Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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moonfleet
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par moonfleet »

Alexandre Angel a écrit : 8 nov. 21, 18:47 Ben non, c'est limite trop pointu pour moi.
Je ne te crois pas Image
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Supfiction
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Supfiction »

moonfleet a écrit : 7 nov. 21, 16:30 Image
La taille des vignes fait une pause d’ici peu.
Kiemavel reviendra.
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Thesix
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Thesix »

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Et Amazon, c'est toujours le mal (et l'internet haut débit, et Google...)
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moonfleet
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par moonfleet »

Supfiction a écrit : 8 nov. 21, 22:36
La taille des vignes fait une pause d’ici peu.
Kiemavel reviendra.
Cela fait bien des lunes que les vignes ont été taillées, après il y a d'autres tâches. Mais bon, il trouvait le temps de parler films; vigneron et spécialiste (avec abondance) de films noirs, c'est dingue !!
Dernière modification par moonfleet le 9 nov. 21, 16:49, modifié 1 fois.
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moonfleet
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par moonfleet »

Thesix a écrit : 9 nov. 21, 01:21
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Le 4ème homme ? :D
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Bravo !!
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kiemavel
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par kiemavel »

Oui, Alexandre, très sympa et parfaitement dans l'esprit du lieu, les "égards" de moonfleet. Du coup, ce n'est pas que j'avais besoin de me faire prier (je pensais ne plus intervenir ici) mais je ne peux pas, une fois de plus, faire le mort car c'est effectivement ce que j'ai fait mais notre béarnaise préférée ne lâche pas facilement l'affaire (et je devrais probablement m'en expliquer par ailleurs même si la dite béarnaise n'est visiblement pas rancunière :wink: )

Bref, tant qu' à passer une tête autant le faire pour autre chose que pour remercier implicitement les plus indulgents à mon égard ...
Des mois après un échange avec Jack Carter au sujet du cinéma criminel britannique, je confirme donc l’intérêt d'un film qu'il conseillait et que je ne connaissais pas à l'époque. Il s'agit de :

- Jigsaw (Le mystère de la villa blanche) de Val Guest (1962), un excellent film policier ; le meilleur que j'aurais vu cette année avec Es geschah am hellichten Tag (ça c'est passé en plein jour) ; qui est même encore meilleur bien la réalisateur du hongrois Vajda - qui travailla surtout en Espagne - soit assez terne.

Dans Jigsaw, Val Guest montre avec infiniment de précision une enquête policière mais ce " naturalisme " est contrebalancé par le coté exceptionnel du crime sur lequel la police enquête. Je pense que certains pourraient trouver le film vieillot et l'enquête fastidieuse mais selon moi Guest a brisé la routine qu'aurait pu prendre le film en alternant séquences de commissariat et séquences en extérieur (les visites sur les lieux du crime : la villa isolée ... La séquence avec la présumée victime, la vieille fille, etc ...) mais même l'enquête elle même est pour moi "tranquillement" passionnante avec l'exploitation méticuleuse qui est fait de tous les éléments recueillis au fur et à mesure mais c'est surtout la personnalité de l'enquêteur en chef qui m'a beaucoup plu : très expérimenté, très organisé, très obstiné. C'est un type qui ne cesse de communiquer sa confiance à ses subordonnés ; multipliant les propos confiant quand bien même l'enquête semble stagner (à plusieurs reprises, il réaffirme sa certitude que le crime parfait n'existe pas), sachant aussi reconnaître les mérites de ses collaborateurs dans leurs initiatives ; doué d'humour. C'est un grand organisateur, coordinateur et meneur d'hommes. Même l'âge de Jack Warner (c'était son dernier rôle au cinéma) est bien utilisé car deux ou trois fois, il fait "vieille Angleterre". Quand il fait la morale à une vieille fille qui s'était montrée un peu légère avec un inconnu et, plus tard, on retrouve ça dans les propos qu'il tient à un vendeur d'aspirateurs en porte à porte (tiens, encore un beau métier disparu) qui se tape des clientes ... Le "vieux " Jack Warner était un habitué des rôles de flics et tous les films en question sont à voir ; qu'ils soient édité : The Blue Lamp, It Always Rains on sunday ... ou pas : Emergency Call (Lewis Gilbert) et surtout Dear Murderer (Arthur Crabtree)

Par contre, si jadis un ex critique de cinéma (désormais, de nouveau, blogueur) m'avait dit complaisamment que je ferais mieux de me consacrer aux vignes plutôt que de vouloir m'exprimer sur le cinéma :twisted: (c'est d'ailleurs ce que je fais mais ce soir j'ai craqué :uhuh: ), vous devriez vous contenter de boire :P
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moonfleet a écrit : 9 nov. 21, 08:59
Supfiction a écrit : 8 nov. 21, 22:36
La taille des vignes fait une pause d’ici peu.
Kiemavel reviendra.
Cela fait bien des lunes que les vignes ont été taillées, après il y a d'autres tâches. Mais bon, il trouvait le temps de parler films; vigneron et spécialiste (avec abondance) de films noirs, c'est dingue !!
Comment ???
Supfiction qui est parisien ascendant normand a une double excuse pour tout ignorer du travail de la vigne mais toi, du sud ouest, m'enfin :uhuh:

Le taille de la vigne, ce n'est pas que "ça se termine ..." ; dans la plupart des vignobles ça n'a pas commencé ou à peine.
En fin d'été ou en début d'automne (chez moi, de plus en plus fréquemment- une année sur deux ou trois- les vendanges se déroulent désormais fin aout ... mais cette année, en raison de l' été pourri, elles eurent lieu fin septembre). Ensuite, il faut attendre les premières gelées qui entrainent la chute des feuilles pour pouvoir commencer à tailler la vigne. La taille commence donc plutôt en octobre-novembre pour se terminer en mars. Là dessus : à la votre !
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moonfleet
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par moonfleet »

Aah, tu es donc vivant ( un fantôme a les doigts qui traversent les touches de clavier :) ), salut Kiemavel !!

A peine répondu et déjà une énigme :
kiemavel a écrit : 10 nov. 21, 23:06 (et je devrais probablement m'en expliquer par ailleurs même si la dite béarnaise n'est visiblement pas rancunière :wink: )
:?: Alors explique par MP stp car je vois pas de quoi tu parles.
kiemavel a écrit : 10 nov. 21, 23:06 moonfleet wrote: ↑9 Nov 21, 08:59

Supfiction wrote: ↑8 Nov 21, 22:36

La taille des vignes fait une pause d’ici peu.
Kiemavel reviendra.

moonfleet wrote: ↑9 Nov 21, 08:59

Cela fait bien des lunes que les vignes ont été taillées, après il y a d'autres tâches. Mais bon, il trouvait le temps de parler films; vigneron et spécialiste (avec abondance) de films noirs, c'est dingue !!

kiemavel:
Comment ???
Supfiction qui est parisien ascendant normand a une double excuse pour tout ignorer du travail de la vigne mais toi, du sud ouest, m'enfin :uhuh:

Le taille de la vigne, ce n'est pas que "ça se termine ..." ; dans la plupart des vignobles ça n'a pas commencé ou à peine.
En fin d'été ou en début d'automne (chez moi, de plus en plus fréquemment- une année sur deux ou trois- les vendanges se déroulent désormais fin aout ... mais cette année, en raison de l' été pourri, elles eurent lieu fin septembre). Ensuite, il faut attendre les premières gelées qui entrainent la chute des feuilles pour pouvoir commencer à tailler la vigne. La taille commence donc plutôt en octobre-novembre pour se terminer en mars. Là dessus : à la votre !
Oui bon c'était histoire de répondre à Supfiction ...et peut être de te provoquer pour que tu interviennes "indigné" :wink:
Et puis je n'ai pas été élevée au Jurançon in fact :)

...info/pause locale/de ma fenêtre: sonnerie aux morts pour la France, Marseillaise, François Bayrou est au garde à vous ...
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Alexandre Angel
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Alexandre Angel »

moonfleet a écrit : 11 nov. 21, 11:48 A peine répondu et déjà une énigme
:lol:
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par primus »

Un très bon Richard Quine découvert hier soir dans le coffret 1 powerhouse: Drive a crooked road, déjà mentionné dans ce sujet.
Même si c'est un cran en dessous de Strangers when we meet Quine parvient encore à nous faire ressentir puissamment la souffrance sentimentale de Rooney face à une Dianne Foster magnétique. Comme les autres titres de ce coffret, une belle image. J'attends de revoir Pushover mais j'en suis à me demander si je ne préfère pas celui-ci, plus singulier.
Demi-Lune a écrit : 14 oct. 21, 15:27Ah par contre je suis affirmatif, monfilm = primus.
Je suis également Julien, Soleilvert, Nicolas Brulebois, Riqueunee, Boris le hachoir, Francis Moury, Yap, Bob Harris, Sergius Karamzin ... et tous les "invités" pas assez bien pour vous 8)
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Jeremy Fox »

primus a écrit : 17 nov. 21, 13:17 Un très bon Richard Quine découvert hier soir dans le coffret 1 powerhouse: Drive a crooked road, déjà mentionné dans ce sujet.
J'attends de revoir Pushover mais j'en suis à me demander si je ne préfère pas celui-ci, plus singulier.
Pour avoir vu les deux récemment, c'est mon cas. Très belle surprise que ma découverte de Drive a Crooked Road, en revanche un peu déçu par Pushover à la revoyure.
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Re: FILMS NOIRS, sans domicile fixe : Kid Glover Killer (1942)

Message par Supfiction »

Hommage à Marsha Hunt, qui vient de décéder aujourd’hui.
C’était la doyenne du cinéma américain habituée des films noirs puisqu'on la retrouve notamment dans None Shall Escape, Marché de brutes, L'Assassin au gant de velours, Take One False Step). Elle est superbe dans L'assassin au gant de velours / Kid Glover Killer aux côtés de Van Heflin.
Supfiction a écrit : 1 oct. 15, 15:31
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L'assassin au gant de velours / Kid Glover Killer (1942)
Réalisation : Fred Zinnemann
Scénario: Allen Rivkin, John C. Higgins
Avec : Van Heflin, Marsha Hunt, Lee Bowman [/center]
kiemavel a écrit : Par contre, je l'ai signalé mais je n'ai pas aimé L'assassin au gant de velours (Kid Glover Killer) ; un avis plus que réservé à tempérer (vu une fois et il y a longtemps). Déjà l'atmosphère du film n'a pas grand chose à voir avec un film noir.
Si tu enlève à ce film le qualificatif de film noir (et c'est ton droit), dans ce cas tu peux aussi l'enlever de bon nombre de films d'enquêtes policières souvent considérés comme parti prenante du genre noir ( Appelez nord 777 par exemple ).
Noël Simsolo à ce sujet écrivait d'ailleurs : "On peut légitimement s'étonner de voir citer Call Northside 777 et The Naked city dans des anthologies consacrées au cycle noir, classification abusive parce que ces productions n'en appellent jamais à la désignation d'individus luttant avec leurs propres démons. Ce sont des films conçus pour défendre l'ordre des choses et non pour le remettre en question, du moins tels qu'ils nous sont parvenus car Jules Dassin a toujours précisé que ses producteurs avaient transformé son travail sur The naked city en le détournant ainsi contre sa volonté. Un réel apport esthétique découle cependant de ces reportages-fictions : la poésie urbaine venue du tournage en extérieur dans les rues d'une ville. Mais tout dépend du regard du cinéaste sur la beauté des lieux car ces images n'ont qu'un pittoresque de surface si elles ne se fondent pas dans une forme à l'ensemble cohérent. La part documentaire n'a qu'un intérêt décoratif si un univers personnel ne vient pas la colorer de sa propre sensibilité. Cela déborde l'effet du réel. Quand cette forme particulière réintègre la narration d'une fiction , elle ne transforme pas un thriller ou un film à suspense en film noir. Contrairement aux affirmations de certains historiens, il est aussi difficile d'intégrer au noir toutes ces œuvres glorifiant la police (...) ces dispositifs engendrent généralement des films idéologiques, officiels et souvent réactionnaires, qui sont tantôt construits sur l'investigation sous la forme de faux reportage, tantôt teintés d'humanisme à la gloire des forces de l'ordre."
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Si Kid Glover Killer n'échappe pas au défaut du didactisme (en présentant en détail les travaux de la police scientifique, je n'ose pas dire les débuts), il est surtout un film très agréable à regarder, plein de charme et divertissant.
J'ai beaucoup aimé ce film qui marque les débuts de Fred Zinnemann à la réalisation d'un long métrage. Un film que l'on pourrait grossièrement qualifier d'ancêtre des Experts et autre NCIS télévisés, à ce détail près qu'il est quand même à la marge du film noir en faisant état de la corruption gangrénant la politique. En effet, le truand est à la fois au cœur du pouvoir, à la tête d'une grande campagne médiatique (affiches et radio) pour le nettoyage de la racaille mafieuse mais également un ami personnel du personnage de Van Heflin, scientifique, criminologue et accessoirement en charge de l'enquête.

Tout commence par l’élection d'un homme politique et de son procureur général (attorney) mais l'on découvre vite que Ladimer (Lee Bowman), l'avocat et star de radio ayant soutenu l'élection et porté au pouvoir le ticket électoral maire/procureur est en fait un homme corrompu et jouant double jeu avec les politiciens pour lesquels il travaille. Lorsque ce dernier réalise que le maire était sincère et sérieux lorsqu'il décrétait vouloir éradiquer la violence et la corruption (le changement c'est vraiment maintenant), il en informe immédiatement ses connections mafieuses et les gangsters passent aussitôt à l'action : l'attorney est tout d'abord retrouvé assassiné, puis le maire est lui-même menacé surtout lorsqu'il découvre avec étonnement que Ladimer a contracté une police de 80000 dollars avec un dépôt de 28000 dollars cash...

L'enquête est confié à Gordon McKay (Van Heflin), un scientifique de la police accompagné de sa jolie assistante Jane Mitchell (Marsha Hunt).
Mais autour d'eux rode Gerald Ladimer qui est aussi un vieil ami de McKay.. Pratique pour surveiller les avancées de l'enquête..
En outre, il s'intéresse de près à la jolie Marsha Hunt qui, il faut le dire est absolument délicieuse dans ce film (amoureuse et piquante à la fois, un peu à la manière de Myrna Loy la décennie précédente).
Van Heflin n'est pas en reste dans ce domaine et fait preuve à la fois de beaucoup d'humour et de charme nonchalant. Le couple star met tellement de charme et de bon humeur que l'ambiance film noir se dissipe au profit d'une ambiance plus romantique.
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Et donc comme je le mentionnais précédemment, vous pourrez y voir Ava Gardner dans l'une de ses premières apparitions, en serveuse de drive-in :

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Profondo Rosso
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Profondo Rosso »

Dans l'ombre de San Francisco de Norman Foster (1950)

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Un soir, Frank Johnson assiste en promenant son chien au meurtre d'un homme. Témoin clé pour la police comme pour l'assassin, il s'enfuit pris de panique laissant même sa femme Eleanor sans nouvelle. Celle-ci ne parait pas spécialement bouleversée, leur mariage battant de l'aile depuis un moment. Avec l'aide du reporter Dan Leggett, Eleanor va cependant se mettre à la recherche de son mari et découvrir de nouvelles facettes de sa personnalité pendant l'enquête.

Woman on the run est un remarquable film noir de série B, brillant par son scénario imprévisible et son esthétique. Au premier abord, il semble mélanger le film criminel et le récit de fugitif façon Les 39 marches. Témoin malheureux d’un règlement de compte entre gangster alors qu’il promenait son chien, Frank (Ross Elliott) ne devient certes pas le suspect, mais la cible du coupable dont il a vu le visage - mais pas le spectateur. Une situation intolérable qui va le pousser à prendre la fuite pour être traqué à la fois par la police et l’assassin. Dès lors Frank brille par son absence à l’écran tout en étant omniprésent dans les pensées des autres protagonistes, en premier lieu son épouse Eleanor (Ann Sheridan). On aura compris que le couple bat de l’aile à travers la mélancolie avec laquelle Frank dit aux policiers qu’il est marié, puis la désinvolture affichée par Eleanor face à la disparition de son époux. Le passé bohème du couple (il est peintre et elle fut son modèle) révèle ce qui les a unis puis éloigné, notamment avec les peintures de Frank affichant les lieux où ils ont vécu en contrepoint du modeste meublé où ils vivent désormais et l’existence médiocre qu’ils mènent. On saisit que ce lien distendu vient en grande partie d’Eleanor.

La quête de l’époux repose ainsi sur les motifs de suspense concrets de la trame policière, mais aussi sur une facette plus intime où en cherchant Frank dans la ville, Eleanor réapprend à le connaître, le découvre sous un nouveau jour. Le fossé entre eux s’exprime par l’énigme que Frank laisse à Eleanor pour le retrouver et relevant d’un souvenir commun, mais que Eleanor par la distance prise sur son mariage ne parvient pas à retrouver dans sa mémoire. A ce pur McGuffin s’ajoute l’exploration des lieux favoris de Frank dans la ville, la rencontre avec ses amis, collègues vantant ses mérites et faisant comprendre qu’elle n’a jamais su juger son homme à sa juste valeur. En contrepoint mettant la puce à l’oreille, Eleanor est aidée dans ses recherches par un reporter (Dennis O'Keefe) dont le bagout et l’allure imposante en font l’opposé de la nature plus vulnérable de son mari. Le flirt larvé s’instaurant entre eux montre ainsi implicitement l’impasse intime et dramatique dans laquelle se trouve l’héroïne. Ann Sheridan est formidable, parvenant à porter l’urgence du récit à suspense, mais offrant aussi un beau portrait de femme repentante se redécouvrant amoureuse.

Norman Foster instaure une atmosphère stylisée, oppressante et expressionniste dans les purs moments de film noir dont il tire des morceaux de bravoure assez mémorables. La scène d’ouverture est un aussi glaçant qu’électrisant instantané de violence, et la séquence finale au sein du parc d’attraction avec son montage alterné entre la grande roue et une tentative de meurtre impose une tension au cordeau. Parallèlement, le film offre dans les scènes de jour une exploration quasi documentaire de la ville de San Francisco dont on traverse de multiples environnements, dont on côtoie la mixité ethnique comme rarement auparavant et ce sans la moindre caricature. D’ailleurs le surgissement de la violence dans ces moments est à la fois plus discret mais encore plus effrayant sans le vernis maniéré du film noir, notamment la mort de cette danseuse chinoise en ellipse.

Norman Foster coche toutes les bonnes cases, maniant le suspense Hitchcockien en articulant pas la tension sur la révélation de l’identité du meurtrier mais l’attente de ses agissements une fois percé à jour. Il use comme évoqué plus haut des motifs stylistiques du film noir des années 40, mais travaille aussi le réalisme urbain introduit dans le polar des années 50 comme dans les productions de la Fox. Tout cela réunit donne un film noir à l’équilibre idéal entre tension et émotion sincère, prenant de bout en bout. 5/6
Chilly
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Re: Les films noirs à petits budgets et/ou de cinéastes méconnus

Message par Chilly »

Bonjour,
Murder is my beat (Edgar G. Ulmer - 1955)
Bonjour,
J'ai essayé pendant un moment de trouver le film pas si mal, sans doute par respect pour Ulmer, mais j'ai du abandonner ma tentative de le trouver pas si mal (j'ai quand meme fini le film) en cours de route faute d'une intrigue un brin intéressante et d'acteurs et actrices potables. Il faut dire que le budget du film a du etre très très limité, vu la quantité de stock shots et les hideuses transparences. Meme les scènes de studio sont moches, d'ailleurs le couloir dans le train est probablement large d'un bon mètre, C'est dire !
Paul Langton a des faux airs de Dana Andrews, mais malheureusement son jeu fait plus penser à celui de Lawrence Tierney. Quant à Barbara Payton, dans son dernier film, elle donne l'impression d'avoir 40 ans. Elle mourra 7 ans plus tard à 39 ans. Malgré tout je l'ai trouvé moins mauvaise que dans Le Fauve en liberté (Kiss Tomorrow Goodbye) avec Cagney où elle m'avait partiellement gaché le film. A noter d'ailleurs que c'est aussi le dernier film de Selena Royle qui était excellente dans un vrai film noir : L'Esclave du gang (The Damned Don't Cry).
C'est dommage parce qu'Ulmer a tourné la meme année Le Bandit (The Naked Dawn, sortie en décembre 1955 alors que Murder est sorti en février), film étrange mais qui m'avait scotché.
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