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Publié : 22 oct. 05, 16:49
par Bob Harris
Jack Griffin a écrit :Et encore un petit mot pour faire de la pub sur Reds :P
Il va bientôt passer sur TPS. :D

Publié : 22 oct. 05, 16:51
par AlexRow

Publié : 22 oct. 05, 16:55
par MJ
Un qui me vient à l'esprit et que j'ai vu ce mois-ci est Les Proies de Don Siegel. Siegel y montre une facette très intéressante de la Guerre de Sécession et examine intelligement les tensions raciales, sexuelles et de tout ordre de cette époque.
Ca a déjà moins à voir avec le sujet, mais je saluerais quand même ce générique de début qui donne ensuite l'impression que le film a commencé par des combats sans que ce ne soit aucunement le cas. Fort. :D

Publié : 22 oct. 05, 20:28
par Max Schreck
Jack Griffin a écrit :
Holly Golightly a écrit :La prise du pouvoir par Louis XIV de Rossellini
trop tard 8)
J'en profite alors :
http://www.dvdclassik.com/Critiques/pri ... iv_dvd.htm


Sinon, grand amateur d'Histoire, je suis évidemment assez fan de ce genre cinématographique.

Dans la catégorie peplum, la sauce hollywoodienne ou "cinecittaïenne" a tendance à un peu trop tout enrober. J'apprécie beaucoup les scènes de danse qu'on trouve toujours dans ces films, avec des chorégraphies Broadway style, mais ça me fait la plupart du temps bien rigoler. Si je mets de côte le folklore, je retiendrai peut-être le Satyricon de Fellini, qui me semble vraiment très sensible dans son approche de l'esprit romain. Fellini montre que c'est un sujet qui lui parle.
La Chute de l'Empire romain d'Anthony Mann propose une belle plongée à l'époque du règne de Commode, de même que Gladiator qui fourmille pour sa part pas mal de petits détails historiques.

En ce qui concerne plus précisément le genre peplum christique, je mets trois films au-dessus de tout :
Barabbas de Richard Fleischer, film magnifique et intelligent sur l'éveil de la conscience spirituelle, avec un Anthony Quinn magistral
Le Roi des Rois de Nicholas Ray, qui vaut essentiellement pour le travail de la mise en scène très étonnant et d'une inventivité constante.
La Dernière tentation du Christ. Au delà de ses audaces discutables (la scène des baptèmes de Jean-Baptiste est un peu trop rock n'roll), il s'agit pour moi du film le plus juste sur les origines du christianisme, qui montre la naissance et l'évolution d'une morale moderne. Je trouve ses partis-pris passionnants, et je ne parle même pas du jeu déchirant de Willem Dafoe et Harvey Keitel.

J'avance un peu dans le temps...

Les Vikings de Richard Fleischer prétendent à une certaine vérité historique, ou en tout cas se targuent de pas mal de recherches documentaires. Dans le genre spectacle hollywoodien, le film apparaît comme remarquablement authentique et brut.

Sur le moyen-âge, deux titres me viennent immédiatement :
Promenade avec l'amour et la mort, de John Huston. Un de mes films-fétiches, véritablement bouleversant, où les débris de l'amour courtois sont emportés par la sauvagerie des hommes et de la religion.
La Chair et le sang de Verhoeven, où cette fois c'est la barbarie qui brille de ses derniers feux face à l'émergence des temps modernes.
Dans un autre genre, il est également plaisant de se balader dans le monastère du Nom de la rose.


Mention spéciale au 1492 de Ridley Scott, qui est plein de défauts mais qui fait superbement revivre l'Espagne de cette époque, avec ses somptueux palais et sa lumière, de même que les horreurs de l'Inquisition et de la colonisation. La Reine Margot de Chereau offrait également une reconstition de la nuit de la St-Barthelemy qui fit date.

On devrait aussi évoquer Eisenstein. Je suis franchement pas fan d'Alexandre Nevski dont le jeu des interprètes m'agace. Ivan le terrible est en revanche une superbe tragédie shakespearienne qu'il faudrait que je revoie pour m'étendre davantage sur les raisons d'en être époustouflé.

J'aimerai beaucoup avoir l'occasion de revoir les deux films La Révolution française sorti à l'époque du bicentennaire (il y a un topic là-dessus quelque part). Dans mon imaginaire, ce sont des images de ce film qui me viennent quand je pense à cette époque. Les interprètes me semblaient idéaux, de Jean-François Balmer en Louis XVI à Christopher Lee en Sanson (le bourreau de la Concorde) en passant par Klaus Maria Brandauer en Danton. Et on ne nous cachait rien des horreurs commises au nom de la toute jeune République.


Pour le XXe siècle, comment ne pas citer le splendide Nous nous sommes tant aimés d'Ettore Scole, qui sur une intrigue aussi comique que tragique de ménage à 4, revisite 30 ans de l'Histoire italienne, d'espoirs, de luttes et d'amertume.


to be continued...

Publié : 22 oct. 05, 20:37
par Major Tom
Jack Griffin a écrit :Sinon je ne pense pas qu'il soit bon qu'un cinéaste fasse dans l'exhaustivité et la stricte objectivité un but à atteindre, comme le ferait légitimement un historien; il risquerait de tomber dans le trop plein didactique. L'artiste doit avant tout avoir une relation affective aux évenements, ce qui nécessite une vision subjective ainsi que l'ommission ou l'amoindrissement de certains évenements.
Le Pianiste est le film auquel j'ai d'abord pensé en te lisant. ;)
Il fait partie de ceux qui m'ont le plus ému, et qui toutefois sont très réalistes. Le fait est que Polanski connaissait mieux que quiconque son sujet.

Cela dit, attention à ne pas trop privilégier l'histoire pour l'Histoire, et faire de graves fautes historiques comme Gladiator peut en regorger.

Publié : 22 oct. 05, 20:41
par k-chan
Kagemusha de Kurosawa
Napoleon de Abel Gance
Little Big Man de Arthur Penn

Mais je ne développe pas. Je n'y arriverais pas. :wink:

Publié : 22 oct. 05, 21:15
par blaisdell
Ouh quel sujet vaste! Et l'histoire est une grande passion pour moi...

Moi j'aime la façon dans le cinéma italien mêle l'Histoire et l'histoire personnelle des individus. Je citerais Bertolucci pour 1900 et surtout le magnifique, l'extraordinaire, le fabuleux CONFORMISTE. Bolognini aussi pour le magistral HERITAGE. Impossible de ne pas citer Visconti pour LES DAMNES, LE GUEPARD et LUDWIG même si je préfère les oeuvres des cinéastes précédents.

J'ai un faible pour WATERLOO de Serguei Bondartchouk qui offre la reconstitution de bataille la plus fabuleuse jamais vue sur un écran et c'est le seul film sur Napoléon à rivaliser avec Abel Gance.J'aimerais beaucoup voir LA REVOLUTION FRANCAISE de Robert Enrico (cinéaste vilipendé par la critique mais très admiré par Spielberg)

Pour les films hollywoodiens citons le grandiose CID de Anthony Mann avec un début qui évoque Ben Laden et ses sbires. LA TERRE DES PHARAONS de Hawks est réussie aussi.

Enfin pour le dernier film que je citerais pour le moment: LA CHARGE DE LA BRIGADE LEGERE de Tony Richardson qui offre une reconstitution soignée de l'Angleterre et une critique sociale tout en épinglant la version hagiographique mais lyrique de Michael Curtiz.

Publié : 23 oct. 05, 12:30
par LucyMuir
L'Allée du Roi de Nina Companeez.
Ce n'est pas vraiment un film, mais une des plus belles productions françaises de ces dernières années à mon sens. Cette renconstitutionde la vie de Madame de Maintenon, depuis son enfance misérable dans les rues de la Rochelle jusqu'à sa vie auprès de Louis XIV, ne vise pas à la parfaite vérité historique, mais présente un portrait de femme du XVIIème siècle, ambitieuse mais attachante et, à travers elle, le siècle du Roi soleil.

Les différents âges du règne de Louis XIV (à partir des années 1670) ne sont pas exposés mais suggérés avec finesse; la jeunesse des personnages correspond à l'époque des fêtes grandioses dans un Versailles en chantier; la venue de l'âge mûr puis la vieillesse s'accompagnent d'une montée du rigorisme et de l'austérité renforcées par les conditions économiques (la France est au bord de la banqueroute à cause des nombreuses guerres) et climatiques (le petit âge glaciaire entraîne une famine dans le pays) défavorables.

L'oeuvre ne s'apesantit pas sur la politique, mais s'attache à peindre de nombreux portraits, explore la société des salons parisiens puis le monde impitoyable de la cour et des mesquineries entre les (trop nombreuses) maîtresses royales.

Les décors, les costumes et la musique sont admirables, l'ensemble est filmé à la manière d'un tableau. La composition, la lumière de chaque plan , dusse-t-il durer quelques images, sont parfaitement travaillées.
Et que dire des dialogues qui ressuscitent avec brio la langue des précieuses du XVIIème siècle??
L'Allée du roi est une véritable plongée dans une période de l'histoire qui est fréquement mal traitée au cinéma.

Publié : 23 oct. 05, 12:35
par AlexRow
Louis enfant roi (Roger Planchon, 1992). A la mort de Richelieu, le Dauphin n'est qu'un enfant. La reine Anne d'Autriche, épouse du défunt Louis XIII, se fait nommer régente du royaume de France. Épaulée par le cardinal Mazarin elle se retrouve à la tête d'un royaume rapidement plongé dans le plus grand désordre : les Grands veulent profiter de la faiblesse supposée du pouvoir pour retrouver leur ancienne influence perdue : c'est la Fronde (1648-1652).
Planchon restitue avec brio la tourmente de ces temps. Les nombreux comédiens excellent à rendre le caractère versatile et fantasque de cette haute société. Les alliances et les ententes se nouent et se dénouent dans un rythme effréné. Ce n'est pas un film, c'est un maëlstrom. Au centre de l'action, le jeune roi est tenu pour rien, ou pas grand chose. C'est pourtant dans cet immense foutoir que Louis fait son apprentissage politique auprès de son "oncle" cardinal et qu'il va peu à peu concevoir sa vision de la monarchie absolue, garante de l'ordre universel. La mise en scène reste très sobre et les décors limités : l'essentiel est tourné à Chambord où l'escalier en double-vis paraît comme une métaphore de la pensée politique du temps, entre représentation et goût du secret. Les tableaux se succèdent illustrant toute la fièvre, optimiste et débridée, d'une époque qui veut s'inscrire en rupture du long mouvement de centralisation de l'État mais qui n'aura été qu'une bouillonnante parenthèse.
On peut trouver facilement (en poche) les Mémoires du cardinal de Retz - témoin et acteur de cet épisode atypique de l'histoire de France - qui ont inspiré le scénario du film.

Publié : 23 oct. 05, 12:37
par MJ
Qu'est-ce que vous pensez du Dernier Empereur?

Publié : 23 oct. 05, 12:53
par blaisdell
MJ a écrit :Qu'est-ce que vous pensez du Dernier Empereur?
Il faut que je le revoie, j'en ai un souvenir plutôt bon, maintenant je trouve que les premiers Bertolucci sont tellement forts (LA STRATEGIE DE L'ARAIGNEE, LE CONFORMISTE, PRIMA DELLA REVOLUZIONE,etc) que la suite de sa carrière, surtout la plupart de ses derniers films (LITTLE BUDDHA, SHANDURAI, UN THE AU SAHARA..) sont decevants. Il faut donc que je revoie ce DERNIER EMPEREUR.

Publié : 23 oct. 05, 13:01
par Philip Marlowe
Gangs of New York, où l'Histoire est plus qu'une toile de fond car Scorsese veut nous faire ressentir l'ampleur qu'auront les événements traversés par les protagonistes sur le futur de la société US.

Publié : 23 oct. 05, 13:03
par AlexRow
MJ a écrit :Qu'est-ce que vous pensez du Dernier Empereur?
Très belle fresque, sommet d'un certain art classique au cinéma. La vie (grandeur et déchéance) de Pu Yi - dernier des empereurs de Chine de la dynastie mandchoue des Qing - permet de suivre l'incroyable effervescence de la vie politique de la Chine au XXe siècle. Entre révolutions nationalistes et communistes en passant par les guerres et l'occupation japonaise, les aspirations de celui qui était à la fois l'héritier de la plus ancienne des traditions et le produit d'une éducation occidentale moderne sont insaisissables. C'est à travers un procès révolutionnaire, phase capitale de sa rééducation, que la personnalité ambiguë de Pu Yi est livrée au spectateur. Le commissaire du peuple chargé de l'instruction semble être la voix de la conscience de l'empereur déchu, l'empêchant d'échapper au jugement par le suicide ou d'esquiver les accusations de trahison derrière une certaine auto-complaisance. C'est là que réside d'ailleurs la clef du film : c'est un film à thèse. La sympathie de Bertolucci pour le "bon communiste" illustre l'idée répandue dans les anciens milieux maoïstes que la révolution culturelle chinoise a trahi l'idéal de la révolution prolétarienne. Tout aussi éclairante est la conclusion qui mène Pu Yi à sa rédemption par l'acceptation de son nouvel état.

Publié : 23 oct. 05, 13:13
par Roy Neary
AlexRow a écrit :C'est là que réside d'ailleurs la clef du film : c'est un film à thèse. La sympathie de Bertolucci pour le "bon communiste" illustre l'idée répandue dans les anciens milieux maoïstes que la révolution culturelle chinoise a trahi l'idéal de la révolution prolétarienne. Tout aussi éclairante est la conclusion qui mène Pu Yi à sa rédemption par l'acceptation de son nouvel état.
Ce que tu dis est très intéressant car c'est cet aspect qui m'a fait plus tard descendre ce film du piédestal sur lequel je l'avais mis. Quand je l'ai découvert en salles, j'avais été ébloui par la beauté plastique du Dernier Empereur et sa puissance romanesque. Plus tard, en analysant mieux, le parti-pris de Bernardo Bertolucci (issu d'un milieu bourgeois mais fasciné par le communisme) m'a particulièrement gêné. Et je me suis dit que si les autorités chinoises avaient permis pour la première fois à un réalisateur occidental de tourner dans la Cité Interdite, c'est qu'il y avait bien une raison.

Publié : 23 oct. 05, 13:15
par AlexRow
Le film reste d'une perfection plastique consommée et sa narration est l'une des plus réussies du genre. L'empathie avec les personnages est réelle et l'émotion palpable.