Le procès Goldman (Cédric Kahn - 2023)

[UnMecRandom]

J'aime bien certains films de Kahn et surtout son aptitude à passer d'un sujet à l'autre. Là, on est dans le pur film de procès à "l'américaine", ce qui est assez rare dans le cinéma français. Par à l'américaine, j'entends que le film se passe 100% dans le tribunal, exception de 2 minutes au début, et qu'il sera exclusivement constitué des interrogatoires des témoins et des échanges entre les avocats et leurs clients. Ce que je craignais, c'est le côté non-cinématographique du bouzin. J'avais peur d'assister à un film statique, et bien la crainte s'est dissipée en 10 minutes de temps, tellement c'est brillant à l'écran.

Déjà il y a cette première scène entre les avocats. Dès le début, on sent la personnalité atypique de leur client et le combat juridique qui va suivre. Sèche et cash, la scène est une merveilleuse carte de visite pour la suite. On a hâte d'être confronté à Goldman dans le parloir. Le film est d'ailleurs très bien rythmé et assez direct. Pas de gras, on est tout de suite transporté par l'énergie qui se déploie à l'écran. Les répliques fusent, Goldman est une sacré bête de foire (excellent Arieh Worthalter) et on est happé par ce qui se déroule nos yeux. Bref, c'est vivant et l'immersion est réussie. On est vite passionné par l'affaire, surtout que Kahn ne lève pas l'ambiguïté sur son personnage et sa mise en scène est remarquable. Ca saute d'un personnage à l'autre et ça saisit bien le théâtre de la justice de l'époque. Et puis, sans faire du nerveux épileptique à la Michael Bay, la caméra est bien dynamique. Bref, ça participe à l'immersion : on est dans le procès et on vit le procès.

Et puis Kahn a le bon goût de ne pas juger des institutions défaillantes comme la justice et la police et préfère laisser son jugement total au spectateur. Finalement, on se retrouve un peu dans la peau d'un juré qui assiste aux débats et doit se forger une opinion. A l'exception de 5 minutes, mais c'est globalement l'impression que me laisse cet excellent film. Un peu dégoûté qu'il n'ait pas été en compétition dans la sélection officielle, car il y avait toute sa place, plus que le Corsini ou tous les mauvais films de Sean Penn dont Frémeaux s'est malheureusement entiché depuis des années.

Bref, c'est de la bonne came.

[Alibabass]

Tu as la date de sortie ? Car je vais pas pouvoir le voir au AP de la 15zaines des cinéastes .

[-magik-]

27 septembre.

[UnMecRandom]

Je confirme pour septembre. Et le buzz cannois est amplement mérité. Pas vu les 3 derniers Kahn, mais c'est clairement le meilleur que j'ai vu de lui.

[Rick Blaine]

J'aime bien certains films de Kahn et surtout son aptitude à passer d'un sujet à l'autre. Là, on est dans le pur film de procès à "l'américaine", ce qui est assez rare dans le cinéma français. Par à l'américaine, j'entends que le film se passe 100% dans le tribunal, exception de 2 minutes au début, et qu'il sera exclusivement constitué des interrogatoires des témoins et des échanges entre les avocats et leurs clients. Ce que je craignais, c'est le côté non-cinématographique du bouzin. J'avais peur d'assister à un film statique, et bien la crainte s'est dissipée en 10 minutes de temps, tellement c'est brillant à l'écran.

Déjà il y a cette première scène entre les avocats. Dès le début, on sent la personnalité atypique de leur client et le combat juridique qui va suivre. Sèche et cash, la scène est une merveilleuse carte de visite pour la suite. On a hâte d'être confronté à Goldman dans le parloir. Le film est d'ailleurs très bien rythmé et assez direct. Pas de gras, on est tout de suite transporté par l'énergie qui se déploie à l'écran. Les répliques fusent, Goldman est une sacré bête de foire (excellent Arieh Worthalter) et on est happé par ce qui se déroule nos yeux. Bref, c'est vivant et l'immersion est réussie. On est vite passionné par l'affaire, surtout que Kahn ne lève pas l'ambiguïté sur son personnage et sa mise en scène est remarquable. Ca saute d'un personnage à l'autre et ça saisit bien le théâtre de la justice de l'époque. Et puis, sans faire du nerveux épileptique à la Michael Bay, la caméra est bien dynamique. Bref, ça participe à l'immersion : on est dans le procès et on vit le procès.

Et puis Kahn a le bon goût de ne pas juger des institutions défaillantes comme la justice et la police et préfère laisser son jugement total au spectateur. Finalement, on se retrouve un peu dans la peau d'un juré qui assiste aux débats et doit se forger une opinion. A l'exception de 5 minutes, mais c'est globalement l'impression que me laisse cet excellent film. Un peu dégoûté qu'il n'ait pas été en compétition dans la sélection officielle, car il y avait toute sa place, plus que le Corsini ou tous les mauvais films de Sean Penn dont Frémeaux s'est malheureusement entiché depuis des années.

Bref, c'est de la bonne came.

Tout à fait en phase avec cet avis.
J'avais la même crainte concernant le dispositif, et bien on est très vite rassuré, malgré le huis clos, Kahn sait particulièrement bien dynamiser son récit par la mise en scène, avec de discrets effets de caméra, et de belles idées visuelles. Et surtout, il parvient à laisser chaque personnage s'exprimer, sans le juger, laissant cette part au spectateur, ce qui était évidemment la difficulté majeure d'un tel sujet. Les dialogues sont excellents, faisant même parfois sourire au cœur d'un récit à haute tension, c'est remarquablement interprété (Arieh Worthalter est effectivement excellent) et on ne s'ennuie pas une minute. Une très belle réussite du "film de procès".

[Jeremy Fox]

J'avais zappé le topic sur le film. Rien à ajouter à ce qui a été dit ci-dessus ; pour moi un film remarquable.

[Flol]

Absolument brillant et passionnant de bout en bout. Déjà ce qui frappe, c'est cette reconstitution des années 70 qui, comme dans le dernier Alexander Payne, sonne tout sauf artificiel, tant le grain de l'image rappelle, sans en faire trop, l'aspect pellicule granuleuse de l'époque.

Deuxième chose qui frappe, et non des moindres : l'excellence des interprètes. Absolument toutes et tous sont parfaits. Mention spéciale évidemment à Arieh Worthalter, dont l'intensité et le charisme m'ont tour à tour fasciné, terrifié, subjugué. Je l'avais déjà repéré dans son père de père aimant et tolérant dans le Girl de Lukas Dhont, mais alors là il explose littéralement le gars. Ce regard...
Mais je dois bien avouer que celui qui m'a le plus scié, c'est Arthur Harari. Cet homme saurait-il donc tout faire (quoiqu'il parait qu'il fait régulièrement trop cuire ses pâtes) ? Réalisateur, scénariste, maintenant acteur...c'est bien simple : sa petite moustache, conjuguée à son mouvement de bouche montrant ses hésitations, conjuguées à cette force de caractère qu'il dégage immédiatement...vraiment une prestation de haut vol à laquelle je ne m'attendais pas forcément.

Et enfin, troisième chose qui frappe : ce personnage incroyable qu'était Pierre Goldman. Comme à peu près tout le monde, dans la famille, je connaissais surtout Jean-Jacques (d'ailleurs bon choix d'acteur pour le représenter, le mec a exactement le même nez), mais le Pierrot m'avait l'air tout de même un poil plus flamboyant ! Quelle vie, quel parcours, quelle droiture, quel courage ("Je suis innocent tout simplement parce que je suis innocent, c'est comme ça, c'est ontologique").

Le tout étant donc parfaitement ciselé par un Cédric Kahn au sommet de son art et en pleine possession de ses moyens, usant d'une mise en scène à première vue discrète mais pourtant bourrée de subtils effets de mise en scène (notamment dans l'utilisation des arrière-plans).

Bref en 3 mots : j'ai adoré.
Et je suis à 2 doigts de penser que c'était le meilleur film de procès français de 2023.

[Rick Blaine]

Et enfin, troisième chose qui frappe : ce personnage incroyable qu'était Pierre Goldman. Comme à peu près tout le monde, dans la famille, je connaissais surtout Jean-Jacques (d'ailleurs bon choix d'acteur pour le représenter, le mec a exactement le même nez), mais le Pierrot m'avait l'air tout de même un poil plus flamboyant ! Quelle vie, quel parcours, quelle droiture, quel courage ("Je suis innocent tout simplement parce que je suis innocent, c'est comme ça, c'est ontologique").

Une droiture et un courage qui se discute d'ailleurs, parce qu'au fond, c'est un mec qui se rêvait peut-être en héros de la révolution, mais qui a aussi et surtout été un braqueur à la petite semaine (indépendamment de l'affaire de la pharmacie). Et ce qui est fort je trouve, c'est que Kahn parvient à ne pas trancher entre ces deux aspects de sa personnalité, ce qui rend le personnage passionnant, et le débat moral du film stimulant.

[Coxwell]

Et enfin, troisième chose qui frappe : ce personnage incroyable qu'était Pierre Goldman. Comme à peu près tout le monde, dans la famille, je connaissais surtout Jean-Jacques (d'ailleurs bon choix d'acteur pour le représenter, le mec a exactement le même nez), mais le Pierrot m'avait l'air tout de même un poil plus flamboyant ! Quelle vie, quel parcours, quelle droiture, quel courage ("Je suis innocent tout simplement parce que je suis innocent, c'est comme ça, c'est ontologique").

Une droiture et un courage qui se discute d'ailleurs, parce qu'au fond, c'est un mec qui se rêvait peut-être en héros de la révolution, mais qui a aussi et surtout été un braqueur à la petite semaine (indépendamment de l'affaire de la pharmacie). Et ce qui est fort je trouve, c'est que Kahn parvient à ne pas trancher entre ces deux aspects de sa personnalité, ce qui rend le personnage passionnant, et le débat moral du film stimulant.

Je suis d'accord en insistant malgré tout sur le fait qu'il est quand même davantage "qu'un braqueur à la petite semaine", d'autant qu'il a gravité et gravite jusqu'à la fin de ses jours dans les cercles d'activistes qui ont été impliqués de près ou de loin dans les actions de la Fraction armée rouge (et une partie des succursales type Italie - Brigades rouges). Le film a par ailleurs une certaine habileté à suggérer un doute ultime sur la question de son innocence (morts devant la pharmacie) sans jamais véritablement salir/trahir supposément sa personne ou sa personnalité.
Les acteurs sont au diapason mais je trouve Harari assez faible. Il manque de présence, de facilité, de force tranquille, quelque chose de légèrement trop joué. Ce qui est moins le cas de l'acteur principal et très peu de Nicolas Briançon.

[innaperfekt_]

Mais je dois bien avouer que celui qui m'a le plus scié, c'est Arthur Harari. Cet homme saurait-il donc tout faire (quoiqu'il parait qu'il fait régulièrement trop cuire ses pâtes) ? Réalisateur, scénariste, maintenant acteur...c'est bien simple : sa petite moustache, conjuguée à son mouvement de bouche montrant ses hésitations, conjuguées à cette force de caractère qu'il dégage immédiatement...vraiment une prestation de haut vol à laquelle je ne m'attendais pas forcément.

Je ne sais plus où j'ai lu que son interprétation avait pu rebuter mais comme toi, j'ai rien trouvé à y redire. Ce gars est une chance incroyable pour le cinéma français actuel.

Et puis Kahn a le bon goût de ne pas juger des institutions défaillantes comme la justice et la police et préfère laisser son jugement total au spectateur. Finalement, on se retrouve un peu dans la peau d'un juré qui assiste aux débats et doit se forger une opinion.

Mon ressenti était moins questionnant quand même. J'ai rarement douté de l'innocence de Goldman dans le film, alors que les jurés à l'époque devaient forcément être plus incertains. Au-delà de la catégorisation du procès, le film reste quand même avant tout dans la mouvance du film dossier, politique, idéologique et dénonciateur. Pour le doute, l'ambigüe, le nébuleux, Anatomie d'une Chute est bien plus représentatif.

[murphy]

Le Procès Goldman - non noté
Première fois que je sors de la salle depuis des années (Copie conforme en 2010)... Le film ne me disait rien depuis le début, mais beaucoup de personnes me l'ont conseillé, dont le forum. J'ai donc essayé, mais vraiment, pas le courage d'écouter pendant 2 heures des messieurs qui parlent bien français, maîtrisent l'ironie, le sarcasme et ce genre de choses. Les mots me cassent la tête (ou alors OK mais dans un livre), je préfère les images. Pourquoi m'infliger ça ?

Je l'ai regardé hier soir et j'ai plutôt aimé mais, sans être un spécialiste du sujet, je connaissais déjà l'affaire Goldman pour avoir vu le Faites entrer l'accusé qui lui est consacré et pour avoir écouté pour la suite le podcast d'Affaires sensibles d'Inter. Je pense que sinon, j'aurai également décroché. Pour ce genre de films, je trouve que c'est toujours mieux d'en savoir un peu un peu en amont et de s'y intéresser au préalable.

[Wulfa]

Je ne savais pas qui était Pierre Goldman et j'ai adoré ce film. Cela dit, j'aime particulièrement les films de procès.

Mais, je pense aussi que pour certains films quelques connaissances préalables sont parfois nécessaires pour en apprécier toute l'émotion. Je songe notamment à Once Upon a Time in Hollywood.

[hansolo]

Excellent film qui a le mérite de ne pas être didactique.
Casting titre + juge parfait.
Plus circonspect sur le choix de Arthur Harari pour incarner l'avocat

[Mosin-Nagant]

Bref, c'est de la bonne came.

Je dirais même plus : c'est de la bonne Kahn.

[Flol]

Plus circonspect sur le choix de Arthur Harari pour incarner l'avocat

Par rapport au fait qu'il ressemble physiquement assez peu au Georges Kiejman de l'époque ? Parce qu'en terme d'interprétation, je l'ai trouvé au contraire très impressionnant.

Bref, c'est de la bonne came.

Je dirais même plus : c'est de la bonne Kahn.

Wow quel festival.