La legende du grand judo.
Un jeune homme d’origine modeste débarque dans une ecole pour appendre le jiu-jutsu . Un combat nocturne lui fera choisir le judo.
Voir ce film est un double plaisir.
D’une part et avant tout c’est un film superbe, humaniste, chaleureux.
Le metteur en scene est constamment impressionnant : dans les cadrages rigoureux, dans la façon de situer les personnages, physiquement et moralement, seuls, en duo, ou en groupe, dans l’audace des plans, la subtilités des scènes intimistes, le dynamisme et la singularité des scènes d’actions,…
Quelle maitrise et inventivité, voire genie!
Acteurs et actrices sont excellents. Mention spéciale à Susumu Fujita, dont la présence physique est essentielle au film.
Quelques moments remarquables : le combat nocturne au debut, la curieuse ellipse avec les geta, l’amour naissant dans les escaliers, le combat avec le vieux maitre, le duel final d’anthologie.
On ne peut bien sur que regretter que la qualité de la pellicule en temps de guerre, le matériel subsistant, les ciseaux de la censure de l’epoque… ne rendent pas toujours justice à la beauté du film. Mais peu importe, tout impressionne et on est pris par le film, son ambiance, les sentiments,…
Il y a aussi un humour, une ironie bienveillante particulièrement savoureuse je trouve : la comptine des enfants, la complicité du vieux maitre, les sorties hors champs lors du 1er combat, …
Ce premier film d’un jeune cinéaste debutant, auteur du scénario qui plus est, est constamment une leçon de cinema, sans effet de manche, esbroufe ou m’a tu vu.
On assiste à la naissance d’un futur geant, c’est clair.
Deuxième bonheur, c’est bien sur de voir ce film en y cherchant les indices de l’oeuvre future de Kurosawa.
Je renvoie au commentaire de Christophe Gans et Jean Pierre Jackson, qui pointent bien mieux que je ne saurais le faire, les caractéristiques fondamentales de l’auteur présentes dans cette première oeuvre.
Premier film, première collaboration avec Takeshi Shimura, extraordinaire comme toujours. On comprend de suite combien l’acteur apportera à Kurosawa, figure humaniste par excellence.
J’ai été frappé par la presence forte de l’ esthétique du cinema muet. Le film pourrait souvent se passer de dialogue, ce qu’il fait d’ailleurs, cf l’importance du vent dans la derniere partie par exemple.
Raccourcis poétiques, images fortes, art de la composition, du plan, au profit du message,… le film fourmille d’exemples.
Ce premier film est tout sauf un film secondaire dans la filmo du maitre.
On dit que
l’ange ivre est le premier film personnel de l’auteur. Franchement, ca se discute. Kurosawa a du composer avec des contraintes de censure, mais le film est remarquable et tres personnel.
On pourrait ecrire des pages sur le duel final, et son plan stupéfiant d’apparition des combattants.
Voir ce film m’a donné l’idee de decouvrir les 1eres oeuvres en ordre chronologique.
A suivre.