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Re: Bourvil (1917-1970)
Publié : 9 déc. 11, 11:16
par riqueuniee
EddieBartlett a écrit :Revu hier "Fortunat". Sans doute l'un des trois ou quatre meilleurs rôles de Bourvil de toute sa carrière. (Idem pour Michèle Morgan d'ailleurs. Elle a rarement été aussi bien).
Ce somptueux mélodrame sur fond d'Occupation tient remarquablement la route. Je défie quiconque de ne pas être ému par Bourvil ni d'avoir le coeur serré à la fin.
Alex Joffé est un cinéaste plus qu'intéressant dans le paysage du cinéma populaire français des années 60.
Quelques séquences révèlent même un grand metteur en scène selon moi.
La scène d'arrestation des voisins juifs par exemple d'une intensité surprenante.
Tout à fait d'accord , sur tout. LA scène d'arrestation, pourtant très sobre dans son déroulement, est très intense parce qu'elle sonne vrai.
Un des rares rôles non comiques de Bourvil.
Pour l'anecdote, l'un des enfants du personnage de Morgan est interprété par Frédéric Motterrand.
Re: Bourvil (1917-1970)
Publié : 9 déc. 11, 11:28
par Alligator
manuma a écrit :Plus sérieusement, je crois que j'ai toujours été instinctivement attiré par ce type de cinéastes populaires, qui tournent beaucoup mais dont on ne parle quasiment jamais, ou alors avec un relatif mépris. Quel que soit leur talent, je leur accorde généralement assez facilement ma sympathie.
Pour ce qui est du cas Boyer, il me semble assez évident que le bonhomme se contente de "faire le job" et rien de plus. Aucune coquetterie, aucune audace, c'est du 110% plan-plan niveau réalisation. En revanche, les acteurs sont toujours bien servis, bien mis en avant avec lui. Et je n'ai jamais ressenti de longueurs dans ses films non plus. Cela reste à mon goût du cinoche de pro ... certes d'un autre âge, mais on ne peut pas le lui reprocher ça, non ?
Bref, moi je le défends haut et fort, ce Jean Boyer

Oui mais dans le cas de réalisateurs peu distinctifs, il y en a beaucoup qui malgré leur relatif effacement formel produisent des films structurellement et visuellement plus saillants. Des Grangier, Delannoy, Oury (un temps), De La Patellière, ou bien d'autres me paraissent être de très bons artisans, qui font un tout petit plus que le job même si c'est très dur de voir dans leur films des caractéristiques suffisamment nettes pour les pointer. Chez Boyer, je ne vois absolument rien. "C'est pas moi c'est l'autre" est sur ce point très révélateur de sa faiblesse dans la tenue générale de son récit. Dans ses films on est toujours au bord de s'emmerder. Il n'y a que les acteurs qui soutiennent le film. Sans Bourvil dans Le passe muraille, sans Poiret dans "C'est pas moi c'est l'autre"... foutre : que de vide!
Re: Bourvil (1917-1970)
Publié : 9 déc. 11, 12:07
par manuma
Alligator a écrit :Oui mais dans le cas de réalisateurs peu distinctifs, il y en a beaucoup qui malgré leur relatif effacement formel produisent des films structurellement et visuellement plus saillants. Des Grangier, Delannoy, Oury (un temps), De La Patellière, ou bien d'autres me paraissent être de très bons artisans, qui font un tout petit plus que le job même si c'est très dur de voir dans leur films des caractéristiques suffisamment nettes pour les pointer.
Grangier, j'dis pas. Je suis plutôt fan, d'ailleurs.
Mais dans le cas d'Oury et De La Patellière, certes ces 2-là font preuve d'un chouïa plus de style que Boyer dans leur travail. Mais, au traitement souvent atrocement démonstratif qu'ils appliquent à leurs sujets (j'ai notamment découvert il y a quelques semaines
Le Voyage du père de De La Patellière et c'est juste ... abominable), je préfère encore l'anonymat total des réalisations de Boyer.
Et puis arrête de taper sur
C'est pas moi, c'est l'autre 
... C'est peut-être celui que j'ai préféré des 6 films de Boyer que je me suis fait. La scène où Poiret apprend à Raynaud à faire du Raynaud est franchement amusante.
Re: Bourvil (1917-1970)
Publié : 9 déc. 11, 12:11
par Lord Henry
Laisse tomber Jean Boyer et intéresse-toi plutôt à la filmographie de Richard Pottier, qui contient quelques titres vraiment intéressants.
Re: Bourvil (1917-1970)
Publié : 9 déc. 11, 12:19
par manuma
Lord Henry a écrit :Laisse tomber Jean Boyer et intéresse-toi plutôt à la filmographie de Richard Pottier, qui contient quelques titres vraiment intéressants.
Zut, moi qui pensait trouver en toi un frère d'arme dans cette croisade ...
De Pottier, je ne connais que son agréable
Chanteur de Mexico, film à jamais associé aux vacances de Noël et jours fériés de ma prime adolescence.
Re: Bourvil (1917-1970)
Publié : 9 déc. 11, 12:35
par Lord Henry
Je ne sais pas si le film est disponible en dvd, néanmoins je te conseille de commencer avec cette comédie policière de très bonne facture:

Re: Bourvil (1917-1970)
Publié : 9 déc. 11, 13:27
par manuma
J'en prends note, le Lord.
J'aime déjà bien ce titre, très ... bibliothèque verte.
Re: Bourvil (1917-1970)
Publié : 10 déc. 11, 13:49
par O'Malley
riqueuniee a écrit :EddieBartlett a écrit :Revu hier "Fortunat". Sans doute l'un des trois ou quatre meilleurs rôles de Bourvil de toute sa carrière. (Idem pour Michèle Morgan d'ailleurs. Elle a rarement été aussi bien).
Ce somptueux mélodrame sur fond d'Occupation tient remarquablement la route. Je défie quiconque de ne pas être ému par Bourvil ni d'avoir le coeur serré à la fin.
Alex Joffé est un cinéaste plus qu'intéressant dans le paysage du cinéma populaire français des années 60.
Quelques séquences révèlent même un grand metteur en scène selon moi.
La scène d'arrestation des voisins juifs par exemple d'une intensité surprenante.
Tout à fait d'accord , sur tout. LA scène d'arrestation, pourtant très sobre dans son déroulement, est très intense parce qu'elle sonne vrai.
Un des rares rôles non comiques de Bourvil.
Pour l'anecdote, l'un des enfants du personnage de Morgan est interprété par Frédéric Mitterrand.
Tout à fait d'accord aussi. Alex Joffé a fait des merveilles c'est vrai ici mais de là à généraliser... Je connais mal le bonhomme mais
Les cracks, c'est pas terrible et
Les hussards, c'est intéressant (pour son casting et son sujet tragi-comique) mais Joffé n'insuffle aucun rythme à l'ensemble.
Re: Bourvil (1917-1970)
Publié : 10 déc. 11, 13:54
par Jeremy Fox
O'Malley a écrit :Les cracks, c'est pas terrible
Revu l'année dernière ; c'est même assez horrible.
Fortunat (très bon effectivement ; l'une des rares prestations de Bourvil que j'apprécie) doit plus à son scénario qu'à sa mise en scène.
Re: Bourvil (1917-1970)
Publié : 10 déc. 11, 14:55
par Cathy
Jeremy Fox a écrit :O'Malley a écrit :Les cracks, c'est pas terrible
Revu l'année dernière ; c'est même assez horrible..
Revu à sa sortie en DVD, et je l'ai revendu aussitôt, tellement je l'ai trouvé mauvais, Robert Hirsch et Bourvil en font des kilos, et rien n'est drôle !
Re: Bourvil (1917-1970)
Publié : 10 déc. 11, 18:09
par Major Dundee
Jeremy Fox a écrit :O'Malley a écrit :Les cracks, c'est pas terrible
Revu l'année dernière ; c'est même assez horrible.
Fortunat (très bon effectivement ;
l'une des rares prestations de Bourvil que j'apprécie) doit plus à son scénario qu'à sa mise en scène.
Tiens donc
Tu ne l'aimes pas dans :
Le miroir à deux faces
Les grandes gueules
Le cercle rouge
Les Mocky
???
Re: Bourvil (1917-1970)
Publié : 10 déc. 11, 18:45
par Jeremy Fox
Major Dundee a écrit :
Tiens donc
Tu ne l'aimes pas dans :
Les grandes gueules
Le cercle rouge
Ah ben si tiens même si je n'aime pas beaucoup le Melville. Je pensais surtout à ses rôles dans les comédies. Et je ne connais pas le miroir à deux faces.

Re: Bourvil (1917-1970)
Publié : 10 déc. 11, 19:05
par Major Dundee
Jeremy Fox a écrit :Major Dundee a écrit :
Tiens donc
Tu ne l'aimes pas dans :
Les grandes gueules
Le cercle rouge
Ah ben si tiens même si je n'aime pas beaucoup le Melville. Je pensais surtout à ses rôles dans les comédies. Et je ne connais pas le miroir à deux faces.

Tu me rassures
Et je n'aime pas trop
ce Melville non plus.
Re: Bourvil (1917-1970)
Publié : 10 déc. 11, 21:42
par Cathy
Jeremy Fox a écrit :Major Dundee a écrit :
Tiens donc
Tu ne l'aimes pas dans :
Les grandes gueules
Le cercle rouge
Ah ben si tiens même si je n'aime pas beaucoup le Melville. Je pensais surtout à ses rôles dans les comédies. Et je ne connais pas le miroir à deux faces.

C'est un des seuls, voire le seul film où Bourvil campe vraiment un sale type, jaloux, odieux aux côtés une fois encore de Michèle Morgan. C'est un de mes Cayatte préférés d'ailleurs, longtemps inédit en DVD, il était sorti dans la collection Bourvil. Il faudra qu'un jour je me penche sur Fortunat, mais personnellement j'aime le Bourvil comique !
Re: Bourvil (1917-1970)
Publié : 16 déc. 11, 17:20
par EddieBartlett
Encore une bonne surprise dans ce cinéma populaire français des années 60 si souvent mésestimé.
« Les Bonnes causes » de Christian Jaque (1962), une histoire de meurtre machiavélique ourdi par une jeune bourgeoise qui se débarrasse de son vieux mari malade et qui laisse accuser à sa place son infirmière. Un juge honnête qui croit encore à la justice des hommes et un grand avocat cynique et talentueux vont s’affronter sans pitié autour des deux jeunes femmes. D’autant plus férocement que l’avocat en question est l’amant de la jeune bourgeoise…
Si on a un peu peur au début (l’intrigue met un peu de temps à se mettre en place), on se laisse peu à peu embarquer par cette histoire aux multiples rebondissements et aux personnages bien dessinés. Les dialogues de Jeanson y sont pour beaucoup, et les acteurs, plutôt bien dirigés, font le reste.
Certes, les détracteurs peuvent toujours juger le film un poil trop bavard et la mise en scène un peu trop statique, mais telle quelle, l’histoire se suit avec un réel plaisir et le suspense dure jusque dans les dernières minutes
On retrouve cette fois Bourvil en juge d’instruction humain, trop humain. Ce n’est pas forcément sa meilleure performance, mais l’humanité et le talent de l’acteur font à nouveau tout passer. Quand à Marina Vlady, elle hérite d’un rôle de garce intégrale comme on n’en fait plus. Mais le vrai intérêt du film en réalité est Pierre Brasseur. Dès qu’il apparaît à l’écran, on ne peut plus décrocher. Totalement à l’aise dans son personnage de grand avocat du barreau de Paris, l’acteur a un charisme incroyable et une présence à l’écran digne des plus grands. Il y a entre autres une séquence d’anthologie au cours de la reconstitution du meurtre. Un témoin surprise sorti de la manche du juge (Bourvil) prouve de façon irréfutable la culpabilité d’un des personnages présent sur place. Devant ce témoignage soudain et inattaquable, l’avocat (Brasseur) est totalement pris au dépourvu avant d’entamer un long contre-interrogatoire qui va finalement faire basculer la situation. Je trouve (et je pèse mes mots) que cette scène vaut largement les grandes scènes de genre du cinéma américain. Miraculeuse alchimie des dialogues d’un Henri Jeanson inspiré et d’un Pierre Brasseur époustouflant qui trouve là l’un de ses meilleurs rôles.
Enfin, comme LCJ « les films du collectionneur » ne fait pas très bien son boulot (aucun supplément à part un quizz et des filmographies incomplètes), j’amène donc mon propre bonus : deux minutes d’interview de Bourvil et Brasseur pendant le tournage, le tout sous le regard amusé de Marina Vlady. La complicité de ces trois-là fait plaisir à voir.
http://www.vodkaster.com/bonus-cinema/L ... Vlady-1380