Le film contient pas mal de faiblesses narratives (le sommum étant la fin assez frustrante), mais on a droit en compensation à certain des plus beaux moments de cinéma de Truffaut, lors des scènes d'incendies, dans toute cette mise en scène autour des couloirs, des rails et du tramway, ou les moments ou Oscar Werner et Julie Christie sont ensemble. En même temps cette faiblesse dramatique, en y repensant, a quelque chose d'assez cohérent au service du projet, comme de vraies bulles flottant en opposition à la société extrèmement rectiligne que l'on voit à l'écran... c'est souvent ce qui crée de l'émotion. Le traitement visuel finalement offre la possibilité de rendre vraiment palpable cette société expurgée de l'écrit (dés le générique énonçé et sans police...). Truffaut ici achève de confirmer à quel point le sujet finalement a quelque chose de réellement cinématographique, et comment cinéma et littérature peuvent marcher main dans la main. D'ailleurs, c'est sans doute le film ou Truffaut utilise le moins la forme du dialogue, les mots... de nombreuses séquences sont presques muettes.
Oscar Werner a un petit air de David Hemmings qui va bien au film... Quand à Julie Christie, Truffaut arrive à créer une aura réellement mystérieuse autour de cette actrice, que n'égaleront pas Lean ou Roeg (lequel signe ici d'ailleurs une belle photo, avec parfois une chtite embiance Avengers croisée avec Tati). Mais bon, le summum du film, ça reste tout de même la partition de Bernard Herrmann, extraordinairement émouvante et poignante, j'avais quasiment les larmes aux yeux du coup à la vision du film. Je pense que Truffaut a du tripper quand il a vu pour la première fois son film avec le logo Universal et les notes du Bernie dérrière. Allez hop, je crois bien qu'on peut dire que c'est son plus beau score.
Naif parfois et un peu faiblard, mélancolique souvent et dégageant de vrais moments de magie et de sincérité, un film atypique à plusieurs titres donc dans la filmographie du réalisateur. On peut regretter de ne pas l'avoir vu dans d'autre projet de ce genre, moins terre à terre (façon de parler) que le reste de sa filmo.
