Re: Habemus papam (Nanni Moretti - 2011)
Publié : 25 sept. 11, 12:54
Arvo Pärt tu le met là le tréma. En fait pour ce que j'en sais, ça se prononce "Arvo Pèrt"MJ a écrit :l'usage du Miserere de Ärvo Part
Arvo Pärt tu le met là le tréma. En fait pour ce que j'en sais, ça se prononce "Arvo Pèrt"MJ a écrit :l'usage du Miserere de Ärvo Part
Strum a écrit :J'ai beaucoup aimé Habemus Papam, davantage que ce à quoi je m'attendais.
Du point de vue de la construction et de la mise en scène, c'est une belle réussite. Le film trouve un équilibre typique de la comédie italienne entre la tragédie et le comique. Contrairement à Joe, j'ai trouvé que les scènes de comédie avec Moretti et les cardinaux faisaient respirer le récit, qu'elles lui donnaient ce charme un peu ironique et désabusé que j'affectionne dans le cinéma italien.
L'autre réussite du film tient à ses thèmes. Je dois avouer que le sujet du film (l'élection d'un pape qui ne veut pas être pape) ne m'intéressait guère. Mais Moretti, comme son personnage de psychanalyste censé redonner au pape la joie de vivre, est absolument athée. Non pas un de ces athées qui ont le goût du sacrée et qui tentent, peut-être par désir de croire, de filmer la foi ou la spiritualité au cinéma. Mais un athée qu'amuse suffisamment la liturgie religieuse pour s'en moquer gentiment, et dont il se sent en même temps suffisamment détaché pour ne pas non plus la mépriser. Lorsque Moretti visite le Vatican comme s'il s'agissait d'un parc d'attractions ou d'un supermarché de la foi, commentaires à l'appui, on rit de bon coeur, mais on ne sent chez lui nulle aigreur. D'ailleurs, la psychanalyse en prend aussi pour son grade.
Le sujet d'Habemus Papam n'est donc qu'un prétexte pour Moretti, qui poursuit ici sa réflexion sur le pouvoir et la comédie, dont il explorait déjà un versant dans le Caïman. Dans la relation de pouvoir corrompue dont parle Moretti, l'homme de pouvoir est un acteur, et les sujets ou citoyens, des spectateurs. En tant qu'acteur, l'homme de pouvoir perverti de Moretti prend au lieu de donner. Il attend des spectateurs-citoyens qu'ils lui donnent leur affection, ne le quittent jamais des yeux, comblent un manque. Ce que dit en creux Habemus Papam, c'est que ce devrait être l'inverse. L'homme de pouvoir, celui qui commande, devrait donner et guider et non prendre. Il devrait lui-même combler les vides des citoyens car lui-même n'est en manque de rien ; au contraire, il a un trop plein qu'il doit partager avec d'autres. Le cardinal Melville, choisi par ses pairs pour devenir Pape, comprend qu'il ne peut devenir Pape car au fond de lui, il est resté cet acteur qu'il aurait aimé être (au lieu de faire semblant toute sa vie d'être un cardinal), qui recouvre la joie de vivre quand il entend du Tchekov dans un hôtel, et qui n'est heureux que dans un théâtre ou au milieu d'une troupe de comédiens.
Ce que montre le film également, c'est que le Pape laisse des fidèles désemparés. Là aussi, le propos du film doit se comprendre comme dépassant la seule liturgie catholique. Ce ne sont pas seulement des fidèles sans Pape qui sont désemparés, c'est un doute général qui s'est emparé des italiens et des italiennes, qui ressentent davantage que de coutume le besoin d'être guidés et accompagnés par des hommes de pouvoir probes et à la hauteur de leur tâche. Si ces derniers ne le sont pas, alors ils doivent renoncer, tant leur tâche est immense. Cela, Melville l'a bien senti, il comprend qu'il est un acteur avant tout, et c'est tout à son honneur de renoncer. D'autres feraient mieux d'en faire autant. Suivez le regard de Moretti. En cela, le film de Moretti s'inscrit dans le présent et le réel, comme tous ses films.
Mais je ne voudrais pas donner du film une impression de trop grand sérieux. Tout cela est dit avec beaucoup de légèreté et de chaleur, et on rit souvent. Comme le dit Stark, il y a effectivement quelque chose de rassurant à se dire que l'on peut encore compter sur certains cinéastes pour faire, à chacun de leurs films, de l'excellent cinéma.
Père Jules a écrit :Le tournoi de volley entre cardinaux est un grand moment de cinéma.
Père Jules a écrit :Le tournoi de volley entre cardinaux est un grand moment de cinéma. Un vrai bon film.
Sur RTL à l'instant ils disaient qu'il (François 1er) avait pour habitude de prendre les transports en commun pour se déplacer.odelay a écrit : Bon, lui au moins, il ne s'est pas barré dans un bus pour errer dans la ville.