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Publié : 2 avr. 04, 14:21
par Jeremy Fox
Personnellement les films de Kubrick comme Barry Lyndon ou 2001 m'émeuvent profondément donc il ne doit pas y avoir que de la froideur dans son cinéma. Surtout que je ne regarde pas ses films en cherchant à intellectualiser non plus.
Publié : 2 avr. 04, 14:23
par Zelda Zonk
Jordan White a écrit :Un cinéaste de "droite" ?
Et Patrice Leconte un cinéaste de gauche alors ? Quel est le sens de ses étiquettes qui n'ont rien à voir avec le cinéma.
Je pense que le penchant politique de certains cinéastes peut transparaître dans leur oeuvre, et c'est pour moi le cas chez Kubrick, sans que cela soit le moins du monde une critique d'ailleurs (je ne cherche pas non plus à intellectualiser ses films). Quoi de plus normal pour un cinéaste que de transposer sa vision personnelle et ses idées dans son oeuvre ? Il existe donc bien un lien avec le cinéma, même s'il convient de le relativiser.
Kubrick n'a jamais d'ailleurs caché ses opinions politiques conservatrices.
Publié : 2 avr. 04, 14:33
par O'Malley
Memento a écrit :Jordan White a écrit :Un cinéaste de "droite" ?
Et Patrice Leconte un cinéaste de gauche alors ? Quel est le sens de ses étiquettes qui n'ont rien à voir avec le cinéma.
Je pense que le penchant politique de certains cinéastes peut transparaître dans leur oeuvre, et c'est pour moi le cas chez Kubrick, sans que cela soit le moins du monde une critique d'ailleurs (je ne cherche pas non plus à intellectualiser ses films). Quoi de plus normal pour un cinéaste que de transposer sa vision personnelle et ses idées dans son oeuvre ? Il existe donc bien un lien avec le cinéma, même s'il convient de le relativiser.
Kubrick n'a jamais d'ailleurs caché ses opinions politiques conservatrices.
ok Kubrick a une vision conservatrice de l'homme... pour autant, il me semble que son cinéma a une part critique (même si cette critique ne remet pas en question) que l'on ne peut qualifé son cinéma de droite ou de gauche...
bel exemple avec
Orange mécanique: l'homme a été, est et sera tjs un loup pour l'homme... pour autant, doit-on laisser l'Etat le museler, l'annhiler?... Non, répond Kubrick: la violence individuelle sera tjs préférable à la violence de l'Etat... pas trop Bushien ou Sarkosiste comme raisonnement non?

Publié : 2 avr. 04, 14:39
par Billy Budd
O'Malley a écrit :
ok Kubrick a une vision conservatrice de l'homme... pour autant, il me semble que son cinéma a une part critique (même si cette critique ne remet pas en question) que l'on ne peut qualifé son cinéma de droite ou de gauche...
bel exemple avec
Orange mécanique: l'homme a été, est et sera tjs un loup pour l'homme... pour autant, doit-on laisser l'Etat le museler, l'annhiler?... Non, répond Kubrick: la violence individuelle sera tjs préférable à la violence de l'Etat... pas trop Bushien ou Sarkosiste comme raisonnement non?

Bush et Sarkozy ne cherchent pas à guérir le délinquant, juste à le punir. Orange mécanique démonte la volonté de guérir donc aucun point de vue n'est définitif en l'espèce
Publié : 2 avr. 04, 14:45
par O'Malley
Nikita a écrit :O'Malley a écrit :
ok Kubrick a une vision conservatrice de l'homme... pour autant, il me semble que son cinéma a une part critique (même si cette critique ne remet pas en question) que l'on ne peut qualifé son cinéma de droite ou de gauche...
bel exemple avec
Orange mécanique: l'homme a été, est et sera tjs un loup pour l'homme... pour autant, doit-on laisser l'Etat le museler, l'annhiler?... Non, répond Kubrick: la violence individuelle sera tjs préférable à la violence de l'Etat... pas trop Bushien ou Sarkosiste comme raisonnement non?

Bush et Sarkozy ne cherchent pas à guérir le délinquant, juste à le punir. Orange mécanique démonte la volonté de guérir donc aucun point de vue n'est définitif en l'espèce
oui c'est vrai...
en tout cas, il me semble que le message profond
d'Orange mécanique est tout de même libéral...
Publié : 2 avr. 04, 15:08
par David Locke
Je constate que mes propos ne sont peut-être pas suffisamment clairs.
Si je trouve la vision du monde de Kubrick totalitaire, je ne pense pas en revanche qu'il prône effectivement ce type de gouvernement.
Cependant, son penchant radicalement pessimiste lui fait renoncer à toute alternative : il voit à mon sens le totalitarisme comme l'horizon inéluctable de l'Humanité.
Cela dit, je ne remets pas en cause sa virtuosité absolument exceptionnelle - qui dépasse la simple maîtrise d'un discours publicitaire puisqu'il est capable de solliciter l'intelligence du spectateur sur des durées exceptionnelles.
Et si je donne l'impression d'avoir compris
2001, c'est que ce film m'a fait réfléchir de longues heures... pour constater, comme Solal, que ce qu'il exprime est finalement peu complexe dans le sens qu'aucune véritable richesse d'interprétation n'est proposée - tout le contraire d'un Lynch par exemple.
Car ce qui intéresse Kubrick n'est pas l'humain - qui EST complexe par nature - mais plutôt la constellation des vérités immuables dans le ciel des idées. D'où la limite de son cinéma qui serait un espace-temps métaphysique.
C'est lorsque l'humain persiste malgré tout - l'opacité de Barry Lindon dans le film éponyme - que ses films prennent une dimension vraiment intéressante.
En revanche, je trouve plus qu'il utilise la musique à ses propres fins (allant même jusqu'à distordre une des plus belles symphonies de Beethoven

) qu'il ne porte son cinéma vers une limite musicale (sauf peut-être dans
2001 et
Barry Lindon?...).
Publié : 2 avr. 04, 15:11
par Jeremy Fox
David Locke a écrit :
En revanche, je trouve plus qu'il utilise la musique à ses propres fins (allant même jusqu'à distordre une des plus belles symphonies de Beethoven

)
Qui aime bien chatie bien. J'adore la neuvième mais sa 'distorsion' par Wendy Carlos me fait bien marrer (ou plutôt me renforce dans l'impression de malaise que dégage pour moi le film). Bref, ça ne me dérange pas dans ce contexte.
Publié : 2 avr. 04, 15:13
par Jordan White
Le fait que de nombreuses thèses et des interprétations très différentes les unes des autres se soient exprimées au sujet de 2001 prouve au contraire qu'il n'y a pas qu'UNE façon d'envisager le film, mais des dizaines, voir des centaines. Les interrogations suscitées par le Monolithe Noir n'ont pas finies d'être posées, c'est un film d'une richesse inouïe, qui se prête à la philosophie, à la littérature, à la métaphysique, et à d'autres domaines.
Je le vois surtout comme une gigantesque oeuvre cinématographique, un véritable voyage.
Publié : 2 avr. 04, 15:16
par Zelda Zonk
David Locke a écrit :
En revanche, je trouve plus qu'il utilise la musique à ses propres fins (allant même jusqu'à distordre une des plus belles symphonies de Beethoven

) qu'il ne porte son cinéma vers une limite musicale (sauf peut-être dans
2001 et
Barry Lindon?...).
En l'occurrence, je trouve les choix musicaux de
2001 et
Barry Lindon très pertinents.
J'ajouterais également
Shining avec Bartok, il me semble (?).
J'avoue que j'ai plus de mal avec
Eyes Wide Shut, mais cela tient sans doute à ma sensibilité musicale.

Publié : 2 avr. 04, 15:23
par Jack Uzi
Memento a écrit :J'ajouterais également Shining avec Bartok, il me semble (?).
Oui, la Musique pour cordes, percussions et celesta.
Dans "Shining", y a aussi du Ligeti et du Penderecki.
Publié : 2 avr. 04, 15:24
par Zelda Zonk
Jack Uzi a écrit :Memento a écrit :J'ajouterais également Shining avec Bartok, il me semble (?).
Oui, la Musique pour cordes, percussions et celesta.
Dans "Shining", y a aussi du Ligeti et du Penderecki.
Merci !

Publié : 2 avr. 04, 15:47
par Roy Neary
David Locke a écrit :Et si je donne l'impression d'avoir compris 2001, c'est que ce film m'a fait réfléchir de longues heures... pour constater, comme Solal, que ce qu'il exprime est finalement peu complexe dans le sens qu'aucune véritable richesse d'interprétation n'est proposée - tout le contraire d'un Lynch par exemple.
Je vous trouve tous les deux bien présomptueux. Comme le rappelle Jordan, il existe plusieurs interprétations pour
2001. Kubrick lui-même a affirmé ne pas vouloir orienter la perception du spectateur qui peut voir dans son film une conclusion optimiste ou pessimiste. Le monolithe noir, cela peut être des extraterrestres, une projection de la psyché humaine, Dieu. Et le cinéma de David Lynch est complètement different, Lynch il n'est pas un cinéaste cérébral comme Kubrick. Les interprétations qui peuvent découler de ses films ne sont pas d'ordre analytique ou rationnelle mais de l'ordre de l'inconscient.
Car ce qui intéresse Kubrick n'est pas l'humain - qui EST complexe par nature - mais plutôt la constellation des vérités immuables dans le ciel des idées. D'où la limite de son cinéma qui serait un espace-temps métaphysique.
C'est une jolie phrase mais je ne comprends pas vraiment ce qu'elle veut dire. Et dire que Kubrick n'est pas intéressé par l'humain est sacrément culotté.
En revanche, je trouve plus
qu'il utilise la musique à ses propres fins (allant même jusqu'à distordre une des plus belles symphonies de Beethoven

) qu'il ne porte son cinéma vers une limite musicale (sauf peut-être dans
2001 et
Barry Lindon?...).
La belle affaire !

Mon dieu, un cinéaste qui plie la musique et ce qu'elle a à offrir à ses exigences de mise en scène, c'est terrible !

Publié : 2 avr. 04, 16:59
par Philip Marlowe
Jordan White a écrit :Le fait que de nombreuses thèses et des interprétations très différentes les unes des autres se soient exprimées au sujet de 2001 prouve au contraire qu'il n'y a pas qu'UNE façon d'envisager le film, mais des dizaines, voir des centaines. Les interrogations suscitées par le Monolithe Noir n'ont pas finies d'être posées, c'est un film d'une richesse inouïe, qui se prête à la philosophie, à la littérature, à la métaphysique, et à d'autres domaines.
Je le vois surtout comme une gigantesque oeuvre cinématographique, un véritable voyage.
Pas mieux.
Mais à force de vouloir tout intellectualiser, on a tendance à oublier que
2001 ne tire pas uniquement sa grandeur de son opacité, mais aussi de son formidable aboutissement formel, sa portée poétique, sa splendeur picturale, qui en font bien plus qu'une simple oeuvre intellectuelle à interprétation, mais un spectacle grandiose comme on nous en a rarement donné, une expérience encore aujourd'hui impressionnante qui donne aux spectateurs(qui accrochent bien sur) un voyage dans les étoiles. Dans une critique(je sais plus du tout laquelle), le journaliste dit que Kubrick a réalisé les rêves de Méliès en faisant un cinéma de pur spectacle dont le but premier est de faire rêverr. J'ai trouvé cette remarque on ne peut plus juste
En ce qui concerne
Orange Mécanique, le film s'apparente plus à un conte philosophique. En effet, Kubrick nous présente les faits mais ne donne pas la réponse à la problématique du film ("Quelle forme de violence est la pire?"). Contrairement à par exemple pour un
Dogville, c'est au spectateur d'en tirer sa conclusion.
Et pour
Dr Folamour, Kubrick présente les visions cauchemardesques d'une époque. Mais malgré sa distanciation qui lui est propre, j'ai trouvé que ces visions de guerre avaient un aspect viscéral, comme si c'était après tout ses cauchemards à lui. C'est peut-être qu'une question de ressenti. Mais je ne vois pourquoi tu compares à
Rhapsodie en Aout 
Les 2 films n'ont pas le même sujet. L'un traite de l'angoisse nucléaire et d'un monde au bord de l'effondrement, tandis que l'autre traite des conséquences d'un traumatisme passé sur des gens actuels.
Publié : 2 avr. 04, 17:00
par Jeremy Fox
Philip Marlowe a écrit :
Mais à force de vouloir tout intellectualiser, on a tendance à oublier que 2001 ne tire pas uniquement sa grandeur de son opacité, mais aussi de son formidable aboutissement formel, sa portée poétique, sa splendeur picturale, qui en font bien plus qu'une simple oeuvre intellectuelle à interprétation, mais un spectacle grandiose comme on nous en a rarement donné, une expérience encore aujourd'hui impressionnante qui donne aux spectateurs(qui accrochent bien sur) un voyage dans les étoiles.
Yeeeeeeessssssss
Publié : 2 avr. 04, 18:41
par Leopold Saroyan
Jordan White a écrit :Un cinéaste de "droite" ?
Et Patrice Leconte un cinéaste de gauche alors ? Quel est le sens de ses étiquettes qui n'ont rien à voir avec le cinéma.
L'étiquette peut parfois interférer avec le cinéma. Tavernier ou Romero sont de gauche et cela se ressent pas mal voire beaucoup dans certains films. Mais pour Kubrick, l'association n'a pas de sens.