A la demande générale... nouvelle adaptation d'un roman de Per-Anders Fogelström.
Mina drömmars stad / La ville de mes rêves (Ingvar Skogsberg, 1976)
Dans les années 1860 et 1870, on suit le quotidien de gens du peuple à Stockholm. On suit tout particulièrement le devenir de Henning Nilsson et de sa compagne Lotte, et, de façon plus anecdotique, ceux de Annika et de Klara. Annika -- fille d'un charbonnier au chômage -- est domestique chez des gens aisés et parvient à s'élever dans l'échelle sociale. Klara -- une fille simple au chômage -- finit par tomber dans la prostitution.
Avec : Eddie Axberg (Henning Nilsson), Britt-Louise Tillbom (Lotte), Mona Seilitz (Annika), Ulla-Britt Norrman (Klara).
Quelques années après le diptyque "
Les Emigrants" (1971) / "
Le Nouveau Monde" (1972) -- avec Max von Sydow, Liv Ullmann et Eddie Axberg --, ce film marqua le retour sur les écrans de la grande fresque prolétarienne (sur le DVD, le film dure 2h38... 2h40 avec le générique de fin... mais l'Institut du film suédois parle d'une durée de 2h48... problème de PAL speed-up ?).
A l'époque de la sortie, la critique fut partagée : d'un côté, on salua la superproduction (7 millions de couronnes) et le soin mis dans la reconstitution historique ; de l'autre, on bâilla d'ennui !
A titre personnel, j'ai d'abord été captivé par l'aspect documentaire du film (les petits métiers, tout ça), puis j'ai commencé à être agacé par le côté film "subventionné par la CGT", puis j'ai fini par faire avance rapide (dans les 15 / 20 dernières minutes). Je pourrais m'arrêter là.
En gros, c'est Zola à Stockholm, vu uniquement du côté des miséreux : hommes, femmes, enfants, vieillards (les gens aisés apparaissant comme des silhouettes, des êtres anonymes qui jouent du piano dans leurs salons, qui font du patin à glace, qui vont à l'opéra, pendant que les gueux triment toute la journée en picolant et en bouffant du hareng avec les doigts). "Et pourquoi pas ?", me direz-vous. Le problème, c'est qu'on ne les met en scène que pour servir un propos, leurs personnages restent à l'état de squelettes, ils manquent de chair. Ils passent une bonne partie de leur temps à nous expliquer que la vie est dure, que les riches sont des salauds, que ça ne durera pas toujours. Pendant une heure, ça peut encore passer. Mais sur 2h38, ça finit par être lassant.
Ajoutons à cela une photographie relativement plate (lumière très téléfilm) et une distribution pas très emballante. Eddie Axberg (vu aussi en 1966 dans "
Här har du ditt liv / Les feux de la vie", une autre fresque prolétarienne) n'est pas Tom Cruise. Dans
Les Emigrants /
Le Nouveau Monde, il était soutenu par Max von Sydow et Liv Ullmann. Ici, il est tout seul et le film est sans doute trop lourd pour ses épaules.
Le seul personnage vraiment intéressant est -- à mon avis -- celui d'Annika (la fille qui rompt avec son milieu et qui s'en sort), mais il est sacrifié sur l'autel du misérabilisme.
Un dernier mot à propos du titre : étant donné que la ville est largement dépeinte comme une sorte d'antichambre de l'enfer, on a du mal à comprendre ce "la ville de mes rêves". En fait, il s'agit des rêves des pauvres gens qui vivent dans les campagnes et qui croient pouvoir trouver le bonheur en ville.
Champ-contrechamp* sympa entre Annika et Henning.
*
si on veut.
