Dans le parc de loisirs dirigé par Cyrus Miller (Raymond Burr), l'attraction la plus populaire est celle de son épouse LaVerne (Anne Bancroft), trapéziste dont le point culminant du numéro consiste à échapper à un gorille géant lâché sous le chapiteau. Quand un employé du parc est retrouvé la nuque brisée dans la cage du gorille, c'est ce dernier qui est suspecté mais l'enquête du Sgt. Garrison (Lee J. Cobb) l'amène a suspecter plusieurs employés du parc …
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Alerte nanar !!!
...mais un nanar visuellement superbe, très marrant -pas toujours volontairement- et surtout servi par un casting de premier ordre (Raymond Burr, Cameron Mitchell, Lee J. Cobb, Lee Marvin, Warren Stevens ...), au sein duquel se distingue surtout une Anne Bancroft terriblement sexy et irrésistible en nymphomane très perturbée (ce que l'on découvre en cours de route)
L'affiche pourrait évoquer un film d'horreur ou de science-fiction mais il s'agit bien ici d'une intrigue policière prenant la forme d'un très classique « qui-l'a-fait ». Dans un premier temps, parmi les suspects, le coupable évident semble bien le plus poilu mais il n'en est évidemment rien !
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Parmi ces suspects, on retrouve Peter Whitney (Kovacs), le monumental et mystérieux dompteur du gorille qui vit reclus avec la bête ...et semble avoir le même QI. Cameron Mitchell (Joey Matthews), l'un des animateurs du parc qui au début du récit se retrouve promu co-vedette du show de LaVerne puisqu'il se voit proposer d'endosser un costume de gorille, le faux primate devant se substituer au vrai (1) dans une variante du spectacle imaginée par LaVerne pour le rendre encore plus spectaculaire. Et Cyrus (Raymond Burr), qui était en conflit avec la victime qu'il accusait de vols répétés et dont on apprend par la suite que sa jalousie (justifiée) pourrait être un mobile du meurtre … Car gravitant autour de ces personnages, il y a LaVerne, mariée avec Cyrus mais qui saute au cou de sa nouvelle co-vedette ; qui aurait eu jadis une aventure avec un autre partenaire mort officiellement dans un accident de trapèze … et dont on en apprendra encore d'autres par la suite. En fait, LaVerne, le seul sur lequel elle n'a jamais fait de trapèze aérien, c'est Goliath qui lui inspire une véritable terreur.

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En dehors de la sexualité débridée de LaVerne, on en apprend aussi sur chacun des protagonistes avec naissance de suspicions croisées sur fond de jalousie généralisée ; ce qui intéresse les flics chez qui il y a aussi du bien beau monde : Lee J. Cobb (Garrison) mène l'enquête, assisté de Warren Stevens (Joe) tandis que c'est Lee Marvin (Shaughnessy) qui joue le flic stupide affecté à la surveillance de l'animal. C'est lui qui a certaines des meilleures lignes. A un collègue incrédule, il dira : « The ape that can outsmart Shaughnessy just ain’t been born ». L'homme et la bête se reconnaissent mutuellement une certaine communauté de regard :


Évidemment, au début, tout accuse la bête … Enfin, la bête, l'une des deux « bêtes » puisqu 'il y a la « vraie » … et sa doublure (ou plutôt celui qui avec sa doublure de fourrure joue à la bête et est le véritable coupable). Or, avant les travaux et les films de Dian Fossey (merci Dian), le commun des mortels, n'ayant aucune familiarité avec ces animaux sauvages, devait penser que le gorille c'est juste une sale bête puissante comme 3 Lino ventura (ou 10 Eric Zemmour si on voulait faire une conversion) et donc un danger, voire un rival pour l'homme (le cinéma en a joué abondamment) ... et même la chanson : « … supérieur à l'homme dans l’étreinte « selon ce bon George. Ici, une fois le coupable connu, on pourra remonter l'histoire à rebours et se dire que la nymphomanie de LaVerne n'est rien d'autres que l'expression d'une insatisfaction sexuelle qui pourrait trouver sa solution dans l’acceptation de l'animalité de l'homme … ou de sa propre animalité. Or, chez les humains, qui est plus proche du gorille que Raymond Burr, son époux de cinéma ? Personne ! Raymond avait eu les oreillons ? C'est donc que probablement il doit y avoir un message plus ou moins misogyne laissant entendre que la sexualité féminine potentiellement sans limite contrairement à celle des hommes présenterait un danger ? Mais dans ce cas, il faudrait demander à l'auteur de s'allonger et de s'exprimer ; chose qu'il fait très bien depuis un bout de temps, mais au cimetière.

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Trop tard donc, et il ne faut quand même pas trop m'en demander à ce sujet car pour le décodage psychanalytique, mieux vaut faire appel à un spécialiste et je ne crois pas qu'il faille trop chercher " la petite bête " et se creuser le ciboulot sur un tel film. L'important est que Harmon Jones ait, dans le final référentiel et spectaculaire dans les montagnes russes du parc, eu la présence d'esprit de faire s'échapper Goliath avec Anne Bancroft sur son épaule et de bien cadrer les plus remarquables atouts de son anatomie dans ce final ; comme il avait su le faire tout au long d'un film utilisant sans vergogne la beauté et la sensualité de son actrice principale. Et il savait y faire le bougre ! (pièces à conviction à venir)
(1) L'acteur qui "jouait" Goliath, le gorille, était un spécialiste du "rôle" puisque George Barrows fit plusieurs fois le singe au cinéma, débutant déjà comme gorille dans
Tarzan et sa compagne (1934). Pour en savoir plus sur cet acteur :
https://www.tapatalk.com/groups/monster ... 33856.html
Cette pépite a été édité en zone 1 dans la collection
Midnite Movies (avec vost)
