Joël Séria

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

Modérateurs : cinephage, Karras, Rockatansky

Avatar de l’utilisateur
Martine Cachet
Assistant(e) machine à café
Messages : 283
Inscription : 4 avr. 18, 16:36
Contact :

Re: Joël Séria

Message par Martine Cachet »

http://www.cinematheque.fr/media/s-ria.pdf

Voici le programme de la rétrospective Joël Séria à la cinémathèque avec comme événement principal, du moins pour moi : la diffusion en 35mm de San Antonio ne pense qu'à çà !, film jusque là presque invisible et qui était un objet d'obsession dans la furieuse envie que j'ai de le voir, comme peut l'être Travolta et Moi de Patricia Mazuy, que je n'ai toujours pas vu d'ailleurs :cry:
Je ne peux rien citer, j'ai pas de mémoire...
Avatar de l’utilisateur
Kevin95
Footix Ier
Messages : 18363
Inscription : 24 oct. 04, 16:51
Localisation : Devine !

Re: Joël Séria

Message par Kevin95 »

Martine Cachet a écrit :http://www.cinematheque.fr/media/s-ria.pdf

Voici le programme de la rétrospective Joël Séria à la cinémathèque avec comme événement principal, du moins pour moi : la diffusion en 35mm de San Antonio ne pense qu'à çà !, film jusque là presque invisible et qui était un objet d'obsession dans la furieuse envie que j'ai de le voir, comme peut l'être Travolta et Moi de Patricia Mazuy, que je n'ai toujours pas vu d'ailleurs :cry:
Une énorme purge.

Image
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
Avatar de l’utilisateur
Martine Cachet
Assistant(e) machine à café
Messages : 283
Inscription : 4 avr. 18, 16:36
Contact :

Re: Joël Séria

Message par Martine Cachet »

Kevin95 a écrit :
Martine Cachet a écrit :http://www.cinematheque.fr/media/s-ria.pdf

Voici le programme de la rétrospective Joël Séria à la cinémathèque avec comme événement principal, du moins pour moi : la diffusion en 35mm de San Antonio ne pense qu'à çà !, film jusque là presque invisible et qui était un objet d'obsession dans la furieuse envie que j'ai de le voir, comme peut l'être Travolta et Moi de Patricia Mazuy, que je n'ai toujours pas vu d'ailleurs :cry:
Une énorme purge.

Image
Tu l'as vu ? La chance !!!
Je ne peux rien citer, j'ai pas de mémoire...
Avatar de l’utilisateur
hellrick
David O. Selznick
Messages : 13823
Inscription : 14 mai 08, 16:24
Liste DVD
Localisation : Sweet Transylvania, Galaxie Transexuelle
Contact :

Re: Joël Séria

Message par hellrick »

Martine Cachet a écrit :San Antonio ne pense qu'à çà !,
Je l'ai vu aussi c'est vraiment nul, mieux vaut revoir le dyptique avec Gérard Barray des 60's pas génial mais au moins distrayant.
Critiques ciné bis http://bis.cinemaland.net et asiatiques http://asia.cinemaland.net

Image
Avatar de l’utilisateur
Kevin95
Footix Ier
Messages : 18363
Inscription : 24 oct. 04, 16:51
Localisation : Devine !

Re: Joël Séria

Message par Kevin95 »

Il se trouve facilement sur le net. J'adore Séria donc j'y suis allé confiant avant... la déconvenue. Laid, beauf, vulgos. Le film est ultra pénible. Je pense que ça va gueuler dans la salle de la Cinémathèque.
Les deux fléaux qui menacent l'humanité sont le désordre et l'ordre. La corruption me dégoûte, la vertu me donne le frisson. (Michel Audiard)
1kult
Directeur photo
Messages : 5320
Inscription : 27 sept. 10, 00:54
Contact :

Re: Joël Séria

Message par 1kult »

Oui c'est pas bon...

Par contre, la question c'est de savoir quel sera le montage de Marie Poupée...
1Kult.com, le Webzine du cinéma alternatif en continu !
------------
Le site : http://www.1kult.com
Le facebook : http://www.facebook.com/1kult
le twitter : http://www.twitter.com/1kult
Le compte viméo : http://www.vimeo.com/webzine1kult
lecoinducinéphage
Electro
Messages : 984
Inscription : 12 août 05, 21:42
Contact :

Re: Joël Séria

Message par lecoinducinéphage »

Rencontre avec Joël Séria : https://vimeo.com/277299116
"Jamais je ne voudrais faire partie d'un club qui accepterait de m'avoir pour membre." (Groucho Marx)
bruce randylan
Mogul
Messages : 11652
Inscription : 21 sept. 04, 16:57
Localisation : lost in time and lost in space

Re: Joël Séria

Message par bruce randylan »

Chaudemanche, père et fils (1995 - téléfilm)

Image

Chaudemanche est un veuf de 69 ans qui vit dans une ferme troglodytique de la Loire avec son fils, célibataire, et sa fille, divorcée. Ils sont connu dans la région pour leur exceptionnel Calva de contrebande.

Séria n'a jamais été un grand "cinéaste" et c'est peu dire que la direction artistique, la photo ou la dimension technique de ce téléfilm sont peu soignés. Il y a même des problèmes de raccords et de continuité vraiment gênants, sans parler de séquences ratées. L’interprétation n'est pas la plus heureuse non plus avec l'impression d'être devant des comédiens de seconds ou troisième choix, renforcée par la présence de Jacques Frantz dans le rôle du fils Chaudemanche loin d'être à l'aise (et j'ai passé une bonne partie du film à me demander quels comédiens américains il avait doublés). Même Galabru qui fait pourtant du Galabru n'est pas toujours dans ses marques.
Si on rajoute un scénario aux enjeux pauvres, presque inexistants, des dialogue souvent quelconques (à quelques bons mots graveleux ) à qui il manque la gouaille d'un Marielle, on peut dire que le temps s'écoule avec indifférence.
Et puis presque inespérément, le dernier tiers déploie sa petite musique en s'attachant davantage à ses personnages et bascule vers une réelle mélancolie remplie d’amertume et de regret. Sur un ton mineur, on retrouve davantage l'esprit Séria qui recycle aussi pas mal il faut dire, décalquant quasiment à l'identique une de scènes des galettes de Pont Avens (toujours avec Jeanne Goupil 20 ans plus tard, et toujours amoureusement filmée). Mine de rien, l'émotion s'installe, les personnages deviennent plus touchant et les dernières minutes sont même réussis avec une dimension testamentaire dans ce nouvel ode callipyge qui donne un dernier plan brillant qui fait regretter que Séria ai autant bâclé la forme durant 80 minutes.

Pour complétiste on dira mais ces 20 dernières minutes ne m'ont pas fait regretter le déplacement. Et accessoirement, produire un tel téléfilm est totalement inconcevable désormais.

Dans ce cycle, j'ai aussi pu voir le premier court métrage du cinéaste Shadows (1969). Difficile d'imaginer plus antagoniste à sa future filmographie que ce film de 8 minutes, sans dialogues, où Séria filme l'entraînement d'un boxeur, seul sur un fond noir. C'est pourtant une petite réussite dans le genre avec une belle photographie, un concept simple mais bien mise en valeur et un vrai travail sur le son, le montage et la captation de la vitesse. Ce court se fit remarquer pour sa technique, remporta un prix et ouvrit plus facilement à son metteur en scène les voies du long-métrage.
"celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir"
Avatar de l’utilisateur
Jean-Pierre Festina
Electro
Messages : 999
Inscription : 13 nov. 07, 12:55

Re: Joël Séria

Message par Jean-Pierre Festina »

Dirk Diggler a écrit :Une bonne crève ce matin, l'occasion de se terrer sous un plaid et de revoir "Charlie et ses deux nénéttes" dans une édition DVD qui a souffert. Mais purée, que ce film est beau, délicat... Juste un moment passé avec trois personnages adorables, deux gamines ni faites ni à faire, un gars décent comme t'en trouves plus à dix rondes, et quelques salops pour te faire croire que ce bonheur simple pourrait s'évanouir. On devine à travers la "définition" hasardeuse de bons décors de France, des paysages lumineux, neigeux ou pluvieux qui viennent clamer l'évidence qu'on peut passer du bon temps dans cet endroit en dehors des codes-barres à la con, du totalitarisme sournois.

Bon allez, à quand une sortie blu-ray ? A quand la justice ?
Découvert hier soir pour ma part et je valide tout ce que tu dis.
La narration de ce film me rappelle les livres pour enfants que l'on faisait dans les années 70, illustrés par Danièle Bour ou Poupa Montaufier : on y racontait de petites histoires en quelques lignes à gros caractères sur une page, avec des illustrations d'art naïf aux couleurs pastels sur l'autre page. Comme pour un road-movie, c'était rigoureusement dépouillé d'enjeu dramatique pour ne pas bousculer la sensibilité de l'enfant (bon, ici, il y aurait peut-être à redire sur le personnage de Marielle et aussi l'amoralité du trio amoureux, mais quoi, les personnages féminins sont majeurs), avec parfois de très légères touches douces-amères voire oniriques. Ca m'a aussi rappelé "Les petits câlins" de Jean-Marie Poiré, réalisé à la (très) lointaine époque où celui-ci laissait parler sa sensibilité.
Esthétiquement, le film procède par "taches" : le rouge du maillot de Jeanne Goupil, le marron de la veste de Serge Sauvion, le jaune de celle de Marielle (sans oublier les pastels de ses ignobles petites cathédrales) puis enfin la neige. La qualité du dvd achève de conférer à ce film une tonalité impressionniste mais je confesse pour ma part n'être pas attaché à l'idée d'un blu-ray restauré : il y a des oeuvres comme celles-ci qui doivent rester secrètes et ainsi donner l'impression à leur spectateur qu'il a découvert un astéroïde oublié.
Mais puisqu'il me tenait à coeur d'en faire l'article, je dirais simplement ceci :
bruce randylan a écrit :Séria n'a jamais été un grand "cinéaste" et c'est peu dire que la direction artistique, la photo ou la dimension technique de ce téléfilm sont peu soignés.
je ne sais pas si les parties de ta phrase s'engagent mutuellement, mais pour ce qui regarde les trois films que j'ai vus de lui pour l'instant, ce que tu dis sur l'image est faux, et je donne beaucoup de "grands cinéastes" contre ce peintre de miniatures... D'ailleurs les prix du coffret sur les sites de revente parlent d'eux-mêmes :mrgreen:
LU SUR FORUM A MONTRES : "(...) maintenant c'est clair que Festina c'est plus ce que c'était(...)"


Non mais ALLOOOO quoi
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99488
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Joël Séria

Message par Jeremy Fox »

Charlie et ses deux nénettes - 1973

Charlie (Serge Sauvion), la quarantaine, rencontre en sortant de l’agence pour l’emploi deux cousines inséparables et délurées de 20 ans, Guislaine (Jeanne Goupil) et Josyane (Nathalie Drivet), elles aussi à la recherche d’un travail après s’être faits toutes deux licenciées. La discussion entamée sur le trottoir se poursuit au café. Les deux filles ayant pris connaissance que Charlie faisait autrefois les marchés en plein air, le poussent à reprendre cette activité en se proposant de l’aider. Les marchés ne fonctionnant plus très bien en région parisienne à cause de la multiplication des grandes surfaces, ils décident d’aller faire une tournée en province pour vendre des toiles cirées. Les voilà partis à parcourir les routes de France ; les affaires vont bon train, le trio s’entend à merveille, mais la rencontre avec un autre marchand, Tony (Jean-Pierre Marielle), va faire éclater le groupe car Josyane en tombe amoureuse…

Joel Seria n’est quasiment aujourd’hui connu du grand public que pour ses fameuses et jubilatoires Galettes de Pont-Aven avec entre autres la prestation inoubliable d’un Jean-Pierre Marielle déchainé. Il faut dire que sa filmographie ne contient que huit longs métrages, pas tous d’ailleurs forcément mémorables, et que sa carrière pour la télévision n’est guère plus renommée, ne signant ici et là que quelques épisodes de séries tels Nestor Burma ou Série noire. Charlie et ses deux nénettes est son deuxième film après le sulfureux Mais ne nous délivrez pas du mal dont le thème n’était autre que la dévotion de deux jeunes pensionnaires d’une institution religieuse pour le vice. Le film qui nous concerne ici n’a plus rien de ce parfum de scandale même si certains feront encore grise mine lorsqu’ils se rendront compte du ménage à trois amoureux constitué par un quarantenaire et deux jeunes filles encore mineures, la majorité étant encore fixée en 1973 à 21 ans, l’âge ayant été abaissé à 18 ans seulement en juillet de l’année suivante. Car oui, par une ellipse assez géniale, le spectateur comprend petit à petit que, durant cette nuit passée dans un hôtel miteux, alors qu’il ne restait qu’un seul grand lit pour le trio et qu’ils avaient quand même décidé de se coucher serrés tous trois côte à côte en tout bien tout honneur, Charlie et ses deux comparses n’avaient pas fait que dormir ou discuter.

Mais attention, rien de glauque ni de graveleux dans cette séquence ; au contraire une grande tendresse et un naturel confondant, tous trois ayant l’air de ne rien regretter, ayant apprécié un moment de plaisir tout simple dont on ne saura jamais s’il se sera ou non renouvelé, Seria nous laissant nous faire notre propre idée, n’ayant pas ici pour intention de provoquer même si dans sa description de la société de l’époque il n’épargne pas par petites touches ni la morale réactionnaire bourgeoise ni la bêtise et la méchanceté de certains de ses compatriotes. Joel Seria, auteur complet de son film, ne raconte pas grand-chose - et ce n’est pas un reproche, les ressorts dramatiques n’étant pas forcément nécessaires pour aboutir à un bon film - mais avec un sens aiguisé de l’observation dépeint avec affection et sympathie mais surtout sans rien de méprisant toute une frange de la ‘caste’ populaire, les petites gens, une certaine France du début des années 70 avec ses bals populaires, ses fêtes foraines, ses bistrots, ses caravanes... A postériori, le film se révèle être une passionnante radiographie de cette époque qui se fait au travers une histoire on ne peut plus simple, la traversée de l’Hexagone par Charlie, Ghislaine et Josyane, leurs déambulations routières pour vendre des toiles cirées sur les marchés de la région parisienne puis de la province. Le réalisateur connaissait parfaitement ce travail et ce milieu pour avoir lui-même fait les marchés pour mettre du beurre dans ses épinards alors qu’il était simple comédien.

Si Marielle – déjà grandiose - dans son personnage de bonimenteur hâbleur et roublard s’avèrera un parfait goujat, notre trio est au contraire constitué par trois protagonistes avec qui nous aurions bien aimé partagé quelques moments tellement ils respirent une profonde gentillesse, surtout Charlie (rôle au départ pensé pour Bébel mais qui échoua finalement au formidable Serge Sauvion, la voix française de l’inspecteur Columbo), quarantenaire bohème et sans attaches qui vit de sa débrouillardise sans jamais que ce soit au détriment des autres, au contraire d’une honnêteté et d’une correction sans failles, franc et prévenant, prêt à tout pour aider et protéger ceux qu’il aime sans jamais rien ne leur imposer. Mature au point de ne jamais être jaloux, au point de coucher avec ses deux ‘nénettes’ mais sans jamais les avoir obligés, juste en profitant de l’instant présent et de bons moments consentis à trois ; un personnage remarquablement attachant de par son désintéressement ! Quant aux deux cousines souriantes et délurées, si elles n’ont pas de grandes différences de caractère ni de personnalités très marquées, elles représentent la plupart de ces jeunes femmes qui voulaient s’émanciper d’une famille ou (et) d’un milieu trop rigides et qui souhaitaient avant tout pouvoir rire et profiter de la vie sans nécessairement d’obligations et sans se faire harceler par des patrons. Elles gloussent beaucoup et peuvent parfois sembler agaçantes mais la complicité de Jeanne Goupil (l’épouse de Seria) et de Nathalie Drivet est telle qu’on s’habitue vite à ces deux jeunes filles toujours joviales et d’un optimisme béat malgré leur situation, qui s’extasient devant un bon repas, un tour d’auto-tamponneuse ou un petit déjeuner pris à l’hôtel. Leur constante gaieté, leur entrain euphorisant, leur esprit libertaire et parfois irrespectueux mêlé à une certaine candeur font un bien fou.

Cinématographiquement, ce n’est pas forcément très soigné, la direction d’acteurs semble parfois en roue libre, mais ces choix probablement voulus de mise en scène rendent Charlie et ses deux nénettes encore plus délicieux par cette volonté de grande modestie ; un peu comme si nous nous trouvions devant un film amateur, ce ton le rendant encore plus réaliste et naturel, suite de rencontres, de repas, de nuits de fêtes (bals populaires, fêtes foraines…) Un Road-Movie au ton assez atypique, entre Jacques Rozier et Pascal Thomas (on peut difficilement faire mélange plus agréable), au charme entêtant : il capte parfaitement bien et avec bienveillance l’air du temps et nous fait voyager dans toute la France à bord d’une vieille fourgonnette 404 bâchée, dans des paysages tour à tour ensoleillés et enneigés. Sur un joli thème musical de Philippe Sarde parcimonieusement utilisé, un film naturaliste tendre et plutôt optimiste qui prône la liberté, l’insouciance et le nomadisme avec un ton d’une grande fraicheur sans pour autant bien évidemment tomber dans la mièvrerie, tout au contraire plutôt libertaire et antisocial, parfois même un poil désabusé lorsque par exemple est évoquée la métamorphose inéluctable du commerce avec la multiplication et le croissance des grandes surfaces qui risquent de faire disparaitre les marchés, vider les centres-villes et détruire les liens sociaux. Plutôt bien accueilli par la presse, ce fut néanmoins un échec commercial qu’il est toujours temps de faire oublier. Car on ne crache jamais sur un moment sans prétention de sincérité, d’authenticité, de spontanéité revigorante surtout quand il fait l'apologie du refus d’une vie de labeur, du droit à la liberté d’agir et de penser différemment. Très attachant.
Avatar de l’utilisateur
Barry Egan
Assistant opérateur
Messages : 2390
Inscription : 5 janv. 12, 18:51

Re: Joël Séria

Message par Barry Egan »

Est-ce la pudeur qui te fait en écrire aussi peu ?
Image
Avatar de l’utilisateur
Jeremy Fox
Shérif adjoint
Messages : 99488
Inscription : 12 avr. 03, 22:22
Localisation : Contrebandier à Moonfleet

Re: Joël Séria

Message par Jeremy Fox »

Dirk Diggler a écrit : 22 sept. 20, 09:04 Est-ce la pudeur qui te fait en écrire aussi peu ?
Non, la fainéantise.
Avatar de l’utilisateur
Jean-Pierre Festina
Electro
Messages : 999
Inscription : 13 nov. 07, 12:55

Re: Joël Séria

Message par Jean-Pierre Festina »

Jeremy Fox a écrit : 22 sept. 20, 10:09
Dirk Diggler a écrit : 22 sept. 20, 09:04 Est-ce la pudeur qui te fait en écrire aussi peu ?
Non, la fainéantise.
Bon, ça va alors, c'est plutôt raccord avec le film.
LU SUR FORUM A MONTRES : "(...) maintenant c'est clair que Festina c'est plus ce que c'était(...)"


Non mais ALLOOOO quoi
Avatar de l’utilisateur
Frances
Assistant opérateur
Messages : 2819
Inscription : 3 oct. 12, 20:24

Re: Joël Séria

Message par Frances »

Charlie et ses deux nénettes de Joël Séria (1973) Serge Sauvion, Jeanne Goupil, Nathalie Drivet, Jean-Pierre Marielle. Musique : Philippe Sarde.
Image
Dans la France des années 70, Charlie, un type heureux et sans diplômes rencontrent deux cousines sans idées précises de l’avenir. Ensemble, ils parcourent la France pour vendre des toiles cirées sur les marchés.

Un pitch en deux lignes pas vendeur à première vue pourtant, pendant 1h30 nous allons suivre les péripéties de ce trio improbable sous le signe de l’insouciance, la liberté et la capacité à savourer l’instant présent.

Avec le recul, Charlie et ses deux nénettes prend valeur d’un documentaire sur la France prolétarienne des années post mai 68. On redécouvre Paris, sa banlieue (les barres HLM bordées de terrains vagues), les villes de province avec ses hôtels sans étoiles meublés comme à la maison, ses restos routiers, ses bistrots, ses places de marchés, ses petits bals perdus, ses fêtes foraines où un tour d’auto-tamponneuses amène le grand frisson. On vit au jour le jour avec un peu d’argent en poche et le sens de la débrouillardise.

Tout paraît possible pour peu qu’on n’en demande pas trop. On rêve encore petit en 1973 bien que s’amorce déjà la métamorphose inéluctable du pays. Les centres commerciaux videront sous peu le cœur des villes et distendront les liens sociaux. Les filles sont coiffeuses ou vendeuses, les cuisines en formica, le grand-père paralysé vit toujours dans la cellule familiale, le père a adhéré au PC et vend l’Huma le dimanche matin. D’autres comme Charlie ont choisi une vie plus bohème : pas de boulot stable, ni femme ni enfants, des livres, des disques de jazz et une 404 bâchée pour tailler la route. Et de la route, il va en faire avec ses deux nénettes (Guislaine et Josyane), une sous chaque bras. Figure protectrice, amant à l’occasion comme si cela allait de soi, sans perversité. Juste les circonstances et le moment présent. Séria impose à cette drôle d’équipée une légèreté, une candeur, une fraîcheur revigorante. Cela ne va pas sans quelques anicroches avec des blousons noirs bagarreurs et dragueurs lamentables. Ce sont les aléas de la vie. Et puis Jean-Pierre Marielle entre en scène : bonimenteur génial dont le bagout égale la roublardise. Le roi de l’épate et de la goujaterie dont Josyane fera les frais.

Séria ne pose aucun tabou, il observe avec bienveillance les déambulations de ses personnages et fixe sur la pellicule une radiographie formidable de la France d’alors. Le propos est simple mais l’improvisation et la spontanéité ont préservé la fraicheur du film et nous regardons avec nostalgie ce monde où il en fallait si peu pour être heureux et où on ne pensait pas aux lendemains qui déchantent.

Quel dommage ce dvd à la piètre qualité. Le film mérite une belle restauration, notamment pour ses extérieurs mais pas seulement.
J'aime beaucoup l'affiche qui résume par un dessin naïf le lien entre les trois personnages qui sont au coeur du film.
"Il faut vouloir saisir plus qu'on ne peut étreindre." Robert Browning.
" - De mon temps, on pouvait cracher où on voulait. On n'avait pas encore inventé les microbes." Goupi
Mains Rouges.

Mes films du mois :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Jan 21 : Cousin Jules
Fev 21 : Midnight special
Mar 21 : Nanouk l'esquimau
Avr 21 : Garden of stones
Mai 21 : Fellini Roma
Avatar de l’utilisateur
Frances
Assistant opérateur
Messages : 2819
Inscription : 3 oct. 12, 20:24

Re: Joël Séria

Message par Frances »

Les galettes de Pont-Aven de Joël Séria (1975) Jean-Pierre Marielle, Andréa Ferréol, Bernard Fresson, Jeanne Goupil, Claude Piéplu, Dominique Lavanant. ♪ Philippe Sarde, Théodore Botrel.

Image

Henri Serin est représentant en parapluies. Il se morfond, coincé dans son couple qui s’étiole tout en s’accordant quelques fredaines lors de ses déplacements. La peinture et une rencontre inespérée vont lui ouvrir de nouveaux horizons.

Le film de Séria ne se réduit pas à quelques scènes devenues cultes. Le propos est plus dense, les personnages plus profonds et les couleurs plus nuancées que l’exposition hors contexte d’une certaine liberté sexuelle. Sous la loupe de Séria, le couple dans son quotidien le plus morose est voué à la déliquescence. Le travail, l’éducation des enfants, les factures à régler, bref, la servitude liée au modèle sociétale a évacué le désir et les rêves. Seule bulle d’oxygène : l’art qui transcende l’apathie ordinaire. Il faut réinventer la beauté pour désirer. C’est ce que fait Henri Serin (Jean-Pierre Marielle) quand il découvre sa femme en pleine nuit pour dessiner ses fesses à la lumière d’une lampe de chevet.

Frustré sexuellement et affectivement Henri (représentant de commerce) se console dans les bras de provinciales qui étouffent derrière les comptoirs de leur boutique. Des existences de naphtaline où les corps n’exultent qu’à la faveur d’une rencontre de deux solitudes. Séria insiste ici encore sur la nécessité du mouvement. La route comme remède à l’étouffement (même si c’est d’abord, ici, pour raison professionnelle). La lassitude et l’urgence de vivre ses désirs, de se réaliser, de gouter la vie qui est affaire de regard, de rencontre, de sexe, de jouissance et d’amour. Henri Serin est un romantique au cœur de midinette. Pulsions sexuelles, pulsions de vie et pulsions créatrices sont garantes de son équilibre. En cela son personnage et celui de Bernard Fresson (Émile) sont totalement antagonistes. Émile consomme du sexe, avilie les femmes et peint des tableaux sans âme destinés aux touristes (Figure gémellaire de Jean-Pierre Marielle vendant des cathédrales en cire dans Charlie). L’incarnation grossière de la société de consommation, inculte et fière d’une réussite contestable.

Quand Henri échoue à Pont-Aven, la faute à un sanglier suicidaire et qu’il trouve l’amour, il est pris d’une fièvre créatrice car chez lui l’un ne va pas sans l’autre. La cité des peintres, l’ombre de Gauguin, de l’école de Pont-Aven, les paysages qui ont inspirés les artistes, tout concourt à son épanouissement.

Laissons à ceux qui ne connaissent pas le film, le plaisir de le découvrir sans révéler la suite. Il faut savourer ces galettes, les cafés et ses habitués, les références à Gauguin, les esquisses et les tableaux stylisés (tous réalisés par Jeanne Goupil), Dominique Lavanant qui fait le trottoir en costume bigouden, Claude Pieplu en pèlerin et sa sœur coincée et voyeuse. Jean-Pierre Marielle est magistral dans ce costume taillé sur mesure. Celui d’un grand gaillard fou d’amour et si fragile, passionné et vibrant.
"Il faut vouloir saisir plus qu'on ne peut étreindre." Robert Browning.
" - De mon temps, on pouvait cracher où on voulait. On n'avait pas encore inventé les microbes." Goupi
Mains Rouges.

Mes films du mois :
Spoiler (cliquez pour afficher)
Jan 21 : Cousin Jules
Fev 21 : Midnight special
Mar 21 : Nanouk l'esquimau
Avr 21 : Garden of stones
Mai 21 : Fellini Roma
Répondre