Les Olympiades (Jacques Audiard - 2021)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Supfiction
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Les Olympiades (Jacques Audiard - 2021)

Message par Supfiction »

Merlant, Audiard.. le film mérite bien son sujet dédié.

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tchi-tcha a écrit : 4 nov. 21, 04:09
Comme d'habitude, avec ces Olympiades, l'interprétation est tout simplement formidable. Même si le cadre dans lequel le réalisateur les enferme me pose toujours problème (cette "maîtrise", donc), bon sang ce que ces trois comédiens principaux peuvent être bons ! :P
(une confirmation, deux révélations, bon score)
Tu parles de Noémie Merlant je suppose.
Elle est superbe dans le film néanmoins son personnage n’est pas facile à comprendre. C’est sans doute la touche Sciamma mais son revirement final m’a laissé un peu circonspect (cela fait penser au début de La vie d’Adele sauf que le personnage est encore « en apprentissage ») .




-Kaonashi Yupa- a écrit : 4 nov. 21, 18:54
À ce sujet je te recommande l'interview du réalisateur dans Positif, il parle non seulement du chemin fait par le scénario (en gros Sciamma a fait les premières mouture, posant plein de bases thématiques, puis ensuite Audiard et Léa Mysius ont repris ensemble toutes la structures, certains thèmes, etc), mais aussi du personnage de Nora, pas facile en effet et beaucoup retravaillé avec la deuxième co-scénariste justement.

Noémie Merlant m'a encore plus surpris et impressionné dans ce film que dans Portrait de la jeune fille en feu, c'est vraiment une très grand actrice en puissance.
tchi-tcha a écrit : 5 nov. 21, 03:19
C'est vrai qu'au début, j'ai eu des craintes avec son personnage de provinciale qui découvre Paris avec des yeux écarquillés d'émerveillement (elle dit venir de Bordeaux, elle doit déjà avoir vu des immeubles de plus de deux étages). Et je ne parle même pas de la mésaventure qui lui arrive pour la faire entrer dans le triangle amoureux du film. Mais c'est justement (comme tu le dis) parce qu'elle n'est pas facile à comprendre qu'elle a fait sauter mes réticences.

Evidemment, c'est tentant de faire un lien avec le Portrait de la Jeune Fille en Feu de Céline Sciamma (qui, étrange coïncidence, est également de l'aventure Les Olympiades). Mais j'ai plutôt pensé aux Illusions Perdues de Xavier Giannoli, film sorti peu avant avec un autre provincial naïf qui monte sur Paris. Le problème de Giannoli, c'était d'élaguer sans trahir le pavé de Balzac. Audiard, lui, à l'opposé, n'a que quelques traits dans les cases des comics d'Adrian Tomine pour construire son personnage. Donc un personnage littéralement bâti sur un trait de crayon (d'où peut-être le long développement qu'évoque -Kaonashi Yupa-, pas lu l'entretien de Positif pour creuser l'hypothèse).
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Re: Les Olympiades (Jacques Audiard - 2021)

Message par tchi-tcha »

zemat a écrit : 5 nov. 21, 10:14 LES OLYMPIADES : 7/10
A un moment j’ai eu peur que ce soit un film à sketchs (je n’avais vraiment rien lu sur le film...), mais l’intégration du personnage de Noémie Merlant s’est faite finalement en douceur une fois son introduction digérée. Très joli casting, réalisation toute en finesse même si je préfère le style plus chiadé des premiers Audiard.
Dans le genre "chiadé", ce noir et blanc est quand même un poil tape-à-l'oeil, non ?

Déjà expliqué dans un autre sujet mes réserves sur le cinéma de Jacques Audiard (ce forum est en pleine marvelisation, faut suivre chaque épisode dans chaque topic pour tout comprendre aux débats généraux), là c'est ce noir et blanc, bien voyant bien stylé, qui m'a fait tiquer.
Oui c'est beau, c'est même TRÈS beau (la révélation Lucie Zhang qui se colle à ta rétine dès le premier plan), mais tout ça fait un peu trop toc, trop artificiel.

Après... Je me dis que ce choix peut aussi trouver sa raison d'être dans le matériau d'origine, les comics d'Adrian Tomine. Mais si c'est pour mieux "capter l'air du temps"... Finalement, voilà peut-être ce qui me gêne avec Audiard, c'est un surdoué qui fait des manières.

Mais Supfiction a eu raison de tronquer ma citation, in fine dans Les Olympiades ce sont les comédiens épatants qui emportent le morceau.
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Re: Les Olympiades (Jacques Audiard - 2021)

Message par Supfiction »

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Le noir et blanc me fait penser à celui des films de Philippe Garrel. Non pas techniquement mais parce que ces films ont des thématiques proches. Je ne vois pas en quoi il s’était tapé à l’œil. Peut-être est-il en décalage avec la modernité progressiste et technologique du film.

Voici ce que Audiard a déclaré dans le dossier de presse:
« J’ai déjà pas mal tourné dans Paris et je trouve que ce n’est pas une ville facile à filmer : trop muséale, trop haussmannienne, pas assez de perspectives, de lignes… En faisant le double choix du 13ème arrondissement et du noir et blanc, j’avais la possibilité de proposer quelque chose de plus graphique, de décaler les attendus sur Paris, de filmer cette ville européenne presque comme une métropole asiatique ».
Pour ma part, je vois surtout que les scènes de sexe n’en sont que plus belles (c’est valable pour les deux couples). Noémie Merlant n’est d’ailleurs pas « une pin up » hein, mais le noir et blanc la magnifie.

tchi-tcha a écrit : 5 nov. 21, 16:16ce forum est en pleine marvelisation, faut suivre chaque épisode dans chaque topic pour tout comprendre aux débats généraux
:lol:

La suite dans le topic Céline Sciamma.
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Re: Les Olympiades (Jacques Audiard - 2021)

Message par tchi-tcha »

Supfiction a écrit : 5 nov. 21, 16:43 Voici ce que Audiard a déclaré dans le dossier de presse:
« J’ai déjà pas mal tourné dans Paris et je trouve que ce n’est pas une ville facile à filmer : trop muséale, trop haussmannienne, pas assez de perspectives, de lignes… En faisant le double choix du 13ème arrondissement et du noir et blanc, j’avais la possibilité de proposer quelque chose de plus graphique, de décaler les attendus sur Paris, de filmer cette ville européenne presque comme une métropole asiatique ».
Pour ma part, je vois surtout que les scènes de sexe n’en sont que plus belles (c’est valable pour les deux couples). Noémie Merlant n’est d’ailleurs pas « une pin up » hein, mais le noir et blanc la magnifie.
Ah ben voilà, l'aspect "graphique" donc. C'est cohérent.

Malheureusement, le provincial que je suis ignorait complètement que les Olympiades est un quartier asiat' de la capitale (et j'imagine que même ces grosses têtes de veaux de parigots ne le savent pas tous non plus). J'y ai retrouvé quelque chose qui ressemblait assez à mon souvenir de Paris, je ne me suis jamais senti dans une "métropole asiatique". Décidément, Jacques Audiard et moi, ça ne passe pas non plus avec ses intentions...

Et oui, le noir et blanc magnifie les corps. Mais il impose également un effet de stylisation et de distanciation, un trait trop forcé pour moi.

Bref, j'y arrive pas avec Audiard :mrgreen:

La suite dans le sujet Noémie Merlant, dans le topic Audiard... ou dans la saga des sorties 2021 :mrgreen:
...sauf si quelqu'un relance la franchise "films contemporains en noir et blanc", elle avait bien marchée à sa sortie :uhuh:
(ça commence à devenir lourd, ce forum, depuis que Disney a racheté Classik :| )
Dernière modification par tchi-tcha le 5 nov. 21, 19:02, modifié 1 fois.
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Re: Les Olympiades (Jacques Audiard - 2021)

Message par tchi-tcha »

Zut ! :cry:
En regardant l'affiche, je me rends compte qu'avec ma formule dont j'étais assez fier ("une confirmation, deux révélations, bon score"), j'ai complètement zappé Jehnny Beth... Faut dire que j'avais eu du mal avec son album solo sacrément intense.

La suite donc maintenant dans le sujet "vos coups de coeur musicaux" :mrgreen:
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Re: Les Olympiades (Jacques Audiard - 2021)

Message par Coxwell »

tchi-tcha a écrit : 5 nov. 21, 17:29
Supfiction a écrit : 5 nov. 21, 16:43 Voici ce que Audiard a déclaré dans le dossier de presse:


Pour ma part, je vois surtout que les scènes de sexe n’en sont que plus belles (c’est valable pour les deux couples). Noémie Merlant n’est d’ailleurs pas « une pin up » hein, mais le noir et blanc la magnifie.
Ah ben voilà, l'aspect "graphique" donc. C'est cohérent.

Malhreueusement, le provincial que je suis ignorait complètement que les Olympiades est un quartier asiat' de la capitale (et j'imagine que même ces grosses têtes de veaux de parigots ne le savent pas tous non plus). J'y ai retrouvé quelque chose qui ressemblait assez à mon souvenir de Paris, je ne me suis jamais senti dans une "métropole asiatique". Décidément, Jacques Audiard et moi, ça ne passe pas non plus avec ses intentions...

Et oui, le noir et blanc magnifie les corps. Mais il impose également un effet de stylisation et de distanciation, un trait trop forcé pour moi.

Bref, j'y arrive pas avec Audiard :mrgreen:

La suite dans le sujet Noémie Merlant, dans le topic Audiard... ou dans la saga des sorties 2021 :mrgreen:
...sauf si quelqu'un relance la franchise "films contemporains en noir et blanc", elle avait bien marchée à sa sortie :uhuh:
(ça commence à devenir lourd, ce forum, depuis que Disney a racheté Classik :| )
En même temps, ce n'est pas très surprenant. Jacques Audiard, c'est aussi celui qui a commis ce western vaporeux, verbeux, hors sol dont je préfère éviter de rappeler le nom :idea:
C'est aussi celui qui a balafré le final de la dernière saison du Bureau des légendes, en insufflant ce verbe creux et superfétatoire, le tout dans une mise en scène totalement artificielle, qui vire au dispositif et totalement à l'encontre du pragmatisme "realpolitik" des renseignements dont la série avait jusque là plutôt bien singé.
Dans le genre proposition artificialisante, totalement décomplexée dans le syndrome "représentation fantasmée et bourgeoise", on fait difficilement moins bien que les derniers productions de Jacques Audiard. Qu'il pense que le 12e-13e puisse être filmé comme une "métropole asiatique" en dit long sur sa représentation de la réalité (des métropoles asiatiques) mais surtout de sa proposition artistique qui en suit, une sorte de dialectique qui se cherche dans un faux naturalisme maquillant une représentation assez fantasmée, bourgeoisie et déconnectée des corps et de la réalité organique.
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Re: Les Olympiades (Jacques Audiard - 2021)

Message par Supfiction »

Coxwell a écrit : 5 nov. 21, 18:07sa proposition artistique qui en suit, une sorte de dialectique qui se cherche dans un faux naturalisme maquillant une représentation assez fantasmée, bourgeoisie et déconnectée des corps et de la réalité organique.
Heu..

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Si tu veux tout simplement dire par là que les scènes de sexe sont plus belles que chez Dumont, je suis d’accord, sans nul doute. Mais c’est mon côté bourgeois.
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Re: Les Olympiades (Jacques Audiard - 2021)

Message par tchi-tcha »

Supfiction a écrit : 5 nov. 21, 19:47
Heu..

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https://www.csgenerator.com/fr
https://enneagon.org/phrases
https://www.eklecty-city.fr/cinema/gene ... uc-besson/

Ne fais pas semblant de ne pas comprendre :uhuh:

Avec le noir et blanc, pour toi les corps sont sublimés, pour moi c'est un effet de style contre-productif, pour Coxwell c'est une imposture de vieux bourgeois bidon déconnecté du réel.

Le seul point que je n'ai pas compris : est-ce que Coxwell a vu Les Olympiades ou pas ?
Mais vu la virulence de son message, j'ose pas trop demander :mrgreen:
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Re: Les Olympiades (Jacques Audiard - 2021)

Message par Watkinssien »

Coxwell a écrit : 5 nov. 21, 18:07 Jacques Audiard, c'est aussi celui qui a commis ce western vaporeux, verbeux, hors sol dont je préfère éviter de rappeler le nom :idea:
Ah tu veux parler de cet excellent film qu'est Les Frères Sisters, c'est ça? :mrgreen:
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Re: Les Olympiades (Jacques Audiard - 2021)

Message par Supfiction »

tchi-tcha a écrit : 5 nov. 21, 17:29
Malheureusement, le provincial que je suis ignorait complètement que les Olympiades est un quartier asiat' de la capitale (et j'imagine que même ces grosses têtes de veaux de parigots ne le savent pas tous non plus). J'y ai retrouvé quelque chose qui ressemblait assez à mon souvenir de Paris, je ne me suis jamais senti dans une "métropole asiatique".
Le film est titré en réalité ainsi:
LES OLYMPIADES - PARIS 13

Le 13eme, ça parle un peu plus que Olympiades qui est une station de métro assez récente. Et oui, il y a dans le 13eme beaucoup plus d’immeubles modernes assez élevés par rapport aux anciens quartiers de Paris. On est à n’en pas douter très loin des villes asiatiques mais c’est ce qui s’en rapproche le plus, sans parler de la population.
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Re: Les Olympiades (Jacques Audiard - 2021)

Message par -Kaonashi- »

Supfiction a écrit : 5 nov. 21, 21:07 Le 13eme, ça parle un peu plus que Olympiades qui est une station de métro assez récente.
La station de métro s'appelle ainsi parce qu'elle est justement à côté du quartier nommé ainsi lors de sa construction dans les années 60-70 : quartier avec ses tours portant des noms de villes olympiques (Sapporo, Athènes, Mexico, etc), la rue du Disque, la rue du Javelot, etc. Mais c'est vrai que c'est un nom de quartier peu connu par les non parisiens, en tout cas bien moins que Pigalle, Montparnasse, ou encore le quartier latin par exemple.
https://www.asl-olympiades.paris/qui-so ... lympiades/
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Re: Les Olympiades (Jacques Audiard - 2021)

Message par Coxwell »

Supfiction a écrit : 5 nov. 21, 21:07
tchi-tcha a écrit : 5 nov. 21, 17:29
Malheureusement, le provincial que je suis ignorait complètement que les Olympiades est un quartier asiat' de la capitale (et j'imagine que même ces grosses têtes de veaux de parigots ne le savent pas tous non plus). J'y ai retrouvé quelque chose qui ressemblait assez à mon souvenir de Paris, je ne me suis jamais senti dans une "métropole asiatique".
Le film est titré en réalité ainsi:
LES OLYMPIADES - PARIS 13

Le 13eme, ça parle un peu plus que Olympiades qui est une station de métro assez récente. Et oui, il y a dans le 13eme beaucoup plus d’immeubles modernes assez élevés par rapport aux anciens quartiers de Paris. On est à n’en pas douter très loin des villes asiatiques mais c’est ce qui s’en rapproche le plus, sans parler de la population.
La station Stalingrad est assez éloignée des rives de la Volga mais les quelques immeubles d’habitat collectif un peu gris / grise mine sont ce qui se rapprochent le plus de Volgograd et / ou de ses ruines de 1943. :idea: :arrow:
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Re: Les Olympiades (Jacques Audiard - 2021)

Message par Supfiction »

Coxwell a écrit : 5 nov. 21, 18:07 "représentation fantasmée et bourgeoise"
Je crois que tout est dit dans ces trois mots, et encore le dernier suffirait largement, concentrant l’essentiel de la critique envers Audiard (le fils de qui filme les prolos) qui va bien au delà de ce film ci. C’est le fameux « bourgeois gaze ». Le reste, concernant l’esthétique n’est que prétexte.
Pourtant, on ne peut pas dire qu’Audiard tombe dans le misérabilisme. Ses jeunes protagonistes vivent en colocation, ont des revenus probablement limités mais ont du travail, une vie sociale et des appartements modestes mais décents.

Tchi-tcha a fait un parallèle bien vu néanmoins avec Illusions perdues de Balzac. Tel Rubempré, la provinciale et naïve Nora subit le choque parisien de plein fouet. Ce n’est pas à l’Opera qu’elle est moquée mais sur les réseaux sociaux ou par webcam interposée avec une « performeuse » dont on n’est pas bien sûr du genre. Elle incarne la modernité face à la gentille provinciale trop bête pour avoir même penser à utiliser un pseudo à la place de son vrai nom. On imagine facilement la suite de l’histoire bien qu’elle ne sera pas racontée. Tel Rubempré repris en main par Lousteau, Nora va s’adapter très vite et devenir plus parisienne que les parisiens.
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Re: Les Olympiades (Jacques Audiard - 2021)

Message par Coxwell »

Supfiction a écrit : 6 nov. 21, 09:12
Coxwell a écrit : 5 nov. 21, 18:07 "représentation fantasmée et bourgeoise"
Je crois que tout est dit dans ces trois mots, et encore le dernier suffirait largement, concentrant l’essentiel de la critique envers Audiard (le fils de qui filme les prolos) qui va bien au delà de ce film ci. C’est le fameux « bourgeois gaze ». Le reste, concernant l’esthétique n’est que prétexte.
Pourtant, on ne peut pas dire qu’Audiard tombe dans le misérabilisme. Ses jeunes protagonistes vivent en colocation, ont des revenus probablement limités mais ont du travail, une vie sociale et des appartements modestes mais décents.

Tchi-tcha a fait un parallèle bien vu néanmoins avec Illusions perdues de Balzac. Tel Rubempré, la provinciale et naïve Nora subit le choque parisien de plein fouet. Ce n’est pas à l’Opera qu’elle est moquée mais sur les réseaux sociaux ou par webcam interposée avec une « performeuse » dont on n’est pas bien sûr du genre. Elle incarne la modernité face à la gentille provinciale trop bête pour avoir même penser à utiliser un pseudo à la place de son vrai nom. On imagine facilement la suite de l’histoire bien qu’elle ne sera pas racontée. Tel Rubempré repris en main par Lousteau, Nora va s’adapter très vite et devenir plus parisienne que les parisiens.
La bourgeoisie ce n’est pas que le capital financier mais aussi culturel et intellectuel. Ce n’est pas tant son héritage du « fils de » qui l’expose que sa mise en scène que je considère comme « hors sol », sa texture vaporeuse, son verbe un peu haut et artificiel, ses états d’âme anthropologiques posés sur des sujets sociaux et spatiaux hors de propos, voire incongrus. Il a, à mon sens, compris qu’il existe un public lui-même un peu bourgeois sans doute, qui aime cette forme de projection « élégante », hors du temps, avec ce caractère faussement organique et âpre, mâtiné de questionnements bourgeois, plutôt inoffensifs et œcuméniques.
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Re: Les Olympiades (Jacques Audiard - 2021)

Message par tchi-tcha »

(ah, merci... j'ai pas trop raconté de bêtises avec Illusions Perdues, tu me rassures :mrgreen: )

Supfiction a écrit : 6 nov. 21, 09:12 C’est le fameux « bourgeois gaze ». Le reste, concernant l’esthétique n’est que prétexte.
Euh... Non, l'esthétique n'est certainement pas un prétexte.
Je m'en fous de savoir si Audiard est un gros bourge. On va partir du postulat que tous les cinéastes sont des bourgeois puisqu'ils tournent des films pendant que d'autres se lèvent à 4h du matin pour aller découper des poulets ou récurer les chiottes de la Défense. Comme ça c'est fait, on peut passer à autre chose.
Avec Les Olympiades, Audiard livre un instantané sur la jeunesse d'aujourd'hui, qu'il choisit de faire en noir et blanc. J'ai des réserves sur ce choix, son esthétique devient ici esthétisme, et ce que les corps gagnent en sublimation ils le perdent en carnation et en incarnation.
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Oui, moi aussi j'ai utilisé un générateur de phrases alambiquées. J'ai pas tout compris, mais ça claque bien je trouve.

Supfiction a écrit : 6 nov. 21, 09:12 Pourtant, on ne peut pas dire qu’Audiard tombe dans le misérabilisme. Ses jeunes protagonistes vivent en colocation, ont des revenus probablement limités mais ont du travail, une vie sociale et des appartements modestes mais décents.
Pas de misérabilisme, certes, pas de protagoniste qui se prostitue pour payer sa drogue, mais il ne fait pas forcément non plus dans la dentelle :
- une chinoise qui a fait Sciences Po mais qui bosse comme serveuse...
- un black qui a réussi le CAPES mais est découragé par les failles béantes de l'Education Nationale...
- une femme qui cède à l'injonction d'écouter ses désirs et de se libérer de la phallocratie...
:?
On n'est pas loin d'une vision de "bourgeoisie intellectuelle et culturelle" comme dirait l'autre.
(ah m*rde, on y retourne...)

Le problème n'est pas tant qu'Audiard serait un bourgeois (il paraît même que c'est un "fils de" qui est entré dans le cinéma grâce à son père qui était du milieu). Dans le sujet général qui lui est consacré, Mosin-Nagant a posté la vidéo d'un coup de gueule du réalisateur. Il commence en déclarant "ça fait 25 ans que mes films sont dans les festivals", rien de tel qu'une phrase balancée comme ça pour alimenter un procès en déconnexion.


(pas taper, hein, je te rappelle que j'ai bien aimé ces Olympiades et que les acteurs y sont épatants :D )
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