Strum a écrit :Wagner a écrit :
OK, mais je pense que tu as conscience que les gens qui parlent de la mièvrerie d'E.T. pensent au doigt qui s'allume, au comportement de la créature, à ce genre de trucs...
Oui, mais ces choses-là se rapportent au regard de l'enfant dont le film prend le point de vue. Elles sont comme imaginées par et pour ce regard d'enfant. En tant qu'adulte, le doigt d'ET qui s'allume n'a pour moi rien de magique, et je le regarde avec indulgence ou bienveillance, comme je le fais en regardant les jeux de mes enfants. En revanche, ce qui dans le film m'intéresse c'est le reste qui se prête au regard de l'adulte, c'est à dire tout ce qui se rapporte à la manière dont Elliot perçoit le monde pour lui terrifiant des adultes. Ce n'est pas ET que je regarde, c'est Elliot. Elliot est là au début et à la fin, tandis qu' ET arrive et repart. A cet égard, le titre du film est presque trompeur ; ET est un film sur Elliot.
J'ai une connaissance qui a appelé son fils Elliot, je n'ai osé lui demandé si elle est fan d'E.T
Blague à part, je suis un peu surpris que l'on aille chercher tant de densité dans le film sous couvert de subjectivité du regard. La prise de vue à hauteur d'enfant est un des principes les plus élémentaires qui soient dès lors que l'on centre un film sur un enfant (oui, oui, La Nuit du chasseur). Les adultes perçus uniquement par des jambes qui s'agitent ne suffisent pas à parler de film où le monde adulte est présenté de manière terrifiante. Distants, inaccesibles, certainement mais cauchemardesque? Ce n'est pas non plus Moonfleet.
Apèrs je n'ai pas d'avis aussi tranché, je trouve que le film a des qualités, mais Spielberg me gêne avec ses tableaux très simples auxquels il a l'air de croire vraiment. Comparer E.T à the Thing, c'est un peu comparer Empire du soleil à Requiem pour un massacre. D'un côté y'a un gamin qui y croit, se fait mettre en joue par un japonais et s'en sort par un salut militaire adressé à trois pilotes qui lui rendent son salut de manière solennelle sur fond de coucher de soleil, de l'autre y'a un gamin qui s'en prend plein la gueule.
Le souci de Spielberg, cinéaste de l'enfance, est qu'il se heurte à des chefs d'oeuvre qui ne se limitent pas à une vision d'enfants émerveillés devant un doigt qui s'allume. Les Walkabout, Messager, un cyclone à la Jamaïque et cie rentrent dans cette catégorie.