Les Aventures d'un homme invisible (John Carpenter - 1992)
Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky
-
- Producteur
- Messages : 8897
- Inscription : 13 mai 03, 19:59
je me souviens d'un choc ! J'avais du relire 4-5 fois le programme TV pour m'assurer que c'était bien JOHN CARPENTER qui avait réalisé ce film. Non pas qu'il soit à ce point mauvais, mais j'y vois juste une comédie classique et sans personnalité. Maintenant la critique sociale je pourrais pas dire, ma dernière (et unique) vision remonte à 4-5 ans.
- Errm. Do you want to put another meeting in?
- Any point?
- May as well. Errm. And then when nothing comes in, just phone you up and cancel it.
- Any point?
- May as well. Errm. And then when nothing comes in, just phone you up and cancel it.
-
- Mister Ironbutt 2005
- Messages : 7489
- Inscription : 13 avr. 03, 09:15
Les aventures d'un homme invisible (J. Carpenter, 1992)
Après quatre ans d'absence, Carpenter reviens au cinéma avec cette commande pour Chevy Chase, et c'est elle qui fait l'actualité du cinéaste chez nous en ce moment puisque le film sort enfin en DVD Zone 2 chez warner. L'occasion de redécouvrir ce film qui a méchamment floppé à sa sortie (15 millions de dollars pour 40 de budget). Carpenter succède à Reitman et Donner qui ont tous deux laissé tomber le projet, et pense qu'il y a du potentiel à faire de Chevy Chase un "véritable" acteur. Mais sur le plateau les deux hommes ne s'entendent pas, Chase est producteur du film et impose plusieurs de ses points de vues contradictoires au cinéaste, demandant nottamment à être visible à l'écran dans des passages ou Carpenter aurait voulu qu'on ne le voit pas. Il s'en suit une sorte de concept "Code Quantum", mais il faut bien avouer que par rapport aux autres film sur l'homme invisible, ça donne une petite touche à part assez chouette et originale.
Si Carpenter à plus ou ou moins désavoué le film, ce qui saute aux yeux pourtant c'est sa classe et sa poésie. Rétrospectivement, avec ses expérimentations visuelles dans le domaine du surréalisme, on peut même dire qu'il pré-figure ce qu'il donnera dans dans "L'antre de la Folie" ou "Los Angeles 2013". Ici l'invisibilité est prétexte à plusieurs passages poétiques loin de la violence des effets spéciaux de "Hollow man", mais on a le droit à des scènes incroyables comme ce décor d'un immeuble devenu à moitié invisble. Le caractère humain de ce cette variation du thème met en lumière la difficulté d'être invisble plus que son fantasme, et l'aliénation de l'individu: on a là une métaphore d'un l'homme d'affaire invisible aux autres, son statut d'invisible concret étant presque une "logique".
La mise en abyme individuelle qui suivra dans "L'Antre" est un rapprochement tout comme la désincarnation du décor et des corps dans "LA. 2013", au profit de l'hollographique et de la synthèse. Si on pousse dans cette voie sur le cinéma de Big John dans les années 90, on peut aussi inclure son remake du "Village des damnés". La perte d'identité de l'Amérique, et si c'était le grand thème de ce cinéaste dans cette décénie, cette confrontation à la virtualité et l'effacement de l'image? Dans "Le Village des damnés", Carpenter met véritablement en exergue l'uniformisation. Celà passe déjà par le casting fait de visages fammilièrement ancrés dans la culture de masse: Superman, Luke Sywalker, Kirstie "Allo maman ici bébé". La perte d'humanité et la désagrégation communautaire voilà ce que Carpenter regarde plus franchement que le film de Rilla. Si des films comme "The Thing" ou "Christine" tentait franchement de redonner une nouvelle forme aux mythes du fantastique, la décennie 90 entreprend au contraire quelque chose de plus introspectif et destructurés sur ces derniers ("l'homme invisible" cite ainsi explicitement le classique avec Claude Rains). Une continuation plus posée de ses série B hargneuses et grunge de la fin des années 80, dont la boucle sera bouclée avec "Vampires".
On retrouve dans "les Aventures d'un homme invisible" l'acteur Sam Neill, ici vraiment parfait en méchant, et qui reviendra dans 'L'antre de la Folie", marquant une forme de continuation. Chase au contraire n'est pas un acteur très charismatique qui a ici du mal à sortir de son registre comique, mais incarne à merveille une sorte d'anonymat qui sied parfaitement au personnage. Après il est vrai que l'on a pas l'oeuvre la plus personnelle de Carpenter mais son talent est bien sollicité au sein de scènes de thriller hitchcokiennes très agréablement menés, clairs et aérées. La romance prend aussi une place importante, pas toujours à bon escient même si la relation avec darryl hannah est intéressante. Le film multiplie parfois plusieurs tonalité, ce qui a sans doute été l'une des raisons de son insuccès... Pourtant on a là un divertissement mené à la baguette par quelqu'un qui s'y connait sur le bout des doigts, léger, inventif et dégageant autant une légère mélancolie que le sourire. De tous les films de Carpenter, c'est peut-être celui qui a le plus de grâce.
Si Carpenter à plus ou ou moins désavoué le film, ce qui saute aux yeux pourtant c'est sa classe et sa poésie. Rétrospectivement, avec ses expérimentations visuelles dans le domaine du surréalisme, on peut même dire qu'il pré-figure ce qu'il donnera dans dans "L'antre de la Folie" ou "Los Angeles 2013". Ici l'invisibilité est prétexte à plusieurs passages poétiques loin de la violence des effets spéciaux de "Hollow man", mais on a le droit à des scènes incroyables comme ce décor d'un immeuble devenu à moitié invisble. Le caractère humain de ce cette variation du thème met en lumière la difficulté d'être invisble plus que son fantasme, et l'aliénation de l'individu: on a là une métaphore d'un l'homme d'affaire invisible aux autres, son statut d'invisible concret étant presque une "logique".
La mise en abyme individuelle qui suivra dans "L'Antre" est un rapprochement tout comme la désincarnation du décor et des corps dans "LA. 2013", au profit de l'hollographique et de la synthèse. Si on pousse dans cette voie sur le cinéma de Big John dans les années 90, on peut aussi inclure son remake du "Village des damnés". La perte d'identité de l'Amérique, et si c'était le grand thème de ce cinéaste dans cette décénie, cette confrontation à la virtualité et l'effacement de l'image? Dans "Le Village des damnés", Carpenter met véritablement en exergue l'uniformisation. Celà passe déjà par le casting fait de visages fammilièrement ancrés dans la culture de masse: Superman, Luke Sywalker, Kirstie "Allo maman ici bébé". La perte d'humanité et la désagrégation communautaire voilà ce que Carpenter regarde plus franchement que le film de Rilla. Si des films comme "The Thing" ou "Christine" tentait franchement de redonner une nouvelle forme aux mythes du fantastique, la décennie 90 entreprend au contraire quelque chose de plus introspectif et destructurés sur ces derniers ("l'homme invisible" cite ainsi explicitement le classique avec Claude Rains). Une continuation plus posée de ses série B hargneuses et grunge de la fin des années 80, dont la boucle sera bouclée avec "Vampires".
On retrouve dans "les Aventures d'un homme invisible" l'acteur Sam Neill, ici vraiment parfait en méchant, et qui reviendra dans 'L'antre de la Folie", marquant une forme de continuation. Chase au contraire n'est pas un acteur très charismatique qui a ici du mal à sortir de son registre comique, mais incarne à merveille une sorte d'anonymat qui sied parfaitement au personnage. Après il est vrai que l'on a pas l'oeuvre la plus personnelle de Carpenter mais son talent est bien sollicité au sein de scènes de thriller hitchcokiennes très agréablement menés, clairs et aérées. La romance prend aussi une place importante, pas toujours à bon escient même si la relation avec darryl hannah est intéressante. Le film multiplie parfois plusieurs tonalité, ce qui a sans doute été l'une des raisons de son insuccès... Pourtant on a là un divertissement mené à la baguette par quelqu'un qui s'y connait sur le bout des doigts, léger, inventif et dégageant autant une légère mélancolie que le sourire. De tous les films de Carpenter, c'est peut-être celui qui a le plus de grâce.
- Colqhoun
- Qui a tué flanby ?
- Messages : 33435
- Inscription : 9 oct. 03, 21:39
- Localisation : Helvetica
- Contact :
-
- Mogul
- Messages : 10614
- Inscription : 13 avr. 03, 08:14
Yeah. Film bien troussé.que je viens juste de découvrir. C'est très fun, l'handicap liés à l'invisibilité est bien exploité, y'a pas mal de trouvailles. Un petit côté mort aux trousses pas déplaisant.
Carpenter avait tourné une fin différente où Chevy Chase avait un enfant avec Darryl Hannah ...un enfant invisible.
Carpenter avait tourné une fin différente où Chevy Chase avait un enfant avec Darryl Hannah ...un enfant invisible.
C'est en effet un Carpenter un peu atypique. La réalisation est d'une belle élégance, et Carpenter quitte un instant Hawks pour s'aventurer du côté de Hitchcock avec des petites touches de comédie au sein d'un thriller classieux. Comme il a été bien dit plus haut, l'intérêt du film est aussi dans ce mélange de légèreté et de mélancolie, bien aidé par la narration à la première personne. Si Chevy Chase est très bon dans le rôle de l'homme ordinaire, il manque vraiment de charisme face à Sam Neill (qui m'a fait penser à une sorte James Bond tombé du mauvais côté de la barrière. Il aurait été un 007 crédible).
Cela dit, j'ai un problème avec la fin.
Cela dit, j'ai un problème avec la fin.
- Billy Budd
- Bordeaux Chesnel
- Messages : 26835
- Inscription : 13 avr. 03, 13:59
- Billy Budd
- Bordeaux Chesnel
- Messages : 26835
- Inscription : 13 avr. 03, 13:59
-
- Machino
- Messages : 1070
- Inscription : 13 avr. 03, 11:15
- Localisation : Recherche Plus Gros Bateau, désespérément
Re: Memoirs of an invisible Man: Carpenter dans les 90's
Toute cette partie vient du livre de H.F. Saint, qui allait beaucoup plus loin dans cette direction. C'est d'ailleurs ce qui m'a déçu dans le film, qu'il n'ait pas davantage creusé certains aspects très intéréssants du bouquin et qu'il essaie de plaire à tous les publics ... sans finalement en convaincre réellement aucun.Mac Lean a écrit : Le caractère humain de ce cette variation du thème met en lumière la difficulté d'être invisble plus que son fantasme, et l'aliénation de l'individu: on a là une métaphore d'un l'homme d'affaire invisible aux autres, son statut d'invisible concret étant presque une "logique".
We always were the curious kind
-
- Doublure lumière
- Messages : 336
- Inscription : 21 mai 04, 00:57
- Localisation : Camp Blood
À l'époque, j'avais acheté le roman de Harry F. Saint en attendant la sortie du film. Roman qui s'est avéré très bon, très touffu...
Lors de la sortie du film en salle, je me suis bien évidemment précipité, chaque sortie d'un Carpenter étant, chez moi, un événement.
Quelle déception ! Comme toujours chez Carpenter, les cadres sont niquels, la photo soignée mais les effets spéciaux, style bande promo ILM (ou autre, je sais plus), encombrent, annihilent le fond. De plus, je ne comprends pas ce découpage : un coup on le voit, un coup, on le voit plus (il doit y avoir une histoire de point de vue, à vérifier), la caméra qui suit un Chevy Chase invisible dans des panoramiques inutiles et, du coup, incompréhensibles...
Un ton qui hésite sans arrêt entre la comédie et la mélancolie...
Et cette voix off... Lourdement explicative jusqu'au didactique... Un scénario bâclé qui rend compte que partiellement du très bon roman de Saint.
Plus tard, je lui ai redonné une chance à la télé dans une belle copie scope et vo mais rien à faire ! C'est, à mon sens, l'un des deux Carpenter mineurs avec Village Of The Damned (qui souffre de gros problèmes de scénario et de narration).
J'attends toujours le dévédé commandé sur amazon (et qui met un temps incompréhensible à être livré ? ) pour lui redonner une troisième chance...
Maintenant à quand In The Mouth Of Madness ?
Lors de la sortie du film en salle, je me suis bien évidemment précipité, chaque sortie d'un Carpenter étant, chez moi, un événement.
Quelle déception ! Comme toujours chez Carpenter, les cadres sont niquels, la photo soignée mais les effets spéciaux, style bande promo ILM (ou autre, je sais plus), encombrent, annihilent le fond. De plus, je ne comprends pas ce découpage : un coup on le voit, un coup, on le voit plus (il doit y avoir une histoire de point de vue, à vérifier), la caméra qui suit un Chevy Chase invisible dans des panoramiques inutiles et, du coup, incompréhensibles...
Un ton qui hésite sans arrêt entre la comédie et la mélancolie...
Et cette voix off... Lourdement explicative jusqu'au didactique... Un scénario bâclé qui rend compte que partiellement du très bon roman de Saint.
Plus tard, je lui ai redonné une chance à la télé dans une belle copie scope et vo mais rien à faire ! C'est, à mon sens, l'un des deux Carpenter mineurs avec Village Of The Damned (qui souffre de gros problèmes de scénario et de narration).
J'attends toujours le dévédé commandé sur amazon (et qui met un temps incompréhensible à être livré ? ) pour lui redonner une troisième chance...
Maintenant à quand In The Mouth Of Madness ?
"Et si vous ne m'aimez pas, je peux vous dire que je ne vous aime pas non plus !"
Maurice Pialat
Maurice Pialat
-
- Mogul
- Messages : 10614
- Inscription : 13 avr. 03, 08:14
-
- Mister Ironbutt 2005
- Messages : 7489
- Inscription : 13 avr. 03, 09:15