Je mets ça là, ça me semble approprié :
Je me suis enchaîné ma collection de génériques de James Bond, que j’archive depuis pas mal de temps maintenant, à la suite sur une VHS. Tous valent le détour, mais je ne parlerai ici que des perles, et je laisse de côté
Casino royale (score exubérant de Bacharach) ainsi que
Never say never again (chanson kitschouille signée Legrand), qui n’appartiennent pas à la série officielle et ne reposent pas sur le même principe esthétique. Me manquent quand même :
On her majesty’s secret service, The Man with the golden gun, The Spy who loved me, A View to a kill (Dangereusement vôtre), et
The Living daylight (Tuer n’est pas jouer).
Je precise que les films en eux-même ont plutôt tendance à m’emmerder alors que je suis un grand admirateur des génériques. Ce petit tour d’horizon m’a enfin permis de mettre un nom sur ces véritables petits bijoux, presque autonomes et dont la grammaire est quasiment au point dès
Dr. No (1962) et ses animations de pastilles colorées. Accessoirement, j’ai également remarqué que Peter Hunt comme John Glen, avant de réaliser leurs propres 007, avaient auparavant travaillé comme monteurs sur la série (Hunt sur les tous premiers). L’homme, donc, le designer de ces films dans le film, s’appelle
Maurice Binder. Gloire à lui.
L’année même ou Andy Warhol commence à utiliser sa Super 8 pour faire du cinéma expérimental (1963), Maurice Binder, sur
From Russia with love, inaugure le principe de projections des crédits sur les corps de femmes nues. Dans
Goldfinger (1964), ces mêmes corps seront passés au filtre doré et reflèteront des extraits du film-même, tandis que la divine Shirley Bassey finit de rendre génial le morceau-titre.
You only live twice (1967) plonge dans le même bain geishas, volcans en éruption, ombrelles et autres figures japonaises et exotiques qui seront mises en action dans le récit. En fond sonore, le superbe thème musical de John Barry.
Premier film de la série Roger Moore, le générique de
Live & let die (1973) est assez sympa également, jouant sur l’imagerie vaudou et son mélange d’érotisme (femmes nues) et de macabre (crânes qui s’enflamment), parfaitement rythmé sur la chanson des Wings.
J’aime vraiment le très beau générique de
For your eyes only (1981), proposant un habillage bleu-aquatique à la chanson titre de Bill Conti (genre slow qui tue), que, fait unique, la chanteuse (Sheena Easton ou une doublure ?) chante à même l’image, comme s’il s’agissait d’un clip.
Décédé en 1991, Maurice Binder ne participera donc pas au revival de la franchise opérée avec Perce Brosnan et
Goldeneye en 1995. C’est le clippeur
Daniel Kleinman (Madonna, Van Halen, Pat Benatar) qui prend la relève et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il s’acquitte de sa tâche avec brio.
C’est une autre époque, et les images de synthèse vont remplacer les effets optiques du père Binder. Le générique de
Goldeneye est assez malicieux dans sa récupération des symboles du sovietisme désormais déchu. Des silhouettes de femmes se déhanchent sur des statues de Lénines abattues, qu’elles attaquent au marteau tandis que des faucilles tombent du ciel.
Sur l’excellente chanson de Sheryl Crow, le superbe générique de
Tomorrow never dies (1997) reprend les motifs habituels (guns & girls) de façon très inventive, en les passant aux rayons X ou en les couvrant de circuits imprimés.
Enfin, particulièrement remarquable,
Die another day (2002) fait dans l’innovation. Déjà sur la petite séquence d’ouverture, avec le viseur qui suit la silhouette de Bond, la balle que lui tire ce dernier est matérialisée et on la voit foncer vers la caméra ! Le générique en lui-même se permet pour la première fois d’être narratif puisqu’on y assiste aux tortures de l’agent secret dans les geôles nord-coréennes, superbement esthétisées. Les premiers crédits apparaissent sur le visage de Bond plongé dans la flotte, puis on voit plein d’images belles et désagréables à la fois (scorpions qui grouillent au sol dressant leur dard, talons aiguilles, fouets, Bond qui se prend des baffes et qui tombe au sol, créatures de feu et de glace qui viennent tantôt le soulager tantôt le violenter). Vraiment magnifique.
P.S : évidemment, pour un sujet pareil, c’est un peu dommage de ne pas avoir de captures à vous proposer.
P.P.S : pour m’être maté à chaque fois également les séquences prégénériques, j’en profite pour dire que certaines m’ont particulièrement consterné (en gros John Glen = scènes d’action et humour mous et grotesques).
