Supfiction a écrit : ↑15 déc. 21, 21:16
Rita Hayworth prouvait effectivement avec
Cette nuit et toujours qu’elle était une grande actrice et danseuse de comédie musicale, sans avoir besoin d’Astaire ou Kelly. Les numéros musicaux sont souvent plein d’inventions et de grâce. C’est dans les scènes de comédies en revanche que manque la fantaisie d’Astaire.
Peu convaincu par la scénographie étriquée des chorégraphies. Elle est certes en partie justifiée par la dimension scénique du show. Mais lorsque enfin la mise en scène cherche à faire voler en éclat la contingence de l'espace de représentation par l'effacement de ses frontières physiques, le tourbillon de la danse ne m'emporte pas comme dans les meilleurs représentants du genre. Par la faute d'un découpage assez basique, par trop prosaïque, qui se contente de capter avec application le mouvement chorégraphique, mais qui jamais ne m'a paru lui offrir l'écrin de transcendance espérée ; par la faute aussi d'associations chromatiques que j'ai pour ma part parfois trouvées assez malheureuses. Et surtout, contrairement à beaucoup, le charme et la séduction de Rita Hayworth n'ont pas de prise sur moi, et c'est particulièrement remarquable quand elle se met à danser. Je ne sais si oui ou non elle est une bonne danseuse. Je n'ai assurément pas le bagage pour en juger. Mais sauf à prendre la pose aguichante (et encore) je la trouve dépourvue de grâce et plutôt empruntée. Aussi quand au cours du numéro samba, elle cligne vers son lieutenant et lâche son "Am I exciting you ?", au plan de coupe sur Lee Bowman ma réponse fuse intérieurement: Non!

(Et, mine de rien, ça en dit long sur mon ressenti face à la séquence). Dans l'ensemble, je regrette d'ailleurs que Mark Platt, que je ne connaissais pas, ne soit pas plus au centre du dispositif chorégraphique. Lui m'est apparu excellent.
A contrario, je trouve la prestation "dramatique" d'Hayworth ici convaincante. Les auteurs lui ont d'ailleurs réservé quelques répliques pleines d'esprit dont elle s'acquitte avec insolence. Et c'est l'évocation chaleureuse de ce petit monde du spectacle dans le blitz, préfigurant de quelques décennies le
Mrs. Henderson presents de Stephen Frears, qui retient davantage mon attention. Pas d'Astaire ici, mais la fantaisie est bien véhiculée par des seconds rôles savoureux qui, sans tirer la couverture à eux, apportent ce brin d'excentricité bienvenu. Leurs commentaires irrévérencieux ont régulièrement fait naître une esquisse de sourire aux coins de mes lèvres (mentions spéciales à la toujours grande Florence Bates et à Billy Bevan en impayable chauffeur de taxi).