Contrairement à Demi-Lune, je n'ai pas grandi avec la trilogie de Pixar, c'est un fait. Ce 3e volet et l'annonce d'un Cars 2 me laissaient donc plus que de marbre (contrairement à
Inception que j'attends depuis deux ans...) et j'amorçais même un semblant de rictus en me disant que si Pixar commençait une logique de suites au profit de scénarios originaux, c'était le début de la fin.
C'était sans compter une qualité toujours au rendez-vous, Pixar oblige.
Pourtant pendant les 10 premières minutes, j'ai eu du mal et ce, même si je me suis reconnu dans la transposition d'un univers de jeux et de courses-poursuites : Plus jeune, je me refaisais
Abyss de Cameron (c'était effectivement l'un de mes films préférés) avec les légo Aquanautes (et en peut faire des trucs de malade (hop, une
cathédrale) avec des
Lego c'est bien connu). Pour cela je jouais de nuit, juste éclairé par une lampe en hauteur qui devait réfléter le peu de lumière qui rôde dans les bas-fond (le sol même) et les contours de la faune abyssale (les contours du lit, des placards et armoires). Pour trouver des créatures marines, c'était plus dure, il fallait prendre les jouets en caoutchouc de dauphins, baleines et autres mammifères et mollusques géants glanés à
Nature et découvertes,
Nausicäa voire
le Futuroscope. M'enfin bon, je m'égare. Bref, quid d'une exposition qui prend son temps comme dans
Wall-e ou
Là-haut ou
Ratatouille (où l'introduction est pour moi un modèle : quelques coups de feu, la voix-off, un arrêt sur image et on installe tranquillement les choses pendant 10,15 minutes avant déjà une première montée en puissance avec l'attaque de la petite vieille) ? Ici, comme c'est censé être une suite, on rentre ou du moins, on est censés rentrer dedans d'un coup. Et j'ai eu du mal. Parce que mes souvenirs de Toy Story remontent a 1999, voire a 1995; le second volet ne m'ayant laissé presqu' aucun souvenir (eh oui... VF + son trop fort + la voix de Jessie qui hurle ses chansons... Aie aie, je m'en souviens encore de ça par contre

), mis à part la fin à l'aéroport, les aliens et Zeurg. Il me faut aussi remarquer que dans les Pixar, les films que j'ai le moins vus, ce sont justement les deux toy story (1 visionnage chacun là où pour le monde de Nemo ou Ratatouille, je cumule pas mal).
Mais dès qu'Andy grandit et évolue sous le camescope de sa mère, qu'un saut dans le temps s'effectue, ouf, ça allait bien mieux du coup et j'ai pu me raccrocher au troisième volet des aventures de nos jouets. Et je n'ai pas été déçu, ayant bien aimé le tournant plus sombre qu'avait alors amorcé Pixar avec
Wall-e. Ici, une nouvelle oeuvre sur l'oubli et la solitude, thèmes poignants toujours au centre de Pixar (solitude du manque d'âme qui vive, d'âme soeur surtout (
Wall-e) en passant par la solitude imposée par la vieillesse et la disparition de celle qu'on aimait (
Là-haut) pour finir par l'oubli pur et simple parce que son propriétaire a grandi et a d'autres préoccupations (
Toy Story 3)) avec la mélancolie et le temps qui passe (ce qui le rapproche de
Là-haut qui avait aussi ses 15,20 premières minutes où défilaient une vie entière. Ici, c'est une enfance qui passe très vite à l'adolescence, mais la marque du temps se fait plus que sentir --cf le coup du téléphone relevé par Demi-Lune plus tôt). Ce qui permet à Pixar de livrer une poignée de scènes mémorables qui culminent dans un final en deux temps où l'on pleurera du coup par deux reprises. Parce que primo, l'émotion affleure toujours à fleur de peau (et c'est d'autant plus visible dans la scène de la décharge, monstrueuse), parce que secundo, il y a une part formidable de vécu à travers la passation d'Andy à Bonnie. Qui ne s'est pas reconnu dans ce final et n'en a pas eu le coeur serré ?

Mais Toy Story ce n'est pas que ça (même si ça suffit à le faire culminer sur des sommets que tentent de rattraper tant bien que mal d'autres créateurs d'animation en 3D). On retrouvera donc tous nos personnages (REX !

) mais aussi des nouveaux, tous aussi formidables (mr Princklepants... Timothy Dalton en V.O pour un spectacle d'actor's studio tordant !

, Trixie le penchant féminin de Rex

, Dolly, Ken et Barbie

...et surtout la petite Bonnie, adorable, dont la douceur et la finesse d'écriture vont encore plus loin que celle accordée pourtant pour la petite Boo de
Monstres et cie. Bonnie c'est un peu la petite soeur qu'on rêverait d'avoir...

), un invité prestigieux (cf, capture en spoiler, merci Demi-Lune au passage

), des clins d'oeils tant au cinéma (cf, capture du dessous) qu'aux autres épisodes (chouette, Zeurg dans le générique de fin !

) et surtout de l'humour et du fun (je précise que je ne suis nullement sponsorisé par Oasis). Et puis des nuages. Plein de nuages en tapisserie (clin d'oeil évident au début mais aussi au mélange d'imaginaire et de réalité du film).

5,5/6.