Eric Rohmer (1920-2010)
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Je ne me souviens plus Rick : avais tu aimé son film d'espionnage ? Pour faire plus vite, lesquels n'as tu pas apprécié ?
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Perceval, je croisJeremy Fox a écrit :Je ne me souviens plus Rick : avais tu aimé son film d'espionnage ? Pour faire plus vite, lesquels n'as tu pas apprécié ?


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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
En effet, aucun lien entre les films à l'intérieur des cycles, sinon (bien sûr) le schéma : pour les "Contes moraux", le canevas (pour le dire vite), c'est "un homme qui est sur le point de s'engager avec une femme en rencontre une autre, tentatrice potentielle, qui l'amène à hésiter avant qu'il ne revienne finalement sagement à son premier choix".Johnny Doe a écrit :Merci beaucoup pour ta réponse Amarcord. Je pense que je vais commencer par les contes moraux et après je verrai. Ça n'a aucune sorte d'importance l'ordre dans lesquels on les visionne non? Aucun lien d'un film à l'autre? (si tu me dis que les premiers sont anecdotiques, autant que j'attaque d'abord les plus intéressants)
Des liens, ensuite, tu en feras toi-même naturellement, tu verras (et c'est même cela qui est passionnant, d'ailleurs) : le cinéma de Rohmer me paraît suffisamment libre pour autoriser qu'on s'y promène à son rythme, au gré de ses envies et qu'on y sème ses propres petits cailloux, y compris d'un cycle à l'autre. Par exemple, on peut imaginer que la Margot que Gaspard rencontre dans Conte d'été (un "conte des quatre saisons") entre en résonance avec la petite Pauline de Pauline à la plage (une "comédie et proverbe") : hasard ou pas, c'est la même actrice qui interprète les deux rôles. Idem pour les personnages que Marie Rivière incarne dans La Femme de l'aviateur et Le Rayon vert, ceux de Béatrice Romand, dans Le Genou de Claire (un conte moral) et dans Le Beau mariage (une comédie et proverbe), ceux d'Arielle Dombasle dans Le Beau mariage et Pauline à la plage... Bref : prise dans son ensemble, l'oeuvre de Rohmer prend l'allure d'une "comédie humaine" où chaque pièce enrichie les autres et inversement.
C'est pour ça que, dans ce contexte, Conte d'automne occupe pour moi une place particulière.
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
On se demande bien pourquoi ; le jour où je l'ai regardé (et apprécié), j'avais interdit à ma femme de sortir de sa chambre (pendant que je le regardais dans le salon). Déjà qu'elle n'apprécie pas trop son cinéma et s'en moque gentiment : alors là c'aurait probablement été une cause de divorceJack Carter a écrit :Perceval, je croisJeremy Fox a écrit :Je ne me souviens plus Rick : avais tu aimé son film d'espionnage ? Pour faire plus vite, lesquels n'as tu pas apprécié ?

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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Jack Carter a écrit :Perceval, je croisJeremy Fox a écrit :Je ne me souviens plus Rick : avais tu aimé son film d'espionnage ? Pour faire plus vite, lesquels n'as tu pas apprécié ?

Même pas, c'est un film qui, à part la toute fin, ne m'a pas déplu. Je le classe en bas de la filmo de Rohmer, mais je ne dirais pas que je ne l'aime pas. D'ailleurs, j'ai mis plus de la moyenne! Par contre il faut quand même le déconseiller à un néophyte.
Le seul que je n'aime pas, c'est Les Amours D'astree Et De Celadon, un peu dans la même veine que Perceval, mais en bien plus pénible.
Tous les autres films de Rohmer m'ont (plus ou moins) plus, même ses courts et moyens métrages, c'est une filmographie de haute volée.
Et donc j'ai énormément aimé Triple Agent, je le vois comme une de ses grandes réussites.
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Merci ; j'avais quand même été un peu déstabilisé par Triple Agent lors de mon unique vision. Ca me semblait trop éloigné de son ton habituel, celui de ses contes ou comédies et proverbes. J'y serais plus attentif lorsque je m'attaquerais de nouveau à l'intégrale.
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Le sujet de fond l'éloigne un peu des Rohmer habituels, mais je trouve que l'on y retrouve quand même le ton Rohmerien. Peut-être un peu plus masquées à cause du sujet (qui m'avait passionné).Jeremy Fox a écrit :Merci ; j'avais quand même été un peu déstabilisé par Triple Agent lors de mon unique vision. Ca me semblait trop éloigné de son ton habituel, celui de ses contes ou comédies et proverbes. J'y serais plus attentif lorsque je m'attaquerais de nouveau à l'intégrale.
Surtout, visuellement je le trouve superbe. Du point de vue esthétique une de ses plus belles réussites.
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Johnny Doe a écrit : Je pense bien! Tiens, pour continuer l'entrée en matière vous me conseillerez plutôt quelle direction chez Rohmer? Par exemple, je sais qu'il vaudrait mieux que je me tienne éloigné, pour l'instant, d'un Perceval le gallois![]()
Nouvel entrant dans l'univers de Rohmer à l'occasion du coffret Potemkine, moi aussi j'ai eu une attitude circonspecte avant de placer le premier film dans la machine. Je m'attendais à un cinéma difficile d'accès, trop écrit avec des acteurs en décalage, etc... Ne savant pas trop pas où commencer, je l'ai joué chronologiquement avec le signe du lion. Bien m'en a pris puisqu'il a terminé au top de mon podium de juin cette année. J'ai poursuivi avec la boulangère de monceau (que j'ai bien aimé) et la carrière de suzanne (un ton en dessous) et l'intérêt est toujours vivant. Donc Johnny Doe, je te confirme que ça peut être une bonne manière de rester sur ton élan.Rick Blaine a écrit : En fait, je pense qu'il faut y aller par ordre chronologique (quitte à faire peut-être l'impasse sur Le Signe du Lion, que j'aime beaucoup mais qui est un peu à part) et donc commencer par la série des contes moraux que tu as entamé et qui est sublime. Ensuite, soit tu adore vraiment et tu continues dans l'ordre, soit tu ne veux pas prendre de risque et tu évites Perceval...
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Bon, je crois que je vais tenter de me trouver sa filmo de manière chronologique autant que possible, en fonction de ceux que je "trouve", en commençant par le Signe du Lion quand même. Sa filmographie et son style m'intrigue tellement que je sens que ça va être passionnant. 

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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Je crois voir ce que tu veux dire. Les deux parlent, à partir de mots simples et de situations familières, de sujets philosophiques et moraux qui ont été abordés par d'autres avec des mots et des concepts compliqués.Johnny Doe a écrit :A part ça personne a pensé à Kundera par moment dans l'écriture de Rohmer? Ca m'a vraiment frappé dans celui-ci et pourtant ça doit bien faire 4 ans que je n'ai pas mis le nez dans un de ses romans.
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Merci Strum d'avoir parfaitement expliqué ce que je tentais d'évoquer.Strum a écrit :Je crois voir ce que tu veux dire. Les deux parlent, à partir de mots simples et de situations familières, de sujets philosophiques et moraux qui ont été abordés par d'autres avec des mots et des concepts compliqués.Johnny Doe a écrit :A part ça personne a pensé à Kundera par moment dans l'écriture de Rohmer? Ca m'a vraiment frappé dans celui-ci et pourtant ça doit bien faire 4 ans que je n'ai pas mis le nez dans un de ses romans.

J'ai retrouvé ce sentiment chez Rohmer, principalement ici quand Brialy parle de ce qu'il ressent pour Claire, cette sensation que son désire est tellement fort qu'il à l'impression de la posséder, cet échange là m'a bouleversé (vraiment!) malgré sa simplicité, son apparente légèreté, j'ai compris, assimilé et été touché par ce qu'exprime Rohmer de manière très littéraire. C'est là aussi ce en quoi je le rapproche à Kundera, quand ce dernier parvient à parler de la mort d'un proche tout en analysant (même si analyse me semble un mot très froid, pas vraiment adapté à ce que fait Kundera) les sentiments de ses protagonistes et, au sein de tout ça, à me toucher au plus profond.
Voilà ce que j'ai ressenti (à une plus moindre mesure, puisque le tout reste plus léger) par moment dans le Genou de Claire. Il m'apparaît difficile de l'expliquer clairement, d'autres cinéaste le font également, mais je n'ai pu me départir de ce sentiment d'avoir trouvé 2 auteurs dont l'écriture, le sens de l'analyse, me semble aussi proche. Et, surtout, parviennent à me toucher aussi précisément de la même manière.
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
Un joli article (et de très belles photos !) sur les 30 ans de la disparition de Pascale Ogier, prétexte à évoquer, par ricochet, les 30 ans des Nuits de la pleine lune...
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
J'ai enfin commencé l'intégrale (qu'on m'avait offerte il y a un an
) de ce réalisateur dont je n'avais vu jusque là que La boulangère de Monceau, Pauline à la plage et Conte d'été.
Le Signe du lion : D'après ce que j'ai lu ici et là et les trois films que je connais, voici un premier long-métrage qui reste atypique dans l'oeuvre du réalisateur. Il est vrai que quand on parle d'Eric Rohmer, on pense plus spontanément à des marivaudages entre jeunes gens en vacances (ceux-là mêmes que Jess Hahn croise au fil de ses déambulations) qu'à cette histoire de musicien tombant dans la déchéance. Après un bon début, j'avoue que j'ai trouvé le temps long (le film m'a paru faire 2h au lieu d'1h30), la partie "errance dans la ville" devenant vite longuette et répétitive, sans parler de la musique bien saoûlante. Mais on sent déjà l'importance qu'accorde le réalisateur à la géographie des lieux. L'intérêt remonte une fois qu'entre en scène l'autre clochard (excellent Jean Le Poulain) et la fin douce-amère est très belle, sorte de faux happy-end où le compagnon d'infortune du "héros" devenu riche est renvoyé à sa condition et sa solitude. J'ai bien aimé les derniers plans cosmiques.
Comme un blaireau, je me suis rendu compte après coup que j'avais mis le DVD au lieu du Blu-ray, mais l'image m'a tout de même paru d'excellente qualité (de toute façon, je ne le reverrai pas pour faire la comparaison
).
Bien apprécié le court-métrage Place de l'Etoile, qui mêle description documentaire mais amusée de ce lieu emblématique (description toujours d'actualité d'ailleurs) et la mésaventure d'un vendeur de vêtements très comme il faut.
La boulangère de Monceau : On passe donc là à du Rohmer "classique" et à la revoyure, j'avoue que j'ai du mal à interpréter la fin. Je sais que l'explication la plus "simple" est que Sylvie (la jeune fille convoitée par Barbet Schroeder), immobilisée à cause de son entorse, a assisté aux allers et venues du protagoniste à la boulangerie située en face de son appartement et a cru qu'il s'y rendait dans l'espoir de la recroiser. Flattée, elle accepte son invitation au restaurant et les deux convolent en justes noces six mois après. Pourtant, ce n'est pas ainsi que j'ai compris la séquence où ils dînent ensemble. Les mots de Sylvie sont ambigus : "Je déteste les gens qui font les cent pas devant chez moi" ; "J'ai tout vu" ; "Vous êtes odieux" ; "Maintenant je connais tous vos vices". La question que je me pose est : n'a-t-elle pas compris le manège de Schroeder avec la boulangère et décidé d'y mettre un terme en se manifestant à nouveau ? Je sais que je vais peut-être chercher trop loin, et que cette explication amoindrit l'importance qu'accorde Rohmer au hasard et à la providence, mais cette fin me turlupine.
Petite question annexe : Bertrand Tavernier fait à la fois la voix du narrateur et ses dialogues ? Si oui, pourquoi ce n'est pas Schroeder qui parle ?
Pas trop accroché aux deux autres courts-métrages (Charlotte et son steak et Bérénice), à part la curiosité de voir Rohmer faire l'acteur.

Le Signe du lion : D'après ce que j'ai lu ici et là et les trois films que je connais, voici un premier long-métrage qui reste atypique dans l'oeuvre du réalisateur. Il est vrai que quand on parle d'Eric Rohmer, on pense plus spontanément à des marivaudages entre jeunes gens en vacances (ceux-là mêmes que Jess Hahn croise au fil de ses déambulations) qu'à cette histoire de musicien tombant dans la déchéance. Après un bon début, j'avoue que j'ai trouvé le temps long (le film m'a paru faire 2h au lieu d'1h30), la partie "errance dans la ville" devenant vite longuette et répétitive, sans parler de la musique bien saoûlante. Mais on sent déjà l'importance qu'accorde le réalisateur à la géographie des lieux. L'intérêt remonte une fois qu'entre en scène l'autre clochard (excellent Jean Le Poulain) et la fin douce-amère est très belle, sorte de faux happy-end où le compagnon d'infortune du "héros" devenu riche est renvoyé à sa condition et sa solitude. J'ai bien aimé les derniers plans cosmiques.
Comme un blaireau, je me suis rendu compte après coup que j'avais mis le DVD au lieu du Blu-ray, mais l'image m'a tout de même paru d'excellente qualité (de toute façon, je ne le reverrai pas pour faire la comparaison

Bien apprécié le court-métrage Place de l'Etoile, qui mêle description documentaire mais amusée de ce lieu emblématique (description toujours d'actualité d'ailleurs) et la mésaventure d'un vendeur de vêtements très comme il faut.
La boulangère de Monceau : On passe donc là à du Rohmer "classique" et à la revoyure, j'avoue que j'ai du mal à interpréter la fin. Je sais que l'explication la plus "simple" est que Sylvie (la jeune fille convoitée par Barbet Schroeder), immobilisée à cause de son entorse, a assisté aux allers et venues du protagoniste à la boulangerie située en face de son appartement et a cru qu'il s'y rendait dans l'espoir de la recroiser. Flattée, elle accepte son invitation au restaurant et les deux convolent en justes noces six mois après. Pourtant, ce n'est pas ainsi que j'ai compris la séquence où ils dînent ensemble. Les mots de Sylvie sont ambigus : "Je déteste les gens qui font les cent pas devant chez moi" ; "J'ai tout vu" ; "Vous êtes odieux" ; "Maintenant je connais tous vos vices". La question que je me pose est : n'a-t-elle pas compris le manège de Schroeder avec la boulangère et décidé d'y mettre un terme en se manifestant à nouveau ? Je sais que je vais peut-être chercher trop loin, et que cette explication amoindrit l'importance qu'accorde Rohmer au hasard et à la providence, mais cette fin me turlupine.
Petite question annexe : Bertrand Tavernier fait à la fois la voix du narrateur et ses dialogues ? Si oui, pourquoi ce n'est pas Schroeder qui parle ?
Pas trop accroché aux deux autres courts-métrages (Charlotte et son steak et Bérénice), à part la curiosité de voir Rohmer faire l'acteur.
"On est juste une bande de glands qui n'a rien trouvé de mieux à faire de sa vie." (Colqhoun)
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Re: Eric Rohmer (1920-2010)
C'est bien Tavernier qui double entièrement Schroeder. De l'aveu même de ce dernier, sa voix "trop parigote" a incité Rohmer à lui préférer le timbre plus "neutre" de Tavernier.Duke Red a écrit :Petite question annexe : Bertrand Tavernier fait à la fois la voix du narrateur et ses dialogues ? Si oui, pourquoi ce n'est pas Schroeder qui parle ?
[Dick Laurent is dead.]