
Voilà, je voudrais juste parler d'une de mes actrices favorites, la pétillante Claudette Colbert. Quand elle est morte en 1997, j'ai été estomaquée de voir qu'aucune monographie, aucun hommage vibrant n'ait été fait pour elle en France, notre pays qui peut être si chauvin et qui s'exite quand nos Isabelle A. et autres Sophie M. se compromettent dans les pires navets US. Lily-Claudette Chauchoin (son vrai nom) était pourtant française d'origine, mais c'est vrai qu'elle fut une actrice 100% américaine, qui n'avait gardé que le chic parisien dans sa superbe carrière hollywoodienne.
J'adore son visage tout rond, tout mignon, ses hautes pommettes, sa frange si typique, son élégance naturelle et sa diction assez gutturale (je suis très sensible aux voix et aux dictions des acteurs), qui furent des atouts maîtres pour cette délicieuse actrice de comédie. C'est dans la comédie qu'elle fut mémorable, mais comme tant de ses comtemporaines des années 30/40 (Irenne D., Jean A., Katharine H., Roz R., Carole L., Ginger R.), elle fut aussi excellente dans le mélodrame.
Pour moi ses 3 meilleures comédies furent : "Midnight" de Leisen, "La 8ème femme de Barbe-Bleue" de Lubitsch et "The Palm Beach Story" de Sturges.
"Midnight" est la meilleure variation du thème de Cendrillon que j'ai jamais vue (je le préfère même à "My fair Lady"). Les scènes de Claudette avec un John Barrymore survolté sont mes préférées, les dialogues exquis -normal, c'est Billy Wilder qui s'y colle avec Brackett- ("Ecoute vieux, quand le petit chaperon rouge a repéré ta bave et tes cros au coin de la bouche, n'essaie surtout pas de te faire passer pour sa Grand-Mère !"). Et aucune mièvrerie bien qu'on aborde le thème cendrillonesque, c'est même une cendrillon pragmatique et arriviste dont Claudette nous fait le portrait qui ne trouve pas 1 mais 2 Princes Charmants ! Une petite pensée pour tous les seconds rôles, dont le délicieux O'Malley.
"La 8ème femme..." de Lubitsch est considéré comme un de ses films mineurs, m'enfin mineur avec Ernst, c'ets toujours largement supérieur à n'importe laquelle des comédies actuelles qui se complaisent dans la niaiserie et la facilité. C'est son seul film vraiment "slapstick", en général Lubitsch faisait des films qui font sourire, et non rire aux éclats. Il FAUT admirer la scène de la fessée (ou Gary Cooper se prend pour John Barrymore après avoir lu, pour la 1ère fois de sa vie, du Shakespeare) et surtout celle du baiser aux oignons, admirer la précision et la perfection du jeu d'actrice comique de Colbert. La scène des oignons est incroyablement vulgaire sur le papier : en faire Gary fait boire de l'alcool à Colbert pour coucher avec elle et elle défend sa hum.... chasteté avec des oignons, et le "castre"

Enfin, le Sturges, qui à mon avis a inspiré "Certains l'aiment chaud" avec sa scène dans le train et sa bouffonerie. La fin très suprenante et heureuse pour les 2 amants éconduits (Astor et Vallee) qui trouvent quand même un erzatz de Colbert et McCrea dans leurs... jumeaux ! Avec Sturges, ce genre de retournements est tout à fait naturel.
Bien sûr il y a le Capra ("New-York/Miami"), mais ma préférence va aux 3 susnommés car mes goûts personnels m'ont toujours fait préférer l'Ecole Lubitsch-Sturges-Wilder (Je sais bien que Wilder n'a pas fait "Midnight" et je ne sous-estime pas les talents de Mitch Leisen, mais je parle de l'esprit du film, qui est complètement wilderien) et leur ironie souriante, aux Capra, McCarey et autres Borzage (que je vénère aussi).
Sinon, d'autres comédies réussies sont à mettre au crédit de Colbert comme "Arise my love" de Leisen encore, "The Gilded Lily", ou "Mon mari le patron" de LaCava. Son jeu est toujours aussi précis dans les films plus mélodramatiques comme "Since you went away", "Sur la Route des Mohwaks", le premier "Imitation of life", "So proudly we hail" (avec 2 autres beautés Paramount maison comme Veronica Lake et Paulette Goddard), etc. Elle a aussi joué "Cléopatre" pour le pompeux DeMille (qui est un genre à lui tout seul), mais une Cléo malicieuse, on sent qu'elle a du mal à garder son sérieux pour un rôle de séductrice/vamp.
Banane