Page 70 sur 85

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 7 mars 15, 10:37
par Jeremy Fox
Hitchcock a écrit : (Malheureusement pour moi Rohmer n'est pas mon cinéaste préféré :mrgreen: :fiou: )
Cependant, le livre est passionnant déjà juste pour connaitre l'histoire mouvementée des Cahiers du cinéma de l'époque.

Re:

Publié : 10 mars 15, 05:38
par Jeremy Fox
Jeremy Fox a écrit :L'amour l'après midi de Eric Rohmer

Les monologues (voix of) qui ponctuent le film sont parmi ce qu'a écrit de plus beau Eric Rohmer et le film est d'une justesse et d'une richesse d'observation toujours aussi acérée. Beau final pour les 6 contes moraux qui se concluent sur une scène très émouvante. Bernard Verley est impeccable et encore une fois un très intéressant document sociologique sur le début des années 70. Pas aussi mineur qu'il a été dit mais magnifique au contraire.
Un film qui me touche de plus en plus au fur et à mesure des visions et qui m'est finalement peut-être le plus proche de tous les films de Rohmer. J'adore tout désormais dans ce film qui me parle encore plus que le déjà superbe Ma Nuit chez Maud. J'aime les scènes de rue, les scènes de bureau, les scènes de magasin, les scènes de bistrot, les scènes en chambre et les scènes familiales (d'un naturel confondant ; et pour cause, il s'agit du véritable couple Bernard et Françoise Verley). Et j'apprécie par dessus tout les monologues de Verley, peut-être ce que Rohmer a écrit de plus juste. Quant à la séquence finale, elle est bouleversante. Top 100

Les contes moraux : mon top

1- L'amour l'après midi
2- Ma nuit chez Maud
3- Le genou de Claire
4- La Boulangère de Monceau
5- La Collectionneuse
6- La Carrière de Suzanne

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 10 mars 15, 15:48
par Amarcord
Jeremy Fox a écrit : L'amour l'après midi
Quant à la séquence finale, elle est bouleversante.
Il faut que je retrouve où j'ai lu (dans la bio de Rohmer ?) que cette séquence était un sommet de... comédie !!! :shock:
C'est une chose que j'ai entendu/lu plus d'une fois : c'est censé être drôle, ironique, cynique (voire "délicieusement ridicule" :roll: )... Alors que, comme toi, je trouve cette séquence bouleversante. Françoise Verley, en particulier, est poignante : on la sent totalement à nu, c'en est presque gênant, indécent, surtout quand on sait qu'il s'agit d'un vrai couple... Après Varda et Le Bonheur, et avant Kubrick et Eyes Wide Shut, Rohmer tire profit de manière grandiose du trouble inévitable qu'implique la manipulation à l'écran d'un couple à la ville.
Tu as tellement raison de mettre à l'honneur ce très grand film si souvent sous-estimé (quand il n'est pas carrément oublié).

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 10 mars 15, 15:53
par Jeremy Fox
Amarcord a écrit :
Jeremy Fox a écrit : L'amour l'après midi
Quant à la séquence finale, elle est bouleversante.
Il faut que je retrouve où j'ai lu (dans la bio de Rohmer ?) que cette séquence était un sommet de... comédie !!! :shock:
:o Effectivement, je trouve ça choquant aussi ; un contresens total à mon avis.
Ce n'est en tout cas déjà pas dans la bio de Antoine de Baecque puisque je viens de lire les pages consacrées au film pas plus tard que ce matin.

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 10 mars 15, 17:08
par Rick Blaine
Amarcord a écrit : Tu as tellement raison de mettre à l'honneur ce très grand film si souvent sous-estimé (quand il n'est pas carrément oublié).
Effectivement, car c'est un très grand film, très touchant. Je le place tout aussi que Ma Nuit chez Maud dans ma hiérarchie Rohmerienne personnelle, ce qui n'est pas peu dire.
Jeremy Fox a écrit :
Amarcord a écrit : Il faut que je retrouve où j'ai lu (dans la bio de Rohmer ?) que cette séquence était un sommet de... comédie !!! :shock:
:o Effectivement, je trouve ça choquant aussi ; un contresens total à mon avis.
Très bizarre comme interprétation. :?

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 25 mars 15, 08:18
par Jeremy Fox
La Marquise d'O - 1976

Après la mise à sac de sa ville durant les guerres bonapartistes, une Marquise se retrouve enceinte. Elle croit dur comme fer que c'est arrivé par "l'opération du Saint Esprit" ; en tout cas, elle est sincère quand elle dit qu'elle ne se souvient de rien qui aurait pu la mettre dans cette gênante 'situation' ...

Rohmer et ses comédiens de théâtre sont tellement justes et talentueux qu'ils arriveraient presque aussi à nous le faire croire. On croit autant à la sincérité d'Edith Clever qu'à l'amour éperdu qu'éprouve Bruno Ganz. D'après une nouvelle de Kleist, Rohmer décide d'en faire une adaptation à la lettre et son parti pris de mise en scène est payant ; malgré son extrême sobriété, malgré son respect absolu du texte (gardant même la langue allemande), malgré l'absence de toute virtuosité (faite exprès) nous sommes captivés de bout en bout par son film austère, presque comme si nous nous trouvions devant un suspense d'Hitchcock. La simplicité de la mise en œuvre fait que nous nous concentrons presque exclusivement sur l'histoire et les personnages ; ce qui ne veut pas dire que le film ne soit pas beau plastiquement parlant ; au contraire, la photo simple et lumineuse de Nestor Almendros est là pour nous prouver le contraire. Se détournant complètement des "contes moraux", c'est néanmoins encore une belle réussite à l'actif du cinéaste.

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 21 avr. 15, 10:25
par Jack Carter
demain soir, sur Cine + Club, soirée Rohmer, avec Les Nuits de la pleine lune, La Sonate à Kreutzer et cinq courts-metrages de Rosette (interprete fetiche de plusieurs Rohmer) :
Rosette vend des roses
Rosette cherche une chambre
Rosette prend une douche
Rosette sort le soir
Rosette vole les voleurs


qui connait ces courts ? Amarcord ?

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 21 avr. 15, 11:02
par Amarcord
Jack Carter a écrit :demain soir, sur Cine + Club, soirée Rohmer, avec Les Nuits de la pleine lune, La Sonate à Kreutzer et cinq courts-metrages de Rosette (interprete fetiche de plusieurs Rohmer) :
Rosette vend des roses
Rosette cherche une chambre
Rosette prend une douche
Rosette sort le soir
Rosette vole les voleurs


qui connait ces courts ? Amarcord ?
Oui, on peut d'ailleurs les voir dans le coffret "intégrale" de Rohmer sorti chez Potemkine.
Ils sont assez sympas, rohmériens dans l'esprit, moins dans le ton (il y a plus un côté foutraque - fauché - chez Rosette, mais ça ne nuit pas : au contraire, ça donne une certaine fraicheur à ces petits films sans prétentions qui voient défiler à peu près toute la sphère Rohmer (Dombasle, Greggory, Thévenet... et Rohmer lui-même, en papa de Rosette dans Rosette sort le soir !).
Après, il faut adhérer au personnage de Rosette (qui peut exaspérer quelque peu).

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 21 avr. 15, 11:09
par Jack Carter
Amarcord a écrit :
Jack Carter a écrit :demain soir, sur Cine + Club, soirée Rohmer, avec Les Nuits de la pleine lune, La Sonate à Kreutzer et cinq courts-metrages de Rosette (interprete fetiche de plusieurs Rohmer) :
Rosette vend des roses
Rosette cherche une chambre
Rosette prend une douche
Rosette sort le soir
Rosette vole les voleurs


qui connait ces courts ? Amarcord ?
Oui, on peut d'ailleurs les voir dans le coffret "intégrale" de Rohmer sorti chez Potemkine.
Ils sont assez sympas, rohmériens dans l'esprit, moins dans le ton (il y a plus un côté foutraque - fauché - chez Rosette, mais ça ne nuit pas : au contraire, ça donne une certaine fraicheur à ces petits films sans prétentions qui voient défiler à peu près toute la sphère Rohmer (Dombasle, Greggory, Thévenet... et Rohmer lui-même, en papa de Rosette dans Rosette sort le soir !).
Après, il faut adhérer au personnage de Rosette (qui peut exaspérer quelque peu).
merci, je programme :wink:

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 21 avr. 15, 11:19
par Dale Cooper
Amarcord a écrit :Après, il faut adhérer au personnage de Rosette (qui peut exaspérer quelque peu).
Quelque peu, oui.
J'avais réussi à oublier ce clip d'Eric Rohmer, maintenant il faut que je retrouve le moyen.

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 21 avr. 15, 12:43
par Federico
J'avais pas du revoir ça depuis 30 ans ! Bon, abstraction faite de son très approximatif talent pour le play back, de la richesse des paroles et de la muzak 80's façon Arnold Turboust découvre le Bontempi, j'aimais beaucoup Rosette, l'une des rares créatures non maniérées de l'univers rohmerien.

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 24 avr. 15, 17:50
par Flol
Dale Cooper a écrit :
Amarcord a écrit :Après, il faut adhérer au personnage de Rosette (qui peut exaspérer quelque peu).
Quelque peu, oui.
J'avais réussi à oublier ce clip d'Eric Rohmer, maintenant il faut que je retrouve le moyen.
J'adore cette chanson, je crois. La mélodie est totalement imparable.

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 2 mai 15, 20:00
par Jeremy Fox
Perceval le Gallois - 1979

Mise en scène minimaliste et théâtrale, décors de carton-pâtes, dialogues en vieux français réécrits par Rohmer lui-même, musique médiévale jouée et chantée 'en direct' durant l'action, personnages parlant à la 3ème personne : ce film a été descendu par la majorité de la critique de l'époque et il est de bon ton aujourd'hui encore d'en rire. Pour ma part, excepté le dernier quart d'heure ("la Passion selon Perceval"), je n'ai pas vu les deux premières heures passer tellement on s'habitue vite à ce procédé et à ce style qui s'avèrent même assez rapidement ludique, content que nous sommes de comprendre parfaitement cette manière de parler en rime et vieux français et arrivant même à s'en réjouir tout comme des chansons vite entêtantes et de cet artifice qui permet de se plonger plus facilement dans l'histoire. Une réussite.

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 2 mai 15, 20:04
par Rick Blaine
Jeremy Fox a écrit :Perceval le Gallois - 1979

Pour ma part, excepté le dernier quart d'heure ("la Passion selon Perceval"),
C'est le gros défaut du film, et c'est ce qui avait créé ma perception mitigée. Parce que pour le reste, tu as raison, c'est une réussite.

Re: Eric Rohmer (1920-2010)

Publié : 13 juin 15, 16:14
par Jeremy Fox
La Femme de l'aviateur - 1980

Un jeune homme de 20 ans voit un matin l'ex-amant de sa fiancée sortir de chez elle. Il va tenter de savoir ce qu'il faisait ici en le filant avec l'aide d'une jeune étudiante rencontrée aux Buttes-Chaumont puis en interrogeant son amie. Rien de plus simple !

Premier film de la série "comédies et proverbes", l'intrigue/enquête de La Femme de l'aviateur se déroule sur une seule journée à l'aide de très peu de comédiens et de séquences, le ton du film trouvant son originalité dans cet entre-deux semblant mélanger totale improvisation et rigueur, artificialité et réalisme ; ce fameux ton rohmérien qui peut sonner faux mais qui fait que ses films sont uniques (et pour moi indispensables). Cocasse de voir l'acteur dont le nom est "Philippe Marlaud" (très bien d'ailleurs) se faire prendre pour un détective ; tout aussi cocasse de constater à quel point la jeune Anne-Laure Meury préfigure Arielle Dombasle avec sa façon de bouger et de s'exprimer (amusante en somme et non agaçante en ce qui me concerne). Bref, nous sommes en plein marivaudage rohmérien, l'apparente futilité de l'ensemble finissant par nous toucher par son universalité. La longue séquence dans la chambre de Marie Rivière est à ce propos vraiment touchante d'autant que la comédienne me semble très juste. Pas aussi génial ou bouleversant que ses meilleurs contes moraux (Ma Nuit chez Maud, Le Genou de Claire ou L'amour l'après midi) mais un ensemble d'une légèreté non dénué de profondeur qui fait pour moi tout le prix de son cinéma.