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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

Ikebukuro a écrit : 19 nov. 20, 14:50
Jeremy Fox a écrit : 19 nov. 20, 12:00 Je recommence à lire l'intégrale de la comédie humaine de Balzac mais cette fois par ordre chronologique d'écriture. Je ferais un recap dans quelques années des romans qui m'ont le plus passionné. J'entame donc avec le splendide Les Chouans et on se retrouve en 2030 :mrgreen:
ATTENTION : il faut lire "Les illusions perdues" avant "Splendeurs et misères des courtisanes" sinon on ne comprend rien au deuxième!!!!!!!!!!!!!!!!!

Ben oui mais le fait de les lire par ordre chronologique...logiquement... :mrgreen: Je me suis déjà fait l'intégrale à 20 ans, dans le bus/rer/metro en allant au boulot.
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Ikebukuro
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Message par Ikebukuro »

Ben moi je me suis fais avoir :oops:
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Message par Arn »

Jeremy Fox a écrit : 19 nov. 20, 12:00 Je recommence à lire l'intégrale de la comédie humaine de Balzac mais cette fois par ordre chronologique d'écriture. Je ferais un recap dans quelques années des romans qui m'ont le plus passionné. J'entame donc avec le splendide Les Chouans et on se retrouve en 2030 :mrgreen:
Ca fait longtemps que je me dis qu'il faudrait que je me la fasse aussi. Peut être une résolution pour 2021. Tu les lis en ebook ou en physique ? Je serais curieux de savoir ce que tu as comme édition(s) ;)
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Message par Jeremy Fox »

Une vieille édition en 7 volumes aux éditions du seuil datant de 1966 ; je l'avais trouvé en vide grenier pour un prix dérisoire dans un état quasi neuf.
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

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Profondo Rosso
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Message par Profondo Rosso »

Jeremy Fox a écrit : 19 nov. 20, 15:02
Ikebukuro a écrit : 19 nov. 20, 14:50
ATTENTION : il faut lire "Les illusions perdues" avant "Splendeurs et misères des courtisanes" sinon on ne comprend rien au deuxième!!!!!!!!!!!!!!!!!

Ben oui mais le fait de les lire par ordre chronologique...logiquement... :mrgreen: Je me suis déjà fait l'intégrale à 20 ans, dans le bus/rer/metro en allant au boulot.
J'ai démarré depuis 3 ou 4 ans aussi mais à part Illusions perdues et Splendeur et misères des courtisannes où j'ai fait attention j'y vais plutôt dans le désordre moi, mais j'arrive à capter les allusions et clin d'oeil quand même au fil des lectures quand même. Et sinon Les Chouans excellentissime oui !
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Ikebukuro
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Message par Ikebukuro »

C'est étonnant car ce livre, Balzac lui-même le tenait peu en estime : voici un extrait de Wikipédia "Les Chouans marque un tournant décisif dans l'œuvre de Balzac, et pourtant, l'auteur en fera l'autocritique dans la préface de la première édition du roman. Il évoque la lassitude du public « aujourd'hui rassasié de l'Espagne, de l'Orient, des supplices, des pirates et de l'histoire de France walter-scottée3 ». Balzac va jusqu'à qualifier ce premier ouvrage d'« une de ses premières croûtes »."
Mais, va savoir pourquoi, le titre m'a toujours intrigué et je pense le lire un jour, rien que par curiosité.
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Message par LeRationaliste »

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J'en suis presque à la moitié et je suis assez partagé.

J'apprends des choses (des notions qu'il ne faut pas mélanger par exemple) mais par moments, je le trouve de mauvaise foi et surtout a tendance à se contredire grossièrement.

Par exemple, il dit qu'il ne faut pas s'encombrer d'a prioris, de préjugés et de l'idéologie (il fait même une liste des dogmes cinématographiques)... et s'étonne de voir quelqu'un prendre du plaisir un film tout en lui attribuant une mauvaise note dans un magazine. Alors que justement, le ressenti ne comptant que pour soi, ben ce n'est pas très pertinent pour analyser un film.

Je vais attaquer le deuxième chapitre, mais bon...

L.R
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Jeremy Fox
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Message par Jeremy Fox »

LeRationaliste a écrit : 7 déc. 20, 16:28
Par exemple, il dit qu'il ne faut pas s'encombrer d'a prioris, de préjugés et de l'idéologie (il fait même une liste des dogmes cinématographiques)... et s'étonne de voir quelqu'un prendre du plaisir un film tout en lui attribuant une mauvaise note dans un magazine.
Ben oui il y a de quoi s'étonner et je ne comprends pas non plus comment prendre du plaisir à un film auquel on attribue une mauvaise note. Bref je vais entièrement dans son sens. Comme quoi. Aucune contradiction me concernant dans ce que tu décris. Où finit la subjectivité, où commence l'objectivité ; j'ai toujours eu du mal à trouver la réponse.
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Message par poet77 »

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En mars de l’an 2000, le pape Jean-Paul II en avait surpris plus d’un en demandant publiquement pardon à Dieu pour les péchés et fautes de l’Église commis au cours des siècles. À quoi songeait précisément le pape en faisant ainsi acte de repentance ? La démarche était louable, mais paraît aujourd’hui presque insuffisante, sinon caduque, alors que tant d’autres scandales impliquant des responsables d’Église ont été révélés depuis lors, un nombre assez considérable d’entre eux ayant été perpétrés pendant le pontificat même de Jean-Paul II. Nul besoin de se référer aux époques lointaines des Croisades ou de l’Inquisition, ni même de citer les termes infâmes utilisés jusqu’à une époque récente pour désigner les Juifs. Bien d’autres ignominies, commises récemment, voire très récemment, ont gravement édulcoré l’image d’une institution qui ne se risque plus guère à se targuer d’être « experte en humanité », comme elle fit du temps du pape Paul VI.
L’une des pratiques les plus terrifiantes, commise impunément par des religieuses du Bon Pasteur avec la complicité de l’État et, l’on pourrait dire, de la société tout entière, perdura en Irlande de 1765 jusqu’à 1996. Durant toutes ces années, autant qu’on le sache, car une partie des archives a été détruite, on estime que 30 000 femmes, que, pour une raison ou une autre, toujours d’ordre sexuel, on estimait « perdues » du fait de leurs « mœurs légères », ont été enfermées dans des institutions de rééducation tenues par les religieuses. La vérité est sidérante : ces femmes, qui devaient travailler dans des blanchisseries, étaient traitées ni plus ni moins que comme des esclaves. Quant à celles qui accouchaient, leurs enfants leur étaient enlevés et, si possible, vendus à des familles riches en recherche d’adoption. Sévices, malnutrition, châtiments corporels, punitions étaient le lot commun des filles et des femmes placées de force dans ces couvents-prisons. Les familles elles-mêmes, les prêtres qui profitaient sans scrupules des blanchisseries et la société tout entière étaient complices de ces exactions.
Un documentaire diffusé sur Channel 4 en 1998 avait révélé l’ampleur de ces faits, créant une onde de choc en Irlande. Puis, en 2002, il y eut, sur les écrans, le remarquable, bien qu’éprouvant, film de Peter Mullan, The Magdalene Sisters. Aujourd’hui, c’est une romancière, Claire Keegan, qui revient sur ce sujet avec un court récit, fort bien conçu et fort bien agencé. Pour ce faire, l’écrivaine a eu l’excellente intuition de créer un personnage qui, du fait de sa propre histoire, ne peut rester indifférent, quant à lui, au sort des filles enfermées pour avoir, soi-disant, fauté. Il se nomme Bill Furlong, travaille comme vendeur de charbon, est marié avec Eileen et est père de 5 filles. Mais c’est surtout l’histoire de sa naissance qui fait comprendre sa sensibilité. Car la mère de Furlong, elle aussi, tout comme celles qu’on enferme chez les religieuses pour en faire des esclaves, fut enceinte alors qu’elle n’était pas mariée (Furlong, d’ailleurs, se perd en conjectures sur l’identité de son propre père). Or, si la mère de Bill Furlong avait pu échapper au sort habituellement réservé, en Irlande, aux filles-mères, c’est parce qu’une femme (Mrs Wilson) pour qui elle travaillait l’avait prise sous sa protection. L’enfant une fois né, lui aussi avait bénéficié de la bienveillance de cette femme.
Or le métier de Bill lui enjoint de livrer, régulièrement, du charbon au couvent qui semble si beau et si paisible quand on le voit de l’extérieur. Certes, des rumeurs vont bon train dans la région : on parle de filles qui font pénitence, plus d’un prend la défense des religieuses, mais il en est qui murmurent que les enfants illégitimes qui naissent à l’intérieur de l’institution font l’objet d’un trafic. Bill, lui, à cause de son métier, est amené à être, malgré lui, un témoin direct de maltraitances. Une première fois, alors qu’il livre du charbon, il découvre, dans un hangar, une fille déguenillée qui y a manifestement passé la nuit parce qu’elle a été punie.
Or ce qu’il a vu, il ne peut désormais plus l’évacuer de son esprit. Cela le hante. Sa femme a beau essayer de le raisonner en lui disant que c’est comme ça, que des filles « s’attirent des ennuis », Bill ne peut pas ne pas songer à sa mère qui aurait pu, elle aussi, connaître cet enfer. Les sœurs peuvent essayer d’arrondir les angles, de faire les hypocrites en mettant un billet de 50 livres dans une enveloppe qu’elles remettent au vendeur de charbon et à sa famille, rien n’y fait. Les commères peuvent le mettre en garde en lui rappelant que « ces religieuses ont des intérêts partout », Bill ne peut oublier ce qu’il a vu.
Quelque temps plus tard, alors qu’on se prépare à fêter Noël, en faisant comme s’il ne passait rien d’insupportable en Irlande, viennent à l’esprit de Bill les réflexions et les questions qu’en homme droit il ne peut pas ne pas se poser. Bien plus, il prend l’initiative d’un sauvetage, tout en sachant ce qu’il risque, tout en n’ignorant pas que « tous sont de mèche », comme on le lui a dit. « Était-ce possible, écrit Claire Keegan, de continuer durant toutes les années, les décennies, durant une vie entière, sans avoir une seule fois le courage de s’opposer aux usages établis et pourtant se qualifier de chrétien, et se regarder en face dans le miroir ? ». Ce qu’il décide de faire en fin de compte, Bill sait qu’il en subira des conséquences, mais il sait aussi que cela le rend plus heureux qu’il ne l’a jamais été. 8,5/10
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Message par Ikebukuro »

Le Comte de Monte-Cristo d'Alexandre DUMAS, 1844.

Livre magnifique, long de 1700 pages, d'une incroyable puissance.
De nombreux personnages, des rebondissements sans arrêts, des scènes d'une puissance, d'une émotion incroyable.

Pour beaucoup, Alexandre DUMAS est un auteur de divertissement, excellent dans des œuvres historiques comme Les trois mousquetaires, la Reine Margot... mais faible pour les parties psychologiques.
Eh bien, dans ce roman, DUMAS alterne avec volupté les scènes d'actions où les personnages s’affrontent verbalement et les introspections de ceux-ci; à un moment donné, des pages m'ont fait penser à HUGO et aux tourments intérieurs de Jean VALJEAN... j'ai adoré!
Et je ne peux passer sous silence les scènes qui m'ont presque fait pleurer, notamment celle où MORREL est sauvé de la banqueroute.

Pour ceux qui veulent en savoir plus : Pierre PICAUD, le modèle d'Edmond DANTES
https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Picaud

Les relations entre tous les personnages du roman... BRAVO à qui a fait le schéma!!!!
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Comte_ ... s_du_roman

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Message par poet77 »

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Comment s’y prendre pour rendre attractif et presque plaisant un des sujets les plus rebutants qui soient, celui des moustiques, ces déplaisants insectes qui semblent n’avoir d’autre fonction que de gâcher nos étés ? Encore heureux s’ils ne sont pas vecteurs d’un des virus très déplaisants dont les effets ou, en tout cas, leurs noms, nous sont devenus familiers : Zika, dengue, chikungunya, malaria et autre fièvre jaune !
Qui peut raconter l’histoire des moustiques, des maladies que certaines variétés d’entre eux transmettent et des luttes entreprises aux quatre coins du monde pour se protéger d’eux et de leurs méfaits, à défaut de les éradiquer ? Qui peut faire d’un tel livre quelque chose d’à la fois instructif et agréable à lire ? Qui peut faire des moustiques, des virus, mais aussi des entomologistes et de tous les chercheurs des personnages aussi attrayants que s’ils sortaient d’un conte, mais sans jamais céder d’un poil sur le plan du sérieux scientifique.
Cette gageure-là, Erik Orsenna la relève haut la main. Tout comme il s’est montré capable de narrer l’exposition coloniale, la vie de Jean de La Fontaine ou les subtilités de la grammaire française, l’écrivain parvient à merveille à nous enjôler avec des histoires de moustique. Et il le fait, je le répète, avec toute la gravité nécessaire, sans céder à la fantaisie, ayant d’ailleurs trouvé en le docteur Isabelle de Saint Aubin la collaboratrice dont il avait besoin. On découvre également, au fil des pages, que l’écrivain n’a pas craint de payer de sa personne, en ayant effectué des voyages dans les différents endroits du monde où non seulement les moustiques sont les plus abondants mais où les plus redoutables d’entre eux (ceux qui inoculent les virus porteurs de maladies) s’en donnent à cœur joie (si l’on peut dire) pour piquer sans modération les pauvres humains : Panama, Guyane, Cambodge, Sénégal, Ouganda. Mais ne nous réjouissons pas trop vite, si nous habitons dans un pays comme la France, au climat tempéré, où les moustiques, s’ils sont désagréables, restent, pour la plupart, bien plus inoffensifs que dans les pays tropicaux. Les choses changent, au gré du fameux réchauffement de la planète, et les moustiques transmetteurs de maladies commencent à se plaire chez nous : on a déjà signalé la présence du moustique tigre dans un grand nombre de départements français.
C’est bien de mondialisation dont il est question dans le livre d’Erik Orsenna. D’une part, parce que les moustiques n’ont pas de frontières et profitent de tous les moyens possibles pour se livrer à leurs besognes sur des terres nouvelles qu’ils ne demandent qu’à conquérir. D’autre part, parce que des scientifiques du monde entier collaborent dans la recherche des soins à apporter aux malades mais aussi des protections contre les maladies et des moyens de lutter contre la prolifération des insectes. Comme le rapporte très bien Erik Orsenna, aucun de ces sujets n’est simple et toutes les solutions envisagées posent question. Se débarrasser purement et simplement des moustiques (si cette radicalité s’avérait concevable) ne serait d’ailleurs pas nécessairement profitable, contrairement à ce qu’on pourrait imaginer. Non seulement parce que cela créerait un déséquilibre grave du point de vue de l’équilibre naturel des espèces (que mangeraient les animaux qui se nourrissent des insectes ou de leurs larves ?) mais aussi, parce que, comme on le sait, la nature ayant horreur du vide, les virus si redoutables pour les humains, privés de moustiques, trouveraient probablement refuge chez une autre espèce animale et seraient vraisemblablement encore plus dangereux qu’ils ne l’étaient auparavant ! Cela étant, comme l’affirme Erik Orsenna à la fin de son livre, avec les histoires de moustiques, il y a de quoi s’effrayer, sans nul doute, mais aussi rester humbles, et enfin, surtout, s’émerveiller ! On le croit sur parole ! 8/10
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Message par Commissaire Juve »

Et sinon... dit-il à quoi sert le moustique ? A part faire ch*** ? :mrgreen:

Perso, il y un mois et demi, j'ai sans doute été victime d'une femelle "tigre".
Taille inversement proportionnelle aux spots qu'elle m'a faits !
Ah, la sal***erie ! :evil: Encore heureux qu'elle ne m'ait pas filé une maladie exotique.
La vie de l'Homme oscille comme un pendule entre la douleur et l'ennui...
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Message par poet77 »

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Réels ou imaginaires, Mario Vargas Llosa , écrivain péruvien naturalisé espagnol, prix Nobel de Littérature, n’aime rien tant, semble-t-il, que les personnages pétris d’idéalisme qui en viennent, au fil de leurs aventures, à se heurter à l’implacabilité du monde tel qu’il est. C’est le cas de Flora Tristan (1803-1844), militante socialiste et féministe, ainsi que de son célèbre petit-fils Paul Gauguin (1848-1903) dont Mario Vargas Llosa s’était plu à raconter les destinées dans un livre passionnant ayant pour titre Le Paradis – un peu plus loin (2003). Dans Le Rêve du Celte (2012), c’est un personnage moins connu que l’écrivain a déniché et dont il s’est plu à narrer les étonnantes et instructives aventures, le diplomate Roger Casement (1864-1916).
Or cet homme-là, ce Roger Casement, il valait vraiment la peine de l’extraire des limbes de l’histoire et d’en retracer la vie, même sous forme plus ou moins romancée, mais sur la base de faits rigoureusement authentiques. Dans ce genre de récit-là, Mario Vargas Llosa est un maÎtre qui sait parfaitement captiver son lecteur mais sans rien sacrifier de la complexité du personnage ni de son itinéraire.
Ce sont, grosso modo, trois étapes de la vie du diplomate auxquels s’est attaché le romancier. La dernière d’entre elles apparaît d’ailleurs dès l’ouverture du livre. Elle nous décrit Roger Casement en prison, recevant la visite de son avocat. On sait donc d’emblée que l’homme a été arrêté par les Anglais dans le sud de l’Irlande, qu’il est considéré comme un traître qui ne risque rien moins que la peine de mort.
Dès lors, c’est un peu comme on le fait volontiers au cinéma, sous forme de flashbacks, que le romancier déroule l’histoire étonnante de cet homme. Un idéaliste qui, lorsqu’il était enfant, raffolait des récits de son père rapportant ses aventures en Inde et en Afghanistan et que les odyssées des explorateurs de l’Afrique, Stanley et Livingstone, fascinaient au point qu’il ne rêvait que de partir sur leurs traces. Lui aussi, à son tour, voulait apporter la civilisation aux « sauvages » de l’Afrique.
Ce rêve, dès que cela lui fut possible, il le mit à exécution, en tant que diplomate envoyé au Congo-Kinshasa afin d’enquêter sur l’exploitation du caoutchouc dans des contrées reculées de cet immense pays. C’est alors que ses idéaux commencèrent à s’écrouler les uns après les autres. En Afrique, quand il fit la rencontre de Stanley, ce fut pour découvrir que si, d’un côté, l’homme ouvrait des routes au commerce et à l’évangélisation, de l’autre, il se comportait en personnage dénué de scrupules, semant pillage et mort partout où il passait. Mais ce qu’il découvrit ensuite fut bien plus accablant, l’exploitation du caoutchouc s’accompagnait de mille sévices et brutalités, les indigènes étant traités par les colons avec une cruauté sans bornes. « Si j’ai appris une chose au Congo, écrivait Roger Casement, c’est qu’il n’existe pas de pire animal sanguinaire que l’être humain ». La déconvenue est grande. « Comment se pouvait-il, ajoutait-il, que la colonisation soit devenue cet horrible pillage, cette inhumanité vertigineuse où des gens qui se disaient chrétiens torturaient, mutilaient, tuaient des êtres sans défense et les soumettaient à des cruautés aussi atroces, enfants et vieillards compris ? ». Il est à noter, d’ailleurs, que, paradoxalement, c’est alors qu’il était témoin des atrocités commises sur les Africains que Roger Casement redécouvrit la nécessité de la foi. Car, s’il est vrai que ceux qui massacraient les autochtones allaient à la messe et communiaient, il est vrai aussi que les seules personnes intègres dont il fit la connaissance au Congo furent quelques-uns des pasteurs baptistes ou des missionnaires catholiques.
Cela étant, Roger Casement n’était pas au bout de ses peines. Car, une fois son rapport sur le Congo rédigé et remis à qui de droit, quelque temps plus tard, c’est au nom de la couronne britannique qu’il fut envoyé, toujours pour mener une enquête sur l’exploitation du caoutchouc, mais, cette fois, au Putumayo, c’est-à-dire en Amazonie péruvienne. Cette expédition, dont la durée fut sensiblement plus brève que celle que celle menée au Congo, fut néanmoins plus éprouvante encore. Au Putumayo, même l’air était irrespirable, pestilentiel, empuanti par le caoutchouc. Quant aux conditions de vie des Indiens et aux traitements qui leur étaient réservés, ils dépassaient en férocité et en sadisme ceux dont il avait été témoin au Congo. Les indigènes y étaient sous-alimentés, traités comme des sous-hommes, certains étaient même marqués au fer comme les bestiaux.
C’est alors que Roger Casement se convainquit lui-même que les peuples opprimés devaient se libérer par les armes. Une fois rentré en Angleterre et ayant remis les conclusions accablantes de son enquête, il dut retourner plus tard au Pérou pour constater que, malgré les promesses faites par les exploitants, aucune amélioration des conditions de vie des Indiens n’était effective. Malgré tout, grâce au travail courageux entrepris par Roger Casement, les exploiteurs des indigènes du Putumayo se trouvèrent bientôt en grandes difficultés. Mais c’est un autre combat, son combat ultime, qui occupait déjà l’esprit de Roger Casement. Lui qui fut diplomate au nom de la couronne britannique et qui avait même accepté d’être anobli par George V, prit alors fait et cause pour la lutte pour l’indépendance de l’Irlande. Pour lui, le traitement infligé au peuple de ce pays ne valait guère mieux que celui qui prévalait au fin fond du Congo ou du Pérou.
Aux yeux des Anglais, il devint donc un traître, d’autant plus qu’il se persuada qu’il fallait s’associer à l’Allemagne, alors que venait de commencer la Première Guerre Mondiale, afin d’être rendu plus fort pour pouvoir libérer l’Irlande du joug anglais. Une position qu’il s’obstina à défendre alors même que le plus grand nombre des Irlandais ne la comprenait pas, voire y était carrément hostile. Il n’en démordit pas, néanmoins, jusqu’à son arrestation, quand il quitta l’Allemagne et fut arrêté dans le sud de l’Irlande.
Roger Casement, tel que décrit et raconté par Mario Vargas Llosa, est un personnage attachant, ambigu, complexe, pétri de contradictions, faible et fort à la fois. Mais ce sont précisément toutes ces ambivalences qui le rendent humain, très humain, et totalement captivant. Il faudrait préciser encore qu’il était homosexuel, ce qu’il ne pouvait avouer publiquement à son époque, mais ce qui l’obligea surtout à se contenter d’aventures sexuelles sans lendemain, et sans jamais pouvoir aimer quelqu’un d’amour vrai. Et il faudrait aussi parler de sa foi chrétienne, que j’ai déjà évoqué un peu. Même si, enfant, il reçut une éducation anglicane, c’est du catholicisme dont il se sentait proche, et de plus en plus proche au fil du temps. Certes, son désir de catholicisme avait un rapport avec ses convictions de nationaliste irlandais, mais pas seulement. À la lecture du livre de Mario Vargas Llosa, la sincérité de sa foi semble attestée, tout en s’accompagnant de doutes. Il n’était pas capable, c’est vrai, « de croire en Dieu avec la foi inébranlable de sa mère, son père ou ses frères et sœur ». Mais il promut l’envoi de missionnaires franciscains en Amazonie, trouva un apaisement, alors qu’il était en prison, dans la lecture du seul livre qu’on l’autorisait à posséder (L’Imitation de Jésus-Christ) et, surtout, se confia abondamment d’abord à un dominicain, « un saint », le Père Crotty, puis au Père Carey, un des deux aumôniers de la prison. Mais déjà, alors qu’il séjournait au Putumayo et s’entretenait avec un certain Stanley Sealy, lui aussi témoin des atrocités commises contre les Indiens, Roger lui recommandait de parler à Dieu : « Raconte-lui ce que tu ressens, pourquoi tu pleures. Lui peut mieux t’aider que moi, en tout cas. Moi, je ne sais pas comment faire. Je me sens aussi désorienté que toi. ». 8,5/10
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Si le nom de du Maurier nous est plus ou moins familier, c’est sans doute davantage du fait de Daphné (1907-1989) que de son grand-père George (1834-1896). Daphné, nous la connaissons ou, en tout cas, nous connaissons certaines de ses œuvres, en particulier celles qui furent adaptées par Alfred Hitchcock pour qui elle fut une prodigieuse source d’inspiration : L’Auberge de la Jamaïque (publié en 1936, adapté au cinéma en 1939), Rebecca (publié en 1938, adapté au cinéma en 1940) et Les Oiseaux (publié en 1952, adapté au cinéma en 1963) sont trois des chefs d’œuvre de la romancière. George, certes moins prolifique que sa petite-fille, n’en mérite pas moins d’être découvert, lui aussi, ne serait-ce qu’à cause de Peter Ibbetson (1891), un roman qui, lui aussi, d’ailleurs, dut une partie de sa renommée à une adaptation cinématographique, celle que dirigea Henry Hathaway en 1935, avec Gary Cooper dans le rôle-titre et Ann Harding dans celui de Mary, la femme dont le premier est épris. Ce film, pour des raisons que j’expliciterai quelque peu plus loin, fut adulé, en particulier, par les surréalistes. André Breton, l’auteur de L’Amour fou (1937), et ses amis trouvèrent là une œuvre qui s’accordait avec leurs thèmes de prédilection et la manière dont ils les traitaient.
Il s’agit bien effet, d’amour fou, une expression qu’il faut entendre dans toutes ses acceptions, y compris la plus littérale, car on ne peut lire ce roman sans se poser la question de la folie de son personnage principal. Cela reste néanmoins une supposition, rien ne permettant de tirer des conclusions définitives, et c’est bien ainsi. Cette imprécision, c’est, à mon avis, un des indicateurs qui montrent qu’on a affaire à un écrivain de talent, soucieux de laisser au lecteur sa part d’intuition, de réflexion, d’imagination.
Si folie il y a (ce qui reste, jusqu’au bout, une simple conjecture), elle n’apparaît que progressivement dans la vie de celui qui a d’abord pour nom Pierre Pasquier de la Marière. Né d’une mère anglaise et d’un père français, l’individu passe une grande partie de son enfance à Paris, une ville que, rapidement, il adule, ses quartiers de prédilection se situant du côté de l’île Saint-Louis, mais aussi et surtout de Passy et du Bois de Boulogne, avec une attirance particulière pour un point d’eau nommé la mare d’Auteuil. Enfant sensible, lecteur assidu de Balzac, Hugo et Sue, il est fasciné par une « belle dame » aux cheveux noirs et aux yeux bleus, Mme Séraskier, et par sa fille infirme, « la pauvre petite Mimsey », enfant silencieuse et mélancolique.
Or, brutalement, du fait d’un terrible accident, la vie de Pierre bascule. Ses parents décèdent et il est recueilli par un cousin de sa mère, le colonel Roger Ibbetson, un « bienfaiteur » qui l’oblige à quitter Paris pour Londres et à adopter désormais le nom de Peter Ibbetson. S’il s’adapte tant bien que mal à cette nouvelle vie, le jeune homme n’en garde pas moins la nostalgie de Paris et de ceux, ou plutôt de celles, qu’il y a fréquentées. Mais quand, après plusieurs années, il effectue le voyage jusqu’à la capitale française, il se désole de voir que tout a changé. C’est alors qu’il fait l’expérience de quelque chose d’étrange et d’inédit : c’est par le moyen du rêve qu’il retrouve ce qu’il aime (la mare d’Auteuil, entre autres), mais aussi et surtout celle qu’il aime, en la personne de la petite Mimsey, transfigurée en une femme d’exception qui a pour nom Mary, duchesse de Towers. En fait, comme s’efforce de nous le faire comprendre l’écrivain, il ne s’agit pas de rêve au sens classique du terme, mais d’une sorte d’existence parallèle, comme on dirait aujourd’hui, aussi vraie, plus vraie même peut-être, que ce qu’on appelle le réel. On comprend ce qui a séduit les surréalistes.
Or, pour une raison que je n’explicite pas (j’en laisse la surprise à la lectrice ou au lecteur), c’est entre les murs d’une prison que se retrouve bientôt Peter Ibbetson. Et là, bien sûr, le monde rêvé prend encore davantage de place, et de plus en plus, qu’avant. Peter n’attend que le moment de pouvoir s’y échapper, car la vraie vie, pour lui, c’est là qu’elle se trouve, et son grand amour, son amour fou, c’est par ce moyen qu’il l'expérimente. « Eussé-je été le plus misérable lépreux qui se soit jamais traîné dans sa hutte à Molokaï, dit-il, que j’aurais été également le plus heureux des hommes, si le sommeil m’avait visité, là-bas et si, en dormant, j’avais été l’ami de Mary Séraskier, endormie. »
La traduction de Lucienne Escoube et Jacques Collard, proposée par les éditions de L’Arbre Vengeur, plaît par sa tonalité agréablement désuète, ce qui correspond sans doute bien au texte originel anglais et ajoute son charme à ce roman qui n’a rien perdu de sa singularité. Une œuvre, une curiosité qu’il vaut vraiment la peine de découvrir, tout autant que le film de Henry Hathaway. 8/10
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