Profession : Reporter (Michelangelo Antonioni - 1975)
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Profession : Reporter (Michelangelo Antonioni - 1975)
Pour rebondir sur le top Peckinpah qui m'a fait prendre conscience des similitudes entre Profession : Reporter et Apportez-moi la tête d'Alfredo Garcia (Un homme en pleine crise existentielle accompagné d'une femme en voiture dans un pays hispanique est confronté au poids de son identité et à la mort...), je voudrais sonder les DVDclassikiens sur le film d'Antonioni qui m'impressionne le plus.
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"There is Paramount Paris and Metro Paris, and of course the real Paris. Paramount's is the most Parisian of all."
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C'est un film assez difficile de prime abord mais une fois qu'on se laisse porter par les déambulations du personnage (et celles de son esprit), le film se révèle subjuguant et beau. Esthétiquement, ce film touche à l'expérimental et c'est peut-être là que le style d'Antonioni atteint un certain absolu. Jeck Nicholson s'efface progressivement du cadre à mesure qu'il se rapproche de sa fin et la nature finit par régner en maître. Je me demande si ce n'est pas cela le fond politique que le cinéaste entendait donner à son film, qui fut très mal perçu d'ailleurs à sa sortie.
Pour un non initié au cinéma d'Antonioni, je pense qu'il ne faudrait pas commencer par Profession : reporter pour découvrir son univers, un peu comme Tarkovski et son Miroir.
Pour un non initié au cinéma d'Antonioni, je pense qu'il ne faudrait pas commencer par Profession : reporter pour découvrir son univers, un peu comme Tarkovski et son Miroir.

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D'accord avec toi, Roy... mais y a-t-il un seul film d'Antonioni ou de Tarkovski qui soit facile?
En tous cas, cela me comble de joie de voir que mes amis forumeurs apprécient mon film préféré (Nicholson porte mon nom dans le film, ou est-ce l'inverse
...) à sa juste valeur.
Copains

En tous cas, cela me comble de joie de voir que mes amis forumeurs apprécient mon film préféré (Nicholson porte mon nom dans le film, ou est-ce l'inverse

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Je confirme. Mais on ne choisit pas forcément ....Roy Neary a écrit :Pour un non initié au cinéma d'Antonioni, je pense qu'il ne faudrait pas commencer par Profession : reporter.
[...]But being this a .44 magnum, the most powerful handgun in the world, and would blow your head clean off, you have to ask yourself one question : "Do I feel lucky ?". Well, do you, punk ?
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Pour en revenir au message politique du film, c'est véritablement entre les lignes, au delà du discours qu'il faut aller le chercher.
ATTENTION SPOILERS
En effet, Antonioni reste ostensiblement neutre concernant l'affrontement politique le plus évident du film (des rebelles contre un Etat répressif africain indéterminé - le Tchad?) : les uns achètent des armes et fonctionnent comme une organisation terroriste, les autres font régner la terreur par des éxécutions publiques et n'hésitent pas à torturer les prisonniers pour obtenir les informations dont ils ont besoin.
Lorsque le reporter interviewe le chef des rebelles, celui-ci lui démontre que ses questions ne font qu'illustrer les interrrogations d'un occidental devant ce qu'il ne comprend pas (le tiers-monde, le désert, la guerre civile...).
La caméra se retourne alors vers le reporter, et tout bascule...
C'est le reporter lui-même qui devient le lieu de la guerre : une guerre sans merci contre le poids des préjugés occidentaux, contre la logique du réseau, contre l'identité vécue comme un fardeau...
La quête du héros est celle de la liberté, mais il s'aperçoit bien vite que l'identité dans le monde moderne est une chose dont on ne se sépare pas facilement, car c'est le phénomène social par excellence : c'est la société qui définit notre identité (nous sommes identifiés par notre ascendance répertoriée, par notre métier, par notre aisance ou notre misère, par nos amis ou nos ennemis...) et vouloir passer outre c'est affronter un ennemi innombrable et sans répis.
Dans ce thriller métaphysique, c'est au cours du voyage - et non à son terme - que le héros connaîtra la "liberté libre" selon l'expression de Rimbaud.
La solution au mal existentiel du héros n'était pas de choisir une autre identité et de tenter d'en reproduire les actions habituelles, mais de s'en défaire tout à fait et d'accepter de se constituer au contact du monde, quitte à dépasser l'identité humaine et à devenir un morceau mouvant du paysage, une entité flottante qui se laisse inspirer (aspirer?) par la nature tour à tour hostile et carressante.
ATTENTION SPOILERS
En effet, Antonioni reste ostensiblement neutre concernant l'affrontement politique le plus évident du film (des rebelles contre un Etat répressif africain indéterminé - le Tchad?) : les uns achètent des armes et fonctionnent comme une organisation terroriste, les autres font régner la terreur par des éxécutions publiques et n'hésitent pas à torturer les prisonniers pour obtenir les informations dont ils ont besoin.
Lorsque le reporter interviewe le chef des rebelles, celui-ci lui démontre que ses questions ne font qu'illustrer les interrrogations d'un occidental devant ce qu'il ne comprend pas (le tiers-monde, le désert, la guerre civile...).
La caméra se retourne alors vers le reporter, et tout bascule...
C'est le reporter lui-même qui devient le lieu de la guerre : une guerre sans merci contre le poids des préjugés occidentaux, contre la logique du réseau, contre l'identité vécue comme un fardeau...
La quête du héros est celle de la liberté, mais il s'aperçoit bien vite que l'identité dans le monde moderne est une chose dont on ne se sépare pas facilement, car c'est le phénomène social par excellence : c'est la société qui définit notre identité (nous sommes identifiés par notre ascendance répertoriée, par notre métier, par notre aisance ou notre misère, par nos amis ou nos ennemis...) et vouloir passer outre c'est affronter un ennemi innombrable et sans répis.
Dans ce thriller métaphysique, c'est au cours du voyage - et non à son terme - que le héros connaîtra la "liberté libre" selon l'expression de Rimbaud.
La solution au mal existentiel du héros n'était pas de choisir une autre identité et de tenter d'en reproduire les actions habituelles, mais de s'en défaire tout à fait et d'accepter de se constituer au contact du monde, quitte à dépasser l'identité humaine et à devenir un morceau mouvant du paysage, une entité flottante qui se laisse inspirer (aspirer?) par la nature tour à tour hostile et carressante.
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Un petit up pour une question: j'ai vu l'époustouflant plan séquence final du film hier, mais je me demandais s'il y avait un trucage quelconque? Ca me parait tellement génial que j'ai du mal à croire que ce soit un seul et même plan. Je sais qu'Antonioni n'est pas Fincher, mais j'ai un doute.
Elle était belle comme le jour, mais j'aimais les femmes belles comme la nuit.
Jean Eustache, La Maman et la Putain
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Y a pas eu de trucage. Antonioni est Dieu.marcusbabel a écrit :Un petit up pour une question: j'ai vu l'époustouflant plan séquence final du film hier, mais je me demandais s'il y avait un trucage quelconque? Ca me parait tellement génial que j'ai du mal à croire que ce soit un seul et même plan. Je sais qu'Antonioni n'est pas Fincher, mais j'ai un doute.
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D'après ce qu'on m'a dit, il n'y a effectivement qu'un seul plan. Lorsque la caméra traverse la fenêtre à barreaux, celle-ci s'ouvre en deux, comme les battants d'une porte de saloon.
André S. Labarthe a réalisé un court métrage documentaire sur la question, la Dernière Séquence de Profession : reporter (1974, 12'), dans lequel Antonioni explique comment le plan a été tourné. J'aimerais bien voir ce film, qui ferait un beau supplément de dvd.
André S. Labarthe a réalisé un court métrage documentaire sur la question, la Dernière Séquence de Profession : reporter (1974, 12'), dans lequel Antonioni explique comment le plan a été tourné. J'aimerais bien voir ce film, qui ferait un beau supplément de dvd.
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Je crois que les deux feuilles déco s'écartent de chaque coté en coulissant plutot que comme une porte de salloon 

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« S’il est vrai que l’art commercial risque toujours de finir prostituée, il n’est pas moins vrai que l’art non commercial risque toujours de finir vieille fille ».
Erwin Panofsky
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J'ai participé à un court métrage où la caméra avançait sur une fenêtre et passait à travers.Rockatansky a écrit :Je crois que les deux feuilles déco s'écartent de chaque coté en coulissant plutot que comme une porte de salloon
En fait, au tournage, lorsque la caméra arrivait sur la fenetre, c'est tout le décor "fenetre" qui partait avec la caméra, donnant l'impression voulue...
Momo
L'alcool, c'est mal.styx a écrit :Je comprends pas grand chose à vos salades, mais vous avez l'air bien sur de vous, donc zetes plus à même hein de parler, de sacrés rigolos que vous faites en fait, merde ça rime lourd là, je vais éditer. mdr
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Vu le plan ta proposition est impossibleMomo la crevette a écrit :J'ai participé à un court métrage où la caméra avançait sur une fenêtre et passait à travers.Rockatansky a écrit :Je crois que les deux feuilles déco s'écartent de chaque coté en coulissant plutot que comme une porte de salloon
En fait, au tournage, lorsque la caméra arrivait sur la fenetre, c'est tout le décor "fenetre" qui partait avec la caméra, donnant l'impression voulue...
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