Merci pour les dernières critiques, elles sont très intéressantes.
Bloody Sin - Oltretomba de Domiziano Cristopharo

En 1474, un responsable de l’église est accusé d’hérésie et secrètement condamné par le tribunal de la Sainte Inquisition. L’homme jette sa malédiction et promet de revenir dans les prochains siècles pour y verser partout la corruption et la malversation. 500 ans plus tard, le rédacteur en chez d’un magazine érotique part faire une série de photos dans un manoir. Mais dès leur arrivée, une tournure macabre et perverse les attend …
Le film de Domiziano Cristopharo est une pure merveille, un mélange entre film d'horreur, giallo avec quelques touches comiques, le tout étant très sexy. C'est une œuvre assez déstabilisante, glauque, mais rudement intéressante. Le film explore le sexe de manière métaphorique et le péché, un voyage parmi les fantômes du passé et les passages glauques de l'Histoire de la conscience humaine : le nazisme et l'Inquisition. Le film se divise en trois périodes: : le moyen-âge, la Seconde Guerre Mondiale et les années 70, en plein milieu des années de plomb. Le film en tout cas passe d'une période à l'autre, d'un genre à l'autre avec brio, le tout étant bien glauque à souhait et pourtant on regarde le tout fasciné, on pense à Sade, à Barker même s'il y a d'autres influences revendiquées de la part de l'auteur
"I miei maestri sono Fulci e Bava, adoro i racconti di Poe e Lovecraft, ma io non ho mai scelto l’horror come punto di riferimento. Non lo dico per prendere le distanze da questo genere che amo, ma semplicemente perché non ho mai fatto un film simile a un altro. Non ho mai usato tecniche registiche come il colpo di scena o la suspance, tantomeno musiche ansiogene. Spaventare non è mai stato il mio intento in nessuno dei miei film" Ce qui ma foi est tout aussi bon et on retrouve tout cela dans l'oeuvre en question. Depuis quelques temps le cinéma de genre, notamment horrifique, en Italie est moyen, il existe quelques perles bien entendu, mais on est loin de la grande époque et ce film me fait retrouver espoir. On sent l'influence des maitres.
Le réalisateur visionnaire aime le "glam horror" et cette oeuvre ne fait pas exception, d'ailleurs j'en profite pour vous conseiller de regarder ses autres oeuvres, c'est vraiment du tout bon (son segment dans Chromophobia, les oeuvres The Museum of Wonders, Red Krokodil, l'épisode Maezel's Chess-Automaton disponible dans P.O.E.) Bloody Sin est inspiré par le fumetti horrifique (un peu comme les Tales, Eeerie...) Oltretomba publié de 1971 à 1989. Le film mélange les situations, les genres: horreur gothique érotique, thrillers, le tout doté d'un humour noir comme Creepy, Eeerie ou Tales from the Crypt.

Le prologue de l'histoire commence durant la période de l'Inquisition, deux personnages interprétés, des membres de l'Inquisition condamner leur ancien collègue, accusée de sorcellerie comme c'est très souvent arrivé à l'époque. En effet il n'y avait pas que les femmes qui étaient accusées de sorcellerie à l'époque et il arrivait à l'époque que des membres de l'Inquisition elle-même était accusé d'être des sorciers. Après cette introduction assez drastique, le film change d'époque pour les années 1970 : on assiste à une réunion dans le très bien nommé Bizarre Magazine ^^ entre plusieurs membres de la dite revue la directrice Steele (Maria Rosaria Omaggio) et le photographe Johnny Morghen (Lorenzo Balducci.) Ils sont réunis pour discuter d'une séance avec le modèle Barbara (la sublime et talentueuse Roberta Gemma,) ainsi que des membres de l'équipe Helen et Rita. Notre groupe doit se rendre dans le château d'Olevano, en Italie, en Lombardie. Ici le réalisateur traite de plusieurs sujets d'époque dont le mouvement féministe. Le début est assez rapide et pose très vite les bases. J'aime beaucoup la découverte du château et des mystères qui l'entourent. Savoir que l'Inquisition et les Nazis ont élus domicile en cet endroit déstabilise un maximum (bon c'est dommage que les Fascistes ne furent pas utiliser à la place des Nazis même si la portée symbolique n'est pas la même certes. D'autres personnages viennent s'ajouter à notre panel même si très vite part en live et qu'on commence à s'interroger sur les raisons de chacun à participer à cette session. Le mystère est savamment entretenu par le réalisateur tout au long de son récit.

Le film ne singe jamais les classiques, bien au contraire, il s'en rapproche et pourtant le réalisateur. Cristopharo continue ses expérimentations pour notre plus grand plaisir. Il y a un côté glamour plaisant de bout-en-bout, en même temps quand on voit le casting féminin et les inspirations de l'oeuvre, il ne pouvait en être autrement. Il y a des séquences de toute beauté comme celle présentant le château, on dirait des peintures dans le genre, mais il y a aussi des références à un cinéma un peu plus décadent si je puis dire, ce qui n'est pas un mal quand aujourd'hui un rien peut choquer les gens. C'est vraiment plaisant, on sent vraiment une volonté de revenir aux sources en utilisant les moyens actuels, il ne singe jamais comme je l'ai dit, bien au contraire. J'aime beaucoup le passage se passant les corps flottants, je ne connais pas le nom de la technique, mais c'est vraiment plaisant et très beau. Il y a aussi le passage en stop motion, cela peut surprendre, mais pour moi ça épouse bien mieux le sujet au vu du surréalisme de l'oeuvre et de l'ambiance, elle colle bien à cette idée d'adaptation d'un support contrairement à une oeuvre comme Sin City par exemple. C'est marquant en tout cas et vraiment de qualité, il se fait plaisir et nous fait plaisir.

Je reviens sur l'histoire, celle-ci se laisse suivre vraiment avec plaisir vu qu'on est à plusieurs reprises perdu sur l'identité du tueur, c'est un réel mystère et au vu des nombreux mystères du récit, que ce soit sur l'ancêtre de notre noble lié à l'inquisition, ou bien les horribles expériences des Nazis durant la guerre. Ici le réalisateur nous propose de nombreuses pistes sans insister sur l'une ou l'autre, il nous propose juste un un panel assez déstabilisant des horreurs du passé.
Le récit peut être glauque par moment, et pourtant il en est toujours fascinant, l'histoire est très bien mené, le rythme est toujours très bon et le casting est au poil (et puis moi quand il y a Roberta Gemma dans un film je suis contente.
Le réalisateur connait ses classiques et fait de nombreux clin d’œil aux fans de genre, rien que dans les noms des personnages pour commencer: miss Steele (comme la sublime et talentueuse Barbara,) Terence Fisher pour le réalisateur des Bond et de la Hammer et aussi John Morghen, pseudonyme de Giovanni Lombardo Radice, Lenzi (Umberto) ... Les références sont également d'un autre ordres. Bien évidement il y a l'ambiance du récit, l'horreur à l'italienne, celui des années 60/70. Il y a déjà le cadre avec le château glauque et inhospitalier ou nos héros sont confrontés à des choses atroces liés à des secrets et une malédiction du passé, la présence de personnages inquiétants qui en savent plus qu'ils le ne disent, tout cela bien entendu fait aussi penser à la vague de films de la Hammer, évidemment. Le début fait penser à Lisa e il diavolo de Mario Bava. Ce n'est pas un copié bien entendu, le réalisateur a l'intelligence de ne jamais faire un copié d'une scène, mais dans l'ambiance par exemple et certains petit détail comme le quiproquo du début font qu'on y pense clairement. Une scène du film également avec le personnage de Terence incarnée par Dallas Walker fait penser à Blue Holocaust de Joe D'Amato. On sent aussi des influences comme Mark of the Devil ou bien le film culte Boia Scarlatto de Massimo Pupillo. Bref les références sont multiples et vraiment plaisantes pour la fan que je suis.
La photographie de l'oeuvre est excellent, Giuseppe Pignone prouve encore tout son talent dans ce film. Le jeu sur les couleurs et sur la lumière est bluffant, très flash par moment, mais et surtout déstabilisant, connaissant le réalisateur ce n'est pas forcément surprenant, mais au vu de l'oeuvre c'est le cas. Certains passages sont très cartoon dans le style ce qui est tout aussi plaisant à voir, en tout cas avec moi cela fonctionne très bien. ^^ C'est un trip hallucinatoire remarquable en tout cas, faisant penser à Luis Buñuel dans le genre et nous transportant de bout-en-bout.
Les SFX sont remarquables également, notamment ceux des tortures, les scènes font froid dans le dos de par le réalisme des effets et mettent mal à l'aise.
Ce n'est pas un chef d'oeuvre certes, mais pour moi c'est une oeuvre remarquable qui mérite
9/10. Je le recommande.