Je veux juste en finir (Charlie Kaufman - 2020)

Rubrique consacrée au cinéma et aux films tournés à partir de 1980.

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Flol
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Je veux juste en finir (Charlie Kaufman - 2020)

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Je veux juste en finir - Charlie Kaufman

Un véritable mindfuck labyrinthique, un film-cerveau (comme souvent chez Kaufman) aux allures de cauchemar fascinant et angoissant (certaines séquences sont dignes des plus grands films d'horreur).
J'ai été un peu moins emporté par la fin (et sa partie dansée), mais globalement Kaufman m'a vrillé la tête comme rarement. Ce que ça raconte sur la dépression, sur le fait de se sentir hors du monde, à l'écart, et tout ça par sa mise en scène (les regards caméra hyper troublants de Jessie Buckley), ses dialogues et sa gestion de la voix-off, c'est prodigieux.
Quel plaisir de pur cinéma, où l'on ne comprend pas tout, mais où l'on se perd avec délectation.
Et plus je lis de choses sur ce film, plus j'y repense (ce qui arrive très souvent depuis mardi soir), et plus je l'aime. C'est d'une richesse totalement hallucinante, et d'une tristesse vertigineuse.

Très certainement dans mon top 3 (si ce n'est même top 1) de 2020.
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Supfiction
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Re: Je veux juste en finir (Charlie Kaufman - 2020)

Message par Supfiction »

J’ai l’impression de revivre ton enthousiasme pour A Ghost story. Et ce n’est probablement pas un hasard car il y a sans doute des points communs dans les thématiques des deux films.
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Karras
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Re: Je veux juste en finir (Charlie Kaufman - 2020)

Message par Karras »

Reprise du topic classement :
Dirk Diggler a écrit : 4 sept. 20, 18:45 I'm thinking of ending things : 8,5/10

Délicieusement opaque. La neige fait forcément penser à "Shining" et le récit fait passer un nombre écrasante de références (Cassavetes, David Foster Wallace, et d'autres parfois plus obscures). On sent une parenté thématique avec "Synecdoque New York", mais c'est abordé autrement, je ne saurais pas trop dire. Pas évident de savoir qui est le protagoniste de l'histoire non plus, mais je n'ai pas l'impression que c'était important. En tout cas, j'ai trouvé Jessie Buckley éblouissante. Elle avait déjà cette étincelle dans la série "Chernobyl" mais on l'y voyait assez peu. Elle montre toute sa mesure ici.
nobody smith a écrit : 5 sept. 20, 17:14 I'm Thinking Of Ending Things (Netflix) 8/10
Bizarrement, c'est à partir du moment où j'ai commencé à avoir une longueur d'avance sur le film qu'il m'a passionné. C'est effectivement dans la lignée de Synecdoque, New York et le voyage est tout aussi fascinant
Demi-Lune a écrit : 6 sept. 20, 09:45 I'M THINKING OF ENDING THINGS (Charlie Kaufman) : 8/10

Mindfuck.
7swans a écrit : 6 sept. 20, 10:20 I'm thinking of ending things - Charlie Kaufman : 8/10
Je dis pas que j'ai tout compris, je dis juste que c'est très bien et que j'ai déjà très envie d'y revenir.
Presque impossible de dormir hier soir, le film m'a torturé toute la nuit.

Mindfuck Indeed.
Dunn a écrit : 8 sept. 20, 09:51 Je veux juste en finir: 5/10
Même si je reconnais le côté "artie" et l'ambiance qui m'a plu...j'ai eu beaucoup de mal à le finir.
Watkinssien a écrit : 9 sept. 20, 23:30 Je veux juste en finir = 6.5/10! Vrai objet qui fascine autant qu'il irrite (la dernière demi-heure est trop décevante par rapport au reste), mais quels acteurs formidables, en particulier Jessie Buckley, qui ne fait que confirmer son talent depuis le puissant Chernobyl!
Karras a écrit : 9 sept. 20, 23:13 Je veux juste en finir (7,5/10) : Un mélange de genre surprenant, quelque part entre les dernières oeuvres d'Ari Aster et David Lowery.
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Re: Je veux juste en finir (Charlie Kaufman - 2020)

Message par primus »

J'ai bien aimé la partie avec les parents après une intro en bagnole que j'ai trouvé bien chiante. Ensuite j'ai progressivement décroché en trouvant ça interminable. La comparaison avec Lynch est difficilement évitable. Le souvenir que j'en ai est meilleur que sa découverte mais j'ai trouvé le "mindfuck" continuel lassant et parfois ridicule. Et puisqu'on parle de A Ghost Story c'est un peu la même impression. Une première partie pénible, puis un milieu formidable pour retomber progressivement jusqu'à la fin. Je n'ai d"ailleurs aucune envie de revoir ces deux films. Le 4/3, autre point commun. Montrer en permanence sa grosse originalité d'auteur brillant qui veut nous larguer au maximum dans ce fatras. Cela fait vibrer des gars comme P. Thiellement, évidemment. Il y a plusieurs film ces derniers temps qui tentent d'injecter un maximum de bizarreries dans le film d'horreur si souvent répétitif. C'est une bonne chose mais on retombe finalement dans une autre répétition qui lasse.
Je pourrais citer La région sauvage, Meurs monstre meurs, une partie de La flor (que j'ai du mal à finir)...
L'intention de renouvellement est bonne mais ça n'a pas été, pour moi, un plaisir de me perdre dans ces labyrinthes. Plaisir que j'ai eu pour Midsommar ou Vivarium.
Pour finir sur une note positive je comprends très bien l'enthousiasme, mais ça manque paradoxalement de subtilités dans cette quête d'originalité.
Demi-Lune a écrit : 14 oct. 21, 15:27Ah par contre je suis affirmatif, monfilm = primus.
Je suis également Julien, Soleilvert, Nicolas Brulebois, Riqueunee, Boris le hachoir, Francis Moury, Yap, Bob Harris, Sergius Karamzin ... et tous les "invités" pas assez bien pour vous 8)
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Supfiction
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Re: Je veux juste en finir (Charlie Kaufman - 2020)

Message par Supfiction »

J’ai bien aimé le passage au cours duquel elle lui demande dans la voiture si il « aime les comédies musicales ». « Pas vraiment. J’en connais juste quelques-unes, Oklahoma, Pajama Game, Pal Joey, My fair lady...... » Ill y eu sort une longue liste de comédies musicales de l'âge d’or et elle le regarde bizarrement. Ça pourrait être une situation que certains classikiens ont vécu. :mrgreen:
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P.S. Billy Crystal est une tantouze.
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Re: Je veux juste en finir (Charlie Kaufman - 2020)

Message par Flol »

Supfiction a écrit : 10 sept. 20, 12:36 J’ai l’impression de revivre ton enthousiasme pour A Ghost story
Effectivement.
Supfiction a écrit : 10 sept. 20, 12:36Et ce n’est probablement pas un hasard car il y a sans doute des points communs dans les thématiques des deux films.
C'est pas faux.
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Re: Je veux juste en finir (Charlie Kaufman - 2020)

Message par Mosin-Nagant »

7Sawns a écrit :Je dis pas que j'ai tout compris, je dis juste que c'est très bien et que j'ai déjà très envie d'y revenir.
Le genre de réaction que Nolan veut procurer au spectateur avec Tenet.
Ce qu'il a raté, j'ai l'impression, Kaufman l'aurait-il réussi? Curieux de le découvrir!
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Re: Je veux juste en finir (Charlie Kaufman - 2020)

Message par Watkinssien »

Effectivement, le film apparaît comme une vraie et jolie curiosité, entrecoupée de moments très (trop) languissants et abscons, ou portés par une lourdeur symbolique.

La première séquence de discussion dans la voiture m'a terriblement ennuyé. Puis je me rends compte qu'elle prépare assez brillamment la seconde séquence (vraiment fascinante celle-là). Car entre ces deux moments, nous avons eu une partie réellement intrigante, où les soubresauts temporels, la puissance des dialogues (entre simplicité et double niveau de lecture) et la performance impeccable des acteurs font mouche. Un morceau de bravoure, où l'on passe du malaise au cynisme, de la tendresse à la rancœur tenace, du drôle au tragique, de l'absurde au réalisme.

Puis vient cette dernière demi-heure problématique à mes yeux. Longuet, avec un morceau "musical" que j'ai trouvé non seulement ridicule (alors que sur le papier, c'est magnifique), mais mal filmé (les chorégraphies, mon Dieu, c'est vraiment mis en scène de médiocre manière) et qui s'essouffle dans son dénouement pesant.

Reste que le film est globalement séduisant, anxiogène comme il faut. Dommage qu'il voulait juste en finir et pas l'aboutir totalement.

Jessie Buckley est parfaite et confirme tout le bien que je pense d'elle!
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Re: Je veux juste en finir (Charlie Kaufman - 2020)

Message par Flol »

Watkinssien a écrit : 10 sept. 20, 19:45La première séquence de discussion dans la voiture m'a terriblement ennuyé
Alors que moi, au contraire, j'ai trouvé ces nombreuses séquences de discussion en voiture absolument fascinantes. Justement parce qu'il ne s'agit pas seulement de séquences où 2 personnages discutent en voiture : il y a à chaque fois des petits twists, des regards caméra étranges et insistants, des petits mouvements de tête ou de corps subtils mais perturbants (Jesse Plemons est particulièrement fort là-dedans), des dialogues truffés de références et de légers instants de flottement ou de folie - quand ce n'est pas carrément une actrice qui en remplace une autre au sein d'un même plan. :o

C'est vraiment un film d'une richesse vertigineuse.
Et je me rends compte que le terme "vertigineux" revient plusieurs fois quand je parle de ce film, parce que je crois que c'est le terme qui caractérise le mieux l'état dans lequel il m'a plongé.
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Re: Je veux juste en finir (Charlie Kaufman - 2020)

Message par Barry Egan »

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Je rejoins Flol sur les passages en voiture. A vrai dire, une fois qu'ils étaient chez les parents, j'ai cru que tout le reste du film allait se passer là et que ça allait devenir prévisible (avec ce sous-sol qui doit faire peur, etc.). Le fait qu'ils partent et que le voyage devienne encore plus abscons donne de la valeur à la première virée, rend la parenthèse chez les parents encore plus inquiétante et donne donc l'envie de revoir la totalité du film.
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Re: Je veux juste en finir (Charlie Kaufman - 2020)

Message par MJ »

Après avoir vu le film, le titre français (vu le sens dans le récit de cette phrase souvent ré-itérée) me laisse dubitatif : on dirait ça pour une rupture, et non pas des pensées suicidaires? Le titre anglais (et le mantra dans le film) joue de cette ambiguïté, mais ça ne me paraît pas "marcher" en français.

Sinon, Kaufman tient vraiment à nous montrer qu'il est brillant et qu'il a une biblio élégamment fournie, alors que ça produit rapidement l'effet inverse (alerte cuistrerie de semi-habile). L'indistinction entre le dialogue et les pensées de l'héroïne est assez symptomatique de cet autisme (qui ressasse les motifs déjà bien posés de son oeuvre). Il y a une idée forte quant au malaise d'une personne raisonnablement alarmée sans qu'elle puisse vraiment mettre des mots sur cet instinct de fuite (j'ai aussi été frappé par Jessie Buckley, même si là encore c'est de l'ordre de la variation, explicitement générique, par rapport à de précédents persos), mais c'est noyé dans un fatras qui affaiblit cette idée (simple : c'est ce qui a dû faire paniquer Kaufman) en créant de la pseudo-complexité pour faire écran de fumée. L'incapacité à conclure est révélatrice. C'est de l'opacité pour l'opacité et c'est d'autant plus dommage qu'il y a un motif central intéressant, qui n'aurait rien perdu à être traité clairement.
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Re: Je veux juste en finir (Charlie Kaufman - 2020)

Message par Watkinssien »

Flol a écrit : 11 sept. 20, 11:11
Watkinssien a écrit : 10 sept. 20, 19:45La première séquence de discussion dans la voiture m'a terriblement ennuyé
Alors que moi, au contraire, j'ai trouvé ces nombreuses séquences de discussion en voiture absolument fascinantes.

Oui, mais là où c'est intéressant, c'est que c'est parce que je me suis ennuyé ferme pendant cette première séquence en voiture que la seconde s'est révélé beaucoup plus passionnante et du coup donne envie de replonger dans la première. (Pfffiou, c'est presque une phrase kaufmanienne...)
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Re: Je veux juste en finir (Charlie Kaufman - 2020)

Message par Flol »

MJ a écrit : 11 sept. 20, 13:33 Après avoir vu le film, le titre français (vu le sens dans le récit de cette phrase souvent ré-itérée) me laisse dubitatif : on dirait ça pour une rupture, et non pas des pensées suicidaires? Le titre anglais (et le mantra dans le film) joue de cette ambiguïté, mais ça ne me paraît pas "marcher" en français.

Sinon, Kaufman tient vraiment à nous montrer qu'il est brillant et qu'il a une biblio élégamment fournie, alors que ça produit rapidement l'effet inverse (alerte cuistrerie de semi-habile). L'indistinction entre le dialogue et les pensées de l'héroïne est assez symptomatique de cet autisme (qui ressasse les motifs déjà bien posés de son oeuvre). Il y a une idée forte quant au malaise d'une personne raisonnablement alarmée sans qu'elle puisse vraiment mettre des mots sur cet instinct de fuite (j'ai aussi été frappé par Jessie Buckley, même si là encore c'est de l'ordre de la variation, explicitement générique, par rapport à de précédents persos), mais c'est noyé dans un fatras qui affaiblit cette idée (simple : c'est ce qui a dû faire paniquer Kaufman) en créant de la pseudo-complexité pour faire écran de fumée. L'incapacité à conclure est révélatrice. C'est de l'opacité pour l'opacité et c'est d'autant plus dommage qu'il y a un motif central intéressant, qui n'aurait rien perdu à être traité clairement.
Marrant, j'étais persuadé que tu l'apprécierais. :(

Mais la chose importante à comprendre, c'est que le personnage principal n'est finalement pas celui que l'on croit. A partir de là, on peut envisager le film complètement différemment.
Cet article en parle d'ailleurs très bien et permet de réaliser qu'il n'y a rien d'opaque juste pour faire de l'opaque :
https://www.theguardian.com/film/2020/s ... OgPKDCN4xo
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Re: Je veux juste en finir (Charlie Kaufman - 2020)

Message par Barry Egan »

Oui, avoir une idée de ce que dit le roman permet de mieux comprendre le film, mais vient aussi saper la densité thématique et émotionnelle, et dessouder le merveilleux mystère du film. Connaitre l'intrigue du roman, c'est aussi se rendre compte que Charlie Kaufman a "adapté" le script de son frère Donald, "The 3"...
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Barry Egan
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Re: Je veux juste en finir (Charlie Kaufman - 2020)

Message par Barry Egan »

Charlie Kaufman dit tout sur son film, enfin... tout ce qu'il veut bien dire... :

https://www.indiewire.com/2020/09/charl ... 234584492/
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