Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Wagner
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Re: Kenji Mizoguchi

Message par Wagner »

cinephage a écrit :N'étant guère un grand technicien, et ignorant des couleurs originales, je laisse ici quelques captures du film, tirées du dvd FSF, pour que chacun s'en fasse une idée :
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Je conserve un souvenir de photographie prise sur une copie restaurée qui était totalement étrangère aux couleurs de ces captures.
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k-chan
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Re: Kenji Mizoguchi

Message par k-chan »

J'avais fait des captures du dvd opening pour un autre topic et, personnellement, je verrais mal le film avec des couleurs qui claquent plus. En tout cas, je trouve ça magnifique ainsi.

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Tutut
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Re: Kenji Mizoguchi

Message par Tutut »

Ça pète plus que sur Yang Kwei Fei, mais ce n'est pas étonnant d'Opening, leur édition de La Porte de l'Enfer est encore pire, une image avec des couleurs trop pêchues, qui tire sur le jaune pour les scènes diurnes et franchement bleutée pour les scènes de nuit
Alligator
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par Alligator »

Gion no shimai (Les soeurs de Gion) (Kenji Mizoguchi, 1936) :

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J'hésite. J'ai vraiment du mal à dire que le film est bon. Parce qu'entre un démarrage sur les chapeaux de roue avec un sublime travelling et le discours final d'Isuzu Yamada sur son lit d'hopital, où l'actrice nous pond une scène merveilleusement poignante, il y a comme un long film assez ordinaire. Peut-être que le terme ordinaire n'est pas le plus juste. Disons que l'on est loin de l'aboutissement atteint avec des oeuvres comme les Femmes de la nuit ou La rue de la honte dans lesquelles Mizoguchi nourrit son récit d'une vision plus riche et dense. Ici on a plutôt l'impression décevante de suivre un seul et même courant, celui d'une rivière calme mais impertubable, une pente douce, dont on connait l'amont et l'aval par coeur, sans grande surprise. On suit le parcours balisé en quelque sorte de ces deux soeurs Geishas, l'une acceptant la domination de l'homme, l'autre refusant tout net, faisant du féminisme un combat sans faille et permanent. Finalement les deux se rejoignent dans l'exploitation de la femme par l'homme, dans la souffrance (physique ou morale), dans l'humiliation.

En somme on a là une sorte de fable moraliste, féministe dont la portée est fortement altérée par un discours assené à coups de massue. Sans grande finesse. La mise en scène faite de plans éloignés la plupart du temps, de légers travellings ou de plans de coupe dans les moments de tension soudains n'assure pas une fluidité extraordinaire, ni une inventivité salutaire et dynamique. Le simplisme du propos m'a paru trop évident et laissé sur ma faim.

Je m'attendais à bien plus riche de la part de Mizoguchi.

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Dernière modification par Alligator le 1 févr. 09, 12:46, modifié 1 fois.
Alligator
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par Alligator »

Naniwa erejî (l'élégie d'Osaka) (L'élégie de Naniwa) (Kenji Mizoguchi, 1936) :

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Assez grande déception. Les soeurs de Gion m'avaient déjà largement désappointé par le rythme et le manque de profondeur du scénario (au contraire des Femmes de la nuit et de La rue de la honte). Bref, je n'aurais pas été charmé par le dyptique réaliste noir du Mizoguchi des années 30.

A part un ou deux plans de tout le film, la réalisation n'est pas d'une inventivité foudroyante. Décidé à laisser les artifices, comme souvent, Mizoguchi se contente de peu. Dans les films qui suivront, toujours à la recherche du vrai et de l'épure, il parviendra cependant à donner une esthétique et un rythme beaucoup plus fluides, une clarté et une invention qu'ici je ne retrouve pas.

Les thématiques féministes sont ici toujours la pierre d'achoppement de toute l'histoire. Les hommes sont tous des dégueulasses et les femmes les victimes d'un système aussi patriarcal que cruel et hypocrite. Mizoguchi explore encore le parcours et la psychologie des personnages qui cautionnent, organisent, combattent ou subissent la prostitution. En somme la société corrompue et corrompant.

Je ne sais si la qualité médiocre de l'image n'est pas pour beaucoup dans l'espèce de distance qui s'instaure entre le spectateur et les personnages? Dans les oeuvres plus récentes de Mizoguchi, les gros plans sont tout autant rares, mais l'on voit nettement mieux les traits des visages, les expressions etc. Ici, un flou qui n'a rien d'artistique mais qui a tout de l'érosion du temps, enraye peut-être grandement une empathie nécessaire à l'immersion dans l'histoire. Je me demande si ce problème n'est pas identique pour l'édition vue pour Les soeurs de Gion.

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cinephage
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par cinephage »

Ca m'intrigue, Alli, ton peu de gout pour les films de Mizoguchi des années 30. Vivement que j'aille me faire un avis par moi-même, mais il ressort de tes analyses qu'il semble que le réalisateur n'avait pas encore abouti à la maîtrise qu'il révéla dans ses derniers films...
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par homerwell »

Je suis pour ma part d'accord avec ce point du vue sur le Mizoguchi des années 30. Je viens de terminer le coffret carlotta et j'ai trouvé ça un peu casse-croute. Même "Oyuki la vierge" qui m'intriguait car c'est une adaptation de "Boule de Suif" de Maupassant m'a laissé sur ma faim. Quant à l'image, elle est très abimée et c'est plutôt fatiguant à regarder.
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par Alligator »

Cette petite déception ne pousse pas encore jusqu'à la désillusion. J'ai encore La marche de Tokyo 1929 et Le Fil blanc de la cascade 1933 en réserve de l'empire Mizoguchi à mater, dans tous les sens du terme. Et j'ose espérer que ce n'est que cette aventure, cette tentative de toucher au réalisme noir, dans un dyptique isolé qui peut expliquer l'absence de frissons. Je ne sais pas si Mizoguchi se cherche, s'il est question d'écart dans une trajectoire vers l'excellence. Je ne sais pas non plus le poids du médiocre état de la pellicule. J'ai vu d'autres films en sale état me faire hérisser les poils d'excitation. Je verrais bien... S'il n'y a qu'un film encore capable de me procurer un plaisir même un peu en deça de la rue de la honte ou desFemmes de la nuit, je suis prêt à naviguer encore très longtempsen eaux troubles dans la filmo de Mizoguchi pour aller le dénicher.
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par Anorya »

* L'impératrice Yang-Kweï Fei - 4,5/6.

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Un peu moins à l'aise dans la fresque historique que ses magnifiques drames sur la condition féminine le Mizoguchi (quand on lit l'histoire de la véritable Yang-Kweï Fei, celà est d'ailleurs assez romancé. Par exemple l'impératrice en question était issue d'une famille noble, ici Mizoguchi et Yoshitada Yoda son scénariste en font une petite roturière pauvre).
Et pourtant, il arrive à créer une belle ambiance romantique et toujours de rares plans furtifs qui chez lui sont souvent magiques (la fin tragique de l'impératrice, juste filmée sobrement par un travelling qui "regarde" ses vêtements plutôt qu'elle : tout bonnement somptueux, pudique et magnifique). Finalement le maître réussit à caser ses thématiques (les intrigues, la bassesse des gens pour l'argent, le pouvoir ou s'elever socialement, l'utilisation et l'asservissement des femmes par des hommes veules, ici Yang Kweï Fei, le seul personnage féminin principal qui est utilisée finalement que comme moyen de promotion et réussite sociale par les autres du début à la fin), on est bien chez un Mizoguchi, même mineur, mais c'est beau. C'est très beau. :o
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Tutut
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par Tutut »

Anorya a écrit :* L'impératrice Yang-Kweï Fei - 4,5/6.

Un peu moins à l'aise dans la fresque historique que ses magnifiques drames sur la condition féminine le Mizoguchi (quand on lit l'histoire de la véritable Yang-Kweï Fei, celà est d'ailleurs assez romancé. Par exemple l'impératrice en question était issue d'une famille noble, ici Mizoguchi et Yoshitada Yoda son scénariste en font une petite roturière pauvre).
À noter que ce film avait été co-produit avec la Shaw & Sons (future Shaw Brothers) qui traitera de la même histoire, avec Li Han-Hsiang à la réalisation et la grande Li Li-Hua dans le rôle principal, dans The Magnificent Concubine (1960) qui eut un prix à Cannes en 1962. Cette version ne s'attarde que sur les relations entre Yang Kwei Fei et l'empereur, limitée par sa durée d'1H12, c'est dommage vu la richesse de la production.

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-Kaonashi-
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par -Kaonashi- »

Je découvre que le festival Paris Cinéma propose dans les jours qui viennent 4 films muets de Mizoguchi en ciné-concert :

Mardi 07 juillet à 20h30 au Balzac (8e)
La Marche de Tôkyô (1929, 23 min) accompagné par Eri Kozaki (piano)
suivi de
La Cigogne en papier (1935, 90 min) accompagné par Aidje Tafial (batterie), Pierre Bertrand (piano) et Jean Wellers (bassiste)

Jeudi 09 juillet à 20h30 au Balzac (8e)
Le Fil blanc de la cascade (1933, 102 min) accompagné au piano par Jacques Cambra, avec Claire Lavandier à la voix et Booster aux machines. Traduction française lue par la comédienne de l'ADAMI Guila Clara Kessous.

Mardi 14 juillet à 22h au Centquatre (19e)
Oyuki la vierge (1935, 82 min) accompagné par le groupe "Francis et ses Peintres" et les chanteuses japonaises Emiko Ota et Maia Barouh
Dominique
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par Dominique »

Oriziru Osen est un film hallucinant du premier au dernier plan ... il devrait vous réconcilier avec les oeuvres des années 30 du maître japonais. Naniwa hika n'est pas un film facile ... c'est peut-être le problème du dvd. Ces films sont vraiment faits pour le grand écran ... l'espace et la scénographie y jouent constamment un rôle fondamental et si on les découvre seulement sur le petit écran, ce n'est pas forcément évident. J'ai eu un peu de mal, c'était il y a vingt ans à "pénétrer" cet univers, mais à force de revoir et revoir ... on s'en imprègne très bien. La sublime beauté de Ugetsu monogatari ou de Sansho dayu est évidente mais ses autres films moins connus sont passionnants.
Voyez et revoyez Oriziru Osen ... c'est quand même merveilleux :roll:
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-Kaonashi-
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par -Kaonashi- »

Bonjour Dominique,
Dominique a écrit :Oriziru Osen est un film hallucinant du premier au dernier plan ... il devrait vous réconcilier avec les oeuvres des années 30 du maître japonais.
À qui t'adresses-tu ? Pour ma part, je n'ai pas à me "réconcilier" avec cette période, j'aime déjà beaucoup Le Fil blanc de la cascade et Les Soeurs de Gion.
Dominique a écrit :Naniwa hika n'est pas un film facile ... c'est peut-être le problème du dvd. Ces films sont vraiment faits pour le grand écran ... l'espace et la scénographie y jouent constamment un rôle fondamental et si on les découvre seulement sur le petit écran, ce n'est pas forcément évident. J'ai eu un peu de mal, c'était il y a vingt ans à "pénétrer" cet univers, mais à force de revoir et revoir ... on s'en imprègne très bien. La sublime beauté de Ugetsu monogatari ou de Sansho dayu est évidente mais ses autres films moins connus sont passionnants.
Voyez et revoyez Oriziru Osen ... c'est quand même merveilleux :roll:
Pourquoi ne pas utiliser les titres français ? C'est tout de même plus simple pour discuter, on n'a pas à chercher à chaque fois de quel film tu parles.
D'autant plus que le titre original de La Cigogne en papier, c'est Orizuru Osen, et non Oriziru Osen.
(Et le smiley final n'est pas vraiment à sa place, mais ce n'est qu'une détail.)
Dominique
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par Dominique »

Oui c'est bien Orizuru Osen, j'ai lu que certains avaient du mal avec des Mizoguchi des années 30 ... c'est tout.
Merci de me laisser placer les smileys où je le souhaite ... :shock:
Alligator
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Re: Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Message par Alligator »

Moi j'aime bien les titres originaux, c'est plus joli et chantant. Et le smiley était bien à sa place si l'émerveillement provoque un roulement des yeux de plaisir.
Je suppose qu'il ou elle s'adressait à moi devant ma petite déception sur les derniers Mizoguchi que j'ai vus et dataient de ces fameuses 1930. Manque de bol, j'ai paumé mes Mizoguchi des années 30. Prêtés à qui? :roll:
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