Luigi Comencini (1916-2007)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés avant 1980.

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Jeremy Fox
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Jeremy Fox »

Avec qui a tué le chat, le distributeur Tamasa Diffusion propose une véritable curiosité, soit l'un des tout derniers représentants de ce genre fabuleux et vénéneux que fut la comédie italienne. Chronique signée Ronny Chester.
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Père Jules
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Père Jules »

Vu à La Rochelle l'an dernier. C'est une comédie parfaitement délirante, qui déstabilise de prime abord. Les enjeux ne sont pas forcément clairs et l'outrance des comédiens ne facilite pas la lisibilité. Mais passé le premier quart d'heure, quand les personnages deviennent plus caractérisés et que le spectateur parvient à appréhender ce beau bordel, l'expérience est vraiment stimulante. Cet immeuble, que les propriétaires tentent de vider de ses locataires, est une métaphore des maux de l'Italie contemporaine intelligemment mise en scène par les auteurs, le tout porté par l'entêtante bande originale de Morricone (qui semble tout droit sortir d'Enquête sur un citoyen...). Les acteurs sont excellents: comment résister à l'abattage de Tognazzi ? au sex-appeal de Mariangela Melato ? aux yeux bleu-lagon de Dalila Di Lazzaro ?
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Kevin95
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Kevin95 »

Le gag de la samba dans le tribunal (sur une musique de Nionio Morricone) vaut son pesant.

Je croise les doigts pour une sortie DVD dans la foulée.
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Beule
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Beule »

Père Jules a écrit :Vu à La Rochelle l'an dernier. C'est une comédie parfaitement délirante, qui déstabilise de prime abord. Les enjeux ne sont pas forcément clairs et l'outrance des comédiens ne facilite pas la lisibilité. Mais passé le premier quart d'heure, quand les personnages deviennent plus caractérisés et que le spectateur parvient à appréhender ce beau bordel, l'expérience est vraiment stimulante.
Marrant, je ne suis pas loin de penser le contraire. J'ai trouvé l'ouverture phénoménale : jubilatoire et justement stimulante dans la forme, incisive dans le trait pour une caractérisation immédiate. Rien qu'en suivant les pérégrinations du chat à travers l'immeuble, on a déjà un état des lieux net et précis, mieux, une cognition immédiate de tout ce qui va suivre. Les développements ultérieurs restent constamment ludiques, en dépit de quelques baisses de rythme que compense le métier éprouvé des acteurs dans le registre de la comédie et de l'outrance, mais n'ajoutent pas grand chose, somme toute, à la fulgurante observation des mœurs initiale.
comment résister au sex-appeal de Mariangela Melato ?
Euh... :mrgreen:
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Jeremy Fox
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Re: Notez les films naphtas - Avril 2009

Message par Jeremy Fox »

Profondo Rosso a écrit :Pain, Amour et Fantaisie de Luigi Comencini (1953)
Spoiler (cliquez pour afficher)
L'histoire se passe à Sagliena, un village de montagne imaginaire dans une région perdue d'Italie. Vittorio De Sica interprète un maréchal de logis des carabiniers, Antonio Carotenuto. Entre deux âges il pense qu'il serait grand temps de se marier, et jette son dévolu sur la jeune Maria De Rittis (Gina Lollobrigida), surnommée la Bersagliera, dont il voudrait faire sa fiancée, mais elle est déjà amoureuse du subordonné timide de Carotenuto, Pietro Stelluti (Roberto Risso).

Avant la déferlante des comédies italienne méchantes amorcées par "Le Pigeon" de Comencini, il y eut toute une vague de comédie populaire durant les années cinquante qui annoncèrent le mouvement. Ce "Pain, Amour et Fantaisie" est sans doute un de ces plus beaux spécimen en plus de constituer le premier film majeur de Luigi Comencini. Une vision truculente, touchante et ensoleillée de l'Italie qui constituera presque l'idéal de l'imagerie du pays pour les spectateurs du monde tant elle est réussie. Le film est surtout le fruit d'un formidable travail collectif tant Vittorio De Sica aura vampirisé le film à travers son interprétation chaleureuse du carabinier, Comencini ayant imaginé un personnage plus antipathique et un film plus incisif et moins tendre. Il aura bien le temps d'apposer sa griffe sur ses films suivants et on ne regrette pas la tournure qu'à pris le projet*.
Plongée dans l'Italie rurale des années 50, où le poids du commérage et de la piété à l'église fait loi, le tout brossé avec humour. De Sica se retrouve ainsi transféré dans ce coin perdu sinistre pour un célibataire où les coutumes et les non dit entraîne une série de quiproquos qui vont mener à un marivaudage charmant. De Sica passe ainsi de la pulpeuse Gina Lollobrigida à la douce Maria Merlini au fil de l'histoire sous le regard curieux des villageois adorant colporter les rumeurs. Les soupçons de néo réalisme sont toujours l'humour ayant remplacé la tragédie, comme la misère dans laquelle vit la famille de Gina Lollobrigida, la réaction en chaîne que provoque la trouvaille d'un billet de 5000 lires :mrgreen: où tout le village priant la mort du riche propriétaire de la région quand il vient à se trouver mal.
Le tout s'englobe parfaitement dans le tourbillon amoureux du film et notamment la charmante amourette parallèle entre Gina Lollobrigida et un jeune carabinier timide. Lollobrida en paysanne rustre débordant de sexe appeal crève l'écran, le côté gueularde très italien et terre à terre cotoyant le charme et la beauté du personnage que dont Comencini se plait à mettre les forme en valeur, la future diva n'est pas loin. Quelques scène remarquable comme De Sica qui conte fleurette à Merlini entre deux accouchements, les remerciements exaltés à Saint Antoine et une très jolie fin qui met à mal un certains tabous de l'époque en parlant d'une fille mère. Un énorme succès qui entraînera 2 suites, difficile à imaginer tant celui ci se termine idéalement mais l'ambiance bucolique est tellement agréable qu'on a effectivement envie d'y revenir. 5/6
Pas mieux : une vraie bouffée d'air pur que cette comédie attachante, drôle et pleine de charme. J'espère un jour pouvoir tomber sur ses deux suites, tout au moins la suivante.
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Jeremy Fox
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Jeremy Fox »

bruce randylan a écrit : 5 mars 13, 16:52 Le sorpreses dell'amore (1959)

Deux amies aux tempéraments éloignés font une sortie commune avec leurs fiancés. Elles se rendent compte qu'elles sont plus proche de l'amoureux de leurs copines que des leurs. Elles décident donc d'échanger alors que les 2 hommes font le même constat de leurs côtés.

Une autre comédie de moeurs dans la lignée de Mogli Pericolose mais qui s'avère bien plus réussie. Tout d'abord le casting est excellent, le quatuor de tête est excellent. Les acteurs grossissent le trait pour verser dans une caricature entraînante mais qui évite quand même l'hystérie ou le cabotinage. Ils sont ainsi tous attachants et parfaitement drôles tout en conservant ce qu'il faut de justesse pour qu'on s'intéresse à l'intrigue et aux histoires de coeurs assez compliquées quand même.
Les comédiens ont l'air en tout cas de bien s'amuser et nous aussi par la même occasion. Walter Chiari est fabuleux en professeur timide et introverti qui tente de s'affirmer un peu. Quant à l'actrice qui joue la servante discrète mais décidée à avoir l'homme qu'elle aime, elle vole la vedette à chacune de ses scènes malgré des partenaires féminins qui sont déjà fabuleuses... c'est dire !
Comme souvent dans ce genre de film un peu choral, quand le scénario est bien écrit, ce sont ce genre de seconds rôles qui rendent le film vivant et touchant. On pourrait en dire tout autant avec le rôle de la logeuse coincée et rigide qui essaye maladroitement de séduire un vieux garçon puritain qui lui cherche une femme pure. Le trait est bien-sûr forcé mais ça n'empêche pas le fond d'être rigoureux et crédible.

bref, on rit et sourit très souvent (parfois avec des soupçons mélancoliques) avec des moments savoureux comme le personnage du prêtre qui donne des conseils sentimentaux à Walter Chiairi, les manigances de la jeune fille frivole à sa colocataire plus sage et réservée, la scène formidable où Chiari attend que sa douce descende le rejoigne au bar en face de sa maison, le caméo d'Alfredo Sordi à la fin, la mauvaise foi de Dorian Gray...
De plus les dialogues sont succulents comme cette réplique où une belle de jour expliquant à son amant que "les femmes qui refusent se donner avant le mariage sont ridicules. Comme si on entrait dans un magasin pour acheter un article et qu'on réponde : c'est la boutique entière ou rien" :mrgreen: .
Ce qui fonctionne souvent très bien également, c'est l'espèce de sans-gêne candides des personnages dans des situations qui sortent de leur quotidien : l'emprunt de la chaise du bar, les bouteilles de lait dans l'évier, persuader une femme de monter dans sa chambre avant de critiquer son manque de vertu, s'incruster dans le rendez-vous de sa copine, attendre que la logeuse se soit endormi pour aller piocher dans le gâteau d'anniversaire qu'elle a préparé, la servante qui rappelle fréquemment le voyage qu'elle va faire dans sa famille etc...
C'est souvent inventif et inattendu tout en donnant plus de reliefs et de caractères aux protagonistes. C'est surprenant, ça dynamise le récit, ça nuance la psychologie sans jamais perdre de vue le trait des chaque individu.

Et mine de rien, la mise en scène est très fluide et vivante avec une excellente gestion de l'espace et de la profondeur de champ.

Une des excellentes surprises de cette rétrospective pour un film malheureusement vraiment méconnu.

Et bien voilà, Bruce à tout et excellemment bien dit. :D Une superbe réussite du cinéaste.

Par contre le cameo n'est pas Alberto Sordi mais Vittorio Gassman :wink:
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Jeremy Fox
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Jeremy Fox »

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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Jeremy Fox »

Jeremy Fox a écrit : 22 févr. 21, 08:11 La Grande pagaille par Antoine Royer
A cette occasion le top comencini de la rédac
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Beule
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Beule »

Je m'y attendais, mais reste attristé par le manque de reconnaissance de Delitto d'amore que seuls Justin Kwedi et Jean Gavril Sluka glissent dans leurs classements. Forcément, puisque parmi les quelques films que je connais de Comencini, je le considère comme un sommet aux côtés de Incompreso.
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Jeremy Fox »

Beule a écrit : 22 févr. 21, 11:06 Je m'y attendais, mais reste attristé par le manque de reconnaissance de Delitto d'amore que seuls Justin Kwedi et Jean Gavril Sluka glissent dans leurs classements. Forcément, puisque parmi les quelques films que je connais de Comencini, je le considère comme un sommet aux côtés de Incompreso.
Pas encore découvert mais il a tout les atouts pour me plaire ; je m'en vais à sa recherche
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Zelda Zonk »

Jeremy Fox a écrit : 22 févr. 21, 10:36
Jeremy Fox a écrit : 22 févr. 21, 08:11 La Grande pagaille par Antoine Royer
A cette occasion le top comencini de la rédac
Merci pour la chronique ! :)
Ca fait partie des Comencini qu'il me reste à découvrir.

Et j'attends toujours désespérément une édition Zone 2 de la mini-série Les Aventures de Pinocchio, en six épisodes de 55 minutes, madeleine de mon enfance. Le film a été réédité, mais pas le feuilleton, malheureusement.
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Jeremy Fox
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Jeremy Fox »

Zelda Zonk a écrit : 22 févr. 21, 11:17
Jeremy Fox a écrit : 22 févr. 21, 10:36

A cette occasion le top comencini de la rédac
Merci pour la chronique ! :)
Ca fait partie des Comencini qu'il me reste à découvrir.

Et j'attends toujours désespérément une édition Zone 2 de la mini-série Les Aventures de Pinocchio, en six épisodes de 55 minutes, madeleine de mon enfance. Le film a été réédité, mais pas le feuilleton, malheureusement.
Le film, je l'ai tenté en début d'année et je n'ai pas accroché du tout ; j'ai abandonné au bout d'une heure :oops:
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par John Holden »

Joli top Jeremy ! :)
Ce Cuore me rend très curieux. Pas trouvé d'édition dvd...
Il s'agit de la version télé en plusieurs épisodes que tu as vu ou la version cinéma ?

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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Alexandre Angel »

J'avais adoré Cuore, vu en salle et 2 fois à la télévision. Avec une fin émouvante. Je ne connais que la version ciné.

Je n'ai toujours pas vu Eugenio.
Comme "le Temps de l'innonce" et "A tombeau ouvert", "Killers of the Flower Moon" , très identifiable martinien, est un film divisiblement indélébile et insoluble, une roulade avant au niveau du sol, une romance dramatique éternuante et hilarante.

m. Envoyé Spécial à Cannes pour l'Echo Républicain
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Jeremy Fox
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Re: Luigi Comencini (1916-2007)

Message par Jeremy Fox »

John Holden a écrit : 22 févr. 21, 11:27 Joli top Jeremy ! :)
Ce Cuore me rend très curieux. Pas trouvé d'édition dvd...
Il s'agit de la version télé en plusieurs épisodes que tu as vu ou la version cinéma ?

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Je l'avais vu au cinéma et je l'ai ensuite revu dans sa version feuilleton ; ça devait passer le vendredi soir avant Apostrophes il me semble.
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