A bout de souffle (Jean-Luc Godard - 1960)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Philip Marlowe
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A bout de souffle (Jean-Luc Godard - 1960)

Message par Philip Marlowe »

Le seul Godard que j'ai vu pour le moment...

Et c pas mal du tout...On ne s'ennuie pas, c'est frais, énergique, inimitable...mais par moment, ça m'agace!
Cependant, c mieux que de l'indifférence, et je me dis que si ça m'agace moi, ça peut en émouvoir d'autres.

Donc perso, je ne le considère pas comme un chef-d'oeuvre, mais je comprends tout à fait ceux qui le considèrent comme tel.
Et si un jour quelqu'un me demande si c bien, je ne lui répondrai rien, je lui dirai de se faire son opinion tout seul :wink:

Et vous, que pensez-vous de ce film??
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Billy Budd
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Message par Billy Budd »

Un peu pareil que toi en fait, désolé de ne pas faire avancer le schmilblick - vois Pierrot le fou et Le mépris aussi
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Kurtz

Message par Kurtz »

pareil que toi :D

j'ai trouvé ça frais, vivant...

sauf que j'ai pas été agacé.

mais je n'en fais pas non plus un chef d'oeuvre, loin de là...
Vazymollo
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Message par Vazymollo »

Superbe film, très libre dans sa forme et sa narration, et puis de beaux acteurs, et surtout (attention prosélytisme) magnifique musique de Martial Solal (mon idole :oops: ), qui ajoute encore à l'atmosphère "roman noir" 8)
Philip Marlowe
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Message par Philip Marlowe »

Vazymollo a écrit :Superbe film, très libre dans sa forme et sa narration, et puis de beaux acteurs, et surtout (attention prosélytisme) magnifique musique de Martial Solal (mon idole :oops: ), qui ajoute encore à l'atmosphère "roman noir" 8)
L'atmosphère y est pour beaucoup dans la qualité du film.
Sinon j'ai été juste un peu agacé, pas de quoi arrêter le film :D (contrairement à Arizona Dream où c un vrai supplice pour moi que de le regarder jusqu'au bout, même si je n'arrive pas à dire que c un mauvais film).
Alex Blackwell
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Message par Alex Blackwell »

Un film souvenir pour moi, n'étant plus capable d'en faire la critique tout en en conservant une émotion, entièrement négative d'ailleurs. Ceci m'empêche d'ailleurs d'avancer dans le cas Godard, la vision du mépris n'ayant rien arrangé à l'affaire.

Godard est souvent qualifié comme le cinéaste intelligent par excellence. Je considère qu'il le montre assez mal dans ses interventions médiatiques, ce dont témoigne la fameuse interview du réalisateur lors du festival de Cannes: déchu de tout prix pour A bout de souffle, Godard annonce au journaliste, tel un enfant capricieux n'ayant pas eu son jouet, que cela n'avait pas d'importance et qu'il était somme toute content de n'avoir rien obtenu.

Cette simple anecdote ne constitue bien évidemment pas un procès que je ne pourrai de toute manière mener à bien, faute de posséder tous les éléments constitutifs du délit. Elle résume cependant l'impression que me donnent les deux films que j'ai vus à ce jour: vains, faussement modernes, stylistiquement creux et ennuyeux au possible...
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Night of the hunter forever


Caramba, encore raté.
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Billy Budd
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Message par Billy Budd »

Philip Marlowe a écrit :
Vazymollo a écrit :Superbe film, très libre dans sa forme et sa narration, et puis de beaux acteurs, et surtout (attention prosélytisme) magnifique musique de Martial Solal (mon idole :oops: ), qui ajoute encore à l'atmosphère "roman noir" 8)
L'atmosphère y est pour beaucoup dans la qualité du film.
Sinon j'ai été juste un peu agacé, pas de quoi arrêter le film :D (contrairement à Arizona Dream où c un vrai supplice pour moi que de le regarder jusqu'au bout, même si je n'arrive pas à dire que c un mauvais film).
Je ne te parle plus
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DannyBiker
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Message par DannyBiker »

Nikita a écrit :
Philip Marlowe a écrit :
L'atmosphère y est pour beaucoup dans la qualité du film.
Sinon j'ai été juste un peu agacé, pas de quoi arrêter le film :D (contrairement à Arizona Dream où c un vrai supplice pour moi que de le regarder jusqu'au bout, même si je n'arrive pas à dire que c un mauvais film).
Je ne te parle plus
et je le retire de mes contacts msn...:mrgreen:
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Philip Marlowe
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Message par Philip Marlowe »

Nikita a écrit :
Philip Marlowe a écrit :
L'atmosphère y est pour beaucoup dans la qualité du film.
Sinon j'ai été juste un peu agacé, pas de quoi arrêter le film :D (contrairement à Arizona Dream où c un vrai supplice pour moi que de le regarder jusqu'au bout, même si je n'arrive pas à dire que c un mauvais film).
Je ne te parle plus
Et ben moi non plus :P
Star Maker a écrit :vains, faussement modernes, stylistiquement creux et ennuyeux au possible...
Pfffffffffffffffffffffffffffffffff...
Sergius Karamzin
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Message par Sergius Karamzin »

J'adore "A bout de souffle", j'aime ses 14 films suivants, dont une mention toute particulière au "Mépris" qui reste depuis mes 15 ans (âge où je l'ai vu la première fois), un des 5 plus beaux films de l'histoire du cinéma...

J'aime Godard, peu importe si son cinéma s'est perdu depuis 20 ans, si lui est passé de cinéaste à théoricien du cinéma. Je l'aime et puis c'est tout.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

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Fragments-collages : « Après tout, j’suis con ! » - Michel Poiccard, chapeau penché, cigarette au coin du bec, dans une imitation de Bogart et sa façon de se passer le doigt sur les lèvres - « Fonce Alphonse ! » - Des paysages de campagne française qui défilent, vus de l’intérieur d’une voiture - « Si vous n’aimez pas la mer, si vous n’aimez pas la montagne, si vous n’aimez pas l ville... Allez vous faire foutre ! » - Meurtre filmé avec cadrages instables et faux raccords elliptiques - Musique jazzy et entêtante de Martial Solal - Poésie d’un Paris filmé en longs et fluides travellings ; impression de documentaire - « New York Herald Tribune » scandé par Jean Seberg avec son séduisant accent américain - Séquence de 25 minutes dans une chambre d’hôtel entre les deux protagonistes principaux discutant de tout et de rien, Michel n’ayant qu’une idée fixe en tête, recoucher avec Patricia - P : « Connaissez-vous William Faulkner ? » M : « Non. Qui est-il ? Avez-vous couché avec lui ? » - Le concerto pour clarinette de Mozart - "Quels cons ces Américains qui retiennent avant tout de la France Lafayette et Maurice Chevalier" ! - Interview d’un écrivain prétentieux (sous les traits de Jean-Pierre Melville) dont le rêve est « de devenir immortel et... mourir !! » - Photographie surexposée - Travelling virtuose dans l’appartement rue Campagne Première - Michel agonisant avec ses mots en direction de sa maîtresse : « Vous êtes vraiment une dégueulasse ! »...

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« Ce film est dédié à la Monogram Pictures » nous prévient d’emblée lors du générique ce jeune cinéaste de 28 ans, dont c’est le premier long métrage ; bref, un film à tout petit budget filmé à l’arrache semble-t-il nous dire ! Pourtant, en 1962, dans une interview pour les Cahiers du Cinéma, il paraissait à son propos avoir une sacré ambition : « Ce que je voulais, c’était partir d’une histoire conventionnelle et refaire, mais différemment, tout le cinéma qui avait déjà été fait. Je voulais rendre aussi l’impression qu’on vient de trouver ou de ressentir les procédés du cinéma pour la première fois. » Sacrément prétentieux pour un novice ; mais le résultat étant certainement à la hauteur de ses espérances, on ne peut lui en faire grief, bien au contraire ! L’intrigue, il n’y en a pas ou presque, le cinéaste s’intéressant plus aux digressions. Luc Moullet résumait ainsi le scénario : « Michel Poiccard, voleur d’auto anarchiste tue le motard lancé à sa poursuite. Il retrouve à Paris son amie américaine, Patricia, dont il réussit à redevenir l’amant. » Ce n’est rien d’autre et même encore moins ; tout simplement peut-être, tel que Jean-Luc Godard le décrivait, « l’histoire d’une Américaine et d’un Français ; ça ne peut pas aller entre eux puisque lui pense à la mort et elle n’y pense pas. »

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Alors quoi ? Chef-d’œuvre précurseur ou vaste fumisterie ? Seconde solution pour certains (Jacques Lourcelles, entre autres). Pour les autres, ce n’est même pas pensable. En effet, comment être insensible devant une telle liberté de filmer, de cadrer, de jouer avec les sons, la musique, les images, les citations, les collages, les hommages ? Comment rester flegmatique devant cette insolence ludique, devant cette nouvelle manière de jouer avec les ruptures de ton ou de diriger ses acteurs ? Comment ne pas être subjugué par cette façon de malmener avec génie la grammaire cinématographique et de casser la dramaturgie traditionnelle ? Comment ne pas craquer devant le visage de Jean Seberg et comment ne pas être touché par ce tendre voyou de Michel Poiccard ? Comment ne pas s’émerveiller devant ce talent de "poète-paysagiste-documentariste" ? En effet, rarement nous nous sommes sentis aussi bien immergés dans les rues de Paris et au milieu de cette époque (Rohmer excepté). Façon provoc' "godardienne", avec ces "non mots d’auteur", des dialogues bien plus jouissifs que n’importe lesquels signés Michel Audiard et au final un film bien plus drôle que toutes les comédies de l’époque !

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A bout de souffle, c’est un peu les Pieds Nickelés rencontrant Humphrey Bogart, Raymond Queneau travaillant avec Raymond Chandler, le cinéma amateur chrysalide devenant papillon virtuose sous nos yeux ; bref, un capharnaüm qui semble improvisé mais qui en définitive est remarquablement maîtrisé ! Godard frappera certes encore plus fort par la suite (Le Mépris, Pierrot le fou) mais son coup d’essai est néanmoins une formidable réussite, un poème moderne, romantique et surréaliste dans lequel on trouve déjà en germe presque tous les éléments constitutifs de ses films suivants (phrases musicales entêtantes, montage heurté, sensualité des visages féminins, accents étrangers, anecdotes humoristiques, clin d’œil caméra, passages obligés dans les rues, bistrots, voitures, chambres d’hôtels, références cinéphiles et culturelles en veux-tu-en-voilà, hommages à ses potes de la Nouvelle Vague...). Un auteur était né, qui nous offrait une époustouflante démonstration de toutes les possibilités du cinéma ; un film innovant, culotté, irrévérencieux et au final délicieux et grisant, qui n’a pas pris une ride grâce à cette liberté de ton et de style dans les dialogues comme dans le scénario ou dans la mise en scène.
George Bailey
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Message par George Bailey »

Moi aussi, j'ai beaucoup aimé About de souffle que je préfère au 400 coups. C'est vrai que le mépris est bouleversant ainsi que Pierrot le fou. A ce moment là, Godard était un génie. :lol:
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Message par David Locke »

A tous ceux qui ont du mal avec Godard (sachant que seul un snob peut avouer une quelconque admiration pour son oeuvre postérieure à mai 68 ), je conseillerais la vision de trois de ses films un peu moins connus mais où son style ajoute du charme au film au lieu d'en retirer :

- Bande à Part (superbe édition Criterion...) : ou comment faire un chef d'oeuvre avec trois bouts de ficelle.
C'est le seul film qui rend justice à Paris : ses rues, son métro, la Seine, le Louvre... dans une approche à la fois réaliste (le film fut tourné dans un style documentaire, le plus souvent en caméra cachée) et poétique (la voix-off de Godard en narrateur et la beauté de la photographie N&B, le visage d'Anna Karina...).
La veine humoristique est présente (deux scènes d'anthologie!), le tout baignant dans une atmosphère de film noir (Tarantino ne tarit pas d'éloges sur ce film dont il a repris le nom pour sa maison de production).

- Une Femme est une Femme : le film le plus léger de Godard.
C'est une déclaration d'amour à Anna Karina, filmée en cinémascope aux couleurs éclatantes. La comédie musicale y fait des incursions, de même que le burlesque (on est proche de Pierrot le Fou, mais sans la mélancolie et le nihilisme désespéré).

- Masculin/Féminin : 1966 ou le monde dans tous ses états.
Jean-Pierre Léaud retrouve un rôle à la hauteur de son génie "gouailleur" des 400 coups : celui d'un "enfant de Marx et du Coca Cola".
Dans son périple d'étudiant rebelle (qui annonce mai 68 ), il rencontre Chantal Goya, en passe de devenir star de la pop (sic), des ouvriers, des flics... et se livre à toutes sortes d'expérience en compagnie de son acolyte afin de voir ce que le monde a dans le ventre.

Voilà.

Après ça, si vous n'aimez aucun des trois, il y a peu de chance que vous aimiez aucun autre de ses films de sa fructueuse période des '60s (Made in USA, Alphaville et surtout Week-End et Vivre sa Vie valent le détour).
"There is Paramount Paris and Metro Paris, and of course the real Paris. Paramount's is the most Parisian of all."
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acide mo
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Message par acide mo »

Star Maker a écrit : vains, faussement modernes, stylistiquement creux et ennuyeux au possible...
c'est un peu ce que je me suis dit en voyant pierrot le fou, le mépris, à bout de souffle, le mépris et les carabiniers... au mieux ils ont ma sympathie, au pire, je les trouve "pas bons" :P
un film permet de donner l'apparence de la réalité à l'irréel (Jean Cocteau)

demented forever !
Pike Bishop
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Message par Pike Bishop »

"A bout de souffle", "Le mépris" et "Pierrot le fou" sont trois chefs d'oeuvre absolus. Ce n'est pas un argument d'autorité mais la simple vérité ... J'espère être d'autant plus "crédible" en disant cela que je suis loin d'être un godardophile fanatique.
Mais il ne faut pas oublier un film pas cité ici : "La chinoise" où l'inégalable Léaud est encore une fois génial. J'aime beaucoup ce film, bien de son temps, avec une belle touche de liberté et d'insouciance. Godard ne pontifie pas, ce n'est pas encore l'oracle mais il capte bien un certain état de la jeunesse française de la fin des 60's, rebelle certes mais pas si sûre de son destin.
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