Merci beaucoup pour ta réponse claire et précise.kayman a écrit :Déja, je ne vénère pas Godard. J'aime beaucoup certains de ses films, mais je n'ai pas vu grand chose de lui si on considère tout ce qu'il a fait.
Quand je dis que c'est typiquement français, c'est juste une impression en lisant ce qu'on peut en dire à l'étranger ou ce que peuvent en dire quelques réalisateurs, mais je ne traine probablement pas dans les milieux susceptibles de le défendre corps et ame.
Je parlais beaucoup sur les newsgroups avant et Godard etait l'un des épouvantails locaux, ca a peut etre faussé ma perception.
Ce que ses films m'apportent c'est justement que je ne sais pas à quoi m'attendre, il réussit toujours à me surprendre. Et pourtant ce n'est pas faute de nager dans le paté parfois ! Je me souviens de "Nouvelle Vague", je n'étais pas dedans, je n'y comprenais rien...finalement j'ai appuyé sur "pause" et je me suis tapé un livret explicatif sur le net, soudain la lumière...j'ai réappuyé sur "play" et j'ai pris mon pied.
Il faut dire aussi qu'il brouille les pistes, sa facon de traiter le son par exemple (incroyable) amène parfois les récits à s'enchevétrer et dans ces
cas la je me dis "retour".
Ses films récents, ceux que j'ai vu, sont bien plus hémétiques que les anciens. Tu cites Pierrot le Fou, A bout de Souffle ou Le mépris, mais as tu vu Bande à Part, Alphaville, Le petit Soldat ou Une Femme est une Femme ? Tout ceux la me semble au moins mériter une vision.
Je en sais plus ou j'ai entendu ça, de la part d'un technicien ayant beaucoup travaillé avec Godard je crois, qui disait que meme dans ses plus mauvais films il y a toujours un instant de pure perfection.
J'avais été voir King Lear au cinéma, et meme si le film m'était globalement passé un peu au dessus de la tête ce précepte s'était vérifié...sur quelques phrases, quelques plans, il touchait à la perfection.
J'ai toujours pas lu "Godard par Godard", réputé comme le user's manual de base concernant JLG
En fait, ce que je lui reproche justement est la nécessité où il met le spectateur de certains de ses films de posséder un manuel explicatif ! La fulgurance, pour moi, est intuitive, le génie est de donner à sentir, à penser, dans l'immédiateté d'un image. Une sorte d'intuition intellectuelle à la Kant ou à la Schopenhauer. Godard est parfois tellement abscons que c'est risible.
Cela ne correspond pas à l'image que je me fais du cinéma. C'est un peu trop didactique à mes yeux... et ça n'a rien à voir avec la manière dont je conçois le génie cinématographique.
J'ai souvent l'impression qu'il fait des films uniquement pour n'être pas compris, ou seulement de lui-même. Je parle bien sûr de certains films.