John Sturges (1910-1992)
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Re: John Sturges (1911-1992)

La vénus des mers chaudes (Underwater!, 1955)
Quelque part dans les Caraïbes, Dominique (Gilbert Roland) et Johnny (Richard Egan), deux aventuriers à la recherche de trésors sous-marins. Pensant connaître l’emplacement de l’épave d’un galion espagnol du 17ème siècle, croyant dur comme fer qu’il contient un fabuleux butin, ils partent, sans le sou, à sa recherche en compagnie de Theresa (Jane Russell), la plantureuse épouse de Johnny, de Gloria (Lori Nelson) qui accepte de leur prêter son bateau et d’un prêtre (Robert Keith) pensant y trouver une statue de la Vierge. Ils vont, comme de bien entendu, rencontrer bien des obstacles en travers de leur route, à commencer par d’inquiétants chasseurs de requins ainsi que des redoutables squales eux-mêmes…
Un budget de 3 millions de dollars, l’immensité de la mer en scope, l’exotisme coloré des côtes cubaines, des scènes d’action sous marines, une chasse au trésor mouvementée, les formes généreuses de Jane Russell en maillot de bain une pièce, etc., tout cela laissait présager un film au moins dépaysant et divertissant à défaut d’autre chose. Un Homme est passé (Bad Day at Black Rock) avec un Spencer Tracy impérial, ayant laissé une impression plus que positive, le film suivant de John Sturges, sorti la même année, pouvait raisonnablement faire saliver. Il vous faudra malheureusement vite déchanter !
Les imposants moyens financiers mis à disposition d’un cinéaste pourtant habituellement efficace semblent (hormis pour les scènes sous-marines qui sont pourtant loin d’avoir la part de magie que possédaient celles de Richard Fleischer pour son 20.000 lieues sous les mers l’année précédente), être tombés dans l’escarcelle de son actrice principale, le magnat Howard Hughes étant à l’origine d’Underwater, le dernier film pour lequel son nom sera associé à celui de Jane Russell. Le visuel quant à lui reste cheap de bout en bout avec moult transparences ridicules (le pompon du risible étant atteint à l’occasion de la séquence du ‘pique-nique’ sur l’île), un bassin peu mouvementé pour représenter la mer ; les décors n’ont même pas l’excuse d’être kitsch tellement ils s’avèrent d’une consternante pauvreté. Le thème musical de Roy Webb qui semblait être sympathique, répété à outrance, fini très vite par lasser et le scénario se révèle d’une profonde médiocrité : bavard, sans vraiment de progression dramatique, totalement inconsistant, rempli d’incohérence (l’intérieur du petit bateau ressemble à celui d’un paquebot…) et manquant singulièrement de force et de suspense. Pour résumer, on s’y ennuie ferme d’autant plus que l’interprétation d’ensemble reflète la nullité d’ensemble du film. Richard Egan est d’une rare fadeur, Gilbert Roland (on se souvient surtout de lui pour son rôle dans Les Ensorcelés de Vincente Minnelli) cabotine laborieusement, Lori Nelson est transparente ; quant à Jane Russell, elle prouve une fois de plus à quelle point elle n’avait pas l’étoffe ni le talent d’une comédienne au point de gâcher certains films qui sans elle aurait pu atteindre une ampleur supplémentaire : Bungalow pour femmes (The Revolf of Mamie Stover) de Raoul Walsh pour ne citer qu’un exemple.
Appelons un chat, un chat : ce film est un pur navet, pas même un sympathique nanar !
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Re: John Sturges (1911-1992)
LA PLAGE DESERTE (JEOPARDY)
Pour des questions d'emploi du temps (le film ne durant que 70mn), nous avons entamé le coffret Signature Barbara Stanwyck par ce petit thriller bien sympathique que j'avais découvert il y a 4 ans sur TCM. L'effet de surprise est passé, je me souvenais encore de pas mal de choses, mais ce fut très agréable quand même.
J'aime beaucoup l'idée de simplicité qui déborde sur tous les aspects du film. On sent que c'est un tout petit budget, qu'il n'y a pas la place pour l'extravagance et le gaspillage. Le film est court, va à l'essentiel (il prend plus son temps, peut-être, pendant la dizaine de minutes de mise en place), n'a pas beaucoup de personnages. Sa trame profite d'une double intrigue où l'on ressent nettement le soin apporté à un réalisme presque banal qui évite tout spectaculaire. On mise sur l'effet psychologique provoqué sur le spectateur (qui tremble pour la noyade possible du mari) au lieu de jouer l'efficacité des scènes de fusillades par exemple (il n'y en a pas ici). On note surtout beaucoup de détails surprenants, qui sonnent juste, comme cette débrouillardise que n'aurait pas renié un McGyver quand il s'agit de changer un pneu sans cric.
On profite aussi d'une concision narrative efficace où Sturges pèse ses effets, utilise l'image pour suggérer des indices (la chemise de prisonnier de l'évadé) ou montrer la solitude d'un endroit désert (le fameux panoramique sur 360° fixé à l'arrière de la décapotable, dont je parlais déjà dans mon précédent avis). Mais visuellement, je trouve que l'on s'approche déjà beaucoup de l'esthétique télévisuelle: j'avais parfois l'impression d'être dans un épisode d'ALFRED HITCHCOCK PRESENTE ou LA QUATRIEME DIMENSION. J'étais à ce point étonné de voir Stanwyck, une star quand même, dans un petit projet aussi assumé.
Pour des questions d'emploi du temps (le film ne durant que 70mn), nous avons entamé le coffret Signature Barbara Stanwyck par ce petit thriller bien sympathique que j'avais découvert il y a 4 ans sur TCM. L'effet de surprise est passé, je me souvenais encore de pas mal de choses, mais ce fut très agréable quand même.
J'aime beaucoup l'idée de simplicité qui déborde sur tous les aspects du film. On sent que c'est un tout petit budget, qu'il n'y a pas la place pour l'extravagance et le gaspillage. Le film est court, va à l'essentiel (il prend plus son temps, peut-être, pendant la dizaine de minutes de mise en place), n'a pas beaucoup de personnages. Sa trame profite d'une double intrigue où l'on ressent nettement le soin apporté à un réalisme presque banal qui évite tout spectaculaire. On mise sur l'effet psychologique provoqué sur le spectateur (qui tremble pour la noyade possible du mari) au lieu de jouer l'efficacité des scènes de fusillades par exemple (il n'y en a pas ici). On note surtout beaucoup de détails surprenants, qui sonnent juste, comme cette débrouillardise que n'aurait pas renié un McGyver quand il s'agit de changer un pneu sans cric.
On profite aussi d'une concision narrative efficace où Sturges pèse ses effets, utilise l'image pour suggérer des indices (la chemise de prisonnier de l'évadé) ou montrer la solitude d'un endroit désert (le fameux panoramique sur 360° fixé à l'arrière de la décapotable, dont je parlais déjà dans mon précédent avis). Mais visuellement, je trouve que l'on s'approche déjà beaucoup de l'esthétique télévisuelle: j'avais parfois l'impression d'être dans un épisode d'ALFRED HITCHCOCK PRESENTE ou LA QUATRIEME DIMENSION. J'étais à ce point étonné de voir Stanwyck, une star quand même, dans un petit projet aussi assumé.
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
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Re: John Sturges (1911-1992)
à propos de règlement de compte à O.k.corral le scénario de Léon Uris ramène les 4 personnages principaux du film aux caractéristiques typiques des héros de ses romans qui s'acheminent vers une tragédie je pense wyatt EArp et doc Holiday et l eurs amies et plus encore avec doc Holiday et sa partenaire !...
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Re: John Sturges (1911-1992)
Mystery Street (Le mystère de la plage perdue) (John Sturges, 1950) :

http://alligatographe.blogspot.com/2009 ... treet.html
_______________
Ce n'est pas le premier film des coffrets "Films noirs de Warner" qui ne correspond pas vraiment aux archétypes du genre. Loin du noir, le film est un bon petit polar, retraçant l'enquête d'un jeune inspecteur (Ricardo Montalban), plein de ferveur maus un peu borné. Il se fourvoie tellement dans ses approximations et les apparences qu'il entérine de fait ce qui est en train de devenir une erreur judiciaire. Heureusement -dans un film noir, cet adverbe devrait être banni- grâce à la science d'un collègue, il découvrira la réelle identité du meurtrier.
Le rythme est tenu par un scénario vif, guère plombé que par une petite scène mollassonne (la scène mélodramatico-hystérique de la ménagère). Sturges maintient une direction d'acteurs correcte et surtout propose une belle mise en image. Je ne sais pas quand se situe ce film dans sa filmographie, mais ça ressemble à une oeuvre de jeunesse, de celles qu'on donnait à des cinéastes en herbe pour se faire les dents. Je ne sais pas pourquoi, mais on a cette impression de suivre le récit d'une petite production de série B. Vérification faite sur imdb, c'est le 11e film de Sturges, le 3e véritablement important. La modestie de la distribution appuie un peu ce sentiment. Mais il ne faut pas toujours s'y fier. D'ailleurs n'y a-t-il pas une cabotine Elsa Lanchester dans un savoureux second rôle de vieille fille pas très honnête? Un rôle taillé sur mesure.
Petit policier amusant, sans plus.

http://alligatographe.blogspot.com/2009 ... treet.html
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Ce n'est pas le premier film des coffrets "Films noirs de Warner" qui ne correspond pas vraiment aux archétypes du genre. Loin du noir, le film est un bon petit polar, retraçant l'enquête d'un jeune inspecteur (Ricardo Montalban), plein de ferveur maus un peu borné. Il se fourvoie tellement dans ses approximations et les apparences qu'il entérine de fait ce qui est en train de devenir une erreur judiciaire. Heureusement -dans un film noir, cet adverbe devrait être banni- grâce à la science d'un collègue, il découvrira la réelle identité du meurtrier.
Le rythme est tenu par un scénario vif, guère plombé que par une petite scène mollassonne (la scène mélodramatico-hystérique de la ménagère). Sturges maintient une direction d'acteurs correcte et surtout propose une belle mise en image. Je ne sais pas quand se situe ce film dans sa filmographie, mais ça ressemble à une oeuvre de jeunesse, de celles qu'on donnait à des cinéastes en herbe pour se faire les dents. Je ne sais pas pourquoi, mais on a cette impression de suivre le récit d'une petite production de série B. Vérification faite sur imdb, c'est le 11e film de Sturges, le 3e véritablement important. La modestie de la distribution appuie un peu ce sentiment. Mais il ne faut pas toujours s'y fier. D'ailleurs n'y a-t-il pas une cabotine Elsa Lanchester dans un savoureux second rôle de vieille fille pas très honnête? Un rôle taillé sur mesure.
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Re: John Sturges (1911-1992)
Le Trésor du pendu (1958)
Le Trésor du pendu fait parti des meilleurs westerns du cinéaste.
On y retrouve la nervosité de son rythme ainsi que son côté psychanalytique dans le traitement de ses personnages.
Robert Taylor tout de noir vêtu attend la rédemption devant faire face à Richard Widmak ambigu et sans pitié de par son non respect à la vie humaine.
La magnificence des paysages aidé par un cadrage soigné, des dialogues excellentissime ainsi qu'une attaque indienne du plus bel effet font du Trésor du pendu une œuvre charnière des années 50 dans le western.
Peu de chose à rajouter... si ce n'est que le DVD warner (zone 2) est de toute beauté. Pour rappel format 2.35.
Le Trésor du pendu fait parti des meilleurs westerns du cinéaste.
On y retrouve la nervosité de son rythme ainsi que son côté psychanalytique dans le traitement de ses personnages.
Robert Taylor tout de noir vêtu attend la rédemption devant faire face à Richard Widmak ambigu et sans pitié de par son non respect à la vie humaine.
La magnificence des paysages aidé par un cadrage soigné, des dialogues excellentissime ainsi qu'une attaque indienne du plus bel effet font du Trésor du pendu une œuvre charnière des années 50 dans le western.
Peu de chose à rajouter... si ce n'est que le DVD warner (zone 2) est de toute beauté. Pour rappel format 2.35.

- Boubakar
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Re: John Sturges (1911-1992)
Les sept mercenaires (1960)
J'ai profité d'une reprise au cinéma pour revoir ce grand classique du western, et c'était toujours aussi bien que la première vision !
C'est assez classique au premier abord, mais la caractérisation des personnages, moins lisses qu'il n'y parait, et de belles scènes de gunfight préfigurant ce à quoi on aura droit dans les 60's en fait un excellent divertissement ! En plus, il y a un casting absolument royal de gueules, Brynner et Steve Mc Queen en tête (seul Robert Vaughn est un peu en retrait, quoiqu'il ait droit à une belle scène de cauchemar).
Et puis, il y a toujours cet inoubliable musique de Bernstein, et pour la première fois que je vois un Western au cinéma, les paysages gagnent en puissance !
J'ai profité d'une reprise au cinéma pour revoir ce grand classique du western, et c'était toujours aussi bien que la première vision !

C'est assez classique au premier abord, mais la caractérisation des personnages, moins lisses qu'il n'y parait, et de belles scènes de gunfight préfigurant ce à quoi on aura droit dans les 60's en fait un excellent divertissement ! En plus, il y a un casting absolument royal de gueules, Brynner et Steve Mc Queen en tête (seul Robert Vaughn est un peu en retrait, quoiqu'il ait droit à une belle scène de cauchemar).
Et puis, il y a toujours cet inoubliable musique de Bernstein, et pour la première fois que je vois un Western au cinéma, les paysages gagnent en puissance !
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Re: John Sturges (1911-1992)
un sacré instant dans le film quand je l'avais vu au cinéma Horz Bucholds(heureusement qu'il n'y a pas de faute d'orthographe dans les noms propres...) qui vient relancer Chris et qui tire pour le provoquer je m'étais bien câlé au plus profond dans mon fauteuil au point aussi, un autre moment, vouloir dégainer un colt que je n'avais pas pour participer à l'action ! et au niveau photographie une scène admirablement filmée les chevaux qui sautent les murets !... Avec Rio Bravo c'est un sacré morceau de cinéma ! l'un et l'autre n'étant pas comparables !
John Wayne : "la plus grande histoire jamais contée" - It was true ! This man was really the son of God !...
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Re: John Sturges (1911-1992)
LE MYSTERE DE LA PLAGE PERDUE (MYSTERY STREET)
Décidément, la carrière de Sturges est pleine de bonnes surprises. Ce MYSTERY STREET est un bon petit polar, très agréable, au scénario malin qui pêche peut-être par une histoire à la portée un peu limitée. Malgré cela, l'intrigue est suffisamment solide pour que le spectateur n'ait jamais le temps de s'ennuyer.
Formellement, LE MYSTERE DE LA PLAGE PERDUE suit la trace de ses illustres confrères, proposant une très belle image en clairs-obscurs (signée John Alton) dans des cadres fixes aux compositions graphiques complexes. Sturges adopte ici le style simple et efficace des grands classiques du genre. C'était aussi l'époque où la caméra sortait régulièrement des studios pour filmer "la vraie vie": le film baigne dans une ambiance réaliste, car souvent tourné dans des décors réels. Mais, à l'instar d'un De Toth (sur CRIME WAVE) ou d'un Hathaway (sur APPELEZ NORD 777 par exemple), le visuel ne sacrifie jamais à l'aspect documentaire. On reste bien dans la fiction au visuel travaillé.
Par contre, le film a un côté documentaire évident quand il s'attache aux méthodes d'enquêtes policières, aux questionnements et aux tatonnements de l'inspecteur par exemple, ou plus précisément quand le scénario décrit les balbutiements de ce qui deviendra la police scientifique. Ce point est très important dans le film puisque c'est un peu la nouveauté de l'époque: l'analyse scientifique des preuves pour retrouver des indices suffisamment parlants. Et c'est plutôt bien intégré dans le scénario: au contraire d'autres films plus didactiques, la progression des recherches est assez bien racontée et insérée dans l'histoire. On sent qu'il y a une volonté d'explication pour le grand public mais les auteurs ne veulent visiblement pas jouer là-dessus. On peut, par contre, reprocher une certaine facilité dans la progression de l'enquête, l'inspecteur et le professeur d'Harvard trouvant assez rapidement la balle cachée dans la carcasse de la voiture ou l'identité de la victime. Une histoire de rythme, certainement.
On peut voir en tout cas ce MYSTERY STREET comme l'ancêtre des séries tv actuelles qui utilisent les mêmes ingrédients.
Décidément, la carrière de Sturges est pleine de bonnes surprises. Ce MYSTERY STREET est un bon petit polar, très agréable, au scénario malin qui pêche peut-être par une histoire à la portée un peu limitée. Malgré cela, l'intrigue est suffisamment solide pour que le spectateur n'ait jamais le temps de s'ennuyer.
Formellement, LE MYSTERE DE LA PLAGE PERDUE suit la trace de ses illustres confrères, proposant une très belle image en clairs-obscurs (signée John Alton) dans des cadres fixes aux compositions graphiques complexes. Sturges adopte ici le style simple et efficace des grands classiques du genre. C'était aussi l'époque où la caméra sortait régulièrement des studios pour filmer "la vraie vie": le film baigne dans une ambiance réaliste, car souvent tourné dans des décors réels. Mais, à l'instar d'un De Toth (sur CRIME WAVE) ou d'un Hathaway (sur APPELEZ NORD 777 par exemple), le visuel ne sacrifie jamais à l'aspect documentaire. On reste bien dans la fiction au visuel travaillé.
Par contre, le film a un côté documentaire évident quand il s'attache aux méthodes d'enquêtes policières, aux questionnements et aux tatonnements de l'inspecteur par exemple, ou plus précisément quand le scénario décrit les balbutiements de ce qui deviendra la police scientifique. Ce point est très important dans le film puisque c'est un peu la nouveauté de l'époque: l'analyse scientifique des preuves pour retrouver des indices suffisamment parlants. Et c'est plutôt bien intégré dans le scénario: au contraire d'autres films plus didactiques, la progression des recherches est assez bien racontée et insérée dans l'histoire. On sent qu'il y a une volonté d'explication pour le grand public mais les auteurs ne veulent visiblement pas jouer là-dessus. On peut, par contre, reprocher une certaine facilité dans la progression de l'enquête, l'inspecteur et le professeur d'Harvard trouvant assez rapidement la balle cachée dans la carcasse de la voiture ou l'identité de la victime. Une histoire de rythme, certainement.
On peut voir en tout cas ce MYSTERY STREET comme l'ancêtre des séries tv actuelles qui utilisent les mêmes ingrédients.
"Un film n'est pas une envie de faire pipi" (Cinéphage, août 2021)
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Re: Notez les films naphtas - Janvier 2010
Fort Bravo de John Sturges (1954)

En pleine guerre civile aux États-unis, Fort Bravo est un camp de prisonniers sudistes. Sa position totalement isolée, dans une région peuplée de nombreux indiens, en fait un camp d'où les évasions sont impossibles. Un groupe de prisonniers prépare cependant un plan d'évasion, afin de rentrer au Texas, avec la complicité d'une femme du camp nouvellement arrivée, Carla Forester.
Bien qu'ayant déjà réalisé quelques films, Sturges est encore un jeune réalisateur méconnu lorsqu'il réalise "Fort Bravo". Même s'il fera bien mieux plus tard ce film démontre déjà toute ses aptitudes de futurs maître du western, pour ce qui est le plus Fordien de ses films. Le scénario de Franck Fenton excellent, est clairement divisé en deux parties. La première démontre les forces en présences et présente les personnages. Le cadre du récit un for nordiste faisant office de camp de prisonnier en pleine guerre de sécession. Là le Capitaine incarné par William Holden assène un discipline de fer et puni sévèrement toute tentative d'évasion, tel la scène d'ouverture où il ramène un évadé qu'il a traîné assoifé à travers le désert. Parallèlement les prisonniers sudistes forment une évasion audacieuse en se servant de la belle Eleonor Parker pour séduire Holden mais la menace des indiens Mescaleros va bouleverser leur projets. Un début excellent où on voit l'impitoyable Holden céder au charme de Eleonor Parker tandis que cette dernière se voit dépassée par sa mission en tombant réellement amoureuse de lui. John Forsythe (la voix de Charlie den VO dans la série "Drôle de dame" et surtout Blake Carrington dans Dynastie !) en rival amoureux et officier sudiste est très bon également et les seconds amènent ce qu'il faut de décontraction quand il le faut avec le duo Campbell et Cabot, le jeune et le vieux s'envoyant des répliques cinglante moqueuse tout du long.
La seconde partie est encore meilleure et démontre réellement la maestria de Sturges. Après une traque haletante, sudistes évadés eet poursuivant nordiste sont obligés de faire alliance lorsqu'ils se retrouvent attaqués par les indiens en plein désert. Dans le western on a l'habitude de voir les indiens comme de la chair à canon qui fonce au devant des fusils adverses pour se faire massacrer. Il n'en est rien ici avec un dernière demi heure en forme de siège tendu à bloc où les indiens font preuve de stratégie sadique et raffinée pour cueillir nos héros, le tout porté par la gestion de l'espace parfaite de Sturges et une sécheresse dans le traitement remarquable. Seule concession le final sacrificiel attendu est atténué par l'arrivée inévitable de la cavalerie. Très bon. 4,5/6

En pleine guerre civile aux États-unis, Fort Bravo est un camp de prisonniers sudistes. Sa position totalement isolée, dans une région peuplée de nombreux indiens, en fait un camp d'où les évasions sont impossibles. Un groupe de prisonniers prépare cependant un plan d'évasion, afin de rentrer au Texas, avec la complicité d'une femme du camp nouvellement arrivée, Carla Forester.
Bien qu'ayant déjà réalisé quelques films, Sturges est encore un jeune réalisateur méconnu lorsqu'il réalise "Fort Bravo". Même s'il fera bien mieux plus tard ce film démontre déjà toute ses aptitudes de futurs maître du western, pour ce qui est le plus Fordien de ses films. Le scénario de Franck Fenton excellent, est clairement divisé en deux parties. La première démontre les forces en présences et présente les personnages. Le cadre du récit un for nordiste faisant office de camp de prisonnier en pleine guerre de sécession. Là le Capitaine incarné par William Holden assène un discipline de fer et puni sévèrement toute tentative d'évasion, tel la scène d'ouverture où il ramène un évadé qu'il a traîné assoifé à travers le désert. Parallèlement les prisonniers sudistes forment une évasion audacieuse en se servant de la belle Eleonor Parker pour séduire Holden mais la menace des indiens Mescaleros va bouleverser leur projets. Un début excellent où on voit l'impitoyable Holden céder au charme de Eleonor Parker tandis que cette dernière se voit dépassée par sa mission en tombant réellement amoureuse de lui. John Forsythe (la voix de Charlie den VO dans la série "Drôle de dame" et surtout Blake Carrington dans Dynastie !) en rival amoureux et officier sudiste est très bon également et les seconds amènent ce qu'il faut de décontraction quand il le faut avec le duo Campbell et Cabot, le jeune et le vieux s'envoyant des répliques cinglante moqueuse tout du long.
La seconde partie est encore meilleure et démontre réellement la maestria de Sturges. Après une traque haletante, sudistes évadés eet poursuivant nordiste sont obligés de faire alliance lorsqu'ils se retrouvent attaqués par les indiens en plein désert. Dans le western on a l'habitude de voir les indiens comme de la chair à canon qui fonce au devant des fusils adverses pour se faire massacrer. Il n'en est rien ici avec un dernière demi heure en forme de siège tendu à bloc où les indiens font preuve de stratégie sadique et raffinée pour cueillir nos héros, le tout porté par la gestion de l'espace parfaite de Sturges et une sécheresse dans le traitement remarquable. Seule concession le final sacrificiel attendu est atténué par l'arrivée inévitable de la cavalerie. Très bon. 4,5/6
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Re: Notez les films naphtas - Mars 2010
Pal mal du tout, finalement, ce film (John Sturges, 1974) qui présente la double originalité de se dérouler à Seattle (qui a un petit côté San Francisco)et d'avoir comme héros flic John Wayne (à une époque où le western va mal). On sent que ça lorgne vers Bullitt (la voiture de sport et les poursuites) et Dirty Harry (le flic incontrôlable et son énorme pistolet-mitrailleur). Mais c'est mieux que cela : Wayne en flic (puis en privé) abandonné de tous (ses collègues l'espionnent, ses amis le trahissent, il est divorcé, sa fille préfère aller avec ses copines, etc...) est vraiment un excellent acteur (avec une grande économie de moyens) et s'en sort très bien. Eddie Albert en flic obtus est très bien aussi, les seconds rôles pareillement. On se dit assez vite au début du film que bof, on a tout compris, et en fait non, tout faux, c'était une autre piste. Deux poursuites auto bien faite, en particulier la 2e le long d'une plage. La réalisation est solide. Excellente B. O. d'Elmer Berstein, très Streets of San Francisco.
Conseillé pour un petit revival seventies.
Julien Léonard a écrit :Et une superbe photographie ! En tout cas, le metteur en scène John Sturges prouve, avec son avant-dernier film, qu'il n'avait pas perdu la main. Un polar très efficace, et une preuve supplémentaire que la fin de carrière du Duke (les années 70) était émaillée de très bons films (contrairement aux idées reçues). Je suis très content de lire cet avis, je me sens beaucoup moins seul tout à coup.![]()
Un film très sous-estimé, encore aujourd'hui...
Dernière modification par Eusebio Cafarelli le 3 mars 10, 09:50, modifié 1 fois.
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Re: Notez les films naphtas - Mars 2010
En France, c'est aussi parce que plusieurs scènes du films apparaissent dans La classe américaine, à la fin, et quand on revoit le film de Sturges, celles-ci font le plus souvent rire, à cause de l'image qu'elles renvoient (notamment les scènes où l'on voit conduire le Duke, ou quand il tabasse un mec dans les toilettes).Julien Léonard a écrit :Un film très sous-estimé, encore aujourd'hui...
Je connais ainsi plusieurs personnes qui connaissent ce film de nom, et donc ces scènes, mais ne veulent pas le voir en entier à cause de l'image parodique qu'elles ont (et je précise que j'aime bien ce film).
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Re: Notez les films naphtas - Mars 2010
Bien vu, effectivement !Boubakar a écrit :En France, c'est aussi parce que plusieurs scènes du films apparaissent dans La classe américaine, à la fin, et quand on revoit le film de Sturges, celles-ci font le plus souvent rire, à cause de l'image qu'elles renvoient (notamment les scènes où l'on voit conduire le Duke, ou quand il tabasse un mec dans les toilettes).Julien Léonard a écrit :Un film très sous-estimé, encore aujourd'hui...
Je connais ainsi plusieurs personnes qui connaissent ce film de nom, et donc ces scènes, mais ne veulent pas le voir en entier à cause de l'image parodique qu'elles ont (et je précise que j'aime bien ce film).
Personnellement, n'ayant pas aimé La classe américaine (en fait, je n'ai pas ri une seule fois... je dois avoir un problème), je me délecte de McQ sans arrière pensée. Un excellent polar, qui a très bien vieilli, et que je préfère même à certains films un peu plus reconnus (dans le même genre et à la même époque... mais je ne citerais pas de titre


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Re: Notez les films naphtas - Mars 2010
La rencontre entre Clark Gable et Julien Lepers dans La classe américaine fait que je souris toujours avec une certaine scène de L'esclave libre qui est pourtant un film que j'adore. Et ca me fait quand même un peu ch...Boubakar a écrit : En France, c'est aussi parce que plusieurs scènes du films apparaissent dans La classe américaine, à la fin, et quand on revoit le film de Sturges, celles-ci font le plus souvent rire, à cause de l'image qu'elles renvoient .

La classe américaine cause quand même des dommages irréparables dans la manière dont on aborde certaines séquences du catalogue Warner.

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Re: John Sturges (1911-1992)
Escape from Fort Bravo (Fort Bravo) - 1954 :

John Sturges tourne ici son premier grand western. Grand, parce qu'il s'agit d'un excellent film aux personnages solidement construits, aux dialogues subtils et aux rebondissements tout à fait jouissifs. William Holden est impeccable dans le rôle de Roper, l'officier nordiste dur à cuire et qui ne jure que par son devoir. Mais sous cette carapace se dessine un homme perclus d'incertitudes. A ses côtés, Eleanor Parker est vraiment très séduisante et convaincante (notamment lors du dernier dialogue avec William Holden). La distribution est dans son ensemble très bien choisie et dirigée à la perfection, ce qui est presque toujours le cas dans les westerns de Sturges (on oubliera cependant vite fait Joe Kidd, un film presque calamiteux). Avant les deux véritables chefs-d'oeuvre que sont Règlements de comptes à OK Corral et Le dernier train de Gun Hill, le réalisateur nous permet d'admirer ici un western vigoureux, plein d'entrain, jamais ennuyeux, au suspense parfaitement entretenu, et culminant dans ses 20 dernières minutes parmi les plus originales du genre : le petit groupe d'hommes se retrouve obligé de repousser les assauts des indiens en restant dans un renfoncement de terre circulaire qui les protège aussi bien qu'il les enferme. Les trouvailles scénaristiques sont à ce moment là franchement impressionnantes. Enfin, la caméra de Sturges est toujours solide, parfois magistrale, et se voit sublimée par un montage sans fioriture et une photographie privilégiant les couleurs passées d'une poussière omniprésente. Excellent film.
The law and Jack Wade (Le trésor du pendu) - 1957 :

Si ce western est moins bon que ses prédécesseurs dans la filmographie de John Sturges, il n'en n'est pas moins très bon. Certes, le sujet est un peu simple, mais dans le fond, c'est un pitch de départ très fun qui permet d'avoir une histoire aussi bien décomplexée que rapide. Les chevauchées sont belles, les paysages somptueux, et les acteurs très bien choisis. Une véritable habitude chez Sturges. L'ensemble ne cache pas son côté "série B" prononcé, notamment au sein d'une violence assez présente (l'attaque des indiens durant la nuit) et de personnages croqués à la serpe, mais cela concoure à construire la qualité générale du film. Robert Taylor est bon, tout en sobriété... mais rien à voir toutefois avec sa très belle composition dans Convoi de femmes de Wellman, par exemple. Non, celui qui emporte le morceau, c'est incontestablement Richard Widmark. Rigoleur, gouailleur, détendu, vif d'esprit et de corps (il faut voir la manière souple avec laquelle il bouge), et cela sans jamais en faire trop, Widmark est le vrai bonus du film. Décidément, je m'intéresse de plus en plus à sa filmographie, tant il a tourné dans d'excellentes productions et dans des rôles très variés. Si son aura n'a jamais atteint celle d'un Wayne, d'un Gable, d'un Cooper, d'un Grant, d'un Stewart... (etc etc) bref, celle des plus grandes stars hollywoodiennes, il faut néanmoins préciser à quel point sa carrière fut admirable. Ici, il n'incarne pas l'un de ses plus grands rôles, certes, mais il s'amuse beaucoup et emmène sans problème le spectateur dans son sillage. Comparé à un Taylor très en retenue, Widmark est une locomotive qui ne cesse de tirer le film avec énergie. Pour le reste, le réalisateur connait bien son boulot et nourrit son film de séquences de suspense et d'action encore une fois très réussies. L'attaque indienne dans la petite ville abandonnée est remarquablement cadrée et photographiée. Pour finir, le duel Taylor-Widmark est aussi original que bien souligné (même si les motivations des personnages sont parfois légèrement floues). Un très bon moment.

John Sturges tourne ici son premier grand western. Grand, parce qu'il s'agit d'un excellent film aux personnages solidement construits, aux dialogues subtils et aux rebondissements tout à fait jouissifs. William Holden est impeccable dans le rôle de Roper, l'officier nordiste dur à cuire et qui ne jure que par son devoir. Mais sous cette carapace se dessine un homme perclus d'incertitudes. A ses côtés, Eleanor Parker est vraiment très séduisante et convaincante (notamment lors du dernier dialogue avec William Holden). La distribution est dans son ensemble très bien choisie et dirigée à la perfection, ce qui est presque toujours le cas dans les westerns de Sturges (on oubliera cependant vite fait Joe Kidd, un film presque calamiteux). Avant les deux véritables chefs-d'oeuvre que sont Règlements de comptes à OK Corral et Le dernier train de Gun Hill, le réalisateur nous permet d'admirer ici un western vigoureux, plein d'entrain, jamais ennuyeux, au suspense parfaitement entretenu, et culminant dans ses 20 dernières minutes parmi les plus originales du genre : le petit groupe d'hommes se retrouve obligé de repousser les assauts des indiens en restant dans un renfoncement de terre circulaire qui les protège aussi bien qu'il les enferme. Les trouvailles scénaristiques sont à ce moment là franchement impressionnantes. Enfin, la caméra de Sturges est toujours solide, parfois magistrale, et se voit sublimée par un montage sans fioriture et une photographie privilégiant les couleurs passées d'une poussière omniprésente. Excellent film.
The law and Jack Wade (Le trésor du pendu) - 1957 :

Si ce western est moins bon que ses prédécesseurs dans la filmographie de John Sturges, il n'en n'est pas moins très bon. Certes, le sujet est un peu simple, mais dans le fond, c'est un pitch de départ très fun qui permet d'avoir une histoire aussi bien décomplexée que rapide. Les chevauchées sont belles, les paysages somptueux, et les acteurs très bien choisis. Une véritable habitude chez Sturges. L'ensemble ne cache pas son côté "série B" prononcé, notamment au sein d'une violence assez présente (l'attaque des indiens durant la nuit) et de personnages croqués à la serpe, mais cela concoure à construire la qualité générale du film. Robert Taylor est bon, tout en sobriété... mais rien à voir toutefois avec sa très belle composition dans Convoi de femmes de Wellman, par exemple. Non, celui qui emporte le morceau, c'est incontestablement Richard Widmark. Rigoleur, gouailleur, détendu, vif d'esprit et de corps (il faut voir la manière souple avec laquelle il bouge), et cela sans jamais en faire trop, Widmark est le vrai bonus du film. Décidément, je m'intéresse de plus en plus à sa filmographie, tant il a tourné dans d'excellentes productions et dans des rôles très variés. Si son aura n'a jamais atteint celle d'un Wayne, d'un Gable, d'un Cooper, d'un Grant, d'un Stewart... (etc etc) bref, celle des plus grandes stars hollywoodiennes, il faut néanmoins préciser à quel point sa carrière fut admirable. Ici, il n'incarne pas l'un de ses plus grands rôles, certes, mais il s'amuse beaucoup et emmène sans problème le spectateur dans son sillage. Comparé à un Taylor très en retenue, Widmark est une locomotive qui ne cesse de tirer le film avec énergie. Pour le reste, le réalisateur connait bien son boulot et nourrit son film de séquences de suspense et d'action encore une fois très réussies. L'attaque indienne dans la petite ville abandonnée est remarquablement cadrée et photographiée. Pour finir, le duel Taylor-Widmark est aussi original que bien souligné (même si les motivations des personnages sont parfois légèrement floues). Un très bon moment.
