George Cukor (1899-1983)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Droudrou
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Droudrou »

Kevin95 a écrit :Je me souviens que Let's Make Love fut l'un des premiers films que je découvris avec Monroe (après le sympa The Prince and the Showgirl) et comme monsieur Fox, je n'ai pas compris le mépris de beaucoup vis à vis du film.
Bien au contraire, je me suis régalé de cette comédie toute rafraichissante, avec ses quiproquos et son couple de stars, d'ailleurs je me rappel aussi avoir eu un sourire jusqu'aux oreilles devant le final dans l'ascenseur.
mépris de beaucoup vis-à-vis du film : il provient aussi des fredaines de Montand à peu près de la même façon à cette même époque des couples de tournage comme Burton-taylor ou Brando Tarita qui n'ont pas été de bons coups de pub pour leurs films et puis pour nous français à cette époque Marilyn Monroe c'est certains l'aiment chaud dont on recherche une réédition plus mordante encore et il faut l'avouer certaines situations du film ne sont pas du Billy Wilder même si la leçon de séduction de Gene Kelly à Montand est amusante cette comédie à l'américaine souffre du fait que le partenaire de Marilyne est Français et qu'on a peut-êtr trop attendu d'Yves Montand. Il y a certainement une comparaison à établir entre le prégénérique de la famille Clément à travers les temps avec le prologue de 7 ans de réflexion...
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Cathy
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Cathy »

Her Carboard Lover (1942)

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Une jeune femme engage un compositeur sans le sou, en tant que petit ami. Celui-ci doit tout faire pour empêcher celui qu'elle croit aimer de s'approcher d'elle

Si Susan and God était une comédie râtée, il n'en est pas de même de ce carboard lover au scénario quelque peu osé, avec cette femme qui engage un "amant" potentiel pour ne pas succomber à son fiancé réel, sorte de Don Juan odieux. Nous sommes ici dans ces screwball types, les répliques fusent, les situations cocasses s'enchainent et les interprètes rivalisent de talent dans ce style. La rencontre entre Consuelo Croyden (Norma Shearer) et Terry Trindale (Robert Taylor) est une petite merveille, entre lui amoureux transi aux yeux énamourés et elle totalement impassible. tout comme la grande bagarre qui oppose Terry Trindale et Tony Barling (George Sanders) dans le sous-sol de l'hôtel, sans oublier la scène au tribunal qui s'ensuit. Le film est un long numéro d'acteurs, si on peut reprocher à Norma Shearer d'être un peu excessive voire fausse dans son jeu, on ne peut qu'être sous le charme de Robert Taylor absolument impeccable du début à la fin du film. Georges Sanders est une fois encore parfait dans son rôle d'amoureux dominateur. Les amoureux de screwball trouveront leur compte dans ce film peu connu de Cukor mais enlevé, drôle et sympathique. A découvrir.
Droudrou
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Droudrou »

bon sang ces petites comédies qu'on semble oublier de plus en plus ! tout comme leurs interprêtes et leurs réalisateurs...
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Cathy
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Cathy »

What Price Hollywood (1932)

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Une serveuse de bar se fait remarquer par un réalisateur alcoolique. Elle devient une star d'Hollywood, mais en paye durement le prix.

Hollywood a toujours aimé se pencher sur lui, et cela dès le début du cinéma. Nous ne sommes qu'en 1932 et Cukor décrit un monde sans aucune pitié, montrant à la fois l'ascension rapide d'une jeune serveuse en tant que vedette de cinéma. Le fim servira sans doute de base à A star is born quelques années plus tard réalisé par William Wellmann avec le même type de personnage.
On sent ici encore tout une atmosphère précode avec le ton volontairement vulgaire de Constance Bennett, et certaines répliques, notamment sur l'enfant qu'elle va avoir dans les films sans être mariée et le douloureux écho de sa carrière, (où elle va avoir son enfant, alors q'uelle vient de se séparer, le tout semblant sans doute plus politiquement correct). Pourtant d'autres règles sont respectées, les lits séparés des époux, la femme enceinte que l'on ne voit pas, etc..
Cukor alterne scène de pure comédie, comme la rencontre entre ce joueur de polo et cette actrice, et de pure drame, le suicide du réalisateur, cette courte scène est d'ailleurs intense, avec ces flash backs très rapides et l'influence de ce suicide sur la carrière de sa vedette avec cette allégorie de la flamme.
Le film repose sur Constance Bennett qui est de quasiment tous les plans et est magistrale en actrice vulgaire mais talentueuse. Elle est assez savoureuse d'ailleurs dans la scène où elle apprend sa réplique dans un escalier. Lowell Sherman campe un Max Carey fort sympathique. Sans doute le film est l'écho d'anecdotes réelles d'Hollywood, mais il montre assez bien la monstruosité du système, ce que le public fait des stars, l'importance aussi des journaux qui font et défont la popularité des vedettes. Un film prenant sur les coulisses de ce qui peut paraître un monde doré, mais ne l'est pas. On se demande d'ailleurs en voyant ce genre de films pourtant bien lucides, comment le monde hollywoodien peut faire fantasmer à ce point-là les jeunes filles.
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Re: George Cukor (1899-1983)

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Boubakar
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Boubakar »

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La diablesse en collant rose (1960)

Produit par le mari de Sophia Loren à son encontre, la caméra parait happer cette actrice (ici desservie par une blondeur qui ne lui sied guère), certes correcte, mais à laquelle il manque de la présence.
Et c'est le problème que je ferais aussi à l'ensemble du film, qui a énormément de mal à démarrer, du fait de sa construction en trois parties. La seconde, plus "western" est assez réussie, pour aboutir sur une scène de théâtre où le comique a laissé place au drame, mais on n'échappe pas à un ennui tenace, sans compter un Anthony Quinn pris en flagrant délit de paresse (il fait vraiment le minimum syndical), laissant le champ libre à Sophia Loren, ce qui n'était pas forcément une bonne idée.
Dommage, car l'idée de départ est assez séduisante, mais gâché par une construction trop maladroite.
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AtCloseRange
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par AtCloseRange »

Ma vie à Moi (1950)
Premier film de l'intégrale Ray Milland sur TCM, c'est un mélo méconnu qui vaut pourtant le détour. Sur un schéma relativement classique (c'est un peu le même point de départ pour Lana Turner que dans Imitation of Life) et déjà vu, c'est la réalisation élégante de Cukor qui fait la différence avec une modernité parfois inattendue que ce soit dans le ton ou dans le traitement (la fête d'anniversaire avec ce qui ressemblait à une caméra à l'épaule même si ça semble plus que douteux pour l'époque).
Bonne distribution d'ensemble avec Lana Turner plutôt convaincante pour une fois et quelques très bons seconds rôles comme Ann Dvorak, Louis Calhern, Barry Sullivan ou Tom Ewell.
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Cathy
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Cathy »

The Women, Femmes (1939)

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Evocation de la vie amoureuse d'un groupe d'amies femmes.

George Cukor a filmé la femme mieux que personne et ce Women en est encore l'exemple. Pourtant il ne les flatte pas, chaque femme peut se reconnaître en l'une d'entre elles avec ses défauts mais aussi ses qualités. Chacune de ces femmes est traitée de manière plus ou moins approfondie mais toujours avec beaucoup de finesse même si on montre aussi leur futilité à travers les séances de l'institut de beauté. La force de ce film que tous les cinéphiles connaissent est qu'il n'y a aucun homme qui n'apparaît, même dans les scènes de soirées et pourtant ils sont toujours présents, via le téléphone, via les dialogues évidemment et Stephen Haynes en premier, celui par qui le scandale va arriver.

La force du film réside dans son casting, une fois encore Norma Shearer a quelque peu tendance à théâtraliser son jeu, notamment dans la scène finale du couloir, pourtant elle est excellente dans la séquence du boudoir qui précède, il y a aussi Joan Crawford, garce de service, vénale, mais finalement attachante, Joan Fontaine la naîve, Paulette Goddard la demi-garce qui est le pendant "sympathique" du personnage de Jaon Crawford et naturellement Rosalind Russell qui en fait sans doute des tonnes mais est absolument parfaite en ragotière de première. Il y a aussi Marjorie Main, en maîtresse femme "rurale", Mary Boland, Phyllis Powah toutes aussi excellentes dans leurs rôles. Le point fort du film est aussi ce générique où chaque femme est personnalisée avec un sens évident de l'humour par un animal (biche, faon, agneau, vache, cheval, panthère, chat, singe) qui dépeint réellement leurs caractères.

Il y a ce sens du rythme dans chaque scène qui s'enchaine nous entrainant de l'intimité d'une maison à l'intimité d'une cabine d'un institut de beauté, ou d'un boudoir ou encore d'une ferme. Le spectateur ne s'ennuie jamais grâce aux dialogues brillants, aux affrontements entre chaque femme. Il y a aussi toute la dispute entre le couple narrée par une domestique à la cuisinière, la narration est subtile et évidente. Et il y a ausssi l'apparition du technicolor dans la scène du défilé de mode, point crucial de nombreux films de l'époque et qui semble annoncer celui de Singin' in the Rain et qui une fois encore montre la femme à la fois dans la splendeur de ses vêtements et dans sa "futilité".

Women est un film qui parle de femmes avec un sens évident de la réalité, leurs discussions futiles, leurs forces, leurs faiblesses, bref un hymne magnifique à la femme, même si elles n'en sortent pas toute grandies !
Dernière modification par Cathy le 15 déc. 10, 17:44, modifié 1 fois.
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Profondo Rosso »

Vacances (1938)

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Sur les pistes de ski de Lake Placid, Julia Seton rencontre l’élégant Johnny Case, un jeune homme insouciant et spirituel. C’est le coup de foudre et Julia veut présenter Johnny à son père après les vacances. De condition modeste, Johnny était loin de s’imaginer que Julia est la fille du richissime banquier Edward Seton et la rencontre avec le père se passe plutôt mal. Par contre, Johnny trouve en la personne du frère et de la sœur de Julia, Ned et Linda, de précieux alliés. Linda la « rebelle » de la maison, apprécie en particulier le côté rêveur et désintéressé du jeune homme.

Un des grands atouts de la screwball comedy fut de révéler sous la trame romantique attendue des vérités sociales sur son époque. Ce aspect ne s'est jamais aussi bien ressenti qu'avec ce Holiday qui en dépit du duo Cary Grant/Katharine Hepburn (réuni pour la seconde fois après L'Impossible Monsieur Bébé) est sur le fond plus proche du Fountainehead de King Vidor que de la comédie endiablée à la Hawks. Le récit dépeint les mésaventures de Cary Grant jeune homme insouciant qui s'apprête à épouser Julia (Doris Nolan) pour laquelle il a eu un coup de foudre durant les vacances. Tout se complique lors du retour au monde réel lorsqu'il s'aperçoit que sa fiancée est immensément riche et sous l'influence de son père. Alors qu'il n'aspire qu'à gagner suffisamment pour mener la vie oisive dont il rêve pour réfléchir à ses buts dans la vie, sa future épouse et son beau-père n'ont de cesse qu'à lui faire une place dorée dans le business familial, en un mot le faire rentrer dans le rang. C'est chez Linda (Katharine Hepburn) la soeur de Julia qu'il va trouver cette fantaisie et esprit libertaire proche du sien.

Cukor ne se contente pas d'opposer des univers socialement différents, c'est réellement deux philosophie de vie qui se heurtent ici. D'un côté une verve créatrice vouée au plaisir de l'instant et à l'esprit aventureux, de l'autre le carcan du paraître et de la tradition d'une grande et ancienne famille américaine. Cukor n'a de cesse de comparer la lourdeur poussiéreuse de l'un et la spontanéité galvanisante de l'autre par divers procédé narratifs. Cette dualité se ressent dès l'ouverture : le farfelu couple des Potter auquel Grant vient annoncer son mariage aux antipodes de la froideur de musée de l'immense demeure des Seton qu'il découvre lors de la séquence suivante. C'est ensuite l'espièglerie et l'esprit joueur de Linda et Ned qui provoquent une dissonance avec la froideur pragmatique de Julia et son père. Linda et Ned paraissent brisés mais bien vivants dans leur prison dorée (le scénario sous entendant qu'il suivent les traces de leurs mère), alors que Julia le patriarche Seton évoquent des momies d'un autre âge suivant un rituel bien rodé.
Le sommet du film est atteint lors de la séquence de la fête alternative durant la grande soirée d'annonce de fiançailles. La séparation est spatiale et physique, en bas la soirée guindée et les "nantis" tout en hypocrisie et conversation bassement matérielles et en haut dans la salle de jeu les grands enfants : Linda, son frère Ned et les Potter (pour l'anecdote le génial Edward Everett Scott reprend son rôle de la première adaptation de la pièce en 1930) bientôt rejoint par Cary Grant. Une scène extraordinaire où la joie de vivre la plus décomplexée (l'extraordinaire roulade cartoonesque de Hepburn et Grant) se dispute au drame le plus noir en un instant lorsque le rejet du mouton noir Katharine Hepburn se confirme et que Grant comprend à quelle existence étriquée et conformiste son mariage le destine. Katharine Hepburn qui a toujours représentée une certaine excentricité brille de mille feux en fille rebelle, et forme un merveilleux couple avec Cary Grant qui alterne élasticité comique et intériorité dramatique avec une aisance sidérante.

La dernière partie qui aurait pu tirer en longueur après un tel grand moment regorge de dialogues brillants (tel cette scène où Grant attéré voit le vieux Seton organiser le parcours de sa lune de miel et symboliquement sa vie) où les masques tombent.Quand Julia n'est prête qu'à céder à un homme se confortant au style de vie qu'elle (et son père) lui dicte, Linda est prête à le suivre au bout du monde par amour... Le message du film incite à poursuivre ses rêves, quitte à s'en inventer d'autres en cas d'échecs plutôt que de s'enfermer dans une existence morne où la sécurité financière éclipse tout. Avec un des ses plus grands film, Cukor réalisait presque un film hippie avant l'heure ! 6/6
someone1600
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par someone1600 »

Excellent film en effet... faudrait bien que je le revois celui-la. :wink:
Julien Léonard
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Julien Léonard »

Les invités de huit heures (Dinner at eight) - Réalisé par George Cukor / 1933 :

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Avec George Cukor, c'est l'assurance d'avoir un film intelligent et bien fait. A l'instar d'un Raoul Walsh passé maître dans le film d'action et d'aventure, Cukor est l'un des spécialistes du film de moeurs, de société, où les personnages s'emmêlent les uns les autres autour d'une intrigue mettant souvent en avant les castes sociales et appartenances sexuelles. Holiday, Indiscrétions, Madame porte la culotte, Femmes... De grands films, toujours modernes, autour de personnages bien ancrés dans la réalité. Parmi eux, des gens qui, parfois, n'ont qu'une envie : sortir de leur monde.

Cet Invités de huit heures est un autre grand film de son auteur, incontestablement. Des connaissances prévoient de se voir durant un dîner chez l'un d'entres eux, dîner qui tourne à l'obsession pour certains, au rejet pour d'autres. Chose étonnante, le film se conclue sur l'ouverture du dîner. Ces invités, ce sont donc d'abord des personnages que l'on croise, apprend à connaître (la plupart du temps dans leur déchéance), dans un milieu d’apparences qu'ils cultivent de plus en plus, même s'ils en ont de moins en moins les moyens. Une pléiade de vedettes : Lionel Barrymore, Jean Harlow, Wallace Berry, Lee Tracy (et j'en passe)... Toutes et tous sont excellents, parfaitement à leur place. C'est simple, on dirait du Jaoui-Bacri avant l'heure (sur un mode bourgeois), mais en mille fois mieux. Entre l'armateur ruiné et devenu cardiaque, l'épouse de l'armateur totalement obnubilée par un dîner futile, leur fille perdant ses illusions, le parvenu financier faisant des OPA agressives, son épouse vulgaire et intéressée (un couple étonnant et d'une violence ahurissante), un médecin grand humaniste mais piètre amant... Des silhouettes formidables, en souffrance, se cherchant constamment. Il est par ailleurs presque impossible de juger d'une seule pièce ces personnalités (si ce n'est le couple Harlow-Berry, très antipathique de toute manière). Le plus beau rôle (peut-être) ? Celui de John Barrymore, dans la peau d'un acteur finit, passé de mode, ruiné, alcoolique, terrassé en quatrième vitesse par l'arrivée du parlant, qui ne peut même plus décrocher un troisième rôle. Son incarnation pathétique confine au génie, appuyant au passage sur la difficile et douloureuse disparition des acteurs du cinéma muet, que l'arrivée du parlant à relégué à des mythes poussiéreux, mais avant tout des chômeurs qui, pourtant, furent à un moment les maîtres d'Hollywood. Barrymore émeut et livre une prestation effrayante, où l'on comprend davantage ce qu'a pu être cette période. C'est également Hollywood, et plus généralement le show business, qui est visé, tel le mangeur d'hommes et fabriquant de stars qu'il était à ce moment là (plus que jamais), capable de stopper une carrière et détruire une vie du jour au lendemain.

La crise de 1929 demeure présente dans le film. Si la Warner s'est spécialisée dans le film social ciblant le peuple, la MGM axe son discours sur les classes supérieures, elles aussi touchées par cette crise, mais qui peuvent parfois compter sur leur paraître pour s'en sortir. Ce que décrit enfin le film de Cukor, c'est cette terrible montée en puissance de l'importance de l'argent ! La réputation d'un artiste, le travail de qualité d'une entreprise... Tout cela ne suffit plus : il faut savoir être constamment sur le devant de la scène et ramener beaucoup d'argent. Il en faut, pour vivre, pour garder son train de vie, pour ne plus savoir qu'en faire. En avoir besoin, comme ces personnages, c'est renoncer au luxe qui les a bercé pendant la quasi-totalité de leur existence. On y voit la détresse, le jeu des apparences (qui ne masque qu'une humanité à fleur de peau) et... l'avenir d'un pays qui ne fonctionnera bientôt plus que sur ses billets de banque.

Un film très humain, magnifiquement joué la plupart du temps (si ce n'est parfois un côté théâtral), subtilement dialogué (avec souvent ces réparties très orientées et typiques de la liberté hollywoodienne pré-code) et filmé avec sobriété et savoir-faire. Cukor fut un grand, parmi les meilleurs de l'usine à rêves, il le prouve une fois encore en ces lieux.
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par AtCloseRange »

Mince alors, je n'avais pas vu qu'ils avaient commencé à diffuser Les Girls sur Ciné Classic (notamment cette nuit à 0h20)!
Très beau souvenir de ce film rare pas revu depuis son passage au Ciné-Club dans les années 80.
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Jeremy Fox
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Jeremy Fox »

AtCloseRange a écrit :Mince alors, je n'avais pas vu qu'ils avaient commencé à diffuser Les Girls sur Ciné Classic (notamment cette nuit à 0h20)!
Très beau souvenir de ce film rare pas revu depuis son passage au Ciné-Club dans les années 80.

L'un des sommets de Cukor et de la comédie musicale
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par Miss Nobody »

Jeremy Fox a écrit :
AtCloseRange a écrit :Mince alors, je n'avais pas vu qu'ils avaient commencé à diffuser Les Girls sur Ciné Classic (notamment cette nuit à 0h20)!
Très beau souvenir de ce film rare pas revu depuis son passage au Ciné-Club dans les années 80.

L'un des sommets de Cukor et de la comédie musicale
Bof. J'ai au contraire le souvenir de quelque chose de sympathique mais de tout à fait dispensable. :|
Il existe une édition dvd de ce film, depuis un petit moment, si cela t'intéresse de le revoir.
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Re: George Cukor (1899-1983)

Message par AtCloseRange »

Miss Nobody a écrit :
Jeremy Fox a écrit :

L'un des sommets de Cukor et de la comédie musicale
Bof. J'ai au contraire le souvenir de quelque chose de sympathique mais de tout à fait dispensable. :|
Il existe une édition dvd de ce film, depuis un petit moment, si cela t'intéresse de le revoir.
Dans mes souvenirs, ce qui en faisait le grand intérêt (en dehors der ses qualités esthétiques qui m'avaient ébloui à l'époque - dans l'esprit de A Star is Born), ce n'est pas tant le côté comédie musicale que l'audace de sa construction.
Mais bon, je vais sans doute vérifier ça ce soir...
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