man, produite par la MGM, avec en vedettes William Powell et Myrna Loy. L'avantage est largement au second, même en ne gardant qu'un seul des six films. Bien simple, d'abord parce que William Powell est le meilleur dans son genre (détective canaille, politiquement incorrect), ensuite parce que Myrna Loy est tellement séduisante et fraîche dans son jeu qu'elle est aussi la meilleure, puis parce que le romantisme du couple l'est bien plus que celui de Flynn et Marshall, et enfin parce que techniquement on ne joue pas dans la même cour non plus (la plupart du temps). Cependant, ce "Flynn" très original est une réussite. L'acteur confirme son grand talent pour la comédie (après l'excellent
Four's a crowd de Curtiz), à la réplique souple et à l'allure fière. Dommage qu'il n'ait pas eu davantage d'opportunités avec ce style de films. Après
L'aigle des mers, Brenda Marshall revient à ses côtés. Une bien jolie actrice, au jeu solide, mais finalement assez discrète pour permettre à Flynn de dévoiler tout son abattage. On regrette encore une fois l'absence de Olivia De Havilland. La distribution est dans l'ensemble très bonne, notamment avec un Alan Hale dont c'est un euphémisme de dire qu'il est formidable de le retrouver à chaque fois. Ralph Bellamy fait du remplissage, sous exploité. On le voit, c'est l'essentiel.
Une très agréable comédie policière, aux relents de film noir (on croise un peu les influences de films comme
Le faucon Maltais), bien dosée, avec quelques séquences d'anthologie (Flynn imitant un texan, avec un gros accent à mourir de rire) et un acteur au top niveau, comme d'habitude à cette époque.