Ou plutôt : Le plus grand film de ces 50 dernières années.Memento a écrit :Le plus grand film de ces 6 dernières années.
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Mulholland Drive (David Lynch - 2001)
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Mais c'est ce que je dis : je ne comprends pas cette critique là, qui n'a guère de sens. Si Ophuls ne faisait pas du Ophuls, ou si Spielberg ne faisait plus de Spielberg, où serait leur implication et leur "patte" dans le processus de création ? Ce n'est pas de la paresse que de creuser sans cesse le même sillon, mais au contraire un exercice qui me semble beaucoup plus difficile, honnête et exigeant.Strum a écrit :Bien sûr que c'est une force d'avoir un style. Mais en général, cette critique là sert plutôt à réduire un film à un objet facilement identifiable et paresseux que l'on peut mettre dans une case, à rien d'étonnant donc. Pas spécialement flatteur. Dirais-tu de Lettre d'une Inconnue : "Mouais, Ophuls fait du Ophuls" ? Il n'y a qu'à voir les critiques de Libération sur les films de Spielberg qui se réduisent presque systématiquement à "Spielberg fait du Spielberg".Memento a écrit :Pour ma part, cette critique là ("Lynch fait du Lynch") est plutôt flatteuse. Il s'agit-là au contraire d'une grande force, à mon sens.
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Je suis évidemment d'accord. Il n'en demeure pas moins que l'expression "X fait du X" est 95% du temps utilisée comme une critique négative qui ne se veut donc pas flatteuse.Memento a écrit :Ce n'est pas de la paresse que de creuser sans cesse le même sillon, mais au contraire un exercice qui me semble beaucoup plus difficile, honnête et exigeant. "Se parodier soi-même, c'est un style" - A. Hitchcock.
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C'est que ces critiques là sont des nazes.Strum a écrit :Je suis évidemment d'accord. Il n'en demeure pas moins que l'expression "X fait du X" est 95% du temps utilisée comme une critique négative qui ne se veut donc pas flatteuse.Memento a écrit :Ce n'est pas de la paresse que de creuser sans cesse le même sillon, mais au contraire un exercice qui me semble beaucoup plus difficile, honnête et exigeant. "Se parodier soi-même, c'est un style" - A. Hitchcock.

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C'est une critique couramment employée par les critiques suiveurs, qui, lorsqu'au delà d'un succès de mode, un artiste persiste à développer le style qui lui est propre, constatant que ce n'est pas chez lui que l'on trouvera une nouvelle tendance, le condamnent pour faute d'innovation (le critique suiveur court après la nouveauté du moment. Si ce n'est pas nouveau, c'est mauvais, sauf si c'est redécouvert, auquel cas, ce qui était out hier redevient in).Strum a écrit :Je suis évidemment d'accord. Il n'en demeure pas moins que l'expression "X fait du X" est 95% du temps utilisée comme une critique négative qui ne se veut donc pas flatteuse.
Bref, Lynch fait du Lynch, Burton du Burton... Un cinéaste, surtout s'il est cohérent dans son oeuvre, ne peut rester dans la tendance éternellement. Le style qu'on trouvait si novateur hier est désormais répétitif, il se cite lui-même, se répète... C'est que la seule richesse qu'on y trouvait n'était que sa nouvauté. On évacue désormais d'un haussement d'épaule ce qu'on appréciait hier : déja vu...
Dieu fasse que nos auteurs préférés persistent à parcourir leurs univers propres, avec le style qu'on aime tant chez eux... Viendra bien un jour où l'on les "redécouvrira"... Il se trouvera même des critiques qui, s'ils se désolaient hier qu'un Lynch fasse du Lynch, s'extasieront alors devant son intégrité, lui qui a su résister aux modes...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Moi j'aimerais qu'un critique sache démontrer de manière convainquante cette "absence totale d'inventivité" en questionJack Griffin a écrit :Bah quand il n'y a pas la moindre inventivité et qu'un réalisateur applique une formule usée qu'il a lui même crée je ne vois pas en quoi ça serait faux de dire ça.Memento a écrit : C'est que ces critiques là sont des nazes.

EDIT: cinéphage, totalement d'accord avec toi (tu développes ce que je disais deux pages plus tôt, en somme).
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C'est très bien dit et c'est exactement cela.cinephage a écrit :C'est une critique couramment employée par les critiques suiveurs, qui, lorsqu'au delà d'un succès de mode, un artiste persiste à développer le style qui lui est propre, constatant que ce n'est pas chez lui que l'on trouvera une nouvelle tendance, le condamnent pour faute d'innovation (le critique suiveur court après la nouveauté du moment. Si ce n'est pas nouveau, c'est mauvais, sauf si c'est redécouvert, auquel cas, ce qui était out hier redevient in).
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Je parlais d'une manière générale et pas spécialement de Mulholland drive même si selon moi c'est un film dans lequel Lynch ressort d'une façon superficielle et trop succinte certains de ses effets...du moins dans la première partie.Jack Sullivan a écrit :Moi j'aimerais qu'un critique sache démontrer de manière convainquante cette "absence totale d'inventivité" en questionJack Griffin a écrit :
Bah quand il n'y a pas la moindre inventivité et qu'un réalisateur applique une formule usée qu'il a lui même crée je ne vois pas en quoi ça serait faux de dire ça.
Sinon je suis seulement en partie d'accord avec cinéphage. Il arrive dans le parcours d'un artiste que celui ci tourne en rond...ça fait partie d'un évolution créative qu'on retrouve fréquemment et c'est pourquoi il est possible d'identifier les premières oeuvres, celles de la maturité etc...Donc tout n'est pas à mettre sur le dos de certains critiques.
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Certes, mais à condition qu'ils expriment un point de vue argumenté plutôt que de recourir à une formule paresseuse et toute faite qui leur permet de faire l'impasse sur leur travail de critique. Autrement, il ne s'agit ni plus ni moins que l'expression d'un préjugé.Jack Griffin a écrit :Donc tout n'est pas à mettre sur le dos de certains critiques.
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On est bien d'accord. Je ne fais que dire que la sentence "rien de nouveau sous le soleil, il se foule pas le père Trucmuche" est un peu facilement appliquée dans pas mal de cas, et dispense visiblement son utilisateur de démontrer en quoi Trucmuche se les roule sur l'air de La Carioca.Jack Griffin a écrit :Je parlais d'une manière générale et pas spécialement de Mulholland drive (...)Jack Sullivan a écrit : Moi j'aimerais qu'un critique sache démontrer de manière convainquante cette "absence totale d'inventivité" en question
EDIT: Strum m'a grilleR.
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Bien évidemment et ce genre de formules qu'on retrouve généralement peu après la sortie des oeuvres font état d'une relation amour-haine entre les critiques et l'auteur, comme l'a signalé cinéphage. On peut le regretter mais c'est aussi ce qui fait vivre le débat cinéphilique et entretient les passions. Sofia Coppola en recevra surement de semblable pour la sortie de Marie-antoinette. De toute façon et sans un recul nécesaire, le chemin est généralement assez long avant qu'un film soit jugé dans sa particularité...et c'est normal.Strum a écrit : Certes, mais à condition qu'ils expriment un point de vue argumenté plutôt que de recourir à une formule paresseuse et toute faite qui leur permet de faire l'impasse sur leur travail de critique. Autrement, il ne s'agit ni plus ni moins que l'expression d'un préjugé.
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Je ne crois pas que l'expression "X fait du X" participe d'un quelconque débat cinéphilique. Pour qu'il y ait débat, il faut qu'il y ait avis argumenté. Du moins est-ce ma conception du débat.Jack Griffin a écrit :On peut le regretter mais c'est aussi ce qui fait vivre le débat cinéphilique et entretient les passions. Sofia Coppola en recevra surement de semblable pour la sortie de Marie-antoinette. De toute façon et sans un recul nécesaire, le chemin est généralement assez long avant qu'un film soit jugé dans sa particularité...et c'est normal.
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Effectivement, tout artiste court le risque d'arriver à un cul-de-sac créatif, sa manière et son style se réduisant progressivement à des effets ou des formules.Jack Griffin a écrit :Bah quand il n'y a pas la moindre inventivité et qu'un réalisateur applique une formule usée qu'il a lui même crée je ne vois pas en quoi ça serait faux de dire ça.
Mais une telle situation, si elle survient, ne peut être évacuée d'un "X fait du X", formule bancale s'il en est, X n'étant pas près de développer un
style et un discours qui ne lui soient propres... Evidemment que X fait du X ! Mais ce n'est pas ce qu'on lui reproche.
Si je détecte souvent dans ce reproche une aspiration à la nouveauté dont j'ai parlé plus haut, il est certainement vrai que l'on peut reprocher à un auteur de trop se répéter, de n'aller nulle part. Pour ma part, je trouve que la formule ci-dessus ne rend pas compte de la situation.
Par ailleurs, c'est faire bien peu de cas du processus créatif que de supposer que X "ne s'est pas foulé"... Je n'imagine pas un cinéaste consacrant 2 ans de travail à film sans autre ambition que de se répéter. Une oeuvre 'cul-de-sac' est donc un échec. L'auteur ne fait pas du sur-place, contrairement à ce que suggère la formulation, il ne répète pas la formule de son succès passé, puisque, justement, ce n'est plus un succès. Il perd de sa substance, il manque de matière, si l'on veut, ses préoccupations, ses ficelles sont plus visibles que dans ses meilleures oeuvres... Je crois que "X fait du X" est une argumentation peu pertinente, tellement elle en dit peu sur ce que l'on reproche à l'oeuvre, ou au style, de l'auteur.
Pour illustrer cela, je dois admettre que beaucoup de mes auteurs préférés se répètent, pour mon plus grand bonheur. Tex Avery comme Chuck Jones font du Tex Avery (ou du Chuck Jones), mais, même dans leurs films les moins réussis, ce n'est pas cela qui pèse sur la réussite du film.
Car un Tex Avery raté ne l'est pas parce que Tex fait du Tex, non plus qu'un Lynch raté (je ne crois pas que j'écrive cela... On est dans la théorie, hein ??) le soit parce que Lynch fait du Lynch.
Inversement, cette persistance dans son style fait qu'un Tex Avery réussi est un film où tex Avery fait du Tex Avery, précisément, comme un bon David Lync est un film où l'on reconnait sa patte et ses formules, et qu'elles marchent. Voila pourquoi cette critique ne me parait en aucun cas pertinente.
Mieux vaudrait chercher à comprendre pourquoi le film ne marche pas, plutôt que de signaler qu'il porte la marque de son créateur.
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