Cet aspect est vraiment explicite dans le film. Jenny endosse un emploi quasi ecclésiastique : l'importance du repentir, de la confession qui libère, est fondamentale et répétée de scène en scène, avec chacun des personnages qu'elle rencontre. Cette approche quasi mystique de l'aveu et de l'attention bienveillante dans lequel il s'épanche est présent à travers toute la filmographie des frères Dardenne, mais je crois ne l'avoir jamais vue déclinée avec une telle transparence. Assez miraculeusement, le rôle purement révélateur endossé par Jenny, et que renforce son absence totale de vie familiale ou sentimentale (pas de parents, de frère ou soeur, pas de conjoint ou de petit ami...), n'empêche pas le personnage de suivre elle aussi un parcours moral et spirituel. En d'autres termes, la fonction n'efface pas la nature ni la substance. Et il fallait bien tout le doigté des frangins pour parvenir à cet équilibre.poet77 a écrit :Dans « La Fille inconnue », le docteur Jenny Davin fait des choix qui engagent la vie entière, elle préfère reprendre le cabinet du médecin qu'elle remplace plutôt que d'intégrer le centre médical qui lui ferait gagner bien plus d'argent, elle conçoit clairement sa profession comme un engagement de tout l'être et, par sa manière d'être, elle conduit ceux qui se sont rendus coupables envers la fille inconnue à se confesser. Pour l'une des coupables, cela se conclut même, après qu'elle ait prononcé ses aveux, par une sorte d'absolution prenant l'aspect d'une accolade.
La Fille inconnue (Jean-Pierre et Luc Dardenne - 2016)
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Re: La Fille inconnue (Jean-Pierre et Luc Dardenne - 2016)
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Re: La Fille inconnue (Jean-Pierre et Luc Dardenne - 2016)
Tout à fait. Les Dardenne évitent tous les pièges: le film est moral sans jamais être moralisateur. Et le personnage de Jenny, qui pourrait facilement devenir outrancier, reste, d'un bout à l'autre, à la fois convaincant et touchant.Thaddeus a écrit :Cet aspect est vraiment explicite dans le film. Jenny endosse un emploi quasi ecclésiastique : l'importance du repentir, de la confession qui libère, est fondamentale et répétée de scène en scène, avec chacun des personnages qu'elle rencontre. Cette approche quasi mystique de l'aveu et de l'attention bienveillante dans lequel il s'épanche est présent à travers toute la filmographie des frères Dardenne, mais je crois ne l'avoir jamais vue déclinée avec une telle transparence. Assez miraculeusement, le rôle purement révélateur endossé par Jenny, et que renforce son absence totale de vie familiale ou sentimentale (pas de parents, de frère ou soeur, pas de conjoint ou de petit ami...), n'empêche pas le personnage de suivre elle aussi un parcours moral et spirituel. En d'autres termes, la fonction n'efface pas la nature ni la substance. Et il fallait bien tout le doigté des frangins pour parvenir à cet équilibre.poet77 a écrit :Dans « La Fille inconnue », le docteur Jenny Davin fait des choix qui engagent la vie entière, elle préfère reprendre le cabinet du médecin qu'elle remplace plutôt que d'intégrer le centre médical qui lui ferait gagner bien plus d'argent, elle conçoit clairement sa profession comme un engagement de tout l'être et, par sa manière d'être, elle conduit ceux qui se sont rendus coupables envers la fille inconnue à se confesser. Pour l'une des coupables, cela se conclut même, après qu'elle ait prononcé ses aveux, par une sorte d'absolution prenant l'aspect d'une accolade.
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Re: La Fille inconnue (Jean-Pierre et Luc Dardenne - 2016)
Je vois bien ce que tu veux dire, mais il me semble quand même qu'il existe un véritable style Dardenne, là où je serai bien en peine de caractériser un style Loach au-delà d'intentions qui relèvent essentiellement de convictions politiques et sociales. En ce sens, au regard de la poignée de Loach que j'ai vus, je partage les critiques contre un cinéaste idéologue, qui donne malheureusement peu à penser ou n'apporte pas de plus-value intellectuelle à ce qu'on peut déjà savoir en tant que citoyens, tant son propos se réduit à une énonciation de banalités entendues. L'enjeu humain mérite évidemment qu'on s'y attarde, mais je le trouve constamment desservi par la platitude de cette approche, qui ne transcende rien, que ce soit sur le plan des idées comme sur le plan cinématographique. Mais bon, je crois que d'une manière générale, le cinéma anglais "social" m'emmerde grave (Mike Leigh & co), voire même le cinéma anglais tout court. Comparer les Dardenne et Loach est une facilité de surface. Les Dardenne peuvent évoquer le monde du travail sans que cela ne prenne de suite une coloration idéologique qui prenne à la gorge, et ce, pour une raison de taille qui fait pour moi la différence : les personnages. Le personnage dardennien se définit par son action, son mouvement perpétuel, ce qui rend les films des Dardenne si prenants, au sens physique du terme (comme peut l'être le Pickpocket de Bresson, par exemple) : c'est l'ancrage physique de ce personnage dans son univers qui permet d'amener en sourdine une coloration éventuellement un peu politique (Rosetta, Deux jours une nuit, La fille inconnue, etc). Sans parler de cette force d'incarnation qui touche à la grâce. Chez Loach, dans la mesure des films que j'ai vus (mais je ne crois pas que ce constat changerait vraiment), j'ai l'impression d'une démarche au bulldozer diamétralement opposée : on part de la grille de lecture politique pour façonner le personnage. Je vois ses personnages comme de purs instruments à son propos-tract, la conviction politique détermine le personnage, ce qui les rend si convenus, si plats, et pardon, si pénibles malgré toutes les pancartes clignotantes laissées pour nous édifier.Ratatouille a écrit :Ça fait à peu près 30 ans que certaines personnes le disent. Mais ils ne m'ont jamais convaincu.Demi-Lune a écrit :Il n'y a pas de Cinéma dans ce que j'ai pu voir.
D'autant plus que l'on pourrait dire EXACTEMENT la même chose du cinéma des Dardenne et ce ne serait pas beaucoup plus vrai.
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Re: La Fille inconnue (Jean-Pierre et Luc Dardenne - 2016)
Demi-Lune est la reincanation de François TruffautDemi-Lune a écrit :Mais bon, je crois que d'une manière générale, le cinéma anglais "social" m'emmerde grave (Mike Leigh & co), voire même le cinéma anglais tout court. .


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Re: La Fille inconnue (Jean-Pierre et Luc Dardenne - 2016)
Question de sensibilité et de point de vue, clairement
. Mais chez Loach, là où je le trouve beaucoup plus talentueux, c'est que son travail cinématographique est tellement évident, qu'il ne semble faire "aucun effort", c'est-à-dire que sa "banalité" visuelle est en réalité un style qui lui est propre et qu'il incorpore souvent finement à ses sujets historiques et ou sociaux. Pourtant, Loach découpe sciemment ses plans, ne tombe jamais dans le versant "faux documentaire" et soigne la grande majorité des cas son art de la mise en scène qui semble s'effacer face à des personnages à la fois réalistes et représentatifs, mais pour mieux en étudier la substantifique moelle de leur rapport avec leur monde qui les entoure et qui intéresse l'engagement du cinéaste. Le terme "tract" est une caricature assez grossière qui minimise et simplifie ce qui fait la force cinématographique de Loach, une mise en scène qui coule de source, plus travaillée qu'elle n'y paraît. Ses choix de décors, les choix de ses protagonistes sont très élaborés.
Alors que chez les Dardenne, (et là pardon aux admirateurs, hein) je trouve que leur style est plus voyant, plus "racoleur", plus systématique également avec cette caméra près des mouvements incessants de ses personnages et pour le coup, je les trouve plus "bulldozer" (pour reprendre le terme) dans leur caractère social et leur engagement.

Alors que chez les Dardenne, (et là pardon aux admirateurs, hein) je trouve que leur style est plus voyant, plus "racoleur", plus systématique également avec cette caméra près des mouvements incessants de ses personnages et pour le coup, je les trouve plus "bulldozer" (pour reprendre le terme) dans leur caractère social et leur engagement.


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Re: La Fille inconnue (Jean-Pierre et Luc Dardenne - 2016)
Quand on pense que le plus grand cinéaste de l'histoire, le réalisateur du film le plus révéré de tous les temps (y compris par Demi-Lune), l'idole de Truffaut, à qui il consacra un livre d'entretiens aujourd'hui statufié, quand on pense que ce type-là, donc, est anglais...Jack Carter a écrit :Demi-Lune est la réincarnation de François Truffaut

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Re: La Fille inconnue (Jean-Pierre et Luc Dardenne - 2016)
Ouais mais il a fait tous ses grands films aux États-Unis, ça ne compte pas.Thaddeus a écrit :Quand on pense que le plus grand cinéaste de l'histoire, le réalisateur du film le plus révéré de tous les temps (y compris par Demi-Lune), l'idole de Truffaut, à qui il consacra un livre d'entretiens aujourd'hui statufié, quand on pense que ce type-là, donc, est anglais...Jack Carter a écrit :Demi-Lune est la réincarnation de François Truffaut

Blague à part, à part Hitch, Lean et Powell/Pressburger pour le ciné classique, et Ridley Scott pour le cinéma moderne, il y a quand même vraiment peu de cinéastes britanniques qui m'enthousiasment. Mais ceci nous éloigne carrément des Dardenne.
Dernière modification par Demi-Lune le 21 oct. 16, 21:59, modifié 1 fois.
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Re: La Fille inconnue (Jean-Pierre et Luc Dardenne - 2016)
Mais oui, c'était juste pour taquiner.
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Re: La Fille inconnue (Jean-Pierre et Luc Dardenne - 2016)
Vois Ladybird ou Raining Stones (et d'autres encore) et on en reparle. Tu me diras si ces deux films ne sont pas prenants au sens physique du terme, si tu parleras de platitude, de manque de force d'incarnation, de personnages plats...Demi-Lune a écrit : L'enjeu humain mérite évidemment qu'on s'y attarde, mais je le trouve constamment desservi par la platitude de cette approche, qui ne transcende rien, que ce soit sur le plan des idées comme sur le plan cinématographique...
...son mouvement perpétuel, ce qui rend les films des Dardenne si prenants, au sens physique du terme
...Sans parler de cette force d'incarnation qui touche à la grâce. Chez Loach, dans la mesure des films que j'ai vus (mais je ne crois pas que ce constat changerait vraiment), j'ai l'impression d'une démarche au bulldozer diamétralement opposée : on part de la grille de lecture politique pour façonner le personnage.
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Re: La Fille inconnue (Jean-Pierre et Luc Dardenne - 2016)
Deux Loach pénibles justement... par leur manichéisme (même si c'est un autre problème que de ne pas être du Cinéma).Jeremy Fox a écrit :Vois Ladybird ou Raining Stones (et d'autres encore) et on en reparle. Tu me diras si ces deux films ne sont pas prenants au sens physique du terme, si tu parleras de platitude, de manque de force d'incarnation, de personnages plats...Demi-Lune a écrit : L'enjeu humain mérite évidemment qu'on s'y attarde, mais je le trouve constamment desservi par la platitude de cette approche, qui ne transcende rien, que ce soit sur le plan des idées comme sur le plan cinématographique...
...son mouvement perpétuel, ce qui rend les films des Dardenne si prenants, au sens physique du terme
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Re: La Fille inconnue (Jean-Pierre et Luc Dardenne - 2016)
Thaddeus a écrit :LordAsriel a écrit :
Sur le plan de l'émotion, je trouve quand même ce dernier film un bon cran en-dessous des précédents (quand je repense par exemple à la quête d'apaisement et de pardon qui sous-tend Le Fils, au final bouleversant de L'Enfant, à la trajectoire de Lorna, à la douceur radieuse du Gamin au Vélo ou à la vélocité dramatique absolument redoutable de Deux Jours un Nuit... bref, tous quoi). Mais bien content de te voir défendre cet opus tout à fait convaincant.
Je reporte la discussion ici.

Eh, bien je t'avoue que je ne suis pas loin de considérer La Fille inconnue comme mon Dardenne préféré jusqu'à présent (mais j'avoue avoir pas mal de lacunes). Enfin disons que je suis très loin de le juger moins bon que les autres. L'intrigue policière de Lorna m'a toujours paru bancale quelque part, Le Gamin au vélo jouait un peu trop sur une résolution miraculeuse, et Deux jours une nuit péchait légèrement à mon sens par la dimension édifiante de ses échanges, par exemple.
Je retrouve complètement ici la dimension chrétienne ET platonicienne de l’œuvre des deux frères, sauf que le personnage de Jenny, parce qu'elle est un confesseur, a ceci d'original que son parcours illumine les autres autant qu'il l'éclaire elle-même. Et c'est assez magnifique, la manière dont le film se met concrètement à hauteur de ses personnages, à travers une mise en scène qui joue avec leur posture et leur position dans l'espace : la caméra de surveillance en plongée sur les patients à la porte renvoie en ce sens à la tentation de surplomb qui pèse sur le personnage - comme sur les cinéastes belges, du reste ; plus loin la scène de crime en contrebas sur la berge dit également quelque chose, de même que la fille du cybercafé qui se relève au moment où Jenny entre dans la salle, de même que la prostration de Bryan ou celle de son père... jusqu'à ce moment de la confession dudit père où toute cette problématique des corps est formulée quasi-littéralement à travers ses mots ("ne me regardez pas de haut !") : l'ensemble du film s'interroge ainsi avec humilité sur la distance qu'il prend avec ses personnages ; et le choix du casting vient renforcer cette dimension méta-discursive, comme si à travers le visage connu d'Adèle Haenel et de ceux qu'elle croise, les Dardenne s'incarnaient, et poursuivaient la quête qui est celle de toute leur filmographie (donner un corps, un visage, un nom aux anonymes) et qui traduit toute leur éthique cinématographique.
Au-delà de ça, c'est vraiment un film que je trouve assez bouleversant dans son propos sur le langage et la thérapie par les mots. La scène du garçon pris de convulsions, et ramené à lui par la parole de sa mère, cristallise évidemment cette idée, mais j'aime beaucoup de manière générale la façon dont le film avance, toujours dans une forme de violence, par saillies de mots qui libèrent, ou de gestes qui traduisent un enfermement ; aussi les Dardenne saisissent-ils vraiment bien le caractère terrifiant des personnages qui buttent sur l'épiphanie des mots - le couple attendant une ordonnance de complaisance, l'homme incarné par Gourmet, les malfrats - et toute la vulnérabilité du personnage de Jenny face à cette volonté d'étouffer la parole. Les films n'ont concrètement pas grand chose à voir, mais sur le fond je retrouve ici quelque chose d'une œuvre qui m'est très chère, The Secret Life of words d'Isabel Coixet.
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Re: La Fille inconnue (Jean-Pierre et Luc Dardenne - 2016)
Je n'ai pas vu le dernier que tu cites mais pour moi, les meilleurs Dardenne sont plus anciens. Même si je les aime, à côté des chef d'œuvre que sont Rosetta, La Promesse ou Le Fils, on est en-dessous.LordAsriel a écrit :Je reporte la discussion ici.Thaddeus a écrit :
Eh, bien je t'avoue que je ne suis pas loin de considérer La Fille inconnue comme mon Dardenne préféré jusqu'à présent (mais j'avoue avoir pas mal de lacunes). Enfin disons que je suis très loin de le juger moins bon que les autres. L'intrigue policière de Lorna m'a toujours paru bancale quelque part, Le Gamin au vélo jouait un peu trop sur une résolution miraculeuse, et Deux jours une nuit péchait légèrement à mon sens par la dimension édifiante de ses échanges, par exemple.
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Re: La Fille inconnue (Jean-Pierre et Luc Dardenne - 2016)
Moi au contraire, alors que j'avais du mal avec leurs premiers films (Rosetta notamment), j'aime par dessus tout les deux plus récents, soit Le Gamin au vélo et le sublime Deux jours une nuit. Donc vraiment hâte de découvrir le dernier opus en date.
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Re: La Fille inconnue (Jean-Pierre et Luc Dardenne - 2016)
Pas vraiment un sommet dans leur filmo, cette Fille inconnue. Il lui manque cette tension, cette énergie qui irrigue leurs autres oeuvres. L'enquête avance mollement (j'ai vraiment senti le temps passer) et repose sur trop de coïncidences (Jenny connait comme par hasard la majorité des protagonistes de l'affaire). Le film est plus convaincant dans sa description quasi-documentaire du quotidien d'un généraliste aujourd'hui. Dommage pour Adèle Haenel, qu'on sentait prédisposée à l'univers des frangins. Elle se repose parfois trop sur son air fermé (mais moins que dans Les Combattants) mais parvient quand même avec des variations de jeu même infimes à faire passer toute une palette d'émotions. Malheureusement elle n'est pas toujours bien entourée - Jérémie Rénier est limite ridicule dès qu'il s'énerve, et les comédiens qui interprètent le jeune Brian et le stagiaire ne dégagent rien. Comparé au Silence de Lorna et sa fin dans la forêt où on touche au sublime, le dénouement m'a laissé ici complètement froid.
"On est juste une bande de glands qui n'a rien trouvé de mieux à faire de sa vie." (Colqhoun)