La Critique aujourd'hui
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Re: La Critique aujourd'hui
Quand une mauvaise critique est bien écrite et justement argumentée, cela réduit tout de même - en principe - la colère ou la haine qu’elle peut susciter. Sauf si évidemment on extrait une phrase pour la jeter en pâture aux fans sur un réseau. Mais les bons textes, écrits ou parlés, sur de supposés mauvais films sont rares. Et difficiles.
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Re: La Critique aujourd'hui
Le fameux Roger Ebert a quand même sorti 2 livres de ses "meilleures" critiques de films qu'il a détestés:



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Re: La Critique aujourd'hui
En homme de mauvais goût il y en a un bon paquet dans le tas que j'aime / adore (Stargate, La pluie du diable, Critters 2, Halloween 3, Cyborg, Vendredi 13 N°2, Hellraiser II, Caligula, I spit on your grave, Usual suspectsex-beldvd man a écrit : ↑7 sept. 21, 09:26 Le fameux Roger Ebert a quand même sorti 2 livres de ses "meilleures" critiques de films qu'il a détestés:


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Re: La Critique aujourd'hui
Quand je vois qu'un film aussi médiocre que Black Panther se prend des 96% sur Rotten Tomatoes et 88% sur Metacritic il y a en effet un problème avec les critiques trop bienveillantes. On va bientôt voir débarquer de jeunes cinéphiles persuadés qu'il s'agit d'un chef-d'oeuvre incontestable.
- Alexandre Angel
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Re: La Critique aujourd'hui
On les calmera vite fait.
Cela dit je continue de penser que c'est un des rares Marvel récents, à ma connaissance, et à mon goût, à présenter une certaine élégance dans le look.
- cinephage
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Re: La Critique aujourd'hui
Le truc, c'est qu'internet met tout le monde à plat, au même niveau. Le critique qui prend le temps de rédiger une analyse sérieuse et l'internaute lambda se retrouvent à égalité de temps de parole.
D'un coté, j'apprécie que ça responsabilise un peu le critique (beaucoup se permettent des assertions gratuites et totalement arbitraires, c'est très humain), de l'autre, je vois bien que la peur d'être impopulaire peut paralyser certaines langues (certains organes de presse, surtout, qui redoutent les effets distordants des réseaux sociaux)...
Après, les critiques ne jouent absolument pas le rôle qu'ils ont pu jouer à une certaine époque. Aucun critique télévisuel, presse ou radio n'a un impact sérieux sur les entrées. Parfois, un consensus critique peut inciter les gens à aller voir un film, mais ça reste très léger à l'échelle de la fréquentation nationale (ou internationale), ça donne un peu de visibilité à certains films à la marge. Aujourd'hui, la distinction critique de cinéma/journaliste affecté aux sorties cinéma m'apparait comme inexistante.
D'un coté, j'apprécie que ça responsabilise un peu le critique (beaucoup se permettent des assertions gratuites et totalement arbitraires, c'est très humain), de l'autre, je vois bien que la peur d'être impopulaire peut paralyser certaines langues (certains organes de presse, surtout, qui redoutent les effets distordants des réseaux sociaux)...
Après, les critiques ne jouent absolument pas le rôle qu'ils ont pu jouer à une certaine époque. Aucun critique télévisuel, presse ou radio n'a un impact sérieux sur les entrées. Parfois, un consensus critique peut inciter les gens à aller voir un film, mais ça reste très léger à l'échelle de la fréquentation nationale (ou internationale), ça donne un peu de visibilité à certains films à la marge. Aujourd'hui, la distinction critique de cinéma/journaliste affecté aux sorties cinéma m'apparait comme inexistante.
I love movies from the creation of cinema—from single-shot silent films, to serialized films in the teens, Fritz Lang, and a million others through the twenties—basically, I have a love for cinema through all the decades, from all over the world, from the highbrow to the lowbrow. - David Robert Mitchell
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Re: La Critique aujourd'hui
Pourquoi "bientôt" ? Je te rassure, ils existent déjà.
Pas encore lu l'article (qui m'a l'air passionannt), mais est-ce que le problème ne viendrait pas aussi du fait que les critiques sont de moins en moins lues ? Contrairement à un tweet qui, en 280 caractères, va résumer un avis tout en le simplifiant par la force des choses, et donc va générer de la réaction épidermique derrière.
Alors qu'il suffirait de lire un avis étayé et argumenté pour (peut-être) calmer les ardeurs.
Mais la pression des studios, la pression des "fans" et des réseaux sociaux, ben voilà ce que ça donne :
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Ils s'enthousiasment sur rien (le dernier Marvel est toujours le "Best Marvel to date !"), ou parfois sur une simple question d'idéologie, se contentent de résumer le film sur 150 lignes avant de donner un avis bien consensuel, et ne parlent en tout cas plus beaucoup de cinéma.
Reste que le 1er Shrek, c'est bel et bien de la merde. Et j'espère bien qu'on a encore le droit de le penser et de l'écrire 20 ans plus tard.
Ouais grave.Alexandre Angel a écrit : ↑7 sept. 21, 11:05 Cela dit je continue de penser que c'est un des rares Marvel récents, à ma connaissance, et à mon goût, à présenter une certaine élégance dans le look.
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Re: La Critique aujourd'hui
Mais même dans cet extrait tout moche que tu montres, il y a ce look que j'aime bien j'avoueFlol a écrit : ↑7 sept. 21, 14:56Ouais grave.Alexandre Angel a écrit : ↑7 sept. 21, 11:05 Cela dit je continue de penser que c'est un des rares Marvel récents, à ma connaissance, et à mon goût, à présenter une certaine élégance dans le look.
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Ce titre est bien.
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Re: La Critique aujourd'hui
J'ai lu ces derniers jours le dernier exemplaire de Trafic, numéro spécial, No 120 pour les 30 ans de la revue, Hiver 2021 pour une revue née avec son numéro Hiver 1991. Mais dernier numéro parce que c'est la fin. Reprise par Gallimard, on nous promet un numéro annuel en lieu et place du numéro trimestriel, autant dire que c'est la fin, d'ailleurs tout le comité de rédaction s'en va.
Honnêtement, le comité de rédaction lui-même ne s'en offusque pas. Il y a un stade où perdre de l'argent ne se justifie plus. Quelques grandes signatures sont revenues pour l'évènement, mais justement, on ne les voyaient plus beaucoup dans les derniers numéros. Il n'empêche que c'est la fin d'une génération, celle de critiques qui pour la plupart, tentaient de mettre l'art d'écrire au niveau des films dont ils parlaient, qu'ils les aiment ou pas.
Une génération historique, celle des passeurs, au sens daneyen du terme, et pas au sens où on le prend souvent, ne serait-ce qu'ici dans ce topic. Il y a eu la Nouvelle Vague, avec des critiques qui sont vite devenus cinéastes, et, à la fin des années 70/ début 80, des critiques qui ont fait de la critique avec dans l'idée de devenir rapidement cinéastes. C'est l'école des Cahiers. Entre les deux, dans cette même école, il y a eu des critiques qui ont pris ce métier au plus sérieux possible, et ont écrit, sans jamais avoir l'ambition réelle de filmer un jour. "A chaque jour suffit sa peine" dit le dicton populaire, et eux, qui venaient souvent du populaire, se disaient "à chaque jour suffit son bonheur" et celui d'écrire sur le cinéma, dans de belles revues, leur suffisait.
Le duo d'origine, ce sont bien sûr, Serge Daney et Louis Skorecki, le second n'ayant jamais fait semblant de n'être que le suiveur du premier, mais étant très fier d'avoir suivi Daney et d'être le premier qui a suivi le Passeur. Les deux, outre le fait d'être amis, avaient un point commun, avant même les Cahiers, Nuit et brouillard (1955) d'Alain Resnais, court-métrage documentaire dont la force vient non seulement des images mais aussi du superbe texte de Jean Cayrol lu par Michel Bouquet.
Les deux avaient subi la guerre, de façon peut-être plus dure que la plupart des membres de la Nouvelle Vague. Skorecki est né dans le camp d'internement de Gurs en 1943, on peut supposer qu'il a été sauvé par son âge mais pas ses parents. Daney, c'est plus imaginatif. Il est né en 1944, de père inconnu. Bien plus tard, dans Persévérance, l'un de ses derniers dialogues écrits, il racontera être persuadé que son père est un juif en fuite, pris et conduit aux camps de la mort. Imaginatif, d'autant que Daney était déjà malade du Sida et promis à une mort prochaine. Il n'empêche que l'amitié entre l'un et l'autre, camarades de lycée, est venu d'une obsession pour les camps de la mort.
Obsession morbide, non, l'un et l'autre ont fui par le cinéma, comme Truffaut, même si pour d'autres raisons et un peu plus tard. Fuite qui les a conduit à Hollywood, quelques années avant Truffaut pour découvrir les Etas-Unis, le cinéma des studios et de très nombreux réalisateurs, pour beaucoup sur le déclin.
De là, une belle carrière critique qui, chez Serge Daney, deviendra une véritable grande oeuvre littéraire, pas seulement par son talent d'écrivain, mais aussi par son obstination à percer l'histoire des films, à les comprendre, quitte à se briser les yeux à lire tout ce qui pourrait lui ouvrir des portes qu'il ne veut pas qu'elles lui restent fermées. Comme il est à la fois amusant, merveilleux et émouvant de le lire raconter comment il se force à lire Lacan et en conclue que soit c'est trop pour lui, soit c'est Lacan qui est juste un fulmineux (moi, je suis passé par la case Slavoj Zizek, c'est plus rigolo même si pas toujours évident, et on en revient à la même conclusion, Lacan...laissons-le aux amateurs
).
Sur la fin de sa vie, Serge Daney élabore Trafic, la revue dont il rêvait, écrite avec les articles de ses amis et leurs proches. Il écrit dans les trois premiers numéros et meurt en Juin 1992. Voilà un passeur, gardons le terme pour cette époque et ce niveau d'écriture.
Pour l'époque et le niveau d'écriture, j'ai toujours eu une grande admiration pour Sylvie Pierre, dont le texte débute ce dernier numéro de Trafic, Les coeurs du monde. En onze pages, elle raconte la fin de Trafic, ses débuts, rend hommage à ses amis, explique le titre de ce numéro 120, "Ce que tu aimes bien demeure", et termine, parce qu'il s'agit avant tout de discuter cinéma, sur une analyse de Hearts of the World, un film de Griffith plutôt inconnu.
Bref, un beau numéro, qui clôt une époque de la critique écrite, avec talent et panache. L'époque des passeurs est passée.
Honnêtement, le comité de rédaction lui-même ne s'en offusque pas. Il y a un stade où perdre de l'argent ne se justifie plus. Quelques grandes signatures sont revenues pour l'évènement, mais justement, on ne les voyaient plus beaucoup dans les derniers numéros. Il n'empêche que c'est la fin d'une génération, celle de critiques qui pour la plupart, tentaient de mettre l'art d'écrire au niveau des films dont ils parlaient, qu'ils les aiment ou pas.
Une génération historique, celle des passeurs, au sens daneyen du terme, et pas au sens où on le prend souvent, ne serait-ce qu'ici dans ce topic. Il y a eu la Nouvelle Vague, avec des critiques qui sont vite devenus cinéastes, et, à la fin des années 70/ début 80, des critiques qui ont fait de la critique avec dans l'idée de devenir rapidement cinéastes. C'est l'école des Cahiers. Entre les deux, dans cette même école, il y a eu des critiques qui ont pris ce métier au plus sérieux possible, et ont écrit, sans jamais avoir l'ambition réelle de filmer un jour. "A chaque jour suffit sa peine" dit le dicton populaire, et eux, qui venaient souvent du populaire, se disaient "à chaque jour suffit son bonheur" et celui d'écrire sur le cinéma, dans de belles revues, leur suffisait.
Le duo d'origine, ce sont bien sûr, Serge Daney et Louis Skorecki, le second n'ayant jamais fait semblant de n'être que le suiveur du premier, mais étant très fier d'avoir suivi Daney et d'être le premier qui a suivi le Passeur. Les deux, outre le fait d'être amis, avaient un point commun, avant même les Cahiers, Nuit et brouillard (1955) d'Alain Resnais, court-métrage documentaire dont la force vient non seulement des images mais aussi du superbe texte de Jean Cayrol lu par Michel Bouquet.
Les deux avaient subi la guerre, de façon peut-être plus dure que la plupart des membres de la Nouvelle Vague. Skorecki est né dans le camp d'internement de Gurs en 1943, on peut supposer qu'il a été sauvé par son âge mais pas ses parents. Daney, c'est plus imaginatif. Il est né en 1944, de père inconnu. Bien plus tard, dans Persévérance, l'un de ses derniers dialogues écrits, il racontera être persuadé que son père est un juif en fuite, pris et conduit aux camps de la mort. Imaginatif, d'autant que Daney était déjà malade du Sida et promis à une mort prochaine. Il n'empêche que l'amitié entre l'un et l'autre, camarades de lycée, est venu d'une obsession pour les camps de la mort.
Obsession morbide, non, l'un et l'autre ont fui par le cinéma, comme Truffaut, même si pour d'autres raisons et un peu plus tard. Fuite qui les a conduit à Hollywood, quelques années avant Truffaut pour découvrir les Etas-Unis, le cinéma des studios et de très nombreux réalisateurs, pour beaucoup sur le déclin.
De là, une belle carrière critique qui, chez Serge Daney, deviendra une véritable grande oeuvre littéraire, pas seulement par son talent d'écrivain, mais aussi par son obstination à percer l'histoire des films, à les comprendre, quitte à se briser les yeux à lire tout ce qui pourrait lui ouvrir des portes qu'il ne veut pas qu'elles lui restent fermées. Comme il est à la fois amusant, merveilleux et émouvant de le lire raconter comment il se force à lire Lacan et en conclue que soit c'est trop pour lui, soit c'est Lacan qui est juste un fulmineux (moi, je suis passé par la case Slavoj Zizek, c'est plus rigolo même si pas toujours évident, et on en revient à la même conclusion, Lacan...laissons-le aux amateurs

Sur la fin de sa vie, Serge Daney élabore Trafic, la revue dont il rêvait, écrite avec les articles de ses amis et leurs proches. Il écrit dans les trois premiers numéros et meurt en Juin 1992. Voilà un passeur, gardons le terme pour cette époque et ce niveau d'écriture.
Pour l'époque et le niveau d'écriture, j'ai toujours eu une grande admiration pour Sylvie Pierre, dont le texte débute ce dernier numéro de Trafic, Les coeurs du monde. En onze pages, elle raconte la fin de Trafic, ses débuts, rend hommage à ses amis, explique le titre de ce numéro 120, "Ce que tu aimes bien demeure", et termine, parce qu'il s'agit avant tout de discuter cinéma, sur une analyse de Hearts of the World, un film de Griffith plutôt inconnu.
Bref, un beau numéro, qui clôt une époque de la critique écrite, avec talent et panache. L'époque des passeurs est passée.
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker

- Alexandre Angel
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Re: La Critique aujourd'hui
Magnifique texte et émouvant, de surcroit, Phnom.
J'ai toujours nourri une espèce de culpabilité vis-à-vis de Trafic parce que c'est une revue que j'ai négligée (il y a en a quelques uns qui se battent en duel chez moi) en 30 ans (comment cette revue a-t-elle pu tenir 30 ans ?
) alors que j'en ai suivi les débuts et que je l'ai toujours trouvée superbe. Ahhh cette couverture kraft et ces pages sans images à l'odeur subtile (oui, je suis un sniffeur d'encre)!
Et c'est vrai que j'ai passé ces 30 ans à me demander, plus ou moins régulièrement, ce que devenait la revue, toujours étonné d'apprendre, quand j'allais à l'info, qu'elle était encore de ce monde.
Alors il est certain que la portée parfois ultra-intellectualisante des textes pouvait rebuter, que le coût de la revue, une certaine non-envie personnelle de trop accumuler chez moi, ont joué dans ce renoncement à aller y voir.
Ensuite, forcément, c'est une revue dont la visibilité n'était pas évidente: hors de question de la trouver chez le marchand de journaux, exposition sporadique à la FNAC.. On navigue tout de même dans le monde des initiés (autre exemple, bien que différent, je n'ai appris que récemment l'existence de la revue 1895).
Alors, ce dont je rêve, c'est de tomber sur une librairie qui ait la quasi-collection en ses murs (ça doit exister sur Paris, non?) dans laquelle je puisse chiner des sujets qui m'excitent : ce qu'il m'est arrivé de faire avec Trafic en me précipitant, par exemple, sur un numéro spécial John Ford ("Politique(s) de John Ford "-hiver 2005) absolument passionnant.
Bref, tout ça pour dire que c'est bien que tu en aies parlé et que je voudrais bien me procurer cette dernière.
J'ai toujours nourri une espèce de culpabilité vis-à-vis de Trafic parce que c'est une revue que j'ai négligée (il y a en a quelques uns qui se battent en duel chez moi) en 30 ans (comment cette revue a-t-elle pu tenir 30 ans ?

Et c'est vrai que j'ai passé ces 30 ans à me demander, plus ou moins régulièrement, ce que devenait la revue, toujours étonné d'apprendre, quand j'allais à l'info, qu'elle était encore de ce monde.
Alors il est certain que la portée parfois ultra-intellectualisante des textes pouvait rebuter, que le coût de la revue, une certaine non-envie personnelle de trop accumuler chez moi, ont joué dans ce renoncement à aller y voir.
Ensuite, forcément, c'est une revue dont la visibilité n'était pas évidente: hors de question de la trouver chez le marchand de journaux, exposition sporadique à la FNAC.. On navigue tout de même dans le monde des initiés (autre exemple, bien que différent, je n'ai appris que récemment l'existence de la revue 1895).
Alors, ce dont je rêve, c'est de tomber sur une librairie qui ait la quasi-collection en ses murs (ça doit exister sur Paris, non?) dans laquelle je puisse chiner des sujets qui m'excitent : ce qu'il m'est arrivé de faire avec Trafic en me précipitant, par exemple, sur un numéro spécial John Ford ("Politique(s) de John Ford "-hiver 2005) absolument passionnant.
Bref, tout ça pour dire que c'est bien que tu en aies parlé et que je voudrais bien me procurer cette dernière.
Dernière modification par Alexandre Angel le 5 déc. 21, 10:10, modifié 1 fois.
- Jack Carter
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Re: La Critique aujourd'hui
quasi, non, mais pas mal de numeros à la librairie Lumiere, si tu es de passage à Lyon un de ces quatreAlexandre Angel a écrit : ↑5 déc. 21, 09:59
Alors, ce dont je rêve, c'est de tomber sur une librairie qui ait la quasi-collection en ses murs (ça doit exister sur Paris, non?)


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Re: La Critique aujourd'hui
Ca doit être une question de génération car encore un point commun avec toi d'où mon refus de passer à la liseuse et de continuer à acheter des livres. Et oui sinon très bel hommage de Phnom même si il ne m'est jamais arrivé d'ouvrir une seule fois cette revue.Alexandre Angel a écrit : ↑5 déc. 21, 09:59 ces pages sans images à l'odeur subtile (oui, je suis un !sniffeur d'encre)!
Voilà ce qui est pour moi totalement rédhibitoire ; mon esprit n'est malheureusement pas assez affuté pour ça. J'ai même arrêté Positif et les Cahiers pour cette même raison.la portée parfois ultra-intellectualisante des textes pouvait rebuter
- Alexandre Angel
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Re: La Critique aujourd'hui
..en reprécisant que Trafic pouvait contenir des textes extraordinaires parfaitement limpides!Jeremy Fox a écrit : ↑5 déc. 21, 10:09Voilà ce qui est pour moi totalement rédhibitoirela portée parfois ultra-intellectualisante des textes pouvait rebuter
Je vais y penser merci!Jack Carter a écrit : ↑5 déc. 21, 10:03 ..pas mal de numeros à la librairie Lumiere, si tu es de passage à Lyon un de ces quatre![]()

- Phnom&Penh
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Re: La Critique aujourd'hui
Merci pour vos compliments
J'ai du commencer à lire Trafic vers 92/93 (j'y suis venu par la lecture de Serge Daney), inutile de dire que, pour moi, c'est une époque qui se ferme.
Je trouve qu'ultra-intellectualisant n'est pas vraiment le bon terme. Ca valait surtout pour certains articles des Cahiers, et de Positif, écrits par des universitaires qui adoraient se prendre la tête, souvent pour tourner en rond autour d'une idée creuse, et en écrivant mal, en plus.
La spécialité de Trafic, c'était le capillo-tractage, voulu et bien dirigé. On part d'un fil de départ, puis on tombe sur un autre fil, et comme on est cultivé, on prend des chemins quelquefois obscurs, mais à la fin ça retombe sur ses pattes. Jonathan Rosenbaum est un spécialiste de l'exercice. En plus, comme c'était quand même une grande bande de connaissances qui écrivaient, il y avait des jeux de retour sur un texte écrit par un autre, quelquefois dit clairement, d'autres fois pas, des échanges écrits qui finissaient en un grand article écrit à deux...un petit monde qui pouvait faire penser à de l'entre-soi, mais qui était comme un salon ou chacun avait le droit d'entrer. Je reconnais que cela peut agacer aussi.

Je trouve qu'ultra-intellectualisant n'est pas vraiment le bon terme. Ca valait surtout pour certains articles des Cahiers, et de Positif, écrits par des universitaires qui adoraient se prendre la tête, souvent pour tourner en rond autour d'une idée creuse, et en écrivant mal, en plus.
La spécialité de Trafic, c'était le capillo-tractage, voulu et bien dirigé. On part d'un fil de départ, puis on tombe sur un autre fil, et comme on est cultivé, on prend des chemins quelquefois obscurs, mais à la fin ça retombe sur ses pattes. Jonathan Rosenbaum est un spécialiste de l'exercice. En plus, comme c'était quand même une grande bande de connaissances qui écrivaient, il y avait des jeux de retour sur un texte écrit par un autre, quelquefois dit clairement, d'autres fois pas, des échanges écrits qui finissaient en un grand article écrit à deux...un petit monde qui pouvait faire penser à de l'entre-soi, mais qui était comme un salon ou chacun avait le droit d'entrer. Je reconnais que cela peut agacer aussi.
Si tu es parisien, tu en trouveras de nombreux en occasion chez Gibert. Et sinon, la bibliothèque de la cinémathèque (je parle de la boutique) a quasiment tous les numéros, sauf ceux qui sont devenus collector. Sur Amazon, tu les trouves quasiment tous, même les collectors, en occasion, à des prix rarement supérieurs au prix de vente neuf.Alexandre Angel a écrit : ↑5 déc. 21, 09:59 Alors, ce dont je rêve, c'est de tomber sur une librairie qui ait la quasi-collection en ses murs (ça doit exister sur Paris, non?) dans laquelle je puisse chiner des sujets qui m'excitent : ce qu'il m'est arrivé de faire avec Trafic en me précipitant, par exemple, sur un numéro spécial John Ford ("Politique(s) de John Ford "-hiver 2005) absolument passionnant.
"pour cet enfant devenu grand, le cinéma et la femme sont restés deux notions absolument inséparables", Chris Marker

- Alexandre Angel
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Re: La Critique aujourd'hui
Merci pour les infos.
J'employais "ultra-intellectualisant" sans doute à mauvais escient mais sans intention péjorative.
Il existe une catégorie de textes qui brassent (quelque soit leur degré de pertinence) des notions de philosophie et de rhétorique qui peuvent faire perdre de vue l'objet-film et obligent à une concentration plus ou moins intense selon le type de développement.
Trafic pouvait générer cet état d'esprit.
A part cela, on a déjà échangé sur ce sujet, mais je n'ai pas le souvenir d'avoir lu quelque chose d'"intellectualisant" au sens large dans Positif, qui a d'autres défauts, mais dont les articles me semblent immédiatement clairs. Universitaires au sens péjoratif par moment mais pas difficiles d'accès.

J'employais "ultra-intellectualisant" sans doute à mauvais escient mais sans intention péjorative.
Il existe une catégorie de textes qui brassent (quelque soit leur degré de pertinence) des notions de philosophie et de rhétorique qui peuvent faire perdre de vue l'objet-film et obligent à une concentration plus ou moins intense selon le type de développement.
Trafic pouvait générer cet état d'esprit.
A part cela, on a déjà échangé sur ce sujet, mais je n'ai pas le souvenir d'avoir lu quelque chose d'"intellectualisant" au sens large dans Positif, qui a d'autres défauts, mais dont les articles me semblent immédiatement clairs. Universitaires au sens péjoratif par moment mais pas difficiles d'accès.