Je comprends très bien ce que tu veux dire. Car avant de délaisser ce type de cinéma j'étais passé par une période de "transition" proche de celle que tu décris.
Mais en fait ce sont les scénarios des films dernièrement visionnés (il y a quelques années) qui m'ont clairement poussé à fuir un peu le genre. Alors que j'adorais.
J'avais beaucoup aimé
Wolf Creek par exemple. Parce que je trouvais ça intéressant de rentrer dans le vif du sujet assez tardivement. Résultat, je trouve les personnages moins insipides que dans beaucoup de productions de ce type. J'ai tellement enchaîné de films où les dialogues et le comportement des persos (surtout dans des films qui débutent sur un road trip) me provoquaient une indifférence et un ennui tellement profonds en moins de 10 minutes que ça désamorçait absolument tout.
À la rigueur je préfère un concept à la
Final destination. Une idée plutôt originale, qui sans prétention au niveau des dialogues, compense amplement par un "jeu" avec le spectateur, qui là, devient intéressant. Bon, me semble que j'ai arrêté après le troisième.
Dans un registre différent mais pour faire écho à ce que tu dis à un moment,
Wake in fright est clairement un film qui m'a renvoyé des sensations que j'avais pu avoir devant un bon film horrifique quand j'étais plus jeune. Une horreur psychologique, mais profonde. Bon, ça ouvre pas mal de voix, c'est vrai...
Mais plus simplement, en 2019 j'étais au festival Lumière à Lyon et je me suis fait la soirée Romero. Quel trip ! Ce côté critique de société/savant mélange de suspense/horreur/gore fonctionne à merveille sur moi. Niveau hémoglobine par exemple, je trouve son
Day of the dead phénomènal d'équilibre et de générosité à la fois. Des effets qui ont de l'impact, avec un humour efficace à côté. Pas forcément facile d'allier les deux avec autant de pertinence je trouve.
Mais une des raisons qui fait que ce cinéma là est très minoritaire sur mes étagères (ça n'empêche pas que je l'aime beaucoup quoiqu'il arrive et je reconnais son importance et ses qualités) c'est clairement le fait que de tout ce que j'ai vu, peu ont eu une résonnance "spirituelle" intense sur moi, au fil des ans. Ils tenaient plus du "divertissement". Et le cinéma que je chéris s'éloigne essentiellement de ce terme.
Dans ma collection, pour illustrer ma perception du sujet, il y a
Cannibal holocaust,
Skyzophrenia,
Salò. Pour moi, c'est ça l'Horreur avec un grand H. C'est l'humain dans ses extrêmes qui est au coeur du processus horrifique et c'est ce qui me terrifie le plus. Le dernier étant le seul film à ce jour, vu à l'âge adulte, m'ayant contraint de détourner le regard lors de certains passages. Une seule vision dans ma vie, et je peux sentir le malaise m'envahir doucement en y repensant.
Ce n'est pas pour rien que j'accroche sévèrement au cinéma de Gaspar Noé. Chacune de ses œuvres me percute brutalement. Et ses visions d'horreur, sans que ses films puissent réellement se classer dans cette catégorie, sont permis les plus hardcore que j'ai pu vivre en tant que spectateur. Tout son univers me broie de l'intérieur systématiquement. Je ressors en vrac.
C'est mon horreur à moi, cinématographiquement parlant. Du moins, ce que je définis personnellement comme cinéma à visions horrifiques.
Mais on trouve aussi du Carpenter. Donc je pense m'être intéressé à un peu tout en terme d'horreur (du plus commercial au plus underground, du gore au glauque, du -12 au "ok je comprends l'interdiction à l'époque"...)
Je dis juste que... pour les films plus axés sur le gore et le suspense, ou plus traditionnels dans leur approche, j'ai perdu en intérêt. Notamment pour les productions de ces dix dernières années.
J'ai vu
Get out par exemple. Je peux juste dire que j'ai passé un... moment. Ni bon, ni mauvais. Ça m'a laissé franchement indifférent.
Que peut-il y avoir de pire pour un film de genre que de laisser indifférent ? Je crois que c'est pire que le sentiment de ne pas avoir aimé. Mouais...
J'ai vu
Midsommar aussi, et dans l'ensemble j'ai bien aimé cette proposition. Mais aux trois quarts du film, j'ai trouvé qu'ils étiraient en longueur des enjeux pour lesquels j'attendais au contraire un traitement plus rythmé. Disons que lorsque tu anticipes trop dans ce genre de film, ça atténue vachement les impacts potentiels. Mais je sais que j'aimerais le revoir, ceci dit.
D'un certain regard, je considère
A ghost story comme un film d'horreur. Il rappelle à quel point la notion du temps qui s'écoule (entre autre) est d'une violence abyssale. Et il le rappelle d'une façon très singulière. J'étais plombé après la vision, comme je l'avais dit ailleurs. Terrifié par cette notion. Par notre impuissance face à lui.
Concernant les jump scares, j'adorais ça quand j'étais ado. Aujourd'hui, ça m'insupporte. Je trouve ça, bien souvent (il y a toujours des exceptions... comme dans
Signs hum...
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- coucou l'alien qui surgit en pleine fête d'anniversaire de gosses, de derrière le jardin. Salop'rie.
) d'une facilité affligeante. En soi, c'est pas compliqué de jouer sur le découpage/montage et le son pour faire sursauter. À outrance, ça me sort du film. L'utiliser intelligemment, c'est une autre histoire.
En dehors de tout ce que je viens de dire, là où j'ai pris mon pied comme rarement alors qu'il utilise un type de mise en scène qui m'avait jusque là rebuté, c'est
Rec. Et le deuxième opus, aussi. Le troisième m'a convaincu de ne pas songer à voir le quatrième et de m'arrêter là.
C'était enfin, à mes yeux, le parfait usage justifié d'un tournage "caméra à l'épaule" pour les deux premiers.
Et je trouvais que tout fonctionnait. J'étais vraiment dedans. Dans cet immeuble de l'enfer. Pris aux tripes.
Mais je ne surprendrai personne en disant qu'
Alien,
The Thing et
Predator (aussi banale cette brève liste puisse paraître avec le recul, sans vouloir prôner que des "classiques") occupent une place de choix dans mon coeur.
C'est un peu comme devoir choisir un restaurant, choisir de visionner un film.
On peut aller dans l'un de nos établissements favoris, car on sait ce qu'on va avoir, on sait à quoi s'attendre, on ne sortira pas déçu, et ça nous procure un plaisir qui ne désemplit pas.
Ou tenter une découverte.
Un éternel dilemme. Avec l'âge, je pense qu'alterner les deux me paraît idéal.
Le cinéma d'horreur a attiré toute mon attention pendant très longtemps. Il était même numéro uno à un moment. Je n'avais d'yeux que pour lui.
Il est évident que la découverte en parallèle des making of a tué l'imaginaire auquel il est lié. Une fois que j'ai su l'envers du décors, je passais presque plus de temps à songer à "comment c'était fait" qu'à profiter de l'œuvre sur l'instant.
Pour cette raison aussi, je regrette d'avoir grandi
sniffou. Nan je déconne.
C'est le fait de ne plus avoir "peur" qui m'enlève énormément de plaisir à regarder des films d'horreur. Car c'est un plaisir d'avoir peur. Non ?
J'en éprouve encore, oui, mais tellement moins...
C'est un peu comme du roller coaster, la première fois que tu montes dans le manège, tu sais pas à quoi t'attendre. Mais après, tu sais et tu n'oublies pas. La deuxième fois c'est déjà (généralement) plus la même chose.
C'est pour cela que j'apparente ce genre à cette sorte de sensations. C'est quasi du kiff one shot. Je ne dis pas que c'est négligeable. Surtout pas. Une intense découverte débouche inévitablement sur un certain savoir. Mais cela reste, quoiqu'il arrive, une intense découverte.
Est-ce que j'ai fait des découvertes depuis ? Oui. Sont-elles intenses ? Non. Elles sont très bonnes au mieux. Au mieux...
M'enfin ce n'est que mon ressenti, et ça fait pas avancer le schmilblick de ce topic. Désolé pour cette longue réponse, mais je voulais réagir à ton message Flol, qui est un bref mais éloquent témoignage prouvant que la magie du cinéma peut parfois être préservée. Je tenais juste à approfondir un chouïa mes propos. Dans un topic dédié, cela me paraissait être un minimum.