Bertrand Tavernier (1941-2021)
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Re: Bertrand Tavernier (1941-2021)
J aime beaucoup la mélancolie de ce film , ce parfum de fin d été et d 'automne qui commence sublimés par la musique de Fauré.
Dire que j avais hésité à voir ce film à sa sortie suite aux critiques féroces de Liberation qui de mémoire l avaient baptisé "Un paté de campagne " ,
Dire que j avais hésité à voir ce film à sa sortie suite aux critiques féroces de Liberation qui de mémoire l avaient baptisé "Un paté de campagne " ,
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Re: Bertrand Tavernier (1941-2021)
Non seulement la sublime musique de chambre de Fauré mais aussi la magnifique valse à l'accordéon par Mar Perronne que l'on entend lors de la scène de la guinguette.
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Re: Bertrand Tavernier (1941-2021)
Mais toi qui parle parfois de tes parents, tu devrais sentir que cela parle de l’amour filial et de l’incommunicabilité face à la mort inéluctable du père. De jalousie et de manque de considération entre frère et soeur aussi (on sait déjà que l’héritage sera difficile entre eux).Commissaire Juve a écrit : ↑4 avr. 21, 09:19 By the way : hier, je me suis refait Un dimanche la campagne (1984).
On va dire que je lui ai donné une seconde chance.
Et je me suis ennuyé comme par un après-midi de dimanche.
Heureusement que Sabine Azéma met un peu de vie dans tout ça,
sinon... quel ennui ! (soit c'est voulu, soit les dialogues ne tiennent
vraiment pas la route... les personnages n'ont strictement rien à se dire !)
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Re: Bertrand Tavernier (1941-2021)
Le truc qui coince, pour moi, c'est cette impression que les personnages se voient pour la première fois.
On ne sent pas d'histoire derrière. Ils n'ont rien vécu ensemble. Il y a bien un moment où le père rappelle
à son fils qu'il n'avait pas des résultats flamboyants à l'école, mais on a presque l'impression qu'il l'a entendu
dire, qu'il n'en a pas été témoin lui même.
La petite famille qui débarque du train pourrait avoir mille choses futiles à raconter (ne serait-ce que
sur le voyage en train) ; mais non.
Accessoirement (ce n'est pas un reproche) : la nana qui rentre dans la cuisine et qui dit "j'ai soif, je prendrais
bien un verre d'eau", et qui laisse la bonne se lever pour aller chercher ledit verre ! Ourgl ! Je ne sais pas si
ça se faisait vraiment (et si ça se fait encore), mais... qu'est-ce que c'est que ces façons !
On ne sent pas d'histoire derrière. Ils n'ont rien vécu ensemble. Il y a bien un moment où le père rappelle
à son fils qu'il n'avait pas des résultats flamboyants à l'école, mais on a presque l'impression qu'il l'a entendu
dire, qu'il n'en a pas été témoin lui même.
La petite famille qui débarque du train pourrait avoir mille choses futiles à raconter (ne serait-ce que
sur le voyage en train) ; mais non.
Et que le narrateur est là pour rattraper le coup.On ne sent pas d'histoire derrière. Ils n'ont rien vécu ensemble
Accessoirement (ce n'est pas un reproche) : la nana qui rentre dans la cuisine et qui dit "j'ai soif, je prendrais
bien un verre d'eau", et qui laisse la bonne se lever pour aller chercher ledit verre ! Ourgl ! Je ne sais pas si
ça se faisait vraiment (et si ça se fait encore), mais... qu'est-ce que c'est que ces façons !
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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Re: Bertrand Tavernier (1941-2021)
Normal, ce sont des bourgeois, il faut bien que la bonne serve ...à quelque chose
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Re: Bertrand Tavernier (1941-2021)
Marie-Therese avait toutes les vertus mais bien cachées.Commissaire Juve a écrit : ↑5 avr. 21, 06:37 Accessoirement (ce n'est pas un reproche) : la nana qui rentre dans la cuisine et qui dit "j'ai soif, je prendrais
bien un verre d'eau", et qui laisse la bonne se lever pour aller chercher ledit verre ! Ourgl ! Je ne sais pas si
ça se faisait vraiment (et si ça se fait encore), mais... qu'est-ce que c'est que ces façons !
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Re: Bertrand Tavernier (1941-2021)
Marie-Thérèse de La vie est un long fleuve tranquille ??
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Re: Bertrand Tavernier (1941-2021)
Non, la femme de Michel Aumont. Mais en fait je crois que c’est Sabine Azema qui fait le coup du verre d’eau, c’est plus son genre égoïste et égocentrique.
Bah oui.
C’est vrai que je ne pourrais absolument pas faire ça mais pourquoi pas tant que c’est demandé poliment et en accord tacite avec la bonne (si elle y trouve son compte).
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Re: Bertrand Tavernier (1941-2021)
J’ai profité des hommages à Tavernier pour voir l’un des rares films de lui que je ne connaissais pas, Le Juge et l’assassin. Vraiment magnifique, cet opus qui s’ouvre sur le délire d’un homme solitaire entre ciel et neige, blanc et bleu glacé, et se referme sur le chant d’une femme au cœur d’une révolte ouvrière dans une explosion de couleurs chaudes. Entre les deux, on aura suivi l’errance de l’homme devenu meurtrier, bourreau d’enfants au sein d’immenses espaces naturels. On aura assisté à sa traque et à sa manipulation par un magistrat provincial au coeur d’intérieurs étouffants, salons et cachots où s’atrophient idées et sentiments. On aura repris souffle en mesurant l’émancipation progressive et la prise de conscience politique d’une jeune femme asservie.
C’est un film savamment construit pour déstabiliser son spectateur : où réside le mal ? Dans des assassinats pulsionnels ? Dans le sacrifice d’une enfant malade reléguée à l’hospice ? Dans la description gourmande de crimes sexuels par une vieille dame guindée ? Dans la célébration en récital de salon des crimes colonialistes ? Dans une souricière psychologique et politique tendue par un vieil enfant carriériste et vulnérable contre un psychotique torturé et retors ? Dans la négociation d’un bol de soupe pour une signature contre Dreyfus ? Dans le viol sordide d’une ouvrière par un notable ?
Tavernier ne donne pas de réponse, mais trace une vaste fresque où l’on oscille entre empathie et dégoût pour des personnages tourmentés (grande performance de Galabru dans un rôle somptueusement écrit), entre peur et soulagement, entre révolte et espérance.
Jusqu'alors, mon Tavernier préféré était Un dimanche à la campagne, mais je pourrais changer d'idée.
C’est un film savamment construit pour déstabiliser son spectateur : où réside le mal ? Dans des assassinats pulsionnels ? Dans le sacrifice d’une enfant malade reléguée à l’hospice ? Dans la description gourmande de crimes sexuels par une vieille dame guindée ? Dans la célébration en récital de salon des crimes colonialistes ? Dans une souricière psychologique et politique tendue par un vieil enfant carriériste et vulnérable contre un psychotique torturé et retors ? Dans la négociation d’un bol de soupe pour une signature contre Dreyfus ? Dans le viol sordide d’une ouvrière par un notable ?
Tavernier ne donne pas de réponse, mais trace une vaste fresque où l’on oscille entre empathie et dégoût pour des personnages tourmentés (grande performance de Galabru dans un rôle somptueusement écrit), entre peur et soulagement, entre révolte et espérance.
Jusqu'alors, mon Tavernier préféré était Un dimanche à la campagne, mais je pourrais changer d'idée.
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Re: Bertrand Tavernier (1941-2021)
Il y a quand même des longueurs dans Un dimanche à la campagne sans doutes inhérentes au sujet même du film (le repas du dimanche en famille où l’on ne trouve pas forcément quoi se dire alors qu’on fond on aurait tellement de choses à se dire).
La dernière fois que je l’ai vu c’était justement après une agréable journée ou j’avais rendu visite à ma grand mère avec ma mère, on avait parlé du temps qui passe, des souvenirs heureux ou non de différentes époques, des personnes qui n’étaient plus là.
Sur le trajet du retour je pensais au jour où je n’emprunterais plus cette route.
Le soir j’ai eu un besoin viscéral de voir le film de Tavernier.
La dernière fois que je l’ai vu c’était justement après une agréable journée ou j’avais rendu visite à ma grand mère avec ma mère, on avait parlé du temps qui passe, des souvenirs heureux ou non de différentes époques, des personnes qui n’étaient plus là.
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Le soir j’ai eu un besoin viscéral de voir le film de Tavernier.
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Re: Bertrand Tavernier (1941-2021)
Je le considère, depuis sa découverte il y a plus de 25 ans, comme un vrai chef-d'œuvre, et de son auteur et du cinéma international. La mise en scène est totalement magnifique, classique, lyrique, étonnante. Le Scope est magistralement utilisé, le scénario d'une solidité à toute épreuve, les dialogues puissants, les acteurs sont à leur sommet (Galabru est extraordinaire, Noiret ne l'est pas moins, Brialy aussi), la musique de Sarde est sublime.
Dans les hommages très nombreux au cinéaste ces derniers jours, je me rends compte à quel point ce film est assez sous-estimé, alors que ce fut un joli succès à son époque.
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Re: Bertrand Tavernier (1941-2021)
Le juge et l'assassin est aussi un de mes Tavernier préféré. Je te rejoins sur toutes les louanges tressées, notamment sur l'utilisation du scope pour magnifier les paysages et l'interprétation géniale de Galabru et de Noiret. Je n'ai qu'une réserve sur la fin (les 10 dernières minutes) que je n'aime pas. A mon sens, le film aurait gagné en puissance et en concision en se terminant sur l'exécution (hors champ) du personnage de Galabru. Tout ce qui suit (La Commune, les tracts, les chants) est trop appuyé et sonne quelque peu factice à mes yeux. J'avais d'ailleurs vu une interview de Noiret qui allait dans le même sens : il trouvait cette fin ratée par rapport à la tonalité générale du film.
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Re: Bertrand Tavernier (1941-2021)
Ah oui, la séquence de la capture de l'assassin par exemple est remarquable.
Je crois qu'on avait surtout salué et récompensé la composition de Galabru et le scénario, à juste titre dans les deux cas. Le film en lui-même a dû être assez vite laissé de côté, peut-être pour son classicisme (y compris dans l'argumentaire politique tracé au cordeau qui le sous-tend) ou pour sa charge cinglante contre les élites provinciales, un peu trop vacharde. Il mérite largement d'être remis en avant.Watkinssien a écrit : ↑5 avr. 21, 10:59 ce film est assez sous-estimé, alors que ce fut un joli succès à son époque.
Oui, ça va trop vite ; mais c'est cohérent dans le cadre général de la structure du film, qui fonctionne sur un jeu d'opposition et de dédoublement entre les deux personnages du titre. La révolte ouvrière revitalisant les souvenirs de la Commune brise défintivement le juge comme les manigances salonnardes des royalistes ont brisé l'assassin. C'est à l'exécution (politique et mentale) de Rousseau qu'on assiste à la fin, d'une certaine façon, alors que celle, physique, de Bouvier vient d'être racontée.Zelda Zonk a écrit : ↑5 avr. 21, 11:13 Tout ce qui suit (La Commune, les tracts, les chants) est trop appuyé et sonne quelque peu factice à mes yeux.
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Re: Bertrand Tavernier (1941-2021)
Attention, il y a un bourgeois qui sommeille en toiSupfiction a écrit : ↑5 avr. 21, 10:43C’est vrai que je ne pourrais absolument pas faire ça mais pourquoi pas tant que c’est demandé poliment et en accord tacite avec la bonne (si elle y trouve son compte).
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Re: Bertrand Tavernier (1941-2021)
Voilà. Et je dirais même plus, ce juge si avide de reconnaissance, de gloire égocentrique, non seulement apparaît comme une forme "exécutée", mais également une forme et un rang totalement ensevelis par l'Histoire qui est en marche. Il ne faut pas oublier que le chant vient du personnage de Rose, femme aimée et parfois soumise de manière très ambigüe par le juge Rousseau. Une incarnation d'un certain peuple qui a vu et vécu la fragilité et la radicalité d'une forme de pouvoir malade et qui décide de brandir leur ras-le-bol.Samuel73 a écrit : ↑5 avr. 21, 11:28Ah oui, la séquence de la capture de l'assassin par exemple est remarquable.
Je crois qu'on avait surtout salué et récompensé la composition de Galabru et le scénario, à juste titre dans les deux cas. Le film en lui-même a dû être assez vite laissé de côté, peut-être pour son classicisme (y compris dans l'argumentaire politique tracé au cordeau qui le sous-tend) ou pour sa charge cinglante contre les élites provinciales, un peu trop vacharde. Il mérite largement d'être remis en avant.Watkinssien a écrit : ↑5 avr. 21, 10:59 ce film est assez sous-estimé, alors que ce fut un joli succès à son époque.C'est à l'exécution (politique et mentale) de Rousseau qu'on assiste à la fin, d'une certaine façon, alors que celle, physique, de Bouvier vient d'être racontée.Zelda Zonk a écrit : ↑5 avr. 21, 11:13 Tout ce qui suit (La Commune, les tracts, les chants) est trop appuyé et sonne quelque peu factice à mes yeux.
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