Magie des éditions au rabais vendues en hypermarché, on ne sait jamais trop ce qui se cache derrière certaines jaquettes. Celle-ci :

promettait une de ces comédies grivoises pas drôles dans le genre sous-Police academy. La surprise ne fut que plus grande lorsqu'il s'est avéré au démarrage du générique qu'il s'agissait en fait d'une jaquette volante. J'ai donc vu un truc hautement nawakesque intitulé :
The American way (aka Riders of the storm), Maurice Phillips (1986)

Survolant le territoire américain à bord d'un vieux bombardier de la Seconde guerre mondiale, une bande de cramés du cerveau vétérans du Vietnam, dirigés par un Dennis Hopper le cigare collé au bec, parasite les postes de télé de not' bonne vielle Amérique pour diffuser ses propres émissions pirates (Sadomaso TV) et mettre le souk dans les foyers. Un peu fatigués, ils vont rempiler pour une dernière campagne afin de discréditer une candidate aux Présidentielles, fondamentaliste chrétienne, belliciste et anti-rouge (un mélange de Thatcher et Reagan). La lutte s'engage entre les deux parties. La candidate fera appel à l'armée, à des mafieux latinos ahuris et s'associera à une télé évangéliste, tandis que Hopper va rassembler à ses côtés d'autres collègues de télés pirates. Evidemment par manque de moyens, on ne verra jamais les missiles et les avions lancés à leurs trousses. Tout sera visualisé à travers les écrans de contrôles et autres radars, tandis que nos héros font genre de suer sur le manche et tripotent boutons et câbles divers.

Dans sa version originale, en dehors de son budget limité, ce film est sûrement une comédie satirique sympathique, un genre de
Wayne's world avant l'heure. Les personnages cabotinent à mort, c'est plein de parodies d'émissions de télé et d'extraits vidéos où Errol Flynn et John Wayne cohabitent avec des images de la guerre du vietnam. La bande son se la joue musique du diable puisqu'on entend entre autres Alice Cooper, The Kinks, Hendrix, Joan Jett.

Mais si le visionnage de ce truc devient une réelle expérience stratosphérique, c'est parce que le ton outrancier et la volonté satirique du récit sont complétement transcendés par le fait que manifestement le doublage VF s'est fait en live et sans aucun texte, ce qui fait qu'on a droit à des dialogues qui rament comme rarement sans jamais aboutir à quoi que ce soit, avec une tendance marquée à l'insulte facile du genre
« vous me faites chier, bande de p'tits pédés » et autres
« j't'emmerde » (c'est souvent comme ça quand on improvise un doublage !). Du coup, ces pirates du ciel parlent vraiment comme des charretiers ! Le résultat est à crever de rire. On croirait voir l'équipe du
Grand détournement au travail !

Il existe apparemment deux versions du film, de 105' et 92'. J'ai vu la courte et on sentait bien que certaines péripéties étaient un peu vite éjectées.
Je suis évidemment prêt à faire du prosélytisme et à encourager la circulation de ce précieux document...