Dvdclassik : cinéma et DVD

A contrario, un des grands raleurs de la critique (mais aussi une sacrée plume), Jonathan Rosenbaum, conteste certains consensus critiques...

http://www.jonathanrosenbaum.net/2013/1 ... inflation/

Pour moi qui suis en train de lire un de ses bouquins des années 90, rien de nouveau sous le soleil.

cinephage a écrit :A contrario, un des grands raleurs de la critique (mais aussi une sacrée plume), Jonathan Rosenbaum, conteste certains consensus critiques...

http://www.jonathanrosenbaum.net/2013/1 ... inflation/

Pour moi qui suis en train de lire un de ses bouquins des années 90, rien de nouveau sous le soleil.

I regard critical inflation as an occupational hazard for most professional reviewers, myself in the past included, who are obliged to sit through reams of terrible cinema week after week, and even stay to the end of films we wouldn’t see otherwise, and are consequently more likely to overrate and sometimes even cherish the ones that aren’t so bad and are even halfway decent.

C'est du bon sens.

Mais figure-toi que je pense parfois à toi en lisant Rosenbaum... Sa position me parait assez proche de celles que tu défends, même si sa sensibilité "de coeur" est plus années 70 que 80, il a pour le cinéma une aspiration "haute" que j'ai cru entrevoir dans certains de tes avis.

cinephage a écrit :Mais figure-toi que je pense parfois à toi en lisant Rosenbaum... Sa position me parait assez proche de celles que tu défends, même si sa sensibilité "de coeur" est plus années 70 que 80, il a pour le cinéma une aspiration "haute" que j'ai cru entrevoir dans certains de tes avis.

ça tombe bien, j'ai aussi 70 ans dans ma tête
Néanmoins, si je me base sur cette liste, il m'a l'air de sauver encore moins de films que moi même si d'une certaine façon, j'ai aussi un peu l'impression de surcôter aujourd'hui.
Un peu comme les professeurs actuels obligés de surnoter pour donner le sentiment que le niveau reste le même.

Etre exigeant, pourquoi pas? Je ne le suis sûrement pas assez ou disons que je trouve dignes d'intérêt des oeuvres que at close range trouve médiocres.
Pourquoi pas être exigeant et ne daigner accorder son satisfecit qu' à très peu de films mais alors pourquoi jeter son dévolu par exemple sur les films de stillman dont je n'ai toujours pas compris la spécificité cinématographique.Qu'y trouvais-tu d'original, de particulièrement élégant dans le style ou l'écriture?
Une question très synthétique: qu'attends-tu lorsque tu découvres un film?Je vois à epu près l'étendue de ce que tu n'aimes pas mais peine à cerner ce que tu aimes, cela dit sans second degré et dans l'objectif de mieux comprendre.
Quant à Mandelbaum, ses assertions sur Gravity ou le film des Coen sont comme décridibilisées par la minceur de l'argumentaire concernant the blue is the warmest colour/vie d'adèle chp 1 et 2 (en attendant le 3 si j'ai bien compris).On sent parfois le besoin de prendre le contrepied pour la seule élégance de la posture.

Rosenbaum s'indigne surtout qu'on condamne la "légère pornographie" de la Vie d'Adèle, alors que personne ne s'offusque de ce qu'il caractérise comme lourdement pornographique (en l'occurence, les films au ton violent ou abordant des actes sexuels d'une autre gravité, qui traitent selon lui ces thèmes avec une certaine complaisance).

Après, il y a peut-être une posture, c'est vrai que depuis toujours il déplore qu'une rétro Tati passe inaperçue alors que l'ensemble de la presse nationale met le dernier Transformers en couverture. C'était un peu son fond de commerce, quand il était critique au Chicago Reader... Mais j'ai l'impression qu'il est sincère dans sa critique du mass media et sa défense des films moins vus.

Pour Tati vs Transformers, c'est très bien.Il faut que je relise le reste pour éventuellement mieux comprendre.

Le Top 2013 de Critikat :

1. L’inconnu du lac (Alain Guiraudie)
2. Gravity (Alfonso Cuarón)
3. Spring breakers (Harmony Korine)
4. La vie d’Adèle (Abdellatif Kechiche)
5. A touch of sin (Jia Zhang-ke)
6. Mud (Jeff Nichols)
7. Inside Llewyn Davis (Joel & Ethan Coen)
8. La fille de nulle part (Jean-Claude Brisseau)
9. La bataille de Solférino (Justine Triet)
10. Django unchained (Quentin Tarantino)
11. Jimmy P. (Pyschothérapie d’un Indien des plaines) (Arnaud Desplechin)
12. The master (Paul Thomas Anderson)
13. Snowpiercer, le transperceneige (Bong Joon-ho)
14. Frances Ha (Noah Baumbach)
15. Shokuzai (Kiyoshi Kurosawa)

Le film de Guiraudie étant, là encore, très loin devant les autres.
En termes d'accueil par cette frange de la critique hexagonale, c'est le Oncle Boonmee, le Holy Motors de 2013.

ballantrae a écrit :Pour Tati vs Transformers, c'est très bien.Il faut que je relise le reste pour éventuellement mieux comprendre.

La phrase-clé résumant sa position est à trouver dans sa page wikipedia US (curieusement, la page française a avalé cet élément) :

He promotes the dissemination and discussion of foreign film. His strong views on filmgoing in the U.S. hold that Hollywood and the media tend to limit the full range of the films Americans can see, at the cineplex and elsewhere.

Il privilégie la circulation et les débats sur les films étrangers (ici : non-américains). Sa position très appuyées sur la fréquentation des salles considère qu'Hollywood et les media tendent à limiter la variété des films que les Américains peuvent voir, dans les muliplexes ou ailleurs.

Contester certains consensus critiques quand on place très haute La Vie d'Adèle... l'un des films les plus consensuels du monde dans les tops internationaux. Comment dire ?

Roy Neary a écrit :Contester certains consensus critiques quand on place très haute La Vie d'Adèle... l'un des films les plus consensuels du monde dans les tops internationaux. Comment dire ?

Je ne vois vraiment aucune incohérence là-dedans. Rosenbaum examine dans les autres plébiscites de la critique internationale ceux auxquels il n'adhère pas, voila tout...

Je n'ai rien contre Rosenbaum, dont les textes ont l'air très intéressants. Je dis simplement que si son angle d'attaque principal est le consensus, il est mal placé en défendant le Kechiche.

Roy Neary a écrit :Je n'ai rien contre Rosenbaum, dont les textes ont l'air très intéressants. Je dis simplement que si son angle d'attaque principal est le consensus, il est mal placé en défendant le Kechiche.

J'ai dû être trop synthétique : rédacteur dans un journal à grand tirage, Rosenbaum se faisait l'avocat d'un cinéma moins évident que le dernier blockbuster. Ca parait peut-être une évidence vu d'ici, mais toute la presse cinéma américaine n'est pas forcément dans cette disposition d'esprit.
C'est un critique de la vieille école, qui s'intéresse depuis toujours à l'art et essai qu'il n'a jamais cessé de défendre.
Les consensus qu'il abat, d'une façon générale, ne sont pas ceux de la critique internationale, mais ceux du box-office et des studios.

Dans l'article que j'indiquais, il soulignait que certains de ses confrères vilipendaient la vie d'Adèle pour ses scandaleuses scènes de sexe, mais ne remarquaient même pas combien des films comme les Salauds ou Spring breakers allaient plus loin dans l'inacceptable qu'une simple scène de sexe entre deux femmes amoureuses l'une de l'autre.

Par ailleurs, il prend le temps de signaler, parmi les favoris de l'année par la critique, quelques titres auxquels il n'adhère pas du tout. Etant à la retraite désormais, il attribue ce "manque de recul" de ses confrères à une trop grande consommation de film, risque inhérent au métier de critique.

OK, je comprends mieux comme ça.

Top du magazine new-yorkais L Magazine

20. At Berkeley (Frederick Wiseman)
19. Gravity (Alfonso Cuaron)
18. Nebraska (Alexander Payne)
17. The Square (Jehane Noujaim)
16. The Grandmaster (Wong Kar-Wai)
15. Night Across the Street (Raúl Ruiz)
14. Like Someone in Love (Abbas Kiarostami)
12. Drug War (Johnnie To)
12. Museum Hours (Jem Cohen)
11. To The Wonder (Terence Malick)
10. Spring Breakers (Harmony Korine)
09. Her (Spike Jonze)
08. A Touch of Sin (Jia Zhangke)
07. Bastards (Claire Denis)
06. Before Midnight (Richard Linklater)
05. The Act of Killing (Joshua Oppenheimer)
04. Computer Chess (Andrew Bujalski)
03. Frances Ha (Noah Baumbach)
02. Inside Llewyn Davis (Joel and Ethan Coen)
01. Leviathan (Lucien Castaing-Taylor and Verena Paravel)