Louis De Funès (1914-1983)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Julien Léonard
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par Julien Léonard »

Box-office Louis de Funès - de 1950 à 1982
La filmographie est bien entendu sélective jusqu'en 1960. Les choix de titres dépendent, entres autres, de l'importance qu'occupe De Funès au sein de ces films (place au générique...). Rappelons que Ni vu ni connu, suivi la même année de Taxi, roulotte et corrida, furent ses deux premiers gros succès personnels. Mais sa carrière ne va réellement se fortifier qu'à partir du début des années 60, avec un retour temporaire aux seconds rôles, dans des productions plus ou moins prestigieuses. Dès 1963 et Pouic pouic (un rôle principal), la donne change, le film consacrant De Funès comme vedette incontournable du paysage cinématographique français. Il faut dire que sa côte de popularité ne cesse d'augmenter depuis la fin des années 1950. Mais le véritable coup de tonnerre a lieu en 1964 avec Le gendarme de St Tropez : ce ne sera plus jamais pareil, Louis de Funès sera dès lors l'une des plus grandes stars du cinéma français, l'acteur comique préféré de l'hexagone et chacun de ses films rencontrera un énorme succès, variant toutefois selon les titres.

Il est à noter qu'entre Le gendarme de St Tropez et son dernier film, Le gendarme et les gendarmettes, il y aura eu 26 films. Sur ces 26 films, on totalise 22 films apparaissant dans les tops 10 du box-office de leurs années de sorties respectives. On totalise également 7 films ayant été numéro 1 au box-office durant leur année de sortie (dont 4 consécutifs, entre 1964 et 1967). Sur les 26 films de cette période, on en totalise même 17 apparaissant dans les tops 5 du box-office de leurs années de sorties respectives. Par conséquent, le succès populaire de Louis de Funès fut monstrueux et n'a jamais été démenti jusqu'à sa mort. Même de très mauvais films de fin de carrière comme Le gendarme et les extra-terrestres ont reçu un accueil impensable : ce dernier fut numéro 1 de l'année en 1979 (également numéro 1 en Allemagne, chose ahurissante). Son dernier film, le calamiteux Gendarme et les gendarmettes, a réussit à se hisser à la quatrième place de l'année avec un nombre d'entrées formidable (pourtant le score le moins bon de la série des Gendarmes !). De rares semi-échecs sont à noter durant cette période : L'homme orchestre, Jo, ou encore L'avare, qui dépassent néanmoins facilement les 2 millions d'entrées chacun, et parviennent à demeurer facilement dans le top 15 de l'année. Il n'y a que Sur un arbre perché qui fasse grise mine, avec toutefois plus de 1,5 million d'entrées et une place de numéro 20 de l'année. Ils peuvent être considérés comme des semi-échecs en regard de l'extrême popularité dont l'acteur faisait l'objet habituellement avec ses films. Mais force est d'avouer que des "échecs" pareils, beaucoup d'acteurs en voudraient aujourd'hui... Aucune autre personnalité aujourd'hui ne pourrait prétendre à une telle régularité, avec de tels plafonds. Et l'excuse du DVD n'y changera rien. Car au début des années 1970, le nombre d'entrées par an en France était en deçà de celui d'aujourd'hui, et pourtant De Funès faisait des scores énormes.

Sa carrière reste unique en son genre, et son succès colossal. Ni Belmondo, ni Delon, ni Ventura, ni même Bourvil seul, n'ont pu parvenir à une telle constance dans les succès en salles, et avec un tel plafond. Pourtant, ces derniers ont également eu des carrières comptant de très nombreux gros succès au box-office. Seul Fernandel a connu une carrière aussi riche en succès d'une telle envergure. Mais dans les années 1960, Fernandel passe la main, ses films marchent de moins en moins bien, laissant De Funès indétrônable. Par exemple, les plus gros succès de Belmondo en solo atteignent 5,5 millions d'entrées, résultat que De Funès faisait sans trop se forcer. Il n'y a également que Gabin (à une époque) qui pouvait prétendre à de tels résultats métonymiques. Mai 68 et sa jeunesse révoltée n'ont même pas entaillé sa popularité, puisque les 3 films qu'il a sorti cette année là sont encore des triomphes, dont l'un (Le gendarme se marie) est d'ailleurs numéro 2 de l'année, uniquement battu par une production Disney (Le livre de la jungle).

Les tableaux qui suivent parlent d'eux-même. Les sources chiffrées viennent de : Box-office story, JP's box office, CBO ou encore le CNC (des sources sûres). Je n'ai fais que rassembler, compiler et ordonner, afin de donner une vue d'ensemble de sa carrière. J'espère que cela pourra intéresser certaines personnes. :wink:

Tableau N°1 (de 1950 à 1960) : La montée en puissance
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Tableau N°2 (de 1961 à 1982) : La gloire absolue d'une star légendaire
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O'Malley
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par O'Malley »

Très bonne idée que ce tableau comparatif qui permet de voir que certains films des années 50, période faste de la carrière "second couteau" de De Funès, ont été de jolis succès aussi. Je m'en doutais un peu pour le dyptique de Le Chanois avec Lamoureux ou Le mouton à cinq pattes mais moins pour quelques autres: quand même, 2 M d'entrées pour Frou-Frou, Les hussards, Dortoir des Grandes ou lors de de ses premières prestations importantes, Le roi du blablabla ou Monsieur Leguignon lampiste (qui font mieux que La poison tout de même)...
Alligator
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par Alligator »

La rue sans loi ( Marcel Gibaud, 1950) :

http://alligatographe.blogspot.com/2010 ... s-loi.html

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Rondeur du trait, mouvements, caricatures et difformités sont des caractéristiques du dessin de Dubout qui semblent me venir à l'esprit, comme ça, au débotté. Je n'y mettrais pas ma main au feu mais il m'en souviendrait presque, si je ne m'abuse, que le dessinateur a aussi œuvré dans la lithographie érotique, n'est-ce pas? Voyez comme je ne suis pas au mieux avec le curriculum du monsieur! Et pourtant, pas loin de chez moi, à Palavas les Flots, un musée qui lui est consacré accueille sa pléthore de touristes et curieux annuels. Aussi, quand l'opportunité de découvrir cet univers s'est présenté, je n'ai pas trop hésité, surtout que quelques photos de tournage donnaient un aperçu huluberluesque et aussitôt attirant.

Dubout est à l'histoire et aux dialogues alors que Gibaud chapeaute tout le monde, se mettant surtout derrière la caméra.

Dès l'abord, le spectateur est confronté à l'audacieux parti pris de coller au plus près du style Dubout. Les décors des studios sont évidemment très marqués par l'esthétique du dessinateur : l'aspect carton pâte ne se cache pas. Bien au contraire, il participe de cette sensation "papier" que prend le film. Les acteurs sont grimés de manière à copier au maximum le dessin de Dubout. Les costumes et les maquillages transforment les comédiens, parfois difficilement reconnaissables.

L'impression générale est à l'étonnement : on a jamais vu pareille incongruité cinématographique. Difficile de la rattacher à un autre film. Aussi rare qu'une olive sur une choucroute.

Mais cette originalité n'est pas l'assurance de qualité que j'espérais car le tout manque de liant et de rythme. La mise en scène est empruntée, hachée. Les séquences s'enchainent en paraissant rattachées de façon trop malhabile. L'humour des sketchs est par trop inégal. Mais ça, bien entendu, est affaire de goût. Si j'apprécie son outrecuidance anarchisante, je reste plus mesuré quant à sa naïve absurdité, un peu puérile à mon avis.

Malgré tout, j'ai plaisir à revoir des comédiens français comme Annette Poivre, délicieusement frappadingue et délurée, ou le jeune chevelu Louis de Funès ou bien encore le soûlard Albert Dinan. Je découvre une autre caricature de pin-up avec poses et haussement de sourcil appuyé comme il est bien écrit dans le manuel de la femme fatale, avec Nathalie Nattier, surprenante et rigolote.

En somme, un OVNI des années 50 qui a l'attrait facile mais promet plus qu'il n'offre réellement. Une curiosité sans trop d'importance.
O'Malley
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par O'Malley »

J'ai été pour ma part agréablement surpris par cette Rue sans loi dont je m'attendais à pas grand chose au vu du réal et du contexte de production, très "cinéma de samedi soir" dans ce qu'il y avait de plus mauvais (style les films de Couzinet)... Bon, c'est pas transcendant mais l'univers de Dubout est fidèlement retranscrit comme tu le soulignes, l'ensemble passe sans ennui, on se surprend à sourire par moments; Louis de Funès trouve, me semble t-il, son premier grand rôle, dans un emploi farfelu et très grimé où il s'en sort très bien, à mille lieux de ses emplois futurs...
Alligator
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par Alligator »

Monsieur Leguignon, lampiste (Maurice Labro, 1952) :

http://alligatographe.blogspot.com/2010 ... piste.html

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Petite comédie française qui traine la patte. Les vingt premières minutes m'ont fait craindre le pire : un ennui considérable. Je sais que Maurice Labro n'est pas un grand metteur en scène, c'est le moins que l'on puisse dire, mais les successifs plans fixes éloignés sur les acteurs et l'humour sans sel eurent tôt fait de m'indisposer.

Et puis progressivement, un semblant d'intérêt pour cette naïve histoire a peut-être commencé à me titiller le bulbe et m'a permis d'éviter l'endormissement. Avec le recul je me demande encore ce qui a pu suscité le moindre intérêt.

J'étais il est vrai attentif à essayer de retrouver les visages connus ici et là au détour d'un plan même très large. Il y a bien également le vocabulaire argotique qui emplit la bouche d'Yves Deniaud, un acteur au physique intéressant, qui parait bien maitriser son personnage. C'est dommage d'ailleurs qu'il n'ait pas eu un scénario autrement plus emballant que celui-là.

L'idée générale n'est pas trop mauvaise. Il y a quelque chose de candide et poétique dans cette histoire. Le couple qu'il forme avec Jane Marken est joliment composé, presque émouvant. Mais tout ce qui tourne parait farfelu pour ne pas dire creux.

Oh, j'oubliais la prestation formidable de Pierre Larquey, immense comédien, qui nous fait là une bien belle pige.

La flopée d'acteurs tourbillonnant autour de Deniaud ne parvient pas dans l'agitation à créer le liant qui manque à cette production. On a la triste impression que tout ceci est fait de bric et de broc.

Sans doute que le succès de l'émission de radio dont est tiré le film a monté à la tête du producteur. Avec un scénario de cinéma et des dialogues un peu plus percutants, qui sait si cette histoire de petites gens arnaquées aurait pu avoir un bien belle allure.
Alligator
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par Alligator »

Au diable la vertu (Jean Laviron, 1953) :

http://alligatographe.blogspot.com/2010 ... vertu.html

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Je serais bien curieux de connaitre les arguments d'un contradicteur : pour moi ce film est un gros navet, un très mauvais film, au scénario compliqué, imbuvable, alourdi par des dialogues d'une rare imbécilité et des comédiens complètement livrés à eux mêmes. J'ai beau chercher, je ne trouve pas la moindre miette de pain à se mettre sous la dent.

Pour tout dire, j'ai voulu voir ce film pour Louis de Funès, qui apparait en effet dans un petit rôle. Il y joue un type qui lutte contre des renvois gastriques incessants après avoir mangé une choucroute. Ca vous situe le niveau.

Tout aussi légère, l'atmosphère que Laviron donne à son film. Histoire d'épicer un plat si fade, un plan ou deux de cuisses féminines sont censés réveiller la tension artérielle du spectateur. Parce qu'on s'ennuie ferme avec ce scénario nullissime, adapté d'une pièce de théâtre qu'on devine sans peine d'un douteux boulevard. Le vaudeville ne vole pas bien haut. Il apparait évident que tout le monde cachetonne. Peu d'enthousiasme, pas de talents.

Les dialogues se révèlent pire que tout. Un homme répond à un curé : "oui, papa" au lieu de "oui, mon père" et s'empresse de dire qu'il évoquait son paternel mais son ami lui rappelle que son père est mort depuis 10 ans.

Tout le reste est à l'avenant, aussi ignoble de connerie. Pour conclure, je résumerais avec le terme "pitoyable". Vraiment triste.
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par Federico »

Sans penser un instant minimiser le réel génie comique de Fufu, et même si le personnage-type qu'il développera pour notre plus grand plaisir (le notable ou petit chef obséquieux envers de plus puissants que lui et infect avec les plus faibles) vient du fond des temps et est universel, je me demanderai toujours dans quelle mesure il ne s'était pas aussi un peu (beaucoup) inspiré de... Léon Zitrone ! :mrgreen: :uhuh:
The difference between life and the movies is that a script has to make sense, and life doesn't.
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par riqueuniee »

Zitrone ? Je n'y aurais pas pensé...
Bien sûr que son personnage de notable irascible et odieux vient de la nuit des temps (après tout, l'Avare, qu'il a interprété à sa façon, est inspiré en partie par une comédie romaine de Plaute), mais il le faisait avec un tel talent...Et une grande part de touche personnelle.
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par Alligator »

Bébés à gogo (Paul Mesnier, 1956)

http://alligatographe.blogspot.com/2011 ... -gogo.html

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Dans la série "voyage dans le temps pour pas cher", je me suis payé une petite balade vers la France des années 50 avec une comédie, attiré d'une part par la présence de Louis de Funès, comédien que j'adule sans vergogne et l'envie d'autre part de découvrir Raymond Souplex que je ne connais que dans le rôle du commissaire Bourrel. J'étais curieux de le voir dans un registre comique.

En fait Louis de Funès reste très sobre, son rôle ne laissant guère aux envolées comiques dont il a le secret.

Quant à Raymond Souplex, il est posé en victime de la situation, assez passif, subissant les affres d'une marmaille nombreuse.

Sa fille et son gendre n'en finissent pas de procréer sous le toit familial. Horrible époque où l'on était obligé de vivre avec Papa, Maman ad-vitam aeternam! Tristes temps qui pourraient revenir si ça continue. A l'humilité du confort à laquelle était astreinte une bonne part de la population s'ajoute l'inexistence pour les petits bourgeois de la moindre idée de contraception. On fait des mômes comme on respire.

Et le film vient sans doute surfer (scusez l'anachronisme) sur la glorieuse croissance en vantant les fruits et les joies de la haute natalité. On devait en rire à l'époque. Aujourd'hui, on attend que le film passe. C'est assez conventionnel en effet.

Pourtant il est vrai qu'on s'étonne d'apercevoir là un téton ou de voir ici un mari partir en goguette avec "Mademoiselle", la baby-sitter, bien sûr dans les limites de la bienséance : pas de fellation mais juste un achat de manteau en panthère.

On peut toujours se faire plaisir à suivre la bonhomme participation d'un jeune et joufflu Jean Carmet et l'élégante démarche de la jolie André Parisy (créditée Pariz au générique).

Le film peut être vu comme un objet de curiosité, un témoin du passé, avec cette société qui nous parait si éloignée de nos jours, qui écarquillait les yeux devant une démonstration de mixeur au salon de l'enfance par exemple, mais sincèrement, une fois cet argument achevé, que d'ennui! Même plus drôle!
Alligator
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par Alligator »

http://alligatographe.blogspot.com/2011 ... anque.html

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Faites sauter la banque! (Jean Girault, 1963)

Dans ma cinémathèque personnelle, il y a pas mal de petits films, souvent décriés -voire pire... oubliés- et que j'adore voir et revoir pour des raisons diverses. "Faites sauter la banque" est de ceux-là, un film de Jean Girault, un réalisateur que j'aurais toutes les peines du monde à qualifier d'artiste. Je m'interrogerais même sur la légitimité de l'appeler "artisan". Non, clairement, j'aurais du mal à nourrir quelque admiration pour ce type. C'est peut-être injuste. J'en sais rien, je ne connais pas assez le bonhomme. Toutefois, l'inverse est aussi vrai : je ne le déteste pas non plus. Je ne le connais pas et cela me convient bien finalement.

Or, il se trouve qu'il est le réalisateur de cette adorable petite comédie familiale qui ne paye pas de mine et propose un divertissement très réussi, à mon sens, à la fois paisible et riant, équilibré et bien joué à quelque exception près. Je le placerais volontiers dans la famille des petites comédies françaises qui, à l'époque de leur sortie, ne devaient pas attirer l'œil mais ont su avec le temps se faire une petite place au soleil. Des comédies à deux balles, il s'en tournait à la pelle jadis, dont beaucoup paraissent aujourd'hui poussiéreuse, voire irrémédiablement crétines.

Comme "Poisson d'avril" de Grangier que j'aime beaucoup également, "Faites sauter la banque" est toujours propre et net, malgré les revoyures et le gouffre du temps qui est passé. Toujours aussi dynamique et bien structuré, le scénario est très bien foutu, classique certes, mais parfaitement huilé. Le mécanisme fonctionne encore sans anicroche. L'unité de lieu garantit peut-être une certaine sécurité et donne à l'action un bon rythme essentiel au genre. Mais cela ne suffit pas à expliquer la bonne tenue de l'ensemble. Le montage assure aussi par ailleurs le tempo.

Et plus encore, le film trouve dans sa distribution de joyeux lurons qui font bien plus que le boulot.
Le "jeune" Louis de Funès est déjà au meilleur de sa forme, dans l'extraordinaire, le sublime, l'excellence de l'art comique. Je suis amoureux de sa justesse, de son impeccable capacité à épouser le rythme de la comédie, toujours millimétrique à tomber. C'est un plaisir constant en tant que spectateur : il n'y a pas la moindre faute, la plus petite fausse note dans son jeu.

Pour l'accompagner les seconds rôles ne manquent pas.
La belle voix de Jean-Pierre Marielle est un délice. Il n'a pas encore sa grande gueule, cette envergure souriante, mais une espèce de regard que j'oserais qualifier de "lagaffien". Oui, je trouve qu'il ressemble au premier Gaston Lagaffe, du temps des coupes courtes, des premiers dessins de Franquin, une insolence benoite dans le regard... Mais sa présence est déjà l'occasion de goûter une belle performance.
On pourrait dire la même chose de Georges Wilson qui a une participation très remarquée.
Celle de Jean Lefebvre est plus courte mais toujours sympathique.
L'habillage familial est peut-être un peu moins marquant. Yvonne Clech est efficace.
Michel Tureau est plutôt moyen.
Par contre, j'ai un faible pour le sourire et les grands yeux d'Anne Doat.
Seul acteur au jeu plutôt déplaisant, Jean Valmont joue souvent très mal dans ce film mais, à sa décharge, c'était là son tout premier (la trouille des débutants?). Z'ont pas dû trouver de beau gosse plus mature, dommage. Il semble comme un intrus dans la troupe. Les scènes auxquelles il participe sonnent malheureusement très faux.

J'aime aussi ce film pour son décors fifties. Comme pour "Poisson d'avril", un film qui dessine parfaitement son époque sans grand fracas mais avec une subtilité qui m'émerveille toujours autant, j'adore revoir cette vieille France, totalement disparue aujourd'hui (et c'est heureux!), celle des "surprises parties", des vieilles bagnoles ou bicyclettes, celle du temps des transistors. Mon regard se fait nostalgique, sans trop savoir pourquoi au juste. M'enfin, c'est là, un peu réconfortant, surtout très amusant, notamment ce décalage avec la société actuelle. Encore un de ces films qui témoignent d'une histoire, très ordinaire, mais toujours attendrissante et qui ne subsiste que dans les souvenirs ou quelques pages jaunies.

Mais bien entendu, le point fort de ce film reste la performance de Louis de Funès, prometteuse, ultra précise, jubilatoire.
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par Nomorereasons »

Alligator a écrit : Par contre, j'ai un faible pour le sourire et les grands yeux d'Anne Doat.
Baisse de forme alligator? En temps normal tu nous aurait dégotté un plan éclair de l'actrice avec un jarretelle dehors :P
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par Major Tom »

J'aimais bien Faîtes sauter la banque quand j'étais enfant, mais j'ai beau l'avoir vu plusieurs fois, je n'en ai plus beaucoup de souvenirs...
yaplusdsaisons a écrit :
Alligator a écrit : Par contre, j'ai un faible pour le sourire et les grands yeux d'Anne Doat.
Baisse de forme alligator? En temps normal tu nous aurait dégotté un plan éclair de l'actrice avec un jarretelle dehors :P
Il faut aller sur son blog. Pas de jarretelle (ici) certes, mais bon...

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Alligator
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par Alligator »

Je n'ai qu'à répondre :

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C'est-y pas mimi?
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par Nomorereasons »

Pas mal, pas mal!
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Commissaire Juve
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Re: Louis De Funès (1914-1983)

Message par Commissaire Juve »

Alligator a écrit : Dans ma cinémathèque personnelle, il y a pas mal de petits films, souvent décriés -voire pire... oubliés- et que j'adore voir et revoir pour des raisons diverses. "Faites sauter la banque" est de ceux-là, un film de Jean Girault, un réalisateur que j'aurais toutes les peines du monde à qualifier d'artiste. Je m'interrogerais même sur la légitimité de l'appeler "artisan". Non, clairement, j'aurais du mal à nourrir quelque admiration pour ce type. C'est peut-être injuste. J'en sais rien, je ne connais pas assez le bonhomme. Toutefois, l'inverse est aussi vrai : je ne le déteste pas non plus. Je ne le connais pas et cela me convient bien finalement...
Je plussoie. Ainsi qu'à tout ce qui suit. Mention aussi à la musique très connotée sixties, très "30 glorieuses" (celle du générique notamment).
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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