Pawel Pawlikowski

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Supfiction
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Pawel Pawlikowski

Message par Supfiction »



Avez-vous vu quelque-chose d’aussi beau cette année ?

Une nouvelle fois, le réalisateur Pawel Pawlikowski nous propose avec Cold War un film visuellement somptueux mais exigeant au spectateur quelques efforts pour savourer toute sa splendeur. Comme si l’on decouvrait une fresque somptueuse de 3h dont le réalisateur aurait fortement élagué la moitié au montage pour ne laisser que des instantanés de 15 ans de vie. Au final, on est partagé entre frustration et fascination pour cette oeuvre magistrale mais qui paradoxalement laisse sur un sentiment de frustration. Il faut probablement le voir plusieurs fois pour combler les trous selon ses désirs.
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Alexandre Angel
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Re: Pawel Pawlikowski

Message par Alexandre Angel »

Supfiction a écrit :

Avez-vous vu quelque-chose d’aussi beau cette année ?

Une nouvelle fois, le réalisateur Pawel Pawlikowski nous propose avec Cold War un film visuellement somptueux mais exigeant au spectateur quelques efforts pour savourer toute sa splendeur. Comme si l’on decouvrait une fresque somptueuse de 3h dont le réalisateur aurait fortement élagué la moitié au montage pour ne laisser que des instantanés de 15 ans de vie. Au final, on est partagé entre frustration et fascination pour cette oeuvre magistrale mais qui paradoxalement laisse sur un sentiment de frustration. Il faut probablement le voir plusieurs fois pour combler les trous selon ses désirs.
C'est carrément bien synthétisé.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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Jack Griffin
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Re: Pawel Pawlikowski

Message par Jack Griffin »

Pourquoi ne pas créer un topic pour le film ?
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Thaddeus
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Re: Pawel Pawlikowski

Message par Thaddeus »

Image

(en italiques : films découverts en salle à leur sortie)


My summer of love
Dans un Yorkshire à la fois sinistré et féérique, deux adolescentes de milieux différents nouent une idylle passionnelle et traversent un été d’initiation amoureuse. La première, cousine frondeuse de la Sissy Spacek de Carrie, étouffe sous la crise mystique de son frère et rumine son évasion ; la seconde tient autant de la gitane ravageuse que de la bourgeoise boudeuse. Le sens du paysage se met au diapason d’élans affectifs exacerbés, la chronique acidulée, qui ne se prive ni d’une critique de la bondieuserie ni d’une réflexion sur l’autarcie d’une communauté prompte à exclure les "hérétiques", glisse vers l’échappée onirique, et la lumière opalescente dupe sur la cruauté d’un récit faisant couver la tempête sous la douceur sensualiste de l’aquarelle. Quant au duo de jeunes actrices, il est formidable. 5/6

Ida
C’est une œuvre en blanc et gris. Blanc comme la neige, linceul qui recouvre les corps abandonnés. Gris comme l’âme de la Pologne en cette année 1962, ployant sous le joug du post-stalinisme. Une jeune nonne et sa tante, ex-procureure en disgrâce du régime communiste, entament un voyage vers le secret de leurs origines. En dépit d’une mémoire familiale exterminée, Ida veut savoir, cherche à élucider son histoire personnelle et peut-être l’énigme de l’âme de ce peuple portant le catholicisme chevillé au corps, pris en tenaille entre la Russie orthodoxe et la Prusse protestante. La retenue presque glaciaire avec laquelle le cinéaste développe son propos se double de partis pris esthétiques vitrifiés, qui apparentent l’écrin de ce film hyper-contrôlé à une carapace peu perméable à l’émotion. 3/6

Cold war
Il s’agit ici de faire tenir en moins d’une heure et demie quinze ans de chronique amoureuse et de conflit entre blocs géopolitiques, de peindre l’asservissement du désir à la marche du monde. Afin de remporter ce pari de fermeté et de concision, l’auteur opte pour un récit pointilliste qui opère par ellipses successives et épouse le morcellement d’une idylle impossible, ballotée entre Est et Ouest, des deux côtés du rideau de fer, alors que s’abat le gris universel de l’ère soviétique. Mais un tel dispositif n’évite pas l’écueil de la sécheresse : ainsi condensée, comme vidée de ses stases de cristallisation et d’épiphanie, cette histoire d’une passion toujours frustrée manque de la flamme, de l’élan lyrique qui auraient du lui permettre de dépasser l’élégance ouatée et l’esthétique très Cartier-Bresson de sa mise en scène. 4/6


Mon top :

1. My summer of love (2004)
2. Cold war (2018)
3. Ida (2013)

Par la sophistication quasi maniériste de sa mise en images, la beauté un tantinet chichiteuse de son esthétique, sa précision très contrôlée qui recouvre d’un voile de calcul le traitement de sujets souvent graves, le cinéma de Pawlikowski peine, malgré ses qualités, à vraiment me séduire. Son incursion dans le cadre anglais et contemporain, qui détonne avec les deux autres films, fait toutefois exception.
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Frances
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Re: Pawel Pawlikowski

Message par Frances »

Thaddeus a écrit : 7 nov. 18, 21:18
Cold war
Il s’agit ici de faire tenir en moins d’une heure et demie quinze ans de chronique amoureuse et de conflit entre blocs géopolitiques, de peindre l’asservissement du désir à la marche du monde. Afin de remporter ce pari de fermeté et de concision, l’auteur opte pour un récit pointilliste qui opère par ellipses successives et épouse le morcellement d’une idylle impossible, ballotée entre Est et Ouest, des deux côtés du rideau de fer, alors que s’abat le gris universel de l’ère soviétique. Mais un tel dispositif n’évite pas l’écueil de la sécheresse : ainsi condensée, comme vidée de ses stases de cristallisation et d’épiphanie, cette histoire d’une passion toujours frustrée manque de la flamme, de l’élan lyrique qui auraient du lui permettre de dépasser l’élégance ouatée et l’esthétique très Cartier-Bresson de sa mise en scène. 4/6
Je cite Thaddeus qui résume de sa belle plume mon ressenti de Cold war vu hier sur ARTE. La comparaison avec l'esthétique et l'exigence de Cartier-Bresson est tout à fait juste et cette précision du cadrage est un vrai régal pour les yeux. Les qualités formelles du film sont indéniables et le traitement des thématiques audacieux et original mais je suis restée à distance malgré mes efforts. Est-ce à cause des ellipses ? De l'interprétation qui n'a pas su susciter une véritable compassion pour ce couple d'amants ? Au final,le film m'a paru trop cérébral pour gagner mon adhésion. Dommage.
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Alibabass
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Re: Pawel Pawlikowski

Message par Alibabass »

La même chose, après un deuxième visionnage (la première était au cinéma). Au cinéma, j'étais complètement hypnotisé par les cadres, l'évolution des contrastes du N&B pour être au plus près de la vérité esthétique de l'époque. Sur un écran de TV, cela marche moins bien, et j'ai eu une distance à cause de l'histoire trop abrupte. Le film est beaucoup emprunt du cinéma soviétique dans les visages, les plans collectifs.
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tenia
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Re: Pawel Pawlikowski

Message par tenia »

Même souci pour moi en découvrant le film à la maison : c'est beau mais les ellipses (je pense) créent des ruptures temporelles qui sont tout autant de ruptures dans la progression émotionnelle chez le spectateur. Du coup, je suis resté à distance, incapable d'être réellement absorbé par cette passion amoureuse intermittente.
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damdouss
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Re: Pawel Pawlikowski

Message par damdouss »

tenia a écrit : 17 nov. 20, 14:42 Du coup, je suis resté à distance, incapable d'être réellement absorbé par cette passion amoureuse intermittente.
Pour le coup Ida m'avait sur ce point plus touché que Cold war : une histoire moins romanesque, moins elliptique, plus près des personnages (et puis ce noir et blanc magnifique...)
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