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Publié : 23 sept. 06, 11:58
par Jihl
Commissaire Juve a écrit :Vu en salle à l'époque avec mon amoureuse d'alors... souvenirs ! :mrgreen:
Vu aussi en salle à l'époque... mais tous seul. Faut dire que je devais avoir 13 ans et j'allais voir des trucs comme Reds, alors pour trouver une fille...

Impatient de le revoir en dvd, car pas revu depuis. Mais c'est vrai que la vo sous-titrée anglais du futur zone 1 me fait un peu peur, car dans mon souvenir ça tchatchait pas mal dans Reds. Je vais peut être attendre le zone 2 (j'ai déja attendu 25 ans pour le revoir alors...).

Publié : 7 oct. 06, 22:41
par Mister Zob
Quelques captures du film préféré de Ryo Saeba : :mrgreen:
http://www.dvdbeaver.com/film/DVDReviews25/reds.htm

Publié : 7 oct. 06, 23:17
par Eusebio Cafarelli
Mister Zob a écrit :Quelques captures du film préféré de Ryo Saeba : :mrgreen:
http://www.dvdbeaver.com/film/DVDReviews25/reds.htm
y'a une vf sur le dvd, donc ?
Vu il y a longtemps, très bon. Je me souviens en particulier d'une scène d'amour sur fond d'Internationale...

Publié : 10 oct. 06, 06:51
par clo2
Bonjour

Je possède depuis une vingtaine d'années une cassette VHS au son correct, mais dont l'image est très mauvaise. Je guettais depuis longtemps une sortie en DVD zone 2 ou une diffusion VM à la télé qui me permettrait de la remplacer.
J'ai dernièrement trouvé en p2p (pas légal, mais comment trouver ce qui n'existe pas autrement) une vidéo italienne, sans doute un enregistrement télé vu qu'il y avait 10 min de pub au milieu, à la qualité d'image fort correcte.
J'ai remanié ce fichier, j'ai coupé la pub et j'ai réussi à caler de façon satisfaisante la bande son française de ma cassette VHS. Et je viens de le mettre en partage sur eMule, car je trouve inadmissible que ce chef d'œuvre soit inaccessible.
Évidemment, ça ne vaut pas la v.o. sous-titrée que j'attends impatiemment.
Si vous voulez les liens, contactez-moi par MP.

A +

Claude

Publié : 20 oct. 06, 15:37
par Nicolas Mag
le dvd vient juste de sortir en z1, une bonne raison pour enfin découvrir ce film... en vf dommage que les stf soient absents
:wink:

Publié : 10 nov. 06, 10:58
par Max Schreck
Immense.

Jack Griffin a quasiment tout (et bien) dit dans son post d'ouverture. Une fresque d'une intelligence rare, mise en scène avec une discrétion qui dissimule bien son authentique maestria. Ainsi les nombreuses séquences de montage avec en fond sonore tantôt de la musique, tantôt des dialogues ou des monologues. Beatty gère aussi bien les scènes intimistes, grandement aidé il est vrai par l'excellence de l'interprétation, mais également les passages plus spectaculaires avec de vastes décors et des centaines de figurants. Le réalisateur a manifestement eu les moyens mais ne les étale jamais gratuitement. Et puis surtout le film est passionnant parce qu'il brasse tout un pan d'Histoire assez peu abordé. D'une part la Révolution d'Octobre vue de l'intérieur, non pas du côté des ouvriers mais de celle des théoriciens et des politiques. D'autre part tout ces mouvements intellectuels de l'Amérique des années 10, entre réunions syndicales et débats pacifistes. Avec en fil rouge, cette histoire d'amour assez riche entre Reed et Louise Bryant (fabuleuse Diane Keaton). Les témoins qui viennent régulièrement à l'écran raconter cette époque nous plongent avec encore plus de force dans cette société, avec d'autant plus d'efficacité que leurs récits sont parfois approximatifs ou contradictoires, ce qui les rend vivants. En fait ce film est d'une richesse assez hallucinante, sans jamais tomber dans la facilité et les raccourcis simplistes. Il fait honneur au spectateur et au cinéma.

Beatty acteur est absolument magnifique. Son John Reed est vraiment touchant. Idéaliste, professionnel jusqu'au bout des ongles, d'une lucidité presque tragique. On croise aussi Jack Nicholson et Gene Hackman.

Publié : 16 févr. 07, 20:19
par clo2
Enfin, le DVD zone 2 est en vente : http://www4.fnac.com/Shelf/article.aspx ... 4BD44&Fr=0

Publié : 18 févr. 07, 20:48
par odelay
Redécouvert (ou plutôt découvert car j'en avais de très très vagues souvenirs). Vraiment un grand film à l'interprétation parfaite (mention spéciale à Diane Keaton dont c'est certainement le meilleur rôle) et à la photo superbe (des tons doux, beiges, blancs cassés, du plus bel effet, donc le meilleur exemple est le scène sur la plage).

Si je ne devais retenir qu'une scène, ce serait la toute dernière séquence qui est une merveille de mise en scène et qui m'a énormément ému.

A voir absolument grâce au superbe DVD qui rend totalement justice à la photo de Storaro.

Publié : 16 mai 07, 22:41
par Boubakar
Eusebio Cafarelli a écrit :Je me souviens en particulier d'une scène d'amour sur fond d'Internationale...
Peut-être la plus belle scène du film (avec la fin) ; on sent les personnages à l'unisson, tout comme les gens présents pour écouter l'hymne, ça donne un effet de montage fabuleux.

Sinon, c'est vraiment un grand film, mais, contrairement à ce que la durée pourrait faire croire, ce n'est pas vraiment une épopée ; on voit les "meilleurs" moments de la fin de John Reed, journaliste intrépide, et qui découvrira le communisme...

Warren Beatty et (surtout) Diane Keaton sont vraiment épatants, tant ils semblent habités par leurs rôles ; mais c'est toute la partie "technique" qui est très impressionnante ; quelle photo :shock:
Les moments les plus intéressants sont certainements tous ces témoignages que l'on entend tout au long du film, que ce soit des entretiens filmés ou des voix-off sur John Reed et la vie dans les années 10-20. Ca donne une immersion vraiment étonnante, car on est sans cesse ramené à la réalité, sous entendant "c'est vraiment ça, c'est vraiment ça, John Reed a fait ça... Une excellente idée.

Vraiment, un grand film, vestige du "Nouvel Hollywood", et qui nous fait dire " Reviens, Warren !!"

Publié : 19 nov. 07, 23:07
par Joe Wilson
Reds dessine sa trace à travers un flot de paroles. John Reed désire sa vie avec urgence, avec passion...les engagements politiques et sentimental ne font qu'un. Il ne s'exprime que par le débat d'idées, avec excès et flamboyance car il reste un artiste comme on veut à plusieurs reprises lui rappeler.
Beatty parvient à transmettre cet idéalisme forcené ancré dans le doute et l'angoisse. Il y a la volonté d'aller au bout d'un combat, de porter des idéologies qui soient le reflet du ressenti humain. Le XXème siècle s'est chargé de détruire un grand nombre d'illusions et c'est sans doute pour cela que le personnage touche autant. La politique est dans toutes les discussions, elle est l'aboutissement d'un engagement. Cette créativité est forcément tragique, les suites de la révolution d'Octobre, les dernières années de sa vie montrent forcément l'enterrement de certains espoirs...mais pourtant la ferveur reste jusqu'au bout. C'est un homme de convictions, de conquêtes, qui porte encore en lui les soubresaults du XIXème siècle. Il a brûlé sa vie dans son intensité, malgré et avec ses fragilités physiques.
Beatty a su dépasser le factuel pour cerner l'importance de son rôle, la grandeur derrière l'apparent anachronisme. Car peu importe que Reed soutienne les bolcheviks et tente jusqu'au bout de faire le lien entre ses choix et une réalité qui peu à peu le frustre et le dépasse, il reste l'incarnation des idées, la recherche désespérée du bien commun, pour que la vie fasse sens. C'est l'humain avec la conscience de ses faiblesses, pourtant entièrement tourné vers l'autre.
Beatty acteur est séduisant, enflammé et subtil, à la fois évident et imprévisible. En face de lui, Diane Keaton est magnifique car délicate et intense...sa Louise Bryant est tenace, tout aussi passionnée. Les deux partagent une liberté de choix individuel, une vision du couple idéaliste dans son indépendance. Mais si la souffrance les rattrape, l'euphorie et la nécessité d'agir reprennent le dessus. Les confrontations avec l'écrivain Eugene O'Neil sont révélatrices...celui-ci reste dans un détachement, une distance qui touche au cynisme car il est l'artiste qui ne croit déjà plus au politique. Son retrait est le produit du scepticisme....Reed et Bryant ne peuvent pas s'y abandonner car leur existence naît et se consume dans l'action pure.

Publié : 20 nov. 07, 11:18
par Art Core
Joe Wilson tu écris très bien mais aucun ressenti personnel ne traverse ton texte, du coup impossible de savoir si tu as aimé ou pas. C'est dommage sur un forum de cinéma.

Sinon coïncidence j'ai découvert le film hier. Et bien je suis un peu mois enthousiaste que tout le monde ici. C'est un très beau film qui étonne par le traitement ample et quasi épique de son sujet au coeur des années Reagan. Je dois dire que j'ai beaucoup appris (je ne connaissais Jack Reed et Lousie Bryant ni d'Eve, ni d'Adam) sur les enjeux qui se sont joués à cet époque, aussi bien en Amérique, qu'en Russie. Et je trouve que Beatty trouve l'exact équilibre entre la dimension politique et la dimension intime, personnel de son couple avec Diane Keaton. Ceci dit je n'ai pas été touché plus que cela et je suis resté un peu à l'extérieur du film. Seul la dernière heure quand les convictions révolutionnaires de Reed commencent à vaciller m'a réelement emballé, car là se joue tout ce qui a constitué sa vie. Devant ses yeux il voit s'effriter l'idéal qu'il a toujours caressé et cette incarnation physique qu'il lui donne est vraiment touchante. La scène à Baku où les Russes lui traduisent son discours selon leurs propres critères à d'effrayantes repercussions aujourd'hui (les Russes poussaient les Musulmans à lever une guerre sainte contre les occidentaux).
Et toute la subtilité et la retenue du film, à l'image de la dernière scène est toute au service des personnages (magnifique et pathétique Nicholson) et de leurs histoires au sein de la grande Histoire. Un beau film que j'aurais voulu aimer plus.

Publié : 20 nov. 07, 11:41
par frédéric
Il le repasse sur ARTE ? Je l'ai pas vu, parce qu'en ce moment, j'ai trop de trucs à voir et je suis débordé :? .

Publié : 20 nov. 07, 12:21
par Joe Wilson
Art Core a écrit :Joe Wilson tu écris très bien mais aucun ressenti personnel ne traverse ton texte, du coup impossible de savoir si tu as aimé ou pas. C'est dommage sur un forum de cinéma.
Cela me parait tout de même assez clair ne serait-ce qu'au niveau des adjectifs :wink:
Par contre il est vrai que j'essaie toujours de mettre en avant le film par rapport à l'appréciation, et qu'ici sans aucun "je" employé mon impression n'est peut être pas assez évidente. A mes yeux il n'y a pourtant pas moins de ressenti.

Sur ton avis, la dernière heure invoque en effet une dimension poignante et pathétique plus immédiate, plus forte. Mais de mon côté toutes les phases du film parviennent à cerner un enjeu fort, et ce n'est pas rien tant le contenu est dense. Les nombreux débats intimes ou collectifs parviennent à faire ressortir un souffle épique, un sentiment d'urgence. Et il y a l'appropriation du politique, la volonté de construire, de lier l'engagement intellectuel aux sentiments éprouvés face au monde. Ce n'est plus de la naiveté mais une sincérité jusqu'au-boutiste dans son dévouement.

Pour Frédéric, il n'y a pas eu de rediffusions sur Arte.

Publié : 22 déc. 07, 09:24
par Jihl
Bah celui-là, cela faisait un moment que je voulais le revoir. Je l'avais découvert à 13 ans et pas revu depuis et j'en avais garder quelques souvenirs 25 ans après. J'ai même résisté à la rediff sur ARTE pour pouvoir le revoir dans sa très belle édition DVD.
Et bien comme dit plus haut, c'est un film passionnant, évidemment à découvrir et très facile d'accès, en tous les cas beaucoup plus que son sujet (histoire d'amour d'un couple d'intellectuels de la gauche américaine du début du siècle) ou que sa durée (3h10) ne pouvaient le faire croire.
C'est du grand spectacle, intelligent et émouvant avec une photo magnifique de Storaro et un grand casting (Diane Keaton et Maureen Stapelton :shock: ) et pourtant... je vais retirer le film de mon top 100 car je lui trouve quand même un limite.
Le film baigne dans un "climat romantique" totalement justifié dans les scènes en bord de mer, mais beaucoup moins dans le reste du film.
Je trouve qu'au vu des événements racontés (répression politique au Etats-Unis ou en Finlande, guerre des tranchés, révolution russe) le film manque singulièrement de violence, de peur. Tout me parait trop lisse et du coup l'engagement politique apparaît plus comme un engagement intellectuel personnel, un choix de vie quasi religieux, purement théorique. Du coup, c'est un peu la révolution des petits bourgeois blancs (ce que le personnage Nicholson dit d'ailleurs à Diane Keaton dans une des meilleurs scènes du film) : pas de Noirs dans le film, pas de vieux, pas d'enfants.
On peut trouver étonnant qu'une major produise un tel fil au milieu des années Reagan, mais à bien y regarder le film n'est pas si subversif, bien moins par exemple que Les raisins de la colère de Ford.
Mais que cela ne vous empêche surtout pas de découvrir (si ce n'est déjà fait) Reds qui à défaut d'être un grand film politique est un magnifique mélo et un des plus beaux films des années 80.
8.5/10

Re: Reds (Warren Beatty, 1981)

Publié : 14 août 10, 23:34
par wontolla
Suite à une discussion sur un autre fil (les achats d'août 2010) un échange - passionné ? contradictoire ? - a eu lieu à propos de Reds, de Warren Betty.

Pour l'histoire, le film, sa construction, je renvoie au post initial de Jack Griffin (15 octobre 2005), ci-dessus, à peu près à cette heure-ci.
Je serai assez bref, il est tard, je viens de voir un film de plus de trois heures trente... et le premier bonus.

Disons, d'emblée que je suis "KO debout" !
Je viens de coter à 9 sur IMDB.
Ensuite, j'ai découvert un pan entier de l'histoire américaine et mondiale que j'ignorais; une époque à laquelle je ne m'étais pas intéressé. Des combats qui me parlent certes mais qui m'étaient majoritairement inconnus. Rien sur John Silas Reed, Louise Bryant, "Dix jours qui ébranlèrent le monde" ; c'est dire le niveau abyssal de mon inculture.
Impossible de déterminer la part (éventuelle) de romance (ajoutée ?) mais peu importe.
Que voilà un film qui m'a touché (surpris au départ par les interventions des "témoins"... mais n'est-ce pas analogue au principe qui sera utilisé 25 ans plus par par Todd Haynes dans une partie de I'm Not There ?).
J'ai apprécié le jeu de Warren Beatty (et la réalisation) et celui de Diane Keaton - j'ai fondu à l'histoire d'amour, à la quête parfois impossible de Reed par Louise (aussi l'interprétation de Jack Nicholson). Une mention toute spéciale pour Jessie :oops: qui disparait au cours de l'histoire.
Une image et un éclairage superbes.
Certes mon DVD était lu dans un lecteur Blu-ray en upscaling vers un bon vidéoprojecteur mais le rendu était extraordinaire, de toute beauté.

Alors, un film politique ? Oui, certainement au sens propre de la gestion de la "polis", de la cité, des affaires humaines, donc, et d'abord par la parole.
Il faut ici se souvenir des thèses de feu Hannah Arendt, la philosophe juive allemande, notamment dans "La condition de l'homme moderne" qui montre que l'action humaine (à ne pas confondre avec le faire) - et la "parole" est une action humaine - a deux caractéristiques: l'imprévisibilité et l'irréversibilité.
Lorsque des mots on été prononcés (parfois trahis, galvaudés,...) des choses peuvent se mettre en marche: pas de retour en arrière possible, d'une part, et impossible de savoir ce que cela donnera.

Une histoire d'amour ? Certes oui, et oh combien. Un amour impossible, incompris, mais aussi un "conte de fées" (comme pouvait l'être, dans une certaine mesure "Pretty woman"; c'est une analogie, boîteuse, on ne joue ni dans la même cour ni dans le même registre!).

Un mélodrame ? Oui, certainement ? A la hauteur de Sirk ou de Fassbinder ? Qui peut les atteindre ? Je ne sais, mais un mélodrame qui m'a touché, ému et n'est-ce pas ce qu'on demande aux mélodrames ?

Un beau film, un grand film ? Oui, sans réserve.

Alors quoi ? Merci à ceux qui par leurs avis passionnés ou par leurs critiques (parfois dures et acerbes) m'ont incité à me faire ma propre opinion (fragile certes, sujette à caution, subjective... humaine quoi). Et n'est-ce pas là le propre d'un forum?

Charles