Kenji Mizoguchi (1898-1956)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Répondre
Avatar de l’utilisateur
cinephage
C'est du harfang
Messages : 24439
Inscription : 13 oct. 05, 17:50

Re: Kenji Mizoguchi

Message par cinephage »

k-chan a écrit : Pourtant, le film dont je parlais au dessus qui fut critiqué par un benshi date de 1919. Je n'étais pas là à l'époque, mais il semble qu'à l'origine, les benshis étaient là pour réciter à hautes voix les intertitres, la plupart des spectateurs de l'époque étant illettrés. C'est pour cela que je doute que les cinéastes réalisaient leur films en pensant aux benshis (si ce n'est peut-être en grinçant des dents :mrgreen: ). Les benshis ont pris avec le temps beaucoup d'importance, au point d'être plus populaires que certains acteurs ou cinéastes, et improvisaient par dessus les images. Alors après, peut-être que certains cinéastes ne trouvaient rien à redire, mais il y eu aussi visiblement, et pendant longtemps, des mouvements contre les benshi, avant même l'arrivée du parlant.
Ce que je voulais surtout suggérer dans mon intervention, c'est que, les benshis faisant partie de la réalité de l'exploitation, les réalisateurs japonais en tenaient probablement compte dans leur mise en scène.

Après, il est certain que la part d'improvisation et d'interprétation personnelle étant majeure dans ce travail, il était impossible pour un réalisateur d'anticiper tous les traitements réservés à leurs films, ici un benshi de talent rendant le film plus palpitant pour son public, là un idiot faisant un contresens qui affaiblit la conclusion du film... (mais c'est aussi vrai d'un accompagnement musical raté pour un film. On n'y est plus habitué, parce que souvent, l'accompagnement -correct- est inclus dans la bande-son du film ou du dvd, mais on peut imaginer quel effet fait une musique qui s'arrête au mauvais moment, part sur un mauvais rythme, entame un air triste pour un gag ou l'inverse. Les salles n'étaient pas des lieux très prestigieux, et il est probable que s'y produisaient parfois des musiciens pas très inspirés).

Logique, donc, qu'un metteur en scène ayant une haute conception de son art regrette de ne pas pouvoir assurer un contrôle total sur son oeuvre. Mais ça ne devait pas être le cas de beaucoup de réalisateurs à cette époque où la plupart se considéraient comme des artisans, et le benshi restait un moyen de rendre accessible un film au plus grand nombre. On peut imaginer qu'un benshi prestigieux soit plus suivi pour lui-même que pour les films qu'il commente, ce qui est dommageable pour un cinéaste de talent, mais peut sauver un film raté (ou difficile à accepter pour le public) du naufrage.

Bref, je pense que ces intermédiaires supplémentaires entre le cinéaste et son public ajoutent toutes sortes de problématiques à la question du cinéma et de sa réception. Mais il reste à mes yeux impossible que les cinéastes aient tourné leurs films sans se demander comment les benshi traiteraient telle ou telle séquence... Ils ont donc, je pense, pris en compte leur existence dans leur mise en scène.

Cela dit, il est certain que cette façon de voir un film est très différente de celle à laquelle nous sommes habitués, et ça peut déranger notre perception du film (un gars qui parle tout du long, brrrr). Je tenterais ces dvd un de ces quatre, pour me rendre compte.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Avatar de l’utilisateur
k-chan
squatteur
Messages : 14293
Inscription : 16 avr. 05, 05:22
Localisation : on the road again.

Re: Kenji Mizoguchi

Message par k-chan »

cinephage a écrit :Ce que je voulais surtout suggérer dans mon intervention, c'est que, les benshis faisant partie de la réalité de l'exploitation, les réalisateurs japonais en tenaient probablement compte dans leur mise en scène.
En fait, je viens de fouiller dans le petit livre de Yoshikata Yoda, sur Mizoguchi (pour en revenir un peu au cinéaste) car il me semblait bien qu'il parlait des benshis à un moment :
"Mizoguchi était jeune, et n'avait peur de rien. Il ne tenait aucun compte du rôle des benshi, et attachait beaucoup d'importances aux intertitres. Plusieurs fois, les benshi manifestèrent leur colère à son égard, et tentèrent de le faire congédier."
Donc effectivement, certains ont dû prendre en compte dans leur travaux la présence des benshis, au fur et à mesure que leur importance grandissait, mais parce que ces derniers dictaient leurs lois (Max Tessier parle également de "dictature des benshis"), ce qui n'était pas au goût de tout le monde, d'où les manifestations à leur encontre dont je parle au-dessus. Je ne suis pas surpris que Mizoguchi ait fait partie de ces modernistes qui trouvaient à redire.

cinephage a écrit :Après, il est certain que la part d'improvisation et d'interprétation personnelle étant majeure dans ce travail, il était impossible pour un réalisateur d'anticiper tous les traitements réservés à leurs films, ici un benshi de talent rendant le film plus palpitant pour son public, là un idiot faisant un contresens qui affaiblit la conclusion du film... (mais c'est aussi vrai d'un accompagnement musical raté pour un film. On n'y est plus habitué, parce que souvent, l'accompagnement -correct- est inclus dans la bande-son du film ou du dvd, mais on peut imaginer quel effet fait une musique qui s'arrête au mauvais moment, part sur un mauvais rythme, entame un air triste pour un gag ou l'inverse. Les salles n'étaient pas des lieux très prestigieux, et il est probable que s'y produisaient parfois des musiciens pas très inspirés).
Je suis d'accord avec ça.

cinephage a écrit :Logique, donc, qu'un metteur en scène ayant une haute conception de son art regrette de ne pas pouvoir assurer un contrôle total sur son oeuvre. Mais ça ne devait pas être le cas de beaucoup de réalisateurs à cette époque où la plupart se considéraient comme des artisans, et le benshi restait un moyen de rendre accessible un film au plus grand nombre.
Le cinéma japonais vécu quand même un premier âge d'or à cette époque (de 1920 à 35), et je suppose que la part de cinéastes ayant de la considération pour leur travail fut quand même importante : Daisuke Ito, Minoru Murata, Kenji Mizoguchi, Hiroshi Shimizu, Teinosuke Kinugasa, Yasujiro Ozu, Mikio Naruse, Mansaku Itami, Shiro Toyoda, Yasujiro Shimazu, Heinosuke Gosho, Tomu Uchida sont parmis les exemples célèbres. Et si certains ont effectivement dû faire en sorte de "faire plaisir" aux benshi, je suppose aussi qu'ils devaient être assez habiles pour rendre leurs films compréhensibles, malgré le nombre réduit d'intertitres (visiblement, ça ne tient qu'à ça, et c'est plutôt pas mal finalement), sans avoir besoin de commentaire de benshi.
Une page folle (film sans intertitres) ou Carrefour de Kinugasa prouve d'ailleurs que ce cinéaste était l'égal de n'importe quel autre cinéaste occidental de l'époque. Et il devait en être de même pour Minoru Murata, Daisuke Ito, ou bien Heinosuke Gosho.
cinephage a écrit :On peut imaginer qu'un benshi prestigieux soit plus suivi pour lui-même que pour les films qu'il commente, ce qui est dommageable pour un cinéaste de talent, mais peut sauver un film raté (ou difficile à accepter pour le public) du naufrage.
C'est certain.

cinephage a écrit :Bref, je pense que ces intermédiaires supplémentaires entre le cinéaste et son public ajoutent toutes sortes de problématiques à la question du cinéma et de sa réception. Mais il reste à mes yeux impossible que les cinéastes aient tourné leurs films sans se demander comment les benshi traiteraient telle ou telle séquence... Ils ont donc, je pense, pris en compte leur existence dans leur mise en scène.
Je ne voulais pas dire qu'ils n'y pensaient pas, mais qu'ils n'en prenaient certainement pas compte, même si je me suis en partie trompé. Cette influence (positive ou néfaste ?) des benshis sur le travail d'une partie des cinéastes japonais semble se concentrer sur l'utilisation des intertitres (qui gênaient peut-être les benshis dans leurs improvisations), ce qui obligeait surement les réalisateurs à rendre leurs films compréhensibles en en réduisant le nombre (comme le travail d'un Murnau). Je reste persuadé qu'une majeur partie des films restent largement compréhensibles (pour ceux encore disponible) sans aucun commentaire. C'est ce qui m'intéresse.
Après, je ne vois évidemment aucun inconvénient à ce qu'un dvd d'un film muet japonais propose une piste son avec un commentaire de benshi. Je considère ça comme un supplément plus qu'intéressant, même si je ne pourrais sans doute pas regarder un film complet ainsi.
cinephage a écrit :Cela dit, il est certain que cette façon de voir un film est très différente de celle à laquelle nous sommes habitués, et ça peut déranger notre perception du film (un gars qui parle tout du long, brrrr). Je tenterais ces dvd un de ces quatre, pour me rendre compte.
Oui. :)
Dernière modification par k-chan le 22 nov. 08, 17:46, modifié 2 fois.
Avatar de l’utilisateur
cinephage
C'est du harfang
Messages : 24439
Inscription : 13 oct. 05, 17:50

Re: Kenji Mizoguchi

Message par cinephage »

k-chan a écrit :
cinephage a écrit :Ce que je voulais surtout suggérer dans mon intervention, c'est que, les benshis faisant partie de la réalité de l'exploitation, les réalisateurs japonais en tenaient probablement compte dans leur mise en scène.
En fait, je viens de fouiller dans le petit livre de Yoshikata Yoda, sur Mizoguchi (pour en revenir un peu au cinéaste) car il me semblait bien qu'il parlait des benshis à un moment :
"Mizoguchi était jeune, et n'avait peur de rien. Il ne tenait aucun compte du rôle des benshi, et attachait beaucoup d'importances aux intertitres. Plusieurs fois, les benshi manifestèrent leur colère à son égard, et tentèrent de le faire congédier."
Merci pour cette précision effectivement importante : donc Mizoguchi tenait compte des benshis mais en décidant sciemment de ne pas en tenir compte, de les ignorer. Chose qui était, en soi, une prise de position radicale.

Nous avions donc tous les deux raisons, quelque part. :wink:
Mais j'avoue que j'ignorais qu'une véritable opposition entre benshis et cinéastes a pu exister.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Tutut
Machino
Messages : 1105
Inscription : 17 févr. 08, 20:27
Localisation : Toujours jamais là

Re: Kenji Mizoguchi

Message par Tutut »

Ce qui embêtait Mizoguchi à la base, c'est tout ce qui pouvait empêcher la continuité du film, mais aussi qu'on
puisse s'approprier le récit et, au pire, lui donner un sens différent.
C'est pourquoi il a rapidement utilisé les intertitres, aussi bien pour les dialogues que pour situer l'action,
afin qu'elle ne soit pas dénaturée, et il semble que même les intertitres l'emmerdaient (surtout ceux des dialogues
qui cassaient plus le rythme de narration).

Je pense que c'est ce qui a créé des inimitiés avec les benshis, ceux-ci ont commencé à disparaitre avec
l'arrivée du parlant à partir de 1935, sachant qu'en 1940 ils n'étaient plus que 1200 pour 7000 dans les années 30.
(je ne pense pas que Yoshikata Yoda ait vécu le conflit avec les benshis puisqu'il est entré dans le milieu en 1930
et a connu Mizoguchi un peu plus tard)

À propos de mauvais accompagnement musical dont parle cinephage, je pense qu'on serait tout aussi surpris de voir
la différence sur nos vieux films occidentaux, entre l'édition DVD qui bénéficie d'une musique travaillée, maitrisée et la réalité des années 20.

Il n'est pas évident de généraliser sur les réalisateurs à cette époque, Kinugasa qui est devenu un avant-gardiste
par exemple, a commencé dans le cinéma comme onnagata, ça ne donne pas vraiment une image de modernité, plutot de
conservatisme et de tradition.
A Page of Madness, bien que présenté dans un cinéma spécialisé dans les films occidentaux, a bénéficié pour sa
première, de la prestation d'un des plus grands benshis de l'époque.
(si quelqu'un peut me dire où je peux récupérer une video correcte de A Page of Madness, la mienne est en wmv
hypercompressée genre bouillie de pixel, je suis preneur)

Je pense que la volonté d'indépendance des réalisateurs est une chose, mais que ce qui a fait vraiment évoluer
le cinéma japonais d'alors, c'est que les femmes puissent avoir des rôles au cinéma, contrairement au kabuki
où ça leur était interdit et ensuite que le Japon s'ouvre au monde après le grand tremblement de terre de 1923.

Bon k-chan, je t'ai fait deux rondelles de vob, juste le rip sans encodage, donc 45 Mo pour 35s de film, ça
permettra de voir la qualité réelle de l'image et du son de la galette, les sous-titres ne sont pas inclus.
(mieux vaut le sauvegarder sur disque pour le lire ensuite que vouloir le lire directement)
Je ne sais pas si la bande passante est limitée, s'il y a un problème, fais le moi savoir.

Il faut aller ici, WMcut-sm.mpg est commenté par Shunsui Matsuda,
l'autre, WMcut-ms.mpg, par Midori Sawato.
Avatar de l’utilisateur
cinephage
C'est du harfang
Messages : 24439
Inscription : 13 oct. 05, 17:50

Re: Kenji Mizoguchi

Message par cinephage »

Le héros sacrilège (1955)

J'avais lu en diagonale des avis faisant de ce film une oeuvre mineure, et, donc, rien ne m'avait préparé au choc formel de ce magnifique film en couleurs, qui s'avère, à mes yeux, être l'un de ses plus beaux films.

Mizoguchi nous offre ici une composition experte, qui brosse des tableaux amples traversés avec fluidité par une caméra élégante, sait, dans la foule d'une armée au retour d'une campagne, pointer des scènes en divers lieux de son plan : ici une veuve à qui l'on apprend la mort de son mari, là une femme qui découvre son homme blessé... Parfois, on ne sait plus que regarder. Tout bouge, tout est somptueux, comme ces magnifiques armures médiévales, travaillées au détail dans des couleurs qui soulignent à la fois le poids d'une tradition ancestrale, mais aussi le tumulte des coeurs. Car l'utilisation des couleurs n'est ici pas hasardeuse, mais le fruit de choix narratifs subtils et discrets.

La science du cadre développée par le maitre est d'ailleurs utilisée avec discernement, et lui permet d'inscrire la petite histoire dans la grande, dans un jeu formel des plus réussis. Mizoguchi abandonne pour un film ses personnages féminins victimes de la société, pour un jeune homme fils de guerrier, dont la remise en question des origines est au coeur de l'intrigue, et provoque, au niveau historique, une remise en question d'une autre ampleur. Bouleversant ses croyances depuis sa naissance, le héros sacrilège n'hésitera plus, après maints tourments, à interroger les superstitions traditionnelles les plus ancrées dans la société. Quitte au passage à renverser les valeurs paternelles, qu'il vise pourtant à défendre. Le film allie donc un sens psychologique certain, une intrigue complexe et touchante, et des héros magnifiques.

Une galerie de personnages vient nourrir le récit de points de vue et de stratégies contradictoires, courtisans filtrant les rapports entre empereur et ses administrés, commerçants dont l'ordre émerge pariant sur les uns ou les autres, vecteurs de changement, prostituées calculatrices ou fidèles serviteurs... Cette multitude de personnages crédibles et riches vient amplifier le récit historique, nourrir la reflexion du héros, et, conséquemment, celle du spectateur, qui ne quitte que très rarement ce dernier. Au final, Mizoguchi accompagne le point de vue du rebelle, faisant de son cinéma un cri du coeur contre l'ordre établi, les nantis et ceux qui ne s'appuient que sur la tradition pour se valoriser et justifier leur position dominante.

Un sacré coup de coeur !!
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Wagner
Assistant opérateur
Messages : 2257
Inscription : 2 oct. 04, 19:21
Localisation : Dans le temps

Re: Kenji Mizoguchi

Message par Wagner »

j'avais été déçu par ce Héros au temps de la vhs, je le reverrais volontiers mais une copie avec de vraies couleurs pimpantes est indispensable, surtout que le film a été restauré.
Image

Ego sum qui sum
Avatar de l’utilisateur
cinephage
C'est du harfang
Messages : 24439
Inscription : 13 oct. 05, 17:50

Re: Kenji Mizoguchi

Message par cinephage »

Wagner a écrit :j'avais été déçu par ce Héros au temps de la vhs, je le reverrais volontiers mais une copie avec de vraies couleurs pimpantes est indispensable, surtout que le film a été restauré.
Je l'ai vu sur dvd, version FSF, mais sur un petit écran, qui masque peut-être d'éventuelles faiblesses de compression ou de netteté. Mais, du coup, le film m'est apparu dans une vraie splendeur. J'en ferai quelques captures plus tard...
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Avatar de l’utilisateur
Watkinssien
Etanche
Messages : 18336
Inscription : 6 mai 06, 12:53
Localisation : Xanadu

Re: Kenji Mizoguchi

Message par Watkinssien »

cinephage a écrit :Le héros sacrilège (1955)

J'avais lu en diagonale des avis faisant de ce film une oeuvre mineure,
Qui a osé ? :evil:
Image

Mother, I miss you :(
Avatar de l’utilisateur
cinephage
C'est du harfang
Messages : 24439
Inscription : 13 oct. 05, 17:50

Re: Kenji Mizoguchi

Message par cinephage »

Watkinssien a écrit :
cinephage a écrit :Le héros sacrilège (1955)

J'avais lu en diagonale des avis faisant de ce film une oeuvre mineure,
Qui a osé ? :evil:
Je ne saurais citer personne : ce serait plutôt une impression générale, vu que j'essaie habituellement de ne pas lire les avis sur les films que je n'ai pas vu (ou le moins possible). Mais il semble qu'effectivement, ce film soit au final assez prisé des historiens du cinéma. Je dois admettre que j'ai été soufflé par l'usage des couleurs.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Avatar de l’utilisateur
k-chan
squatteur
Messages : 14293
Inscription : 16 avr. 05, 05:22
Localisation : on the road again.

Re: Kenji Mizoguchi

Message par k-chan »

Tutut a écrit :Bon k-chan, je t'ai fait deux rondelles de vob, juste le rip sans encodage, donc 45 Mo pour 35s de film, ça
permettra de voir la qualité réelle de l'image et du son de la galette, les sous-titres ne sont pas inclus.
(mieux vaut le sauvegarder sur disque pour le lire ensuite que vouloir le lire directement)
Je ne sais pas si la bande passante est limitée, s'il y a un problème, fais le moi savoir.

Il faut aller ici, WMcut-sm.mpg est commenté par Shunsui Matsuda,
l'autre, WMcut-ms.mpg, par Midori Sawato.
Merci beaucoup Tutut.
Je n'ai réussi à voir que la moitié de la première vidéo (pour la deuxième, j'ai n'arrive à télécharger que 2 sec), et même si ça semble moins gênant que les extraits que j'avais pu voir, je ne pense pas pouvoir regarder un film complet ainsi. Du coup, je me pose la question des sous-titres : si on souhaite couper le son, peut-on avoir les sous-titre des intertitres seuls, ou a t-on forcément les sous-titres du commentaire ?

Concernant Une page folle, la copie que j'ai est également très mauvaise (mais je pense que tout le monde à la même vidéo :mrgreen: ). Je n'irais pas jusqu'à parler de bouillie de pixel, mais c'est pas terrible. Je vais te faire des captures (dans le topic naphtalinippon :wink: ).
Tutut
Machino
Messages : 1105
Inscription : 17 févr. 08, 20:27
Localisation : Toujours jamais là

Re: Kenji Mizoguchi

Message par Tutut »

cinephage a écrit :
Watkinssien a écrit :
Qui a osé ? :evil:
Je ne saurais citer personne : ce serait plutôt une impression générale, vu que j'essaie habituellement de ne pas lire les avis sur les films que je n'ai pas vu (ou le moins possible). Mais il semble qu'effectivement, ce film soit au final assez prisé des historiens du cinéma. Je dois admettre que j'ai été soufflé par l'usage des couleurs.
Quand ces éditions FSF sont sorties, mes priorités étaient L'Intendant Sansho et La Rue de la Honte, je ne possède donc pas ce titre, mais d'après ce que j'ai lu il semble bon surtout sur le plan formel. D'après Eigagogo, les studios Daiei tentaient d'imposer leur procédé pour les films couleurs et celles-ci ne cassaient pas des briques,
Second film en couleurs, procédé imposé par les studios de la Daiei cherchant à institutionnaliser leur propre ''Daiei-Color'' aux teintes encore délavées et jaunâtres,
confirmé par la critique DVD de Götterdämmerung, mais là je ne sais pas si c'est le film où le transfert qui est en cause :
The DVD I have is the French 2-disc special edition by Films sans Frontiers. The quality of the film itself is rather shabby: the colors are unstable, with the blues noticeably overwhelming some scenes. Compression artifacts are visible in every camera pan, and faster action. I don't know why they did not bother to clean up the picture a bit. At least the optional English subtitles are decent. There are plenty of extras in French (mostly biographies and some historical info about the period). The second disc has Shindo Kaneto's 1975 documentary about Mizoguchi, The Life of a Cineaste, a 150-minute must-see, also with English subtitles. This alone would make the DVD worth the money.
Si quelqu'un pouvait me dire quel procédé employait la Daiei, car il semble que La Porte de l'Enfer ait été tourné en Eastmancolor.
Tutut
Machino
Messages : 1105
Inscription : 17 févr. 08, 20:27
Localisation : Toujours jamais là

Re: Kenji Mizoguchi

Message par Tutut »

k-chan a écrit : Merci beaucoup Tutut.
Je n'ai réussi à voir que la moitié de la première vidéo (pour la deuxième, j'ai n'arrive à télécharger que 2 sec), et même si ça semble moins gênant que les extraits que j'avais pu voir, je ne pense pas pouvoir regarder un film complet ainsi. Du coup, je me pose la question des sous-titres : si on souhaite couper le son, peut-on avoir les sous-titre des intertitres seuls, ou a t-on forcément les sous-titres du commentaire ?
Désolé, j'ai testé et il m'est arrivé la même chose qu'à toi, pour les options son et sous-titres, l'audio n'a pas d'option off, seulement les sous-titres et ceux-ci concernent les intertitres et les commentaires.
Concernant Une page folle, la copie que j'ai est également très mauvaise (mais je pense que tout le monde à la même vidéo :mrgreen: ). Je n'irais pas jusqu'à parler de bouillie de pixel, mais c'est pas terrible. Je vais te faire des captures (dans le topic naphtalinippon :wink: ).
Avatar de l’utilisateur
cinephage
C'est du harfang
Messages : 24439
Inscription : 13 oct. 05, 17:50

Re: Kenji Mizoguchi

Message par cinephage »

Tutut a écrit :D'après Eigagogo, les studios Daiei tentaient d'imposer leur procédé pour les films couleurs et celles-ci ne cassaient pas des briques,
Second film en couleurs, procédé imposé par les studios de la Daiei cherchant à institutionnaliser leur propre ''Daiei-Color'' aux teintes encore délavées et jaunâtres,
confirmé par la critique DVD de Götterdämmerung, mais là je ne sais pas si c'est le film où le transfert qui est en cause :
The DVD I have is the French 2-disc special edition by Films sans Frontiers. The quality of the film itself is rather shabby: the colors are unstable, with the blues noticeably overwhelming some scenes. Compression artifacts are visible in every camera pan, and faster action. I don't know why they did not bother to clean up the picture a bit. At least the optional English subtitles are decent. There are plenty of extras in French (mostly biographies and some historical info about the period). The second disc has Shindo Kaneto's 1975 documentary about Mizoguchi, The Life of a Cineaste, a 150-minute must-see, also with English subtitles. This alone would make the DVD worth the money.
Si quelqu'un pouvait me dire quel procédé employait la Daiei, car il semble que La Porte de l'Enfer ait été tourné en Eastmancolor.
Le procédé annoncé en début de film est bien la Daiei-Color. Les couleurs du héros sacrilège ne sont pas pimpantes. Cela dit, ce n'est ni Robin Hood, ni un film Bollywood, et cette sobriété de ton accompagne fort bien le récit. J'ignore si, à l'origine, les couleurs étaient vraiment beaucoup plus pimpantes (le production design est assez réaliste, il faut donc un peu de patine sur les armures et les vêtements). Je n'ai pas été gêné du tout. Si, historiquement, le manque de pimpant a conduit à l'abandon du procédé, dans ce film qui évoque un régime usé jusqu'à la corde, je n'ai pas du tout été dérangé par la dominante ocre des couleurs. J'ai d'ailleurs pensé qu'elle était utilisée avec finesse par l'auteur (il filme beaucoup de poussière, de maisons en bois abimé, de tentures ocres). Je dois dire, cela dit, que les couleurs saturées me lassent fort vite, en général.
N'étant guère un grand technicien, et ignorant des couleurs originales, je laisse ici quelques captures du film, tirées du dvd FSF, pour que chacun s'en fasse une idée :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
Spoiler (cliquez pour afficher)
Image
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
Tutut
Machino
Messages : 1105
Inscription : 17 févr. 08, 20:27
Localisation : Toujours jamais là

Re: Kenji Mizoguchi

Message par Tutut »

En fait le procédé Daiei Color était un procédé Eastman importé, donc le même pour Le Héros Sacrilège et La Porte de l'Enfer ou l'Impératrice Yang Kwei Fei que je possède.

Merci pour les captures, l'image ressemble à ce que j'ai avec Yang Kwei Fei.

Mon édition HK de Carmen revient au pays est moins bonne que l'édition MK2, mais je trouve les couleurs meilleures en Fujicolor qu'avec le procédé Daiei.
Tutut
Machino
Messages : 1105
Inscription : 17 févr. 08, 20:27
Localisation : Toujours jamais là

Re: Kenji Mizoguchi

Message par Tutut »

L'affiche de Taki no Shiraito est en vente ici en bas de page (dimension 72x25cm)

Image
Répondre