The dawn patrol (La patrouille de l'aube) - Réalisé par Edmund Goulding / 1938 :
Le premier film de guerre tourné par Flynn, une superbe réussite ! Habituellement réalisateur pour la MGM, Goulding fait un détour par la Warner pour nous offrir cette perle, saisissante et très rythmée. La WWII n'était pas encore arrivée, il s'agit d'un film sur la première guerre mondiale, et plus précisément dans les airs, avec les premiers affrontement aériens de l'histoire. Visuellement, le film est assez impressionnant, malgré son grand âge, et surpasse à mon humble avis le très bon film de Hawks, réalisé 8 années auparavant (car celui qui nous intéresse ici est un remake). Il n'y a guère de triomphalisme, il y a surtout l'horreur et la peur, l'inconscience et la responsabilité. Le film est très fin dans son approche des hommes, de leurs antagonismes, et le rôle de chacun d'eux sera bouleversé par le partage progressif de leurs responsabilités. Si Errol Flynn et David Niven sont tout d'abord contre le commandement et ses prises de décision, ils verront par la suite qu'eux-même sont bien obligés d'en appliquer les contraintes. Au bout du chemin, la souffrance, les réconciliations, et la mort, nette, héroïque, absurde. Grâce à un montage de style Warner et à des séquences d'attaques impressionnantes (le bombardement des usines), Goulding rend une copie artistique plus que propre, parfois même très belle. Et grâce à un scénario privilégiant les personnages, l'ensemble confine au sublime, avec certaines séquences à l'émotion contenue carrément géniales. On peut penser à
Un homme de fer (tourné par Henry King, pour la 20th Century Fox en 1949), plus connu et plus fort encore, mais
La patrouille de l'aube est bel et bien un petit bijou qu'il convient de ne pas oublier, ne serait-ce que pour les interprétations magistrales d'un trio d'acteurs légendaires. Errol Flynn est toujours au top de sa forme, capable de passer d'un sentiment à l'autre en un clignement d'oeil (un grand acteur parmi les grands, définitivement). David Niven ne démérite pas une seule seconde, et il est génial de voir à quel point les deux acteurs semblent s'entendre à merveille. C'était de notoriété publique, les deux étaient en outre d'excellents amis. Le troisième acteur, plus discret et un peu en retrait, est Basil Rathbone. Sur un registre sobre, il apporte quelque-chose d'original et de non manichéen. La fin du film reste un grand moment de cinéma dramatique, le genre d'exercice qu'Hollywood savait faire à la perfection, et cela sans jamais tomber dans un pathos outrancier et racoleur (comme on peut souvent le voir aujourd'hui avec les films dits "dramatiques"). Du grand art.
Un grand merci à ma bienfaitrice.