AtCloseRange a écrit : C'est pour ça que plus personne n'intervient à part les conquis et ça leur laisse le champ libre.
(...) Je ne trouve pas normal que ce topic finisse par ressembler à une enfilade de notules systématiquement enthousiastes ("il n'a pas fait un mauvais film").
Mine de rien, on finit par l'avoir, depuis trois pages, cette "dispute" sur Rohmer...

Et c'est très sain. Tant mieux, donc.
Je ne suis pas très d'accord quand tu dis que ce topic serait pour ainsi dire "verrouillé" (tu ne l'as pas dit comme ça, je résume - peut-être mal - ton sentiment) par les adorateurs de Rohmer... dont je suis, inutile de tergiverser ou de modérer... Je reconnais que je ne suis pas très objectif sur Rohmer : c'est mon cinéaste préféré, pour mille raisons ; et quand, ici ou ailleurs, je lis des avis enthousiastes sur son œuvre, ça me remplit de joie ; et quand je lis des avis négatifs, ça m'attriste (ou ça m'afflige, quand ça n'est manifestement dicté que par la volonté de dégommer la "Statue du Commandeur", pour le dire vite... ce que, à la rigueur, je peux tout de même concevoir, car il semble effectivement que Rohmer ait acquis une sorte de statut d'intouchable, au fil du temps, ce qui peut en exaspérer plus d'un).
Je connais plein de gens qui détestent le cinéma de Rohmer et qui ne se gênent pas pour (me) le dire : je ne vois donc aucune raison objective pour que ces mêmes rejets ne puissent pas s'exprimer ici... Exprimez-vous, les contempteurs de Rohmer : "les conquis" sauront bien vous répondre !

(et puis, Lourcelles vous a bien vengés, dans son délicieux dictionnaire du cinéma, où Rohmer - mais il n'est pas le seul - en prend plein la gueule).
Plus sérieusement, peut-être que Rohmer suscite une forme de respect (de sa personne, de sa manière modeste d'appréhender le cinéma, de la sincérité de sa démarche...) qui enlève un peu toute envie de lui rentrer dedans trop méchamment, je ne sais pas.
Après, les critiques que les "anti" adressent au cinéma de Rohmer concernent généralement toujours les mêmes trois ou quatre points qui, pour ses admirateurs, en font le charme, la grâce (il m'est arrivé d'entendre : "les acteurs jouent mal", "ça sonne faux quand ils parlent", "c'est chiant", "il se passe rien", "c'est pas du cinéma !", "on dirait un documentaire", voire le désormais célèbre "on dirait 'Hélène et les garçons'"...). Je comprends bien ce qu'il peut y avoir derrière tout ça (paradoxalement, je dirais que ça traduit en réalité une gêne face à un cinéma qui, loin de "sonner faux", n'est en fait que "trop" vrai, si je puis dire...). Il y a indubitablement une "musique rohmérienne" (comme on le dit pour l'écriture de Duras, qui en irrite aussi plus d'un !) qui peut laisser sur le bord de la route, et c'est bien naturel.
Là où ça devient intéressant, c'est quand la critique porte sur autre chose que ce qui fait que le cinéma de Rohmer est ce qu'il est (car là, en effet, pas trop de débat possible : il me semble qu'on ne peut pas adhérer qu' "un peu" à ce cinéma-là). Par exemple, alors qu'on admet communément que Rohmer a le souci de l'exactitude (notamment sociologique), on pourra s'étonner (là encore, paradoxalement) de ne jamais voir aucun représentant "de la minorité visible" (comme on dit...) dans ses films... Il n'y a guère qu'au moment de la sortie de
L'Ami de mon amie (1987) qu'un critique (c'était qui, déjà ?? Skorecki, dans Libé, peut-être...) relevait (pour le déplorer) que la seule image donnée de l'immigration était peu reluisante (le week end, au bord du lac)...
Bref : il y a beaucoup à dire, sans doute, "contre" Rohmer.