L'homme qui tua Liberty Valance (John Ford - 1962)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Verbal
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L'homme qui tua Liberty Valance (John Ford - 1962)

Message par Verbal »

Pfiouuuuu... que dire? Sinon que c'est à tout point de vue parfait. La rencontre au sommet Stewart/Waynes est époustouflante, et offre avec la belle Vera Miles un trio amoureux très juste et émouvant. Le film en lui même est d'un pessimisme, ou en tout cas d'une mélancolie, vraiment profond, la scène finale où Stewart se rend compte de tout le mensonge de sa vie, de la supercherie sur laquelle est elle menée, c'est vraiment sombre. Pourtant, le message assené par le réalisateur (fin d'une époque, les héros sont abandonnés, les usurpateurs glorifiés, etc.) n'est en rien redondant ou trop appuyé, le film étant souvent léger et drôle. Il donne aussi lieu à de purs moments jubilatoires, comme lors des confrontations entre Marvin et Waynes, ou grâce au talent inestimable de Stewart (on n'en a plus des comme lui, bordel!). La mise en scène, parfaite de bout en bout, servie par une photo et une musique géniales, offre aussi une scène d'une intelligence rare : le meurtre de Valance vue sous les deux angles, l'un étant officiel, célèbre, mais faux, l'autre étant fait dans l'ombre, en secret, et pourtant étant le "bon angle". Masterpiece!

6/6
Breezy
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Re: L'Homme qui tua Liberty Valance (John Ford)

Message par Breezy »

"Quand la légende est plus belle que la réalité, on imprime la légende"

Mon Ford préféré :wink:
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Leopold Saroyan
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Message par Leopold Saroyan »

Je n'ai jamais vu ce navet pur jus.
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Philip Marlowe
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Message par Philip Marlowe »

Leopold Saroyan a écrit :Je n'ai jamais vu ce navet pur jus.
Pire que Rio Bravo? :lol:
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

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L'homme qui tua Liberty Valance (The Man who Shot Liberty Valance - 1962) de John Ford
PARAMOUNT


Avec James Stewart, Vera Miles, John Wayne, Lee Marvin
Scénario : James Warner Bellah & Willis Goldbeck
Musique : Cyril Mockridge
Photographie : William H. Clothier (Noir et blanc 1.85)
Un film produit par Willis Goldbeck pour la Paramount



Sortie USA : 13 avril 1962


1910. Le sénateur Ransom Stoddard (James Stewart) et son épouse Hallie (Vera Miles) arrivent incognito par le train dans la petite ville de Shinbone. Les journalistes sont intrigués par la visite de personnages aussi importants dans leur modeste bourgade mais apprennent vite qu’ils sont là pour les funérailles d’un mystérieux inconnu, Tom Doniphon (John Wayne). Dans la grange qui abrite le cercueil, le sénateur va faire revivre avec émotion les évènements qui le firent rencontrer le défunt plusieurs décennies plus tôt. Alors jeune homme de loi, Ransom arrive à Shinbone à bord de la diligence ; cette dernière est attaquée par le dangereux malfaiteur Liberty Valance (Lee Marvin) qui frappe violemment Ransom pour avoir tenté de prendre la défense d’une voyageuse. Ramené en ville par Tom Doniphon, Ransom se retrouve soigné par Hallie, la cuisinière de l’auberge dont Tom est secrètement amoureux. Avec l’aide du journaliste Dutton Peabody (Edmond O’Brien) et sans vouloir utiliser la force préconisée par Tom, le jeune avocat espère mettre fin aux agissements de Valance et de sa bande. Il va surtout tenter d’amener la civilisation et la démocratie dans cette région de l’Ouest aux mœurs encore rudes…

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Outre ses immenses qualités, L’homme qui tua Liberty Valance marque une date importante dans l’histoire du genre. En même temps qu’il l'aborde sous un angle politique, qu’il met en avant les thématiques (pas forcément nouvelles mais toujours passionnantes) de la loi et l’ordre (Law and Order), de l’irruption progressive de la civilisation dans le Far-West, au travers ce film, le western se met ici à questionner avec lucidité sa propre évolution, avouant qu’il n’a pas toujours été exigeant quant à la réalité mais que ceci participait expressément de son style, dans un but romanesque et romantique puisque, comme le dit la phrase mythique du film de la bouche d’un journaliste après que la vérité sur la mort de Liberty Valance ait été levée, "When the Legend Becomes Fact, Print the Legend" ("Quand la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende"). Par cette mise en abîme du western et du cinéma hollywoodien en tant que vecteur d’un mélange réalité/fantaisie, le film de John Ford marque ainsi quasiment la fin du classicisme dans le genre. Sam Peckinpah entérinera ce virage quelques semaines plus tard au travers son second long métrage qui marquera vraiment la frontière entre western classique et western moderne (même si encore pas mal de films ultérieurs pourront encore être rattachés à la première catégorie). Il est d’ailleurs paradoxal que ce soit le chantre le plus chaleureux et enthousiaste de l’Ouest américain, de ses communautés, us et coutumes, qui nous propose ce constat à la fois nostalgique et plein d’amertume. Le noir et blanc choisi pour la photographie du film (alors que Ford avait à plusieurs reprises prouvé son talent de coloriste), le fait que plus de la moitié de sa durée se déroule de nuit et (ou) en intérieur, ainsi que sa construction en un long flash-back sont de nouvelles preuves des intentions du cinéaste ; faire du neuf avec du vieux, revenir aux sources pour parler de la fin d’un genre, se cloitrer en un quasi huis-clos pour refermer en douceur mais avec austérité et théâtralité les portes du western traditionnel qu’il contribue ici en partie à démythifier, lui qui fut pourtant l’un de ses représentants les plus inspirés et prolifiques depuis l’époque du muet jusqu’à cette date. Le mythe de l’Ouest ‘romantique’ et 'communautariste' tel qu’il s’est souvent plu à le décrire vit ses derniers instants !

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Lorsque Liberty Valance débute (splendide plan d'un train qui arrive sur nous avec son panache de vapeur), le temps du western traditionnel est révolu et le ton n’est pas vraiment à l’enthousiasme : les diligences ne roulent plus et au contraire prennent la poussière dans des granges, le calme règne dans les rues de la ville, les gens y circulent tranquillement mais tout ceci semble cruellement manquer de vie. Le sénateur est fortement étonné d’apprendre que l’homme à qui il vient rendre un dernier hommage ne portait plus d’armes depuis bien longtemps, alors qu’il fut pourtant à l’époque où il le fréquentait un tenant de la justice expéditive et de la loi du plus fort. La femme aimante du sénateur, avec son air triste, semble avoir laissé une partie de son cœur sous une motte de terre aux côtés d’un cactus qui fleurit encore devant une maison en ruine que l'on apprendra brulée autrefois par son propriétaire ; le vieil esclave n’arrive pas à cacher le chagrin que lui cause la disparition de ce même homme, son maître. Malgré les progrès de la civilisation et le recul de la violence, personne ne semble particulièrement heureux dans ce monde moderne. S’ensuit un long flash-back qui ne se terminera que peu avant les dernières séquences, John Ford replongeant alors dans ce Far-West batailleur d’il y a quelques décennies en arrière et qui vivait alors ses derniers instants. Seulement, au lieu des grands espaces, le cinéaste nous confine ici dans de pauvres décors de studio y compris pour les quelques séquences nocturnes en extérieur. Ce parti-pris lui a d’ailleurs beaucoup été reproché et effectivement, hormis la superbe photo contrastée de William H. Clothier, le visuel du film fait assez sec et étriqué ; mais Ford lui-même en était conscient, lui qui n’avait plus vraiment envie de s’arrêter sur de tels ‘détails’, préférant s’appesantir sur son intrigue et ses personnages. Il ne faut donc pas s'attendre ici à une quelconque richesse dans les décors et costumes, à de quelconques recherches formelles, l’austérité théâtrale voulue par Ford pour son film faisant que nous sommes ici bien éloignés d’autre de ses westerns tel le chatoyant La Charge héroïque (She Wore a Yellow Ribbon) par exemple.

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John Ford ne se soucie surtout ici que de son propos, que de sa description à la fois mélancolique et amère d’un Ouest qui a évolué (où plutôt qu’il a désormais décidé de dépeindre de la sorte après avoir durant des décennies participé de sa ‘romantisation’) transformant les héros en anonymes et les ‘tricheurs’ en figures légendaires ; démonstration jamais balourde que John Ford va mener à ben avec l’aide de trois personnages expressément stéréotypés ou plutôt des figures récurrentes du western classique. Tout d’abord l’avocat intègre à la Frank Capra, l’idée de donner le rôle à James Stewart n’étant d’ailleurs pas fortuite. Ransom Stoddard c’est le progrès moral et politique, une sorte de Mister Smith, homme de loi naïf qui n’a que de bonnes intentions ; refusant avec force conviction la lutte armée, c’est pourtant en croyant avoir tiré sur Liberty Valance qu’il deviendra un homme célèbre et célébré. Paradoxalement, pour arriver à imposer la démocratie non-violente, il aura fallu en passer par la force ; et c’est lui qui retirera tous les bénéfices de la mort du bandit alors qu’il apprendra peu après que la responsabilité ne lui en incombe pas. Quoiqu’il en soit, maintenant que l'affaire est classée et que tout le monde pense qu’il fut le vainqueur du 'duel', pourquoi démentir alors qu'il a acquis grâce à cette croyance une imposante stature politique, le dévouement d’une femme aimante et une vie comblée aussi bien sur le plan privé que public ? D'autant qu’il était au départ de très bonne foi et que loin de se prendre pour un imposteur, il continue à être foncièrement intègre. Une idée assez vertigineuse qu’illustre parfaitement la phrase mythique déjà citée en début de chronique. Voir James Stewart accablé de s’être remémoré cette histoire, ressentir le réveil de sa prise de conscience comme quoi toute la réussite de sa vie privée et professionnelle a été construite sur un mensonge (ou plutôt une omission) au détriment d'un autre homme, est un moment bouleversant. Malgré tout la vie reprend ses droits ; l’ironie de l’existence lui a porté bonheur : autant continuer à en profiter. Les grandes choses ont parfois été dues au pur hasard et elles ne devraient pas être dépréciées pour autant.

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Qui mieux que James Stewart aurait pu incarner cet homme de loi naïf et intègre, chantre de la justice des livres, de l'alphabétisation comme meilleur moyen de lutte contre la violence et la bêtise ? Tout comme son adversaire que campe avec une puissance étonnante un immense Lee Marvin ; Liberty Valance, Bad Guy par excellence, la parfaite brute sans foi ni loi, tellement salaud qu’il en est charismatique de méchanceté vénale, de cruauté malsaine. Ici l'acteur ne cherche jamais à rendre son personnage humain et s’amuse au contraire à camper un méchant que tout le monde aimera haïr : l’on comprend très rapidement que chacune de ses apparitions sera l'occasion de séquences d’anthologie à commencer par l’attaque de la diligence, puis celle, fameuse, au cours de laquelle John Wayne prononce la phrase jubilatoire "That’s my Steak Valance", celle où il tente de corrompre les électeurs et enfin le célèbre ‘duel’ nocturne. Liberty Valance, c’est l’homme à abattre pour mieux que la civilisation puisse enfin s'installer, celui qui n’est là que pour provoquer, persécuter et dominer ses concitoyens, toujours à la recherche d’une nouvelle démonstration de force ou de terreur. Liberty Valance c’est la représentation la plus basique de la violence et de l’injustice du vieil Ouest, celui qui terrorise le shérif couard (Andy Devine qui en fait des tonnes) et contre qui se bat jusqu’à la mort le journaliste intègre (Edmond O’Brien tout aussi cabotin).

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Son double inversé, c’est Tom Doniphon, rancher d’une probité à toute épreuve, intensément campé par un John Wayne admirable dans l'un de ses rares rôles 'dépressifs'. Seulement Doniphon en est resté lui aussi à la loi du talion, estimant également qu’en ces lieux doit encore dominer la loi du plus fort. Tom Doniphon, l’homme qui a réellement tué Liberty Valance mais dont personne n'en saura jamais rien ; le héros par excellence mais qui dans cette nouvelle ère ne trouvera plus sa place. Non seulement il sera oublié par l’histoire et ses concitoyens mais n’aura même pas trouvé satisfaction à cet acte héroïque puisqu’il avait toujours rêvé de se voir confronté à son ennemi en combat singulier afin de se prouver qu’il était plus rapide. Il n’aura pas non plus pu (su) conquérir l’amour de la femme de sa vie qui finira par épouser l’homme de loi. Doniphon terminera sa vie las et désabusé. Jamais John Wayne n’avait interprété un tel personnage ; le voir mal rasé et les traits tirés nous le fait encore plus prendre en pitié, lui qui habituellement tient les rôles d’hommes fort, plein de vitalité et de certitudes. L’amour de Tom Doniphon pour Hallie rappelle beaucoup celui d’Ethan pour sa belle-sœur dans La Prisonnière du désert (The Searchers) ; deux grands amours contrariés que nous découvrons à travers les seuls regards de ces amants maudits. John Ford n’avait pas son pareil pour nous rendre déchirants ce genre de séquences quasi muettes. On peut citer également celle de Vera Miles vieillie se rendant sur la tombe de celui qu’elle aimait réellement en secret. Le poids des regrets pèse très lourd sur les protagonistes de cette histoire qui, malgré sa légèreté et son humour picaresque, n’en demeure pas moins d’une profonde tristesse.

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Pour résumer brièvement sur la forme et sur le fond : une belle bande musicale qui reprend surtout le thème très émouvant de Young Mister Lincoln (Vers sa destinée), une photographie superbe de William H. Clothier, un scénario d’une grande richesse et une interprétation remarquable jusqu’aux plus petits rôles, qui voit pour la seule et unique fois la confrontation entre deux géants du genre, John Wayne et James Stewart… Un western important en même temps qu’un grand film politique qui s’autorise une réflexion profonde et d’une belle intensité sur l’Histoire législative des États-Unis, ambigüe et paradoxale ; où comment la démocratie est née par la force, force qu’elle est désormais censée contrôler voire anéantir en laissant place à la justice. Une admirable leçon de morale (et non moralisatrice) pleine de lucidité, un western thématiquement très riche, tout à la fois amer, humaniste, élégiaque et mélancolique au cours duquel le grand cinéaste s’avère toujours aussi sensible lorsqu’il s’agit de croquer quelques petites vignettes douces-amères prise dans un propos bien plus vaste, non moins que l’édification de la société américaine moderne, les aventuriers étant remplacés par des politiciens. Il est néanmoins permis de préférer à ce western joliment didactique et introspectif bien d’autres films de Ford, moins austères et plus chaleureux.

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Le film a été tellement commenté ici et là que je ne vais pas me permettre d’en écrire plus. Il faut néanmoins savoir qu’il ne fit pas l’unanimité à l’époque de sa sortie et que même des spécialistes aussi éminents que Jean-Louis Rieupeyrout ne furent pas du tout convaincus. En revanche et paradoxalement, Lindsay Anderson, qui rappelons le fut assez dur avec la dernière partie de carrière de Ford (y compris à l’encontre de The Searchers), écrivit sur Liberty Valance parmi les plus belles pages de son célèbre ouvrage sur le cinéaste. Je le laisse conclure : "Publiez la légende" dit le rédacteur en chef du Shinbone Star. A la fois cynique et poétique, cette phrase résume tout. A la fin du film, le train poussif disparait à l'horizon, ramenant Rance et Hallie à Washington et nous même sur le chemin du souvenir, vers tous ces autres départs qui concluaient les plus belles histoires de Ford. Seulement il ne reste à présent plus personne sur la colline ou sur la plage, plus de tâche à accomplir. Le chemin du départ ne va plus droit et résolu mais parcourt doucement la courbe du passé. Tout est maintenant consommé. Si Le Soleil brille pour tout le monde fut le finale de la grande carrière de Ford, Liberty Valance en est la coda, parfois fortuite, toujours pleine d'ironie, riche de l'expérience du poète et digne de sa vie qu'il conclut avec stoïcisme et résignation."

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Simone Choule
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Message par Simone Choule »

Philip Marlowe a écrit :
Leopold Saroyan a écrit :Je n'ai jamais vu ce navet pur jus.
Pire que Rio Bravo? :lol:
Oui.
Cosmo Vitelli
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Message par Cosmo Vitelli »

Jeremy Fox a écrit :
Ne pas oublier la superbe critique du DVD par margo sur le site ;-)
Superbe critique en effet.
Verbal
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Message par Verbal »

Jeremy Fox a écrit ::P pas mieux Verbal : un chef d'oeuvre, un film parfait comme une dizaine d'autres films de John Ford.

Ne pas oublier la superbe critique du DVD par margo sur le site ;-)
Sur tes bons conseils je viens de la lire et elle est vraiment parfaite, cette critique, à l'image du film! :wink:
Alex Blackwell
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Message par Alex Blackwell »

Cette dernière manière fordienne me fait assez penser à celle de Mizoguchi avec sa Rue de la honte: plus guère de recherches formelles mais un propos délivré dans toute sa nudité.

Le poids des regrets a rarement été aussi écrasant: la plongée finale sur Stewart dans le train certes, mais aussi ce cactus déposé sur ce cercueil fait de quatre planches de bois, terrible vision d'amertume.

Assez indispensable mais pas représentatif de la carrière du cinéaste: ce n'es pas un chef d'oeuvre testamentaire.
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Captain Blood
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Message par Captain Blood »

Heureux et d'accord avec toi verbal, sur le fait de remettre à l'honneur ce superbe film de John Ford. :D
C'est aussi à mon avis l'un des tout meilleurs du réalisateur, je n'ose dire le meilleur car à un certain niveau de perfection, il est quasi impossible de chercher à départager tel ou tel film.
Je pense en tout cas sincèrement que c'est dans le style Fordien, un des plus "équilibrés", un des plus dénués de défaut.
Je vais en effet peut-être me faire des ennemis, mais je trouve que ce qui peut faire les qualités d'un bon Ford, tend parfois dans certains de ces films à en faire les défauts. :?
C'est à dire que les bases même de son langage alourdissent parfois quelques-uns de ses films, à mon humble avis. (trop de sensiblerie ou bien de mièvrerie parfois, mais qui dans certains films se justifient et en font le charme aussi)
En tout cas, point de tout ceci dans ce western modèle, qui rappellons-le réunit deux des figures mythiques du genre : John Wayne et James Stewart.
"Quand les types de cent trente kilos disent certaines choses, les types de soixante kilos les écoutent."


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Johnny Doe
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Message par Johnny Doe »

Un western sombre et magistrale ! Et puis il y a James Stewart....(le nb chez Ford c'est à tomber)
- Errm. Do you want to put another meeting in?
- Any point?
- May as well. Errm. And then when nothing comes in, just phone you up and cancel it.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Star Maker a écrit :Cette dernière manière fordienne me fait assez penser à celle de Mizoguchi avec sa Rue de la honte: plus guère de recherches formelles .
:shock: Plus guère de recherches formelles dans Liberty Valance : je ne vois pas trop là, ce film étant formellement splendide.
Alex Blackwell
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Message par Alex Blackwell »

Jeremy Fox a écrit :
Star Maker a écrit :Cette dernière manière fordienne me fait assez penser à celle de Mizoguchi avec sa Rue de la honte: plus guère de recherches formelles .
:shock: Plus guère de recherches formelles dans Liberty Valance : je ne vois pas trop là, ce film étant formellement splendide.
Liberty est un film de l'introspection qui se déroule largement en intérieurs: quiconque voit ce film avant d'autres Ford ne peut se douter le niveau de beauté qu'a atteint le réalisateur dans the searchers, My darling Clementine ou the Quiet Man.
Visuellement parlant, je trouve que Liberty est agréable à regarder mais l'oeil du poète n'est pas présent derrière chaque plan comme par le passé.
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Message par Alex Blackwell »

Captain Blood a écrit :Je vais en effet peut-être me faire des ennemis, mais je trouve que ce qui peut faire les qualités d'un bon Ford, tend parfois dans certains de ces films à en faire les défauts. :?
C'est à dire que les bases même de son langage alourdissent parfois quelques-uns de ses films, à mon humble avis. (trop de sensiblerie ou bien de mièvrerie parfois, mais qui dans certains films se justifient et en font le charme aussi)
Deux défaut récurrents chez Ford:
-les personages censés être hauts en couleur et virant à la caricature insupportable
-une musique assourdissante et omniprésente, souvent faite de parfum populaire

Notons que des défauts identiques ne seront pas forcément vus par tout le monde dans les mêmes films.
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Roy Neary
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Message par Roy Neary »

Star Maker a écrit :-les personages censés être hauts en couleur et virant à la caricature insupportable
-une musique assourdissante et omniprésente, souvent faite de parfum populaire.
Pas d'accord du tout sur la caricature !
Le cinéma de John Ford est un cinéma qui prend son sujet à bras le corps. C'est un cinéaste à la fois épique, lyrique, nostalgique, poétique, grandiloquent et intimiste à la fois, tragi-comique, peuplés de personnages entiers et truculents. C'est un univers complexe et ramifié qui trace des correspondances entre les films et les personnages. Comme tout grand créateur qui impose un système qui fonctionne selon ses propres règles, il faut prendre son oeuvre comme un tout (malgré la qualité variable de ses films). Les personnages "hauts en couleur" font partie intégrante de ce monde et servent de référents autour desquels s'organisent une vision du monde. Je tenterais une comparaison avec Shakespeare. Chez le dramaturge anglais, on trouve également ce genre de personnages fougueux et excessifs.
Ce ne sont pas des "sidekicks" comiques comme on voit trop souvent dans les productions contemporaines. A travers eux s'expriment des sentiments chaleureux, de franche camaraderie, de mélancolie déguisée sous l'humour.

Je ne comprends pas "parfum populaire" pour la musique. Ou j'ai peur de trop comprendre.
Max Steiner, Alfred Newman, Victor Young, Richard Hageman, Franz Waxman, Alex North, Elmer Bernstein, Cyril Mockridge ne font pas dans la musique de chambre. Ils font dans le western, l'aventure exalté, le puissant, le violent, l'entraînant, le bandant, les sabots de cheval dans la poussière, la flèche d'Indien dans le bide, le coup de poing dans la gueule et la femme qu'on soulève dans les bras après s'être murgé au whisky ! Libre à toi de les trouver assourdissants, moi je les trouve enthousiasmant. 8)
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