Il me semble que le score de Frankel corresponde à la version du Royaume-Uni, Waxman ayant signé le score pour l'exploitation américaine.Beule a écrit :En passant, j'ai une petite question qui s'adresse plus particulièrement aux spécialistes des B.O.F. sur le forum. Le score de la copie proposée par Carlotta, est celui, jazzy, somptueux et déchirant, de Franz Waxman. Et j'ai toujours vu le film sur ce score-là. Pourtant, je me rappelle avoir tenu en main, dans la petite boutique de la rue de l'arbre sec qui m'avait été recommandée à l'époque par Simone Choule et quelques autres, un double CD - à prix absolument prohibitif - un double CD qui réunissait les B.O. de l'original et de son affreux remake par Winkler. Et la B.O. originale proposée n'était pas de Waxman, mais de Benjamin Frankel, je crois. Existerait-il deux versions, l'une pour les Etats-Unis, l'autre pour le Royaume-Uni? Et partant, peut-être deux montages différents
Les Forbans de la nuit (Jules Dassin - 1950)
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Oui mais pour quelles raisons? Impératifs corporatistes liés à la législation sociale britannique?
Concernant l'impact dramatique du personnage de Gene Tierney, il va sans dire que je partage totalement ton point de vue, d'ailleurs largement étayé par Jeremy dans sa chronique. Le terme utilisé ne relevait ni plus ni moins que du petit mouvement d'humeur, et procédait, suite aux attentes exprimées par Juve, d'un souci de relativiser le temps de présence de Tierney à l'écran plus que d'une volonté d'amoindrir la substance humaine très touchante du personnage.
Il n'en reste pas moins que je trouve Helen Nosseros au moins aussi bouleversante. Je n'y vois pas qu'une femme fatale archétypale. En quelques plans, Dassin parvient à faire sourdre de façon fulgurante le profond désespoir de cete ambitieuse, brimée par le chantage au sentiment -au sexe- que lui impose son mari: cf par exemple la façon dont Dassin compose les plans au pied de l'escalier de leurs appartements, vers lequel Helen est incessamment surprise dans une volonté de fuite par son imposant partenaire et le désarroi palpable qui en ces occasions assombrit chaque fois le regard perçant de la talentueuse Googie. Alter ego féminin de Fabian, sa trajectoire, bien qu'infiniment plus elliptique, me paraît au moins aussi pathétique que celle de son ancien amant. Sur un autre mode, tout aussi ironique mais bien plus noir, je ne peux d'ailleurs m'empêcher de penser aux rapports qu'instaurera Mankiewicz entre la Comtesse Slaviska et Diello dans L'affaire Cicéron.
Concernant l'impact dramatique du personnage de Gene Tierney, il va sans dire que je partage totalement ton point de vue, d'ailleurs largement étayé par Jeremy dans sa chronique. Le terme utilisé ne relevait ni plus ni moins que du petit mouvement d'humeur, et procédait, suite aux attentes exprimées par Juve, d'un souci de relativiser le temps de présence de Tierney à l'écran plus que d'une volonté d'amoindrir la substance humaine très touchante du personnage.
Il n'en reste pas moins que je trouve Helen Nosseros au moins aussi bouleversante. Je n'y vois pas qu'une femme fatale archétypale. En quelques plans, Dassin parvient à faire sourdre de façon fulgurante le profond désespoir de cete ambitieuse, brimée par le chantage au sentiment -au sexe- que lui impose son mari: cf par exemple la façon dont Dassin compose les plans au pied de l'escalier de leurs appartements, vers lequel Helen est incessamment surprise dans une volonté de fuite par son imposant partenaire et le désarroi palpable qui en ces occasions assombrit chaque fois le regard perçant de la talentueuse Googie. Alter ego féminin de Fabian, sa trajectoire, bien qu'infiniment plus elliptique, me paraît au moins aussi pathétique que celle de son ancien amant. Sur un autre mode, tout aussi ironique mais bien plus noir, je ne peux d'ailleurs m'empêcher de penser aux rapports qu'instaurera Mankiewicz entre la Comtesse Slaviska et Diello dans L'affaire Cicéron.
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En fait, c'est une question de droits musicaux. En tant que musicien britannique, Frankel, qui a composé le score original, revendiquait l'exclusivité de ces morceaux, et interdisait l'exploitation de son score en dehors du film.
La Fox désirant un contrôle complet par rapport à la musique, Waxman fut appelé pour composer un score alternatif. Il fut plus conciliant...et payé beaucoup plus cher, et aux USA c'est donc la version de Waxman qui fut utilisée.
Désormais, la BO de Frankel a été oubliée, à tort même si celle de Waxman est plus puissante et plus dense.
La Fox désirant un contrôle complet par rapport à la musique, Waxman fut appelé pour composer un score alternatif. Il fut plus conciliant...et payé beaucoup plus cher, et aux USA c'est donc la version de Waxman qui fut utilisée.
Désormais, la BO de Frankel a été oubliée, à tort même si celle de Waxman est plus puissante et plus dense.

- Jeremy Fox
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Je plaide quand même coupable, j'ai mis un point d'honneur à caser toutes les captures comprenant Gene Tierney que j'avais à ma disposition.Jeremy Fox a écrit :Il faut dire que, ne sachant jamais quelles images choisir, je balance tout et je laisse le soin aux metteurs en ligne de faire le tri. C'est donc entièrement de ma faute
Sinon, merci et bienvenue, Joe Wilson !


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Je viens de revoir ces Forbans, et cette nouvelle vision m'a de nouveau complètement ébloui. Ce qui m'a peut-être marqué le plus, plus que cette réalisation au cordeau, ces plans magnifiques, cette noirceur accablante, c'est la force incroyable avec laquelle sont dépeints tous les personnages. Des seconds rôles brossés avec finesse, en deux légers coups de pinceaux, aux multiples protagonistes de l’intrigue, il y a un soin constant apporté même aux pires salauds. On est incroyablement proches de ces destins broyés. C’est absolument prodigieux. Vraiment, un immense immense film.
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+ 1phylute a écrit :Je viens de revoir ces Forbans, et cette nouvelle vision m'a de nouveau complètement ébloui. Ce qui m'a peut-être marqué le plus, plus que cette réalisation au cordeau, ces plans magnifiques, cette noirceur accablante, c'est la force incroyable avec laquelle sont dépeints tous les personnages. Des seconds rôles brossés avec finesse, en deux légers coups de pinceaux, aux multiples protagonistes de l’intrigue, il y a un soin constant apporté même aux pires salauds. On est incroyablement proches de ces destins broyés. C’est absolument prodigieux. Vraiment, un immense immense film.
Et Waha, euh pardon, Gene Tierney est si

Sinon superbe film noir où j'ai apprécié justement les "ombres", à croire que Dassin "peignait" ses plans, en plus de donner de très bons rôles à ses acteurs (surtout Widmark)
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Je viens de le redécouvrir et c'est une grosse claque, comme on dit. Le scénario est implacable (j'ai repensé à L'ENFER EST A LUI pour la mécanique si bien huilée qu'ils ont en commun), tous ces détails bien agencés participent à l'inexorable déclin du héros, il n'y a pas de grain de sable qui pourrait lui éviter sa perte.
La vision de ce milieu n'est pas des plus tendres. Tout passe par la manipulation, la domination et l'argent, il n'y a pas de code d'honneur, jamais de relations profondes et sincères (sauf l'ébauche entre Gene Tierney et son voisin sculpteur, ainsi qu'entre Gregorius et son fils). Ainsi, à la fin, toutes les connexions que Fabian avait dans ce petit monde, toute la complicité qu'il entretenait (avec des petits billets bien sûr) s'effondre. C'est du chacun pour soi.
L'aspect visuel du film m'a particulièrement touché. Car en plus d'avoir un scénario en béton armé, les images sont très travaillées. La lumières joue constamment sur les ombres (profils, clairs-obscurs, silhouettes...) et les cadrages sont très expressifs (beaucoup de gros plans, une caméra très mobile qui suit ses personnages).
Le casting est aussi très réussi. Widmark (que j'apprécie de plus en plus depuis quelques années) est parfait. Et le casting de gueules en rajoute comme il faut.
Carlotta nous gratifie d'un beau master, restauré récemment (ça se voit: bonne définition, superbe gestion des contrastes, et copie quasi immaculée).
Il me tarde encore plus maintenant de découvrir les 2 Dassin parus chez Wild Side. A suivre...
EDIT: belle chronique Mr Fox
La vision de ce milieu n'est pas des plus tendres. Tout passe par la manipulation, la domination et l'argent, il n'y a pas de code d'honneur, jamais de relations profondes et sincères (sauf l'ébauche entre Gene Tierney et son voisin sculpteur, ainsi qu'entre Gregorius et son fils). Ainsi, à la fin, toutes les connexions que Fabian avait dans ce petit monde, toute la complicité qu'il entretenait (avec des petits billets bien sûr) s'effondre. C'est du chacun pour soi.
L'aspect visuel du film m'a particulièrement touché. Car en plus d'avoir un scénario en béton armé, les images sont très travaillées. La lumières joue constamment sur les ombres (profils, clairs-obscurs, silhouettes...) et les cadrages sont très expressifs (beaucoup de gros plans, une caméra très mobile qui suit ses personnages).
Le casting est aussi très réussi. Widmark (que j'apprécie de plus en plus depuis quelques années) est parfait. Et le casting de gueules en rajoute comme il faut.
Carlotta nous gratifie d'un beau master, restauré récemment (ça se voit: bonne définition, superbe gestion des contrastes, et copie quasi immaculée).
Il me tarde encore plus maintenant de découvrir les 2 Dassin parus chez Wild Side. A suivre...
EDIT: belle chronique Mr Fox

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Les Forbans de la nuit de Jules Dassin
Très grand polar signé Dassin une nouvelle fois. Un petit magouilleur minable (Richard Widmark) décide de se lancer dans le business du combat de lutte à Londres mais tout les éléments von se liguer contre lui.
Une ambiance urbaine oppressante avec un Londres des bas fonds craspec et truffés de truands aux mines patibulaires encore plus réussie que "La cité sans voile" du meme Dassin. Richard Widmark livre une fabuleuse prestation fièvreuse et intense et la derniere demi heure est d'une tension quasi insoutenable. 5,5/6
Très grand polar signé Dassin une nouvelle fois. Un petit magouilleur minable (Richard Widmark) décide de se lancer dans le business du combat de lutte à Londres mais tout les éléments von se liguer contre lui.
Une ambiance urbaine oppressante avec un Londres des bas fonds craspec et truffés de truands aux mines patibulaires encore plus réussie que "La cité sans voile" du meme Dassin. Richard Widmark livre une fabuleuse prestation fièvreuse et intense et la derniere demi heure est d'une tension quasi insoutenable. 5,5/6
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Re: Les Forbans de la nuit (Jules Dassin, 1950)
Découvert hier. LE chef d'oeuvre de Dassin donc...J'avoue avoir eu un peu de mal à rentrer dedans, peut être à cause du jeu un peu excessif ou un je-ne-sais-quoi qui m'a tenu à distance, malgré une mise en scène prometteuse et une superbe photo. Et puis, et puis...le film avance, les choses se mettent en place, la mécanique effectivement bien huilée entraîne Fabian toujours plus loin, et surtout toujours plus bas, à tel point que ça en deviendrait épique, mais en négatif. Et j'ai vraiment été pris, pour ne plus lâcher. Le film est vraiment jusqu'au-boutiste, comme ça ne se voit pas si souvent. Widmark tient en fait, sans doute, un de ses plus beaux rôles, loin des super méchants ou des héros sur d'eux, plein de désespoir et de fragilité. Et Tierney n'a effectivement pas un rôle anecdotique ou sous exploité, mais bien celui d'un personne capital. La fin est d'ailleurs exemplaire.
Bref, ça partait pas gagnant, mais j'ai fini les yeux tous ronds, grands ouverts. Bravo.
Je garde !
Bref, ça partait pas gagnant, mais j'ai fini les yeux tous ronds, grands ouverts. Bravo.
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- Jeremy Fox
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Re: Les Forbans de la nuit (Jules Dassin, 1950)
Tu me fais encore plaisir làmonk a écrit :Découvert hier. LE chef d'oeuvre de Dassin donc...J'avoue avoir eu un peu de mal à rentrer dedans, peut être à cause du jeu un peu excessif ou un je-ne-sais-quoi qui m'a tenu à distance, malgré une mise en scène prometteuse et une superbe photo. Et puis, et puis...le film avance, les choses se mettent en place, la mécanique effectivement bien huilée entraîne Fabian toujours plus loin, et surtout toujours plus bas, à tel point que ça en deviendrait épique, mais en négatif. Et j'ai vraiment été pris, pour ne plus lâcher. Le film est vraiment jusqu'au-boutiste, comme ça ne se voit pas si souvent. Widmark tient en fait, sans doute, un de ses plus beaux rôles, loin des super méchants ou des héros sur d'eux, plein de désespoir et de fragilité. Et Tierney n'a effectivement pas un rôle anecdotique ou sous exploité, mais bien celui d'un personne capital. La fin est d'ailleurs exemplaire.
Bref, ça partait pas gagnant, mais j'ai fini les yeux tous ronds, grands ouverts. Bravo.
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- Watkinssien
- Etanche
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Re: Les Forbans de la nuit (Jules Dassin - 1950)
Un très grand film noir, totalement haletant.
Mon préféré de Dassin, avec (pour moi) le plus beau rôle de Widmark. Photographie magnifique, scénario touffu et exemplaire, mise en scène d'une constante richesse, une oeuvre aboutie et tragique.
Mon préféré de Dassin, avec (pour moi) le plus beau rôle de Widmark. Photographie magnifique, scénario touffu et exemplaire, mise en scène d'une constante richesse, une oeuvre aboutie et tragique.

Mother, I miss you
