Dvdclassik : cinéma et DVD

tchi-tcha a écrit : ↑27 nov. 23, 19:30 Et je trouve au bout du compte détestable l'attitude de mercenaire de Ridley Scott qui transpire le film tout du long.

Mais globalement : il a toujours eu ce petit côté mercenaire Ridley Scott, non ?
J'ai toujours eu du mal à y voir un véritable auteur, surtout ces dernières années où il semble aligner les gros films réalisés plus ou moins par-dessus la jambe.
Et pour en revenir au film dont il est question, je me refuse d'aller voir ça en salle. On parle d'une version volontairement tronquée, donc je vois à peine l'intérêt d'aller voir ça

Flol a écrit : ↑28 nov. 23, 15:10

tchi-tcha a écrit : ↑27 nov. 23, 19:30 Et je trouve au bout du compte détestable l'attitude de mercenaire de Ridley Scott qui transpire le film tout du long.

Mais globalement : il a toujours eu ce petit côté mercenaire Ridley Scott, non ?
J'ai toujours eu du mal à y voir un véritable auteur, surtout ces dernières années où il semble aligner les gros films réalisés plus ou moins par-dessus la jambe.

C'est vrai que pas mal de films essuient toujours les mêmes volées de bois vert (justifiées) où il est régulièrement dit que c'est spectaculaire, mais boursouflé, grotesque, absurde : Robin des Bois, Exodus, Prometheus, Alien Covenant et maintenant Napoléon.
Comme pour beaucoup d'artisans, il lui faut un bon scénario pour donner son meilleur.
Sur ces 20 dernières années, je plaide pour American Gangster et Seul sur Mars.
Kingdom of Heaven : paraît qu'il faut carburer à la version longue.

Alexandre Angel a écrit : ↑28 nov. 23, 15:18
Kingdom of Heaven : paraît qu'il faut carburer à la version longue.

Clairement. Et éviter la version cinéma presque incompréhensible.

Le montage de 4h ne changera rien malheureusement aux scènes pré existantes (nombreuses) et qui sont assez désastreuses en termes d'impact sur la caractérisation du personnage. L'écriture et la casting dans son ensemble passent complètement à côté du sujet. L'histoire d'un dépressif, souffreteux, fragile, hésitant (sic) qui ne sait pas pourquoi il est là où il devrait être, et comment et pour quelles raisons il devrait le faire (Le "Robespierre à cheval" est un garçon de 26 ans qui réprime les insurrections royalistes de Vendémiaire an IV. 30 ans lors du coup d'Etat du 18 Brumaire an VIII... c'est l'histoire d'une fulgurance qui repose notamment - entre autres - sur une détermination et un sens politique aigu). On traverse les scènes fantomatiques sans jamais ressentir l'espace et le temps. Au lieu du "Robespierre à cheval" comme dirait Madame de Staël on doit se contenter d'un "Two Lovers" (J. Gray) en uniforme de Napoléon.

Coxwell a écrit : ↑28 nov. 23, 16:43 on doit se contenter d'un "Two Lovers" (J. Gray) en uniforme de Napoléon.

Si seulement...

Mama Grande! a écrit : ↑30 nov. 23, 14:10

Coxwell a écrit : ↑28 nov. 23, 16:43 on doit se contenter d'un "Two Lovers" (J. Gray) en uniforme de Napoléon.

Si seulement...

C'est clair!

Un ersatz de Two Lovers dans ce cas. Dans tous les cas, la prestation de Phoenix est très similaire et il ne quitte plus vraiment ce registre Two Lovers/ Nuit nous appartient. Sorte de semi-dépressif rentré, à moitié intériorisé, fragile et hésitant face à sa masculinité contrarié et tantôt brutale. Que cela soit artistiquement intéressant pour X raisons dans bien des ouvrages, soit. Dans le cas de Napoléon, c'est passer malheureusement à côté du sujet et empêcher toute possibilité de s'intégrer dans ce récit faussement réaliste et contemporain.

Coxwell ne parlait pas de la qualité du film mais du caractère du personnage de fiction. Je m'interroge également sur les limites du jeu de Joaquin Phoenix, abonné depuis ses débuts à des personnages névrotiques, aux relations torturées. Ce seul choix de casting en dit long sur l'idée l’ambition de Ridley Scott dans la lignée d’une légende noire de l’empereur. Ce que corrobore le carton final où il attribue une estimation de morts largement arrondie à la hausse et imputé exclusivement au personnage sans aucune autre considération. Ajouter à ça la grille féministe habituelle de l’auteur, pour le coup il avait une sacrée matière en terme de machisme corse.

Pourtant l acteur fait partie de ces quelques acteurs capable de livrer des interprétations fascinantes !

Je me souviendrai longtemps de ses interprétations (entre autres) de
Commode
Johnny Cash
Theodore
Le Joker
...

Coxwell a écrit : ↑30 nov. 23, 18:27 Un ersatz de Two Lovers dans ce cas.

Voilà, un ersatz, c'est plus juste

Parce que ce qui fonctionnait très bien chez James Gray il y a quinze ans fonctionne nettement moins bien chez Ridley Scott aujourd'hui. Et c'est aussi pour ça que je crois peu au miracle d'une version intégrale qui permettrait de découvrir enfin la véritable vision du cinéaste.

Admettons que la version digest de 2h38 présentée au cinéma n'est qu'un accident de parcours, une hérésie ou une imbécilité, l'équivalent d'une version courte de 2 heures d'Il était une fois en Amérique remontée dans un ordre bêtement chronologique pour l'occasion (oui, je sais, quelle drôle d'idée)...

Admettons que le montage intégral ne fera pas que rajouter des vignettes/tableaux dans le même ordre chronologique, qu'il ne fera pas que rallonger la campagne d'Égypte ou la débâcle de Russie, qu'au contraire il donnera une perspective...
Admettons que le carton final soit réécrit parce que l'héritage de Napoléon ne se résume pas au nombre de morts des guerres napoléoniennes, qu'on développera le contexte historique dans lequel s'est inscrite son ascension, qu'on comprendra mieux ses calculs politiques et ses stratégies sur le champ de bataille, qu'on verra mieux le réformateur qu'il a été et son empreinte durable sur la France...
Admettons que son histoire d'amour avec Joséphine gagne en émotion avant les vingt dernières minutes du film et que l'Empereur n'y soit plus uniquement montré comme un benêt à peine fichu de s'extirper des jupons de sa mère et mené par le bout de la bite par sa traînée de chaudasse d'épouse...
Admettons qu'on se décide à retoucher le visage de Joaquin Phoenix pour que son personnage vieillisse un petit peu plus en vingt ans...

Admettons tout ça et plus encore, revoyons tout le film de A à Z pour enfin lui donner du souffle et un point de vue... Il faudra quand même se débrouiller avec ce qui a été filmé et remplacer la tête de Joaquin Phoenix par celle de Christopher Plummer (s'il est disponible). Parce que en l'état, son Napoléon n'a rien de napoléonien en dehors du chapeau, pas davantage qu'il n'est crédible en Maximus Gladiator devant ses troupes.

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Et par pitié, qu'on refasse aussi la scène finale de la mort de l'empereur, parce que son imitation de Brando dans Le Parrain est un poil ridicule.

Mais là tout de suite, je n'ai aucune envie d'aller vérifier quand le "vrai" Napoléon sera mis en ligne par Apple

Le prochain épisode du podcast de François Bégaudeau, La gêne occasionnée, sera consacré à Napoléon. Enregistrement prévu ce samedi.

Parce que t'es pote avec l'homme qui n'a pas de prénom, en plus ?

Flol a écrit : ↑5 déc. 23, 13:45 Parce que t'es pote avec l'homme qui n'a pas de prénom, en plus ?

Je suis surtout pote avec son compte X

Et c'est très intéressant!

Watkinssien a écrit : ↑7 déc. 23, 17:50
Et c'est très intéressant!

À prendre néanmoins avec des pincettes (c'est un gars biberonné à Opération Frisson qui dit ça, je précise).

Quand Dahan reproche aux critiques de se tromper de cible (en attaquant Napoléon sur le terrain de la réalité historique), je me dis qu'il ne doit pas lire ClaCla. Parce qu'ici on a tapé sur le film pour plein d'autres raisons, pas pour telle ou telle inexactitude factuelle. Lui aussi se trompe de cible à sa façon avec son éternelle croisade contre le "prêt-à-penser" critique, ses moulins à vent perso. Et quand il regarde tout ou presque de ce que Scott a fait après Blade Runner à travers le prisme d'une misanthropie mégalo destructrice du réalisateur, j'hésite à le suivre sur ce terrain. Même si ce n'est rien de plus qu'une autre façon de formuler l'habituel "Scott = Mercenaire" (le mec qui flingue ses films sans états d'âme), finalement.

Et surtout, il s'avance quand il attaque le film sur sa construction. Je suis parfaitement d'accord sur l'absence de point de vue de ce Napoléon, qui se plante complètement dans son portrait d'un empereur guère napoléonien (tout ce qui est stratégie, politique ou trace dans l'histoire est évacué par Ridley Scott qui s'en branle royalement) et qui foire son angle d'attaque (la fabrique d'un destin à travers le moteur de son couple). Mais attaquer le film sur sur son absence d'ossature solide et de cohérence, c'est faire l'impasse sur un élément essentiel : ce qu'on a vu au cinéma n'est qu'une version courte, un digest (et indigeste aussi, hi hi hi).

En l'état, je suis infichu de savoir si le montage intégral bouchera les trous d'un charcutage bourrin ou s'il ne fera que proposer la même chose en plus long. Peut-être que des informations dont Dahan reproche l'absence feront leur retour et permettront d'éclairer des éléments qui ont l'air balancés au petit bonheur dans la version digest. Peut-être aussi que le montage intégral restera sur la même lancée (en l'occurrence une chronologie Wikipédia sans point de vue)... mais pour l'instant on n'en sait rien.

(et Dahan fait aussi totalement l'impasse sur Les Duellistes alors qu'il avait un boulevard)

Après, je préfèrerai toujours écouter vingt minutes de Yannick Dahan plutôt qu'une heure (ou deux ou trois) de Bégaudeau