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Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Publié : 12 oct. 12, 13:38
par El Dadal
monfilm a écrit :Anorya a écrit :Et tu passes à côté d'un film qui a souvent fait l'unanimité,
A history of violence, c'est dommage.

Je l'ai vu. Et c'est à partir de ce film que Cronenberg, pour moi, a perdu sa formidable perversion organique et psychologique. Je ne sais pas si c'est la vieillesse qui pousse certains grands réalisateurs à gâcher leur talent avec un académisme visant à produire un classique instantanément. Bref une prise de risque très réduite.
Je n'en suis pas un grand défenseur, mais les deux scènes de fesses sont sacrément bien trouvées, c'est là que je perçois la patte de Cronenberg dans ce film. D'ailleurs, suffit de demander à la gent féminine ce qu'elle pense de ce film, à chaque fois, on m'a cité ces deux scènes...
Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Publié : 13 oct. 12, 10:52
par Aragorn Elessar
monfilm a écrit :Anorya a écrit :Et tu passes à côté d'un film qui a souvent fait l'unanimité,
A history of violence, c'est dommage.

Je l'ai vu. Et c'est à partir de ce film que Cronenberg, pour moi, a perdu sa formidable perversion organique et psychologique. Je ne sais pas si c'est la vieillesse qui pousse certains grands réalisateurs à gâcher leur talent avec un académisme visant à produire un classique instantanément. Bref une prise de risque très réduite.
Cosmopolis me fait plus penser à ses films d’antan que ceux de la veine lancée par
A History of violence.
Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Publié : 3 janv. 13, 12:49
par Colqhoun
Excellente surprise !
J'ai adoré la construction fragmentée, les différents personnages, qui entrent et sortent dans cette limousine, l'humour absurde, la réalisation super classe et tout ce casting qui en impose. Après, par moments c'est à peine trop bavard, mais c'est aussi ce qui fait la force du film sur la durée. Ce déversement de paroles qui ne mène pas très loin et ne fait que renforcer l'abstraction dans laquelle le film s'inscrit. Il y a un discours de surface sur le capitalisme, toutes ces choses, mais au final on s'en fout un peu. Cronenberg s'attache d'abord à la lente métamorphose de son personnage, dans le ventre de sa limousine-cocon... qui raconte quoi au final ? L'éclosion d'un personnage qui a besoin de chuter pour renaître puis mourir. C'est volontairement opaque, très littéraire, très "arty" d'une certaine manière, mais c'est aussi ce qui inscrit complètement le film dans son époque.
Et pour le coup c'est autrement meilleur que le très théorique A Dangerous Method qu'il avait réalisé juste avant et qui m'avait bien ennuyé.
Ah et Robert Pattinson est tout à fait étonnant. J'espère qu'il aura à nouveau la présence d'esprit de choisir d'aussi bons réalisateurs et de ne plus aller se fourvoyer dans du cinéma en toc pour adolescentes dégénérées.
Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Publié : 3 janv. 13, 12:53
par AtCloseRange
Colqhoun a écrit :mais au final on s'en fout un peu.
T'as tout compris au film.
Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Publié : 3 janv. 13, 13:54
par Gounou
AtCloseRange a écrit :Colqhoun a écrit :mais au final on s'en fout un peu.
T'as tout compris au film.
Troll

Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Publié : 3 janv. 13, 13:58
par Flol
Colqhoun a écrit :Ah et Robert Pattinson est tout à fait étonnant. J'espère qu'il aura à nouveau la présence d'esprit de choisir d'aussi bons réalisateurs et de ne plus aller se fourvoyer dans du cinéma en toc pour adolescentes dégénérées.
Comme je te le disais ailleurs : il me semble que Pattinson rejette totalement les
Twilight, et il souhaite clairement s'orienter vers des projets plus ambitieux.
Et d'ailleurs, je crois qu'il sera sur le prochain Cronenberg aussi.
Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Publié : 3 janv. 13, 14:03
par AtCloseRange
Gounou a écrit :AtCloseRange a écrit :
T'as tout compris au film.
Troll

Bah non, j'essaie juste de faire comprendre à Colqhoun qu'il croit avoir aimé le film mais qu'en fait non
Il faut juste lire entre les lignes de sa critique...
Je préfèrerais qu'il écrive une petite bafouille sur Dredd, tiens.
Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Publié : 3 janv. 13, 14:14
par Gounou
AtCloseRange a écrit :Bah non, j'essaie juste de faire comprendre à Colqhoun qu'il croit avoir aimé le film mais qu'en fait non
Il faut juste lire entre les lignes de sa critique...
Je préfèrerais qu'il écrive une petite bafouille sur Dredd, tiens.
Heureusement qu'il est encore possible d'aimer avec son palpitant ET son cerveau !
Dans la mesure où c'est l'un des films les plus éloquents et contemporains (dans le fond comme sur la forme) que j'ai vu dernièrement sur le visage de la société actuelle (l'autre étant sans doute The Social Network), je pense qu'il est possible d'y percevoir autre chose qu'une branlette absconse à évacuer d'un revers de main.
Le film a une exigence, des règles, une austérité revendiquée... mais il a une vie propre qui m'a parlé et il fera date.
Je conçois le ressenti inverse, moi

Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Publié : 3 janv. 13, 16:26
par monfilm
Colqhoun a écrit :Excellente surprise !
J'ai adoré la construction fragmentée, les différents personnages, qui entrent et sortent dans cette limousine, l'humour absurde, la réalisation super classe et tout ce casting qui en impose. Après, par moments c'est à peine trop bavard, mais c'est aussi ce qui fait la force du film sur la durée. Ce déversement de paroles qui ne mène pas très loin et ne fait que renforcer l'abstraction dans laquelle le film s'inscrit. Il y a un discours de surface sur le capitalisme, toutes ces choses, mais au final on s'en fout un peu. Cronenberg s'attache d'abord à la lente métamorphose de son personnage, dans le ventre de sa limousine-cocon... qui raconte quoi au final ? L'éclosion d'un personnage qui a besoin de chuter pour renaître puis mourir. C'est volontairement opaque, très littéraire, très "arty" d'une certaine manière, mais c'est aussi ce qui inscrit complètement le film dans son époque.
Et pour le coup c'est autrement meilleur que le très théorique A Dangerous Method qu'il avait réalisé juste avant et qui m'avait bien ennuyé.
Ah et Robert Pattinson est tout à fait étonnant. J'espère qu'il aura à nouveau la présence d'esprit de choisir d'aussi bons réalisateurs et de ne plus aller se fourvoyer dans du cinéma en toc pour adolescentes dégénérées.
AaaAAAh! Voilà qui fait plaisir.
Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Publié : 3 janv. 13, 17:23
par Colqhoun
AtCloseRange a écrit :Bah non, j'essaie juste de faire comprendre à Colqhoun qu'il croit avoir aimé le film mais qu'en fait non
Il faut juste lire entre les lignes de sa critique...
Je préfèrerais qu'il écrive une petite bafouille sur Dredd, tiens.
Non mais je ne crois pas que le film tourne en vase-clot et ne raconte qu'une seule chose.
J'ai sincèrement l'impression que la question économique dans ce film, les discussions d'argent, ne faisaient pas le propos du film. Cela participe au portrait du personnage, bien sur, mais ce n'est pas une finalité.
Sinon oui, je vais venir raconter 2-3 trucs sur Dredd.
Mais y a pas encore de topic je crois.
M'en vais te créer tout ça.
Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Publié : 3 janv. 13, 22:58
par semmelweis
semmelweis a écrit :Cosmopolis
Cosmopolis est un exemple de la difficulté de l'entrer du littéraire dans le champ cinématographique. J'attendais ce film avec une certaine envie surtout depuis un certain ennui que m'avait procuré Les Promesses de l'ombre. Je m'étais procuré le roman Cosmopolis bien avant l'annonce de son adaptation. J'ai donc d'abord lu le livre quelques jours avant de voir le film. Cosmopolis m'apparait comme un roman conceptuel ( je ne sais pas si le reste de la littérature de Don DeLillo est d'une meme acabit) donc très déroutant. L'écrivain s'approche de la peinture en jetant des mots sur le papier dont l'assemblage produit une photographie, un sentiment de notre époque. En ce sens, Cronenberg maintient ce coté conceptuel quitte à rendre son film aussi abscons que le roman original. On voit aisément ce qui a pu intéressé Cronenberg dans ce livre, la relation entre l'organique ( la prostate) et le monde technologique (la limousine, un capitalisme se basant sur un virtuel total déconnecté de l'économie réelle).
Le canadien montre une fois de plus une mise en scène absolument monstrueuse en particulier tous les passages dans la limousine. Cronenberg rend le film très tactile, on a envie de toucher les éléments de l'intérieur de la limousine, nous projetant dans l'espace mental de Packer. On n'en sort d'ailleurs jamais de cet esprit de controle absolue à l'image de la réalisation. Le film à l'image du livre ne cesse de questionner le réel ( jamais vu autant de phrases interrogatives dans des dialogues!) que ça soir par une réflexion sur le capitalisme, la réalité du corps , le fantasme sexuel, la réalité de l'argent...
En effet, Packer est un zombie mais c'est surtout un Napoléon qui n'a plus rien à conquérir, qui s'ennuie, dont le désir est à l'etat larvaire créant ainsi une espèce d'inertie du personnage rendant l'empathie difficile. D'ailleurs, je ne trouve pas que Don DeLillo facilite la tache du lecteur en rendant son univers tout aussi froid et aseptisé.
N'ayant plu de moteur existentiel, le jeune homme va donc tenter tout le temps de ressentir une puissance d'exister presqu'au sens nietzschéen en questionnant le réel sans cesse.
Le film lance énormément de pistes et de réflexions sur différents éléments. Ce n'est pas qu'un film sur le capitalisme, c'est bien plus que cela... C'est un film quasi mathématique comme le livre qui tente un lien entre l'organique ( la nature) et les chiffres de la bourse qui gouvernent le monde. Pythagore a toujours cru que les mathématiques pouvaient expliquer l'univers, le focntionnement des organes dans une pensée quasi scientiste. Cependant tout cet univers de chiffres ne peut répondre à la pulsion de mort de chacun. Devant l'ennui, Packer est tenté vers la mort dès le départ du film dans son cercueil high tech. Dès qu'il perdra le controle de son argent ( seul élément qui lui permet de tout obtenir pour croire encore au réel), son esprit sera guidé par le déséquilibre de son corps (prostate asymétique)
On peut tout avoir , il n'empeche que la mort est un lieu commun qui fera quitter la limousine pour de bon.
Le générique du film montre à quel point Cronenberg a compris le coté pictural par touche du style de Don DeLillo dans Cosmopolis. A son tour, il tente des touches de mise en scène , de montage pour mettre à jour la logorrhée absurde de l'univers de Packer comblant le vide de l'homme. Il lui reste le sexe, le toucher rectal, la main ensanglanté pour sentir dans sa chair la réalité des organes dont la mort est le seul chemin unique.
Beaucoup ont parlé d'une relation entre Cosmopolis et Existenz dans l'aspect du questionnement du réel. Je rapprocherai plus le film de Vidéodrome qui sous couvert du film de genre posait déjà cette question mais presque à l'envers. Les visionnages télévisuelles contaminant le réel alors qu'ici c'est le réel qui revient au galop devant Packer.
Il doit tout expliquer meme sa propre mort , ne pouvant s'empecher de ne pas voir le caractère absurde de l'existence. A l'image du livre, le film est très théorique ce qui n'aide pas à entrer dedans. Je comprend mieux en quoi DeLillo a inluencé Bret Easton Ellis tant les deux écrivains partagent ce caractère froid de leur univers . Cependant, Chez Ellis, sans crier gare, les pulsions jaillisent rendant sa littérature sans doute moins théorique que celle de DeLillo.
En l'état, un film difficle déroutant qui montre Cronenberg comme un grand metteur en ecène car c'est là où est la force du film sa mise en scène jusqu'au boutiste allant au bout l'univers du roman quitte à nous perdre comme l'écrivain l'avait fait. 8/10
Je me permets de remettre ma critique de l'époque de la sortie pour montrer mon soutien à la critique de Colqhoun

sur l'aspect dépassant largement un discours sur le capitalisme. C'est avant tout un film sur la reconquête de soi par une redécouverte du réel et de la mort !
Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Publié : 4 janv. 13, 15:48
par ballantrae
Voilà une argumentation, Semmelweis, qui tient vraiment la route et ne se débarrasse pas du film en 3 coups de cuillère à pot!
Assayas rencontré cet automne au festival de Bordeaux se disait jaloux de cette adaptation de Dom De Lillo pour laquelle il avait été pressenti mais qu'il avait refusée, faute de solutions satisfaisantes: avec humilité , il avait avoué avoir "tenté" simplement une approche avec Demonlover et admirait la détermination et la précision du Cronenberg qui savait rendre lisible le flux anarchique de cet univers entre intime et mondialisation, entre paroles et silence, entre intérieur et extérieur.
Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Publié : 4 janv. 13, 18:39
par semmelweis
ballantrae a écrit :Voilà une argumentation, Semmelweis, qui tient vraiment la route et ne se débarrasse pas du film en 3 coups de cuillère à pot!
Assayas rencontré cet automne au festival de Bordeaux se disait jaloux de cette adaptation de Dom De Lillo pour laquelle il avait été pressenti mais qu'il avait refusée, faute de solutions satisfaisantes: avec humilité , il avait avoué avoir "tenté" simplement une approche avec Demonlover et admirait la détermination et la précision du Cronenberg qui savait rendre lisible le flux anarchique de cet univers entre intime et mondialisation, entre paroles et silence, entre intérieur et extérieur.
Merci pour le compliment

! Je ne savais pas qu'Assayas avait été pressenti pour faire l'adaptation. De toute façon , ce que j'ai vu de Carlos ne me rend pas très adepte du cinéma d'Assayas

Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Publié : 4 janv. 13, 18:44
par Blue
Assayas n'a pas à rougir de son "Demonlover", film bancal et hors-normes dans le cinéma français mais fascinant pour son ambition esthétique et thématique. Et puis c'est à ma connaissance le seul réalisateur au monde a avoir inséré du Darkthrone dans un film. Rien que pour ça, respect.
Re: Cosmopolis (David Cronenberg - 2012)
Publié : 18 janv. 13, 22:33
par Chrislynch
La nature parfaite parce qu’imparfaite, mais révélée de l’intérieur. L’asymétrie qui donne sens à une Nature incontrôlable. Cosmopolis, où la modernité qui se fracasse contre l’incertitude éternelle de la vie. Et un scénario plongeant dans la complexité psychologique. Des dialogues cérébraux et théoriques que la mise en scène de Cronenberg et ses comédiens parviennent à faire vivre. Un montage simple et efficace sur l’espace réel et symbolique : dans la voiture, hors de la voiture ; à l’intérieur, à l’extérieur. Quand l’introversion et l’extraversion se mélangent jusqu’au non sens. Il n’y a pas de contrôle ; juste une atmosphère qui se déploie peu à peu.